1-The Hour of The Gun 2.41
2-Main Title 4.54
3-New Marshall 1.06
4-Ballot Box 3.41
5-Ambush 2.14
6-Whose Cattle? 2.47
7-The Painted Desert 1.33
8-The Search 2.48
9-Doc's Message 4.40
10-A Friendly Lie 4.23

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Intrada Records
MAF 7020D

Produit par:
Ray Horricks

Artwork and pictures (c) 1967 United Artists Records Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
HOUR OF THE GUN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Après 'The Great Escape', 'The Satan Bug' et 'The Hallelujah Trail', John Sturges s'attaquait de nouveau au genre du western qui fit sa réputation ('The Magnificent Seven' en 1960) avec 'Hour of The Gun' (7 secondes en enfer), western classique qui reprend l'histoire du célèbre Wyatt Earp, sans aucun doute l'un des personnages les plus célèbres du monde du far-west américain et qui vécu réellement dans l'Ouest américain à la fin du 19ème siècle. Pour John Sturges, il s'agit d'une sorte de 'bis repetita' puisqu'en 1957, le réalisateur avait déjà abordé la même histoire dans le fameux 'Gunfight at O.K. Corral' (avec Burt Lancaster dans le rôle de Wyatt Earp et Kirk Douglas dans le rôle de Doc Holliday). Cette fois-ci, ce sont respectivement James Garner et Jason Robards qui reprennent les rôles de Wyatt Earp et Doc Holliday. Pour le studio qui produisit 'Hour of The Gun', il était évident qu'il fallait que ce nouveau western possède sa propre personnalité et ne se contente pas de recopier le précédent film sur Wyatt Earp, signé du même réalisateur. C'est pourquoi il a donc été décidé de changer les acteurs par rapport au film de 1957.

Pour le reste, l'histoire est toujours la même: le 26 octobre 1881, dans la ville de Tombstone dans l'Arizona, le Marshall Wyatt Earp (James Garner), épaulé de ses deux frères Virgil (Frank Converse) et Morgan (Sam Melville) et de son ami Doc Holliday (Jason Robards), se heurtent à la bande d'Ike Clanton (Robert Ryan), qui refusent de déposer leurs armes. S'ensuit alors une inévitable fusillade au cours de laquelle les quatre individus abattent des hommes d'Ike Clanton. Ce dernier, qui tient la ville de Tombstone à sa merci, décide de contre-attaquer dans un premier temps en utilisant le shérif Jimmy Ryan (Bill Fletcher) qui travaille pour le compte de Clanton et qui fait arrêter Wyatt Earp et ses frères, en vue de les juger pour meurtre. Mais le procès échoue, le juge ayant prouvé qu'il s'agissait d'un cas de légitime défense justifiée. Clanton décide alors de se venger en envoyant ses sbires abattre en représailles les frères de Wyatt Earp. Virgil est alors gravement blessé et Morgan succombe à ses blessures. Désormais, une lutte à mort s'engage entre les deux adversaires. Ike Clanton, qui avait tenté de faire appel à la justice pour condamner la tuerie de Wyatt Earp, décide d'employer la manière forte, et c'est le début de l'escalade de la violence. S'il veut venger ses frères, Wyatt Earp sait qu'il va devoir passer au-dessus de la loi pour faire la peau à Ike Clanton et ses hommes. Le film, qui commence après les évènements de O.K. Corral, montre un Wyatt Earp plus psychologique, qui s'interroge tout au long du film sur sa relation avec la justice qu'il défend de manière si inflexible, jusqu'au jour où Ike Clanton lui enlève un frère et en blesse un autre, le menant droit à un choix: continue à faire respecter la loi et risquer de laisser un criminel sévir ou bafouer la loi et venger Virgil et Morgan. Le personnage de Doc Holliday (brillamment interprété par Jason Robards) est un peu la conscience de Wyatt Earp, celui qui saura le rappeler à l'ordre ou le tourmenter en fonction de la situation. Wyatt Earp est donc montré ici comme un humain en proie à des tourments intérieurs, et non comme un héros as de la gâchette. En ce sens, le personnage de James Garner, par son côté frôlant l'anti-héros, est certainement le plus proche du réel Wyatt Earp qui vécut à la fin du 19ème siècle. Pour le reste, 'Hour of The Gun' reste un western sec et brutal, de facture classique, dans la plus pure tradition du genre.

Jerry Goldsmith avait déjà prouvé en 1967 qu'il était un spécialiste des partitions western puisqu'il avait déjà composé les musiques de 'Black Patch', 'Face of a Fugitive', 'Lonely are The Brave', 'Rio Conchos' et 'Stagecoach'. Sa musique pour 'Hour of The Gun' demeure sans aucun doute l'un de ses meilleurs efforts dans le genre du western. Le score est dominé par un excellent thème principal associé à Wyatt Earp et qui évoque sa détermination tout en associant au personnage un côté héroïque largement nuancé dans le film, et qui restera omniprésent tout au long du film. Comme dans 'Rio Conchos', l'orchestre est élargi, incluant marimbas, guitare, accordéon en plus d'un grand pupitre de cuivres et de percussions. Comme d'habitude, le compositeur manie les orchestrations avec une certaine inventivité typique de son style musical des années 60. La noirceur et l'aspect dramatique du film de John Sturges lui ont ainsi permit d'aborder 'Hour of The Gun' sous un angle plus sombre, et ce dès l'impressionnant et incontournable 'Main Title'. Cette superbe ouverture de près de 5 minutes nous plonge dans un suspense particulièrement intense alors que Wyatt, Doc Holliday et ses frères s'avancent lentement vers une inexorable fusillade à O.K. Corral. Afin de retranscrire toute l'intensité de ce suspense, Goldsmith nous propose une pièce formidablement structurée en forme de crescendo de tension, dans laquelle le compositeur met l'accent autour d'une formule d'ostinato rythmique de woodblocks qui captive littéralement toute notre attention. A cela s'ajoute une première variante du thème principal rendu ici méconnaissable, joué sous diverses variantes assombries par des contrebasses dissonantes et un accordéon solitaire. L'ostinato des woodblocks passe très vite à l'orchestre et devient plus intense au cours de la fin de la séquence. Avec une inventivité typique du maestro californien, cet excellent 'Main Title' arrive à retranscrire tout le suspense de la scène avec 5 minutes où le morceau ne s'essouffle jamais, 5 minutes d'une construction remarquable, d'une structure irréprochable, aussi bien dans le film que sur le plan musical, témoignant ici de tout le génie du compositeur lorsqu'il s'agit d'offrir la meilleure approche musicale possible à un film qu'il met en musique.

Après un 'Main Title' aussi sombre et particulièrement intense et tendu (on croirait entendre une nouvelle partition thriller de Goldsmith!), dans lequel le compositeur annonce son thème par segments malmenés par un orchestre dissonant et menaçant, 'New Marshall' vient rappeler la présence de Wyatt Earp et de ses frères en tant que Marshall de la ville de Tombstone. Le climat se veut plus apaisé avec un orchestre toujours dominé par des cordes, des cuivres et l'accordéon. On notera ici un bref élan de cuivres aventureux plus typique du côté 'western' de la partition de 'Hour of The Gun'. Mais le calme ne peut pas durer, et 'Ballot Box' vient immédiatement assombrir et alourdir l'atmosphère avec un sursaut orchestral particulièrement dissonant et glacial, lors de la scène où l'un des frères Earp est victime d'un traquenard. On notera ici le caractère atonal et torturé de la pièce, un élément plus surprenant pour Hollywood, jusqu'ici habitué aux partitions de western plus conventionnelles comme celles d'Elmer Bernstein ou de Dimitri Tiomkin. 'Ballot Box' retranscrit alors le drame de la scène avec une musique plus violente, privilégiant cordes stridentes, cuivres agressifs et percussions brutales. Le résultat à l'écran est donc forcément émotionnellement plus puissant, la musique apportant une violence que la mise en scène de John Sturges ne pourrait retranscrire seule.

Dans 'Ambush', Wyatt Earp et ses amis ont quitté la ville et se dirigent vers le Mexique à la recherche des acolytes de Clanton. Morceau incontournable du score, 'Ambush' reprend le thème principal dans une version plus héroïque et cuivrée, sous la forme d'une chevauchée typiquement western. La musique oscille ainsi entre ces élans orchestraux de type chevauchée et des passages plus sombres avec des cuivres plus graves, évoquant la tension d'un affrontement qui ne va pas tarder à arriver. On entre ainsi dans la deuxième partie du score avec 'Whose Cattle?', dans lequel le compositeur continue de développer ses orchestrations inventives et minutieuses dans un style action toujours très sombre, auquel s'ajoute des sonorités plus mexcicaines/hispanisantes pour la séquence où Wyatt et les soldats fédéraux abattent des voleurs de bétail qui travaillent pour le compte d'Ike Clanton. Ces couleurs mexicaines (castagnettes, tournures mélodiques très typées des cuivres ou des cordes, etc.) sont parfaitement intégrées dans la partition et permettent à la seconde partie de la musique de reprendre son souffle tout en apportant un relief considérable à la musique dans le film.

La traversée du désert dans 'The Painted Desert' permet à Goldsmith de continuer de développer son thème qui passe ici des marimbas aux vents avec des cordes, des percussions et des cuivres toujours omniprésents (incluant les traditionnels trompettes ou trombones en sourdine). 'The Search' continue de développer le thème principal repris ici par des flûtes avec un ostinato de woodblocks, la guitare et des castagnettes pour la couleur hispanisante, le tout illustrant la scène où Wyatt Earp et Doc Holliday recherchent Ike Clanton qui s'est réfugié au Mexique avec quelques-uns uns de ses hommes. Une fois encore, le morceau apporte un éclairage primordial à la scène, évoquant le suspense de la confrontation finale d'une manière plus subtile (on retrouve l'élément d'ostinato suggéré par le 'Main Title') avec une nouvelle variante du thème plus lente et hésitante, toute à l'image de la psychologie de Wyatt Earp qui agit tout en sachant très bien qu'il a dépassé depuis longtemps le simple cadre de la justice. Finalement, après une reprise du thème à l'accordéon dans 'Doc's Message', c'est 'Friendly Lie' qui conclut le film de manière vigoureuse, avec une dernière reprise plus cuivrée et entraînante du thème associé à Wyatt Earp. A noter que pour l'album, Goldsmith nous gratifie d'une version inédite et excellente de son thème principal dans la première piste de l'album.

Voilà donc une excellente partition western typique du Jerry Goldsmith des 'sixties'. Avec ses orchestrations inventives, son intensité dramatique et ses moments de bravoure et de suspense, le score de 'Hour of The Gun' fait partie des partitions incontournables des musiques de western de Jerry Goldsmith sans pour autant être un chef-d'oeuvre impérissable du compositeur. Reste que 'Hour of The Gun' est un excellent score à (re)découvrir en même temps que le sympathique western de John Sturges!


---Quentin Billard