1-Stigmata 6.30
2-Subway Attack 2.46
3-Aramaic Script 4.33
4-Francis of Assisi 2.01
5-Gospel Commission 3.58
6-Evil & Franki's Rebirth 5.08
7-Lost Scroll 3.03
8-Smells Like Jasmine 1.24
9-Why Do I Get Stigmata? 2.56
10-She Is Just A Messenger 2.10
11-A Man on the Mission 2.53

Musique  composée par:

Billy Corgan/Elia Cmiral

Editeur:

Edition promotionnelle
Promo ECCD-1000

Musique additionnelle de:
Mike Garson,
Chris Boardman

Album produit par:
Douglass Fake, Elia Cmiral

Artwork and pictures (c) 1999 Intrada Records. All rights reserved.

Note: **
STIGMATA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Billy Corgan/Elia Cmiral
'Stigmata' est une plongée horrifique et dérangeante dans le monde du mysticisme religieux et des stigmates. Rappelons pour information qu'un stigmate est une marque semblable à celle des cinq plaies que reçu Jésus Christ lors de sa crucifixion: les clous dans les deux poignets, les coups de fouet dans le dos, la couronne d'épine sur la tête et enfin le coup de lance fatidique dans le ventre qui lui fit rendre l'âme. Frankie Paige (Patricia Arquette) est une jeune coiffeuse qui mène une existence ordinaire entre ses copines, son petit ami et son boulot. Un jour, elle reçoit un présent de sa mère qui lui a ramené du Brésil un chapelet ayant appartenu à un vieux curé de Belo Quinto, récemment décédé. Très vite, la vie de Frankie bascule soudainement dans l'horreur lorsqu'elle commence à être victime de mystérieuses attaques des stigmates, de plus en plus violentes. L'église catholique décide alors d'envoyer le père Andrew Kiernan (Gabriel Byrne), un prêtre du Vatican qui se trouve aussi être scientifique et qui mène des enquêtes à la demande de Rome. Kiernan rentre alors en contact avec Frankie et va s'intéresser à son cas. La jeune femme est athée, et il n'a encore jamais vu une seule personne athée recevoir des stigmates. Pour le prêtre, le mystère est total. Très vite, la jeune femme se retrouve brutalement possédée par un esprit qui l'oblige à inscrire des lettres étranges sur son mur ou à parler un dialecte très ancien datant de l'époque du Christ. Frankie reçoit alors les quatre stigmates, et le père Kiernan sait que le cinquième stigmate la tuera pour de bon. Il doit agir avant qu'il ne soit trop tard et finit par découvrir l'origine des lettres inscrites sur le mur: un extrait de 'l'évangile de Saint-Thomas' découvert par des scientifiques en 1945, et que l'on attribuerait selon la croyance aux propres paroles originelles du Christ (ou du moins à celles qui s'en rapprochent le plus). Rome, qui craint que la découverte de ces écrits remettent en question le pouvoir de l'église, va tout faire pour tenter de s'en débarrasser et de supprimer Frankie par la même occasion.

'Stigmata' part d'un sujet intéressant et peu fréquemment traité au cinéma: les stigmates, ces mystérieuses marques que recevraient certains saints de l'église en signe d'une profonde piété. Mais, si le réalisateur britannique Rupert Wainwright possédait un bon sujet au départ, le traitement de ce dernier est une toute autre histoire. Le réalisateur a tenté de singer le fameux 'Exorcist' de William Friedkin (même idée de la fille possédée, même scène d'exorcisme à la fin du film, même sujet religieux horrifique, etc.) et comme tout émule lambda, 'Stigmata' ne lui arrive pas à la cheville. Le problème vient surtout ici de la mise en scène de l'histoire. Wainwright a tourné son film sous la forme d'un très long clip MTV ambiance 'djeun', à grand renfort d'artifices visuels lourdingues tels que les sempiternels ralentis, effets de flou, couleurs saturées, accélérations, effets de surimpressions, etc. A croire que le réalisateur ne savait pas traiter son histoire différemment. Du coup, ce qui s'annonçait comme bon thriller théologique horrifique tourne à la caricature de l'esthétique MTV brouillonne et abrutissante, car pendant plus d'une heure 40, ce n'est que des effets visuels non-stop qui masquent un scénario finalement bien pauvre malgré quelques légers rebondissements et un bon suspense. Evidemment, le film en profite pour égratigner l'église en nous proposant une réflexion culottée sur le vrai sens de la foi en Dieu par rapport aux institutions religieuses. Mais cette petite touche de provocation ne vole finalement pas très haut et finit par se brûler les ailes à force de s'ankyloser sous des tonnes d'artifices visuels qui n'ont pas toujours lieu d'être. Reste la performance de Patricia Arquette et Gabriel Byrne qui restent égal à lui-même.

La musique du film a été confiée à Billy Corgan et Elia Cmiral, la musique additionnelle étant signée Mike Garson et Chris Boardman. Billy Corgan est l'ancien chanteur du groupe Smashing Pumpkins qui, comme beaucoup de musiciens de groupe de rock, a finit par se rabattre sur la musique de film (Stewart Copeland, Cliff Martinez, Trevor Rabin, etc.). La musique de Corgan et Garson est typique du genre de musique électro que l'on entend quotidiennement aujourd'hui en concert ou à la radio, un bidouillage électronique qui fleure bon ici le manque d'imagination et la facilité la plus agaçante. En ce sens, si l'on s'attendait à retrouver dans le score de 'Stigmata' un côté horrifique/religieux, le résultat final déçoit par rapport à nos attentes et ne tient pas complètement ses promesses. L'ensemble est donc constitué d'une longue suite d'effets électroniques atmosphériques souvent étranges, des nappes agencées ensemble de manière aléatoire pour former un véritable maelström cacophonique censé refléter la noirceur du film. Le côté électro de la musique soutient bien évidemment l'ambiance MTV du film par son côté moderne standardisé. La musique accompagne donc des moments forts comme la stupéfaction de Kiernan avec la statue aux larmes de sang au début du film, la scène où Frankie reçoit son premier stigmate, etc. En dehors d'un petit thème de piano plus sympathique et mélancolique, associé à Frankie, le reste est sans intérêt aussi bien dans le film (quid de l'efficacité d'une musique aussi vide et cacophonique à l'écran?) que d'un point de vue purement musical.

Reste quelques éléments plus mémorables comme les passages de style plus horreur/suspense signé Elia Cmiral (dont une partie de la musique a été rejetée), un Cmiral en petite forme ici mais qui remplie néanmoins parfaitement ses fonctions dans le film. Le mixage est tel que l'on s'aperçoit difficilement lorsque l'on passe de la section de Billy Corgan/Mike Garson à celle d'Elia Cmiral. Pourtant, les deux parties ne sont pas vraiment comparables dans leur esthétique, car la musique additionnelle de Cmiral joue plus sur le mélange orchestre/synthé traditionnel et un travail plus approfondi des percussions (électroniques, la plupart du temps). Cmiral utilise lui aussi beaucoup de touches électroniques, mais qu'il incorpore à son orchestre comme à son habitude (c'est devenu une constante dans toutes ses partitions thriller/horreur).

Le compositeur d'origine tchèque, qui a quand même écrit la moitié du score du film, utilise pour le début du film deux voix féminines envoûtantes avec l'électronique, l'orchestre (cordes et cuivres principalement mais aussi quelques vents plus rares) et un flot impressionnant de percussions évoquant la violence des attaques de stigmate. En ce sens, 'Subway Attack' est très représentatif de ce travail des percussions (parfois presque tribales, à la limite de l'hystérie collective), pour la scène où Frankie reçoit ses deuxièmes stigmates dans le métro. Le travail des différentes sonorités reste typique du côté atonal/expérimental/dissonant de Cmiral, mais sans le petit 'plus' qui permettra à ce score de se distinguer d'autres BO plus réussies comme 'Six-Pack' ou 'Ronin'. La musique de Cmiral renforce donc ce côté horrifique et annule presque le manque d'impact des bidouillages électro de Billy Corgan. Sa musique représente bien l'enfer que vit Frankie et le mystère inquiétant entourant ses stigmates de plus en plus violents. Le reste du score développera ainsi cette ambiance de suspense horrifique traversée par quelques moments de brutalité orchestrale/électronique quasi cacophonique. Mais là aussi, on regrettera le manque d'idée religieuse qui auraient très bien pu êtres inclues dans le score afin de rendre la musique plus pertinente à l'image au lieu de se contenter de renforcer l'esthétique moderne MTV du film avec son flot de sonorités cacophoniques incessants.

Au final, même si la partie d'Elia Cmiral reste bien plus intéressante en soi dans le film, le score de 'Stigmata' demeure une petite déception de bout en bout, car, comme annoncé précédemment, le score ne tient pas vraiment ses promesses et déçoit irrémédiablement, surtout par rapport à un sujet aussi sombre et fort qui aurait certainement mérité une partition plus puissante, plus osée, plus pertinente et moins brouillonne, une occasion manquée pour les compositeurs ayant oeuvrés sur ce film!


---Quentin Billard