1-The Dragon Isle 2.53
2-The Eggs/Summer House 5.19
3-Lizard Hunt 2.19
4-The First Attack/
Bye Bye Buster 3.48
5-Bogus Sound/An Old Friend/
Company Chopper 2.43
6-An Uneasy Return/Stains 3.08
7-A Piece of Twine 1.59
8-Noises and Shadows/
Into the Hole 7.33
9-Heart of the Beast/The Watcher 4.07
10-They Don't Stop 2.00
11-What Komodos Eat/
Victoria's Promise/
A Man With Serious Problems 4.35
12-Laundry Room 2.52
13-Losses 2.21
14-Backseat Dinner 3.39
15-The Swamp 5.08
16-This Is Not Happening/Blasted 3.36
17-The Komodo Gets Stoned 3.38
18-Oates Comes Through 2.52
19-Never Better 2.05

Musique  composée par:

John Debney

Editeur:

BSX Records BSXCD 8941

Producteur exécutif de l'album
pour BSX Records:
Mark Banning
Album produit par:
John Debney, Ford A. Thaxton
Produit et assemblé par:
Mike Joffe
Orchestre conduit par:
Todd Hayen
Orchestrations:
Frank Bennett, Brad Decther,
Frank Maccia

Mixage musique:
John Kurlander
Monteur musique:
Thomas A. Carlson
Préparation musique:
Janice Hayen
Assistant préparation musique:
Chris Ridenhour

Edition limitée à 1000 exemplaires.

(c) 1999 Komodo Film Productions Pty. Ltd. All rights reserved.

Note: ***1/2
KOMODO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Debney
A Hollywood, on sait que tout n’est qu’une question de modes éphémères et d’exploitation commerciale. Le film « Komodo » en est ainsi l’archétype même. Sorti au cinéma en 1999 et réalisé par Michael Lantieri, spécialiste des effets spéciaux, cette modeste série-B horrifique n’a d’autre but que de surfer sur la vague des films de dinosaure revenus au goût du jour depuis le succès colossal de « Jurassic Park » de Spielberg en 1993 et de sa suite « The Lost World » en 1997. Michael Lantieri n’est d’ailleurs pas étranger à ce succès puisqu’il a lui-même travaillé sur les effets spéciaux de « Jurassic Park » et de nombreux autres blockbusters hollywoodiens en tout genre (« Mars : Attacks ! », « Minority Report », « A.I. », « Congo », « Wild Wild West », etc.). A l’instar de certains de ses confrères comme les frangins Strause sur « Aliens vs. Predator Requiem » ou John Bruno sur « Virus », Lantieri décida à son tour de se lancer dans la réalisation en tournant « Komodo » pour un budget dérisoire (à peine 15 millions de dollars, trois fois rien, même pour un film d’épouvante de 1999 !), son unique réalisation à ce jour pour le cinéma. Le film surfe sur la vague des « Jurassic Park » en remplaçant cette fois-ci les dinosaures par des dragons de Komodo qui prennent ici l’apparence de grands lézards géants affamés. Pour le reste, l’intrigue est un peu la même, à savoir qu’une poignée de survivants se retrouvent piégés sur une île envahie de bêtes carnivores qui ont bien décidé de mettre les humains au menu du jour. Afin de donner un peu plus de consistance à un scénario plat et prévisible, Lantieri ajoute une dimension dramatique au récit avec le personnage du jeune héros campé par Kevin Zegers, Patrick, ado de 15 ans hanté par la mort de ses parents tués dans leur petit cottage sur une île de la Caroline du Sud. Il y a 20 ans, un camionneur se débarrassa d’une cargaison d’oeufs au bord d’une route de cette île. Des années plus tard, c’est durant les vacances d’été que les parents de Patrick ont été tués, provoquant un traumatisme chez le jeune ado incapable de se souvenir des événements. La grand-mère de Patrick décide alors de le confier à Victoria Juno (Jill Hennessy), une jeune psychanalyste qui va tenter d’aider Patrick à surmonter son traumatisme et son chagrin. Ensemble, ils décident de retourner sur l’île pour aider Patrick à retrouver la mémoire, mais un événement inattendu les attend à leur arrivée : l’île entière a été envahie par des dragons de Komodo géants, qui vont décimer les occupants de l’île les uns à la suite des autres. Patrick, Victoria et les autres vont alors faire la connaissance d’Oates (Billy Burke) et son collègue Denby (Paul Gleeson), qui ont été envoyés par leur compagnie pour chasser et tuer les bêtes. « Komodo » reprend donc les formules habituelles du genre en s’inspirant massivement de « Jurassic Park » avec beaucoup moins de moyens. Spécialiste des effets spéciaux, Michael Lantieri prouve qu’il n’a pas perdu la main en nous proposant quelques bons effets spéciaux et des dragons de Komodo très convaincants et parfaitement animés, mélangeant animatronics et images numériques. Pour le reste, on regrettera un scénario paresseux qui aligne les clichés en tout genre, des dialogues nuls, un suspense ultra prévisible, un gore très gentillet et une mise en scène plutôt paresseuse.

Si « Komodo » ne tient pas complètement ses promesses et échoue finalement dans la catégorie des nanars/séries-B à bas budget, la musique de John Debney reste malgré tout l’un des éléments les plus positifs du film. Obligé de manoeuvrer avec un budget très limité, Debney utilise un orchestre réduit agrémenté d’une pléiade de synthétiseurs et de banques de sons pour parvenir à ses fins, sons incluant des enregistrements de voix primitives, de percussions tribales et de sons électroniques représentant les créatures du film. Le score de « Komodo » s’apparente donc à un mélange d’action et de passages de terreur/suspense dans la continuité de « The Relic », « Komodo » partageant avec « The Relic » une utilisation vaguement similaire des synthétiseurs. Mais bien loin de se limiter au côté cheap de ses synthés, Debney parvient à incorporer quelques parties orchestrales live enregistrées et mixées avec les synthés en seulement 3 à 4 semaines – notamment avec un pupitre de cuivres graves et de cors, une formation instrumentale modeste d’à peine 30 musiciens - et nous propose deux thèmes bien distincts parfaitement adaptés aux différentes situations du film : un premier thème sombre de 4 notes descendantes basées sur une série d’accords mineurs, et qui rappellent invariablement Alan Silvestri – influence fréquente chez Debney – Ce motif menaçant et ample est associé à l’île et aux Komodos dans le film, il apparaît régulièrement pour suggérer à l’écran la présence des créatures ou le danger qui guette les survivants. Introduit dès le « The Dragon Isle », le thème est accompagné par des cuivres sombres et des percussions tribales suggérant les décors de l’île sauvage, sans oublier l’environnement sonore crée à partir de voix tribales étranges et de sonorités exotiques diverses. « The Eggs/Summer House » développe alors l’atmosphère de danger et de tension du film avec la scène des oeufs au début du film. Les accords mineurs du thème principal à la Silvestri sont repris ici pour personnifier la menace des oeufs des komodos, avec quelques effets de pizz de cordes avant-gardistes, qui instaurant le climat horrifique du film, d’une manière similaire à « The Relic ». Si « Summer House » s’avère festif avec son thème de cordes énergique avec piano, bois (incluant clarinette et hautbois) et percussions légères, c’est pour mieux dévoiler le second thème du score, le thème de Patrick, l’une des réussites incontestables de la partition de « Komodo ». Le thème est d’abord présenté ici sous un angle optimiste et joyeux, mais deviendra par la suite un thème de mélancolie et de regret, associé aux souvenirs du passé tragique du jeune Patrick, dont les parents ont été tués dans des circonstances terribles sur l’île des komodos.

« Lizard Hunt » ne laisse présager aucun doute quand à la tournure des événements. Cordes, nappes synthétiques et samples de voix suffisent à instaurer ici un suspense latent mais très présent dans le film, avec l’omniprésence du thème des créatures. Un premier moment horrifique apparaît à 1:43 avec son glissandi de cordes stridentes et chaotiques qui renforcent le sentiment d’horreur et de menace – sans oublier une manipulation intéressante des sons de cordes, rendus difformes pour mieux personnifier la présence des komodos sur l’île – « The First Attack/Bye Bye Buster » met les bouchées doubles et illustre la première attaque des créatures dans un registre horrifique anarchique. Si les principaux éléments du score sont présents – les samples de voix, les cordes stridentes, les percussions et samples tribaux– on retrouve aussi les cors massifs représentant les komodos durant la première attaque dans la maison. Debney met ici l’accent sur les dissonances dans une atmosphère atonale macabre et sinistre à l’écran, le tout ponctué de quelques sursauts inquiétants et agressifs à « Relic ». « Bogus Sound/An Old Friend/Company Chopper » dévoile quand à lui le thème de Patrick brillamment joué par un hautbois mélancolique sur fond de cordes et de piano. Le magnifique Patrick’s Theme est à coup sûr l’un des éléments les plus mémorables de la partition de « Komodo », apportant un capital sympathie indéniable à une partition horrifique/suspense qui, privée de ce thème, n’aurait certainement pas suscité une telle impression dans le film. Véritable réussite de la musique de Debney, le thème de Patrick est avant tout une idée du réalisateur Michael Lantieri, qui souhaitait atténuer la noirceur de la musique par des passages plus émotionnels et intimes, afin de renforcer l’impact des moments horrifiques. Dans le film, le thème de Patrick illustre la relation entre le jeune adolescent et la psychiatre Victoria, ainsi que le passé tragique du jeune homme, traumatisé par la mort de ses parents. Cette émotion, on la retrouve au début du dramatique « An Uneasy Return/Stains » avec des cordes tragiques et déchirantes de toute beauté, et dans « A Piece of Twine ».

« Noises and Shadows/Into the Hole » réintroduit les sonorités chaotiques et dissonantes des komodos pour la seconde partie du film, qui développe tout l’aspect horreur/terreur de l’histoire avec les réapparitions des créatures et la lutte des survivants sur l’île. C’est l’occasion pour Debney d’introduire ici un élément-clé du score, un cluster strident en glissando ascendant qui apporte un sentiment de terreur lors des apparitions ou des attaques surprises des komodos. Ces sursauts sont d’ailleurs souvent confiées aux cordes ou aux effets avant-gardistes des trilles aléatoires de cors, comme c’est le cas dans « Noises and Shadows/Into the Hole » à 6:00. « Heart of the Beast/The Watcher » confirme l’atmosphère de terreur instaurée par les morceaux précédents et amplifie le suspense et la tension à grand renfort de nappes obscures, de dissonances et de sursauts choc, sans oublier de fréquents rappels au thème des komodos. Dès lors, le score est une longue succession de passages horrifiques tendus comme « They Don’t Stop », l’anarchique « Laundry Room » ou l’agressif « Backseat Dinner », pour l’attaque sur la voiture (le morceau annonce déjà le style de la partition du film « End of Days », composée la même année que celle de « Komodo »), sans oublier le macabre « The Swamp » ou les sursauts de cors stridents dans « This Is Not Happening/Blasted », des passages intenses et terrifiants qui devraient séduire les fans de « The Relic » et des musiques horrifiques de John Debney. Quelques accords plus optimistes font leur apparition vers la fin de « The Komodo Gets Stoned », annonçant l’espoir pour les héros de quitter l’île en vie et de fuir les komodos, espoir qui se concrétise avec le dernier morceau d’action percussif, « Oates Comes Through », pour l’évasion finale de l’île. On appréciera ici la manière dont la tension monte grâce aux percussions synthétiques, par dessus lesquelles viennent s’ajouter une guitare électrique qui entame un thème héroïque très prenant pour l’évasion finale en hélicoptère – l’idée de Debney et des concepteurs du film était de faire un final héroïque et épique.

Enfin, la conclusion du film permet au compositeur de se faire manifestement plaisir en reprenant une dernière fois le thème de Patrick dans un arrangement rock assez saisissant. Guitare électrique, batterie rock et choeur synthétique reprennent ensemble une dernière fois le Patrick’s Theme dans un arrangement plus moderne et héroïque, alors que les survivants ont accomplis l’exploit de quitter l’île en vie et ont résolu ensemble leurs soucis. L’approche rock moderne du film apporte un plus à la partition de « Komodo » et permet à John Debney de conclure son score et le film en beauté, avec ce superbe thème qui devrait laisser une forte impression aux auditeurs/spectateurs. Vous l’aurez donc compris, c’est un Debney mineur mais néanmoins intéressant que nous pouvons enfin redécouvrir sur l’édition CD du score de « Komodo » publiée par BSX Records, l’une des rares incursions du compositeur de « The Relic » et « I Know What You Did Last Summer » dans le domaine de l’épouvante et du suspense, écrite avec peu de moyens mais une réelle ambition musicale, celle de faire peur au maximum et d’apporter une tension mais aussi une certaine émotion au film de Michael Lantieri. Incontestablement, John Debney a essayé de se faire plaisir en créant un très beau thème pour le jeune héros du film et quelques solides passages d’action/terreur qui apportent une vraie atmosphère d’angoisse et de danger aux images du long-métrage de Lantieri. Et tant pis si les synthés sonnent parfois de manière cheap, car l’essentiel est bien là : « Komodo » est un bon score d’horreur/suspense avec deux thèmes réussis et une ambiance générale maîtrisée, malgré des moyens limités.




---Quentin Billard