1-The Tale of Viktor Navorski 4.12
2-Dinner with Amelia 8.02
3-A Legend is Born 3.16
4-Viktor and his Friends 4.43
5-The Fountain Scene 5.33
6-The Wedding of
Officer Torres 5.01
7-Jazz Autographs 3.45
8-Refusing to Escape 3.01
9-Krakozhia National Anthem/
Homesickness 1.49
10-Looking for Work 3.17
11-Gutpa's Deliverance 3.18
12-Finding Coins and
Learning to Read 4.02
13-Destiny...Canneloni.../
The Tale of Viktor Navorski
(Reprise) 5.05
14-A Happy Navorski Ending! 2.47

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Decca Records
B0002924-02

Produit par:
John Williams
Montage de la musique:
Ken Wannberg

Artwork and pictures (c) 2004 Dreamworks, LLC. All rights reserved.

Note: ***
THE TERMINAL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Steven Spielberg aura décidément changé de style en ce début de nouveau millénaire, le célèbre réalisateur ayant exploré la comédie à deux reprises, dans 'Catch Me If You Can' en 2002, et de nouveau en 2004 dans 'The Terminal', et ce en attendant des films plus massifs tels que 'War of The World' ou 'Vengeance', ainsi que le très attendu 'Indiana Jones 4'. 'The Terminal' met en scène le formidable Tom Hanks dans le rôle de Viktor Navorski, un habitant de Krakozie (état imaginaire d'Europe de l'Est) qui, à la suite d'un coup d'état inattendu dans son pays, se retrouve bloqué dans l'aéroport JFK de New York, où il devait se rendre pour honorer une promesse faite à son père. Désormais, Navorski est apatride (son passe-port n'est plus valide), condamné à rester dans le terminal 67 de l'aéroport pour une période indéterminée, et ce à la demande de Frank Dixon (Stranley Tucci), le responsable de la sécurité et du contrôle des mouvements d'immigration. Mais, très vite, Dixon commence à s'impatienter de voir Navorski se balader continuellement dans l'aéroport, et il décide de tout faire pour s'en débarrasser, mais en vain. Légalement, il ne peut rien faire pour faire sortir Navorski de l'aéroport. Ce dernier décide alors de mener sa nouvelle vie dans l'aéroport et commence à se lier d'amitié avec le personnel et entretient une romance naissante avec une charmante hôtesse de l'air tourmentée nommée Amelia Warren (Catherine Zeta-Jones). Pour Viktor Navorski, l'Amérique n'a jamais été aussi proche de lui.

'The Terminal' est une subtile métaphore de l'Amérique dans son véritable melting-pot de cultures et d'ethnies. Le but du film était donc de jouer sur les rapports humains à l'intérieur même du terminal d'un gigantesque aéroport qui devient une source de vie intarissable sous la caméra de Steven Spielberg. Le film s'inspire de la véritable histoire de Karim Nasser Miran, un réfugié iranien qui vit dans le terminal 1 de l'aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle depuis 1988 sans papier. Le cinéma français s'était déjà emparé du sujet avec 'Tombé du ciel', comédie réalisée par Philippe Lioret avec Jean Rochefort, le film datant de 1993. Pour les besoins du film, le chef décorateur et son équipe ont du reproduire grandeur nature l'immense terminal d'aéroport que l'on voit dans le film, un véritable tour de force qui rend le film particulièrement crédible. Plus qu'une simple comédie sur un étranger bloqué dans un aéroport américain, 'The Terminal' est aussi une critique évidente de la politique d'immigration de George W. Bush (lors d'un récent festival, Spielberg s'est entretenu à des journalistes au sujet de la fameuse 'Patriot Act' de Bush tant décrié et récemment ouvertement critiqué par Michael Moore dans son 'Fahrenheit 9/11') et de la politique sécuritaire américaine frisant la paranoïa absolu depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New York. Ce n'est d'ailleurs certainement pas une coïncidence si Spielberg a décidé de faire se dérouler son film dans un aéroport à proximité de la ville de New York. C'est ici le personnage de Frank Dixon (Stanley Tucci) qui est représentatif de cette paranoïa typiquement américaine qui s'en prend aux étrangers arrivant dans les aéroports américains, sous-prétexte qu'ils peuvent représenter une quelconque menace pour la nation depuis les évènements tragiques du 11 septembre. Sans pour autant porter de réel jugement sur la situation, Spielberg montre la bêtise d'une politique paranoïaque et expéditive et dévoile au contraire les étrangers dans leur diversité et la richesse de leurs cultures (même s'il est cependant très facile de leur donner le bon rôle - l'éternel manichéisme du cinéma américain!), Tom Hanks restant une fois encore égal à lui-même dans la peau de cet homme au grand coeur. Sympathique, le film s'apprécie pour ses moments chaleureux malgré quelques invraisemblances et quelques gags pas toujours très subtils (cf. scènes où Navorski va voir régulièrement l'officier Torres pour lui sous-tirer des informations pour le compte de son ami Enrique). On regrettera quelques niaiseries honteuses de la part de Spielberg comme la séquence du mariage de l'officier Torres (Zoe Saldana) et Enrique (Diego Luna), une erreur de la part du réalisateur. Reste la romance avec Amelia alias Catherine Zeta-Jones, filmée avec une certaine retenue, un certain tact, malgré quelques passages plutôt cul-cul eux aussi. Sans la niaiserie de certaines scènes, 'The Terminal' aurait pu être un nouveau grand Spielberg, mais il faudra néanmoins faire avec, car force est de constater que le réalisateur n'est plus ce qu'il était, même s'il a encore plus d'un tour dans son sac. Mais ne soyons pas trop sévère pour autant, car 'The Terminal' reste malgré tout une bonne comédie honnête sur un sujet assez original, malgré ses conventions et son côté rose-bonbon un peu agaçant.

John Williams et Steven Spielberg se retrouvent pour la 20ème fois sur 'The Terminal', les deux éternels complices du cinéma U.S. ayant collaboré ensemble depuis 'The Sugarland Express' en 1974. Comme pour le récent 'Catch Me If You Can', la musique de 'The Terminal' délaisse l'artillerie lourde habituelle et nous propose une musique plus légère et intimiste, ancrée dans l'univers de comédie dramatique du film. John Williams a abordé cette histoire d'apatride coincé dans un terminal d'aéroport avec une certaine légèreté et un entrain caractéristique du style comédie de Williams. Pour se faire, le compositeur a écrit deux sympathiques thèmes aussi mémorables l'un que l'autre. Le premier est confié à une clarinette et un accordéon sur fond de cordes rythmées. Le timbre de la clarinette et de l'accordéon confèrent au thème une certaine couleur européenne qui se rattache bien évidemment au personnage de Viktor Navorski, la clarinette possédant un côté très légèrement tzigane qui nous renvoie ici aux origines de Navorski - il vient d'un petit pays d'Europe de l'est, et, effectivement, la musique Klezmer populaire juive d'Europe de l'Est a très souvent recours à la clarinette et à l'accordéon. Sympathique, le thème de Navorski possède un côté entraînant sans pour autant tomber dans la facilité de la mélodie gentillette grâce à ses quelques accents tziganes parfaitement maîtrisés. Le thème fait parfois penser à certains passages légers de l'univers des partitions des 'Harry Potter'. En tout cas, à force d'être répété tout au long du film, ce thème de clarinette/accordéon finit par devenir parfaitement indissociable du personnage de Viktor Navorski.

Le second thème, plus doux et intimiste, fait office de traditionnel 'Love Theme', un thème romantique particulièrement soigné et qui possède un côté nostalgique un brin rétro, nous renvoyant à certaines musiques de comédie à l'ancienne, genre années 50/60, mais sans le côté mielleux de certaines musiques de cette époque, car, grâce à son côté légèrement jazz slow, le 'Love Theme' apporte une certaine subtilité à la musique et évite le traditionnel côté 'cordes sirupeuses' trop souvent usité dans les thèmes romantiques pour ce genre de film. Le thème romantique évoque bien évidemment la romance entre Navorski et Amelia, le compositeur nous en proposant plusieurs variantes tout au long du film. Souvent confié au piano, aux vents et aux cordes, ce très joli 'Love Theme' nostalgique prend une proportion plus émouvante dans 'Destiny...Canneloni...and the Tale of Viktor Navorski (reprise)' au cours d'un final brillant où Navorski a enfin accompli son but à New York. Williams reprend alors le thème aux cordes dans une version plus ample et toujours aussi nostalgique, avec ce côté rétro très comédie romantique à l'ancienne. C'est frais, c'est agréable et cela fonctionne très bien dans le film, un point c'est tout.

'A Legend is Born' développe de son côté l'aspect plus comédie du film avec des cordes et des vents plus enjoués lorsque Navorski commence à se faire une certaine réputation dans l'aéroport en venant à l'aide à des personnes en difficulté. Le morceau évoque alors toute la sympathie du personnage et offre au film un certain climat de bonne humeur (comme dans le jovial 'The Wedding of Officer Torres' qui évoque maints passages de 'Home Alone' par exemple), alternant avec les morceaux plus intimistes comme le très beau et poétique 'The Fountain Scene' (scène où Viktor amène Amelia près de la fontaine qu'il a lui-même construit au fond d'un couloir sombre) ou 'Jazz Autographs' et sa reprise au piano jazzy du 'Love Theme' lorsque Viktor montre à Amelia les autographes de jazzmen de son père (d'où le côté nostalgique du morceau - par rapport à la romance avec Amelia, et par rapport au souvenir ému du père de Navorski). On notera un passage plus nuancé dans 'Finding Coins and Learning To Read' évoquant le temps qui passe dans le terminal lorsque Navorski trouve un moyen de manger et commence à apprendre à lire l'anglais. Le morceau est dominé ici par des cordes et un piano minimaliste à la Thomas Newman. Plus enjoué, 'Looking for Work' nous renvoie à la bonne humeur de 'The Wedding of Officer Torres' évoquant la débrouillardise de Navorski et son côté chaleureux (scène où Viktor obtient du travail dans l'aéroport en tant qu'ouvrier).

'Krakozhia National Anthem & Homesickness' se détache du reste du score avec son climat plus mélancolique, d'abord introduit par l'hymne de la Krakozie composé par Williams, la seconde partie étant nettement plus mélancolique avec son joli thème d'accordéon et de cordes évoquant la soudaine solitude de Navorski lorsqu'il comprend qu'il ne pourra pas revenir dans son pays et qu'il est coincé dans cet aéroport pendant très longtemps. Le thème d'accordéon pourrait alors évoquer ici le souvenir nostalgique du pays du héros. A noter que la scène où Navorski découvre le coup d'état en Krakozie aux informations télévisées est accompagnée par le morceau le plus sombre et le plus triste de tout le score, reflétant alors le sentiment d'un Navorski bouleversé à l'annonce de ce dramatique évènement survenu dans son pays natal. Mais il s'agit du seul véritable morceau sombre, le reste de la musique s'empressant de nous ramener dans un univers plus chaleureux et rassurant, comme dans 'Dinner with Amelia' ou l'amusant 'Refusing To Escape' évoquant l'espièglerie du personnage de Tom Hanks lorsque ce dernier refuse de s'échapper du terminal et évite ainsi de tomber dans le piège que lui tend Frank Dixon, l'histoire trouvant une conclusion plus paisible dans 'A Happy Navorski Ending!' où revient une dernière fois le 'Love Theme' aux cordes.

Il est clair que si vous vous attendez à un nouveau grand chef-d'oeuvre de John Williams sur cette vingtième collaboration à un film de Steven Spielberg, 'The Terminal' risque fort de vous décevoir, car, à l'image du film, la musique de Williams constitue un effort mineur qui ne marquera certainement pas la carrière du compositeur, bien que ce dernier continue de nous prouver qu'il est toujours aussi inspiré lorsqu'il s'agit de mettre en musique un film de son éternel complice et ami, Steven Spielberg. La musique de 'The Terminal' épouse le ton chaleureux et intimiste du film avec ses deux thèmes que l'on retient aisément après une première écoute, même si 'The Terminal' est le genre de score dont on a rapidement fait le tour. Une fois encore, l'impact émotionnel de la musique dans le film est indiscutable, bien que le score ne possède rien de particulier qui en fasse une grande partition hautement mémorable. On appréciera le côté tzigane/Europe de l'Est du thème de Navorski et la côté nostalgique et rétro du 'Love Theme', nous dévoilant le côté plus intimiste de la sensibilité musicale d'un John Williams qui, en attendant une dernière incursion dans l'univers épique des 'Star Wars' avec le très attendu 'Episode III', en profite pour nous emmener dans le terminal d'un aéroport américain avec cette nouvelle partition comédie qui, bien que très sympathique, ne restera certainement pas dans les annales, et ce au même titre que l'anecdotique mais néanmoins agréable 'Catch Me If You Can'.


---Quentin Billard