1-The Quiet American 5.57
2-Saigon 1952 4.54
3-Pyle's Best Friend/
Asking for A Divorce 3.22
4-Drive Up Holly Mountain/
The General 3.02
5-Brothers in Arms 3.21
6-Escape from Watchtower/
Dreams of Phuong 2.42
7-Death In The Square 3.28
8-Fowler's Temptation 3.29
9-The Quiet American
(Piano Solo) 3.41
10-The Ritual of Revenge 4.44
11-Do You Still Miss Him? 5.04
12-End Titles (Nothing
in This World) 4.12

Musique  composée par:

Craig Armstrong

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6426

Produit par:
Craig Armstrong
Arrangements choraux:
Craig Armstrong
Assistant de Craig Armstrong:
Emma Ford

Artwork and pictures (c) 2002 IMF Internationale Medien und Film GmbH & Co. 2 Produktions KG. All rights reserved.

Note: ***
THE QUIET AMERICAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Craig Armstrong
Adapté d'un roman de Graham Greene, 'The Quiet American' (Un américain bien tranquille) décrit les tourments de Thomas Fowler (Michael Caine), un journaliste britannique du 'London Times' qui vit à Saigon au Viêt-Nam durant l'automne 1952, le pays étant alors agité par la résistance vietnamienne qui s'oppose à la présence coloniale des français. Fowler mène une existence assez paisible au Viêt-Nam avec sa maîtresse Phuong (Do Thi Hai Yen) avec qui il coule des jours heureux, loin de Londres. Un jour, Fowler rencontre Alden Pyle (Brendan Fraser), un américain avec qui il sympathise. Pyle travaille pour une mission humanitaire au Viêt-Nam et sa rencontre avec le journaliste anglais va lui permettre d'en apprendre plus sur le pays. Mais les choses commencent à se compliquer lorsque Pyle tombe amoureux de Phuong, la maîtresse de Fowler. Après avoir tenté courtiser la jeune vietnamienne, Pyle va devoir subir l'agressivité de Fowler qui comprend la situation et désire alors que son nouvel ami se montre un peu moins entreprenant à l'égard de sa maîtresse. C'est alors que se forme un triangle amoureux qui va marquer la descente aux enfers pour Fowler qui, en plus de côtoyer pour la première fois les horreurs de la guerre, va devoir supporter l'entêtement de Pyle à courtiser Phuong. Finalement, Fowler finira par découvrir qu'Alden Pyle est en fait un agent de la CIA qui mène des opérations secrètes dans le pays.

Le roman de Graham Greene avait déjà été adapté au cinéma par Joseph L. Mankiewicz en 1958. Pour information, Greene est l'auteur de plusieurs romans célèbres souvent récupérés par le cinéma tels que 'The Third Man' (Le troisième homme) ou 'The End of The Affair' (La fin d'une liaison). Pour cette seconde adaptation de 'The Quiet American', c'est le réalisateur australien Phillip Noyce qui s'est attaché au projet. A l'origine, Noyce avait déjà lu l'ouvrage dans les années 70 et c'est seulement 25 ans plus tard qu'il redécouvrit le roman et décida de le réaliser après avoir convaincu les détenteurs des droits de le laisser faire ce film. Le tournage du film a été relativement difficile compte tenu du fait que la plupart des scènes ont été réellement tournées au Viêt-Nam, dans des lieux où le gouvernement craignait la réaction de la population locale à propos de certaines scènes, et plus particulièrement celle de la spectaculaire explosion sur la place centrale de Saigon, qui aurait rappelé de mauvais souvenirs aux habitants qui auraient réellement vécus ce drame dans les années 50. Finalement, le film a pu être tourné sans problème, débouchant sur un drame humain dans lequel un journaliste anglais (un Michael Caine vieillissant mais toujours aussi magistral, dont la prestation a été saluée par de nombreuses récompenses) se retrouve englué dans un triangle amoureux difficile, dont l'issue semble inévitablement dramatique. Si le rythme du film paraît assez lent et monotone, Phillip Noyce se rattrape avec une atmosphère parfaitement entretenue, le réalisateur ayant bien réussi à retranscrire tout le charme, le mystère et le danger du Saigon des années 50, ce qui reste sans aucun doute l'atout majeur du film. Pour le reste, le film reste un drame tout à fait quelconque, porté par un duo Michael Caine/Brendan Fraser très convaincant, mais pas forcément inoubliable.

Craig Armstrong retrouve Phillip Noyce après une précédente collaboration remarquée sur 'The Bone Collector' (1999). Pour 'The Quiet American', Armstrong a décidé de renouer avec le style sombre, mélancolique et déprimant de 'The Bone Collector', étant donné que l'on retrouve ici le même goût pour des cordes déprimantes, des harmonies profondément sombres et une atmosphère quasi dépressive. Amateur de bonne humeur et de musiques joviales, passez votre tour, car 'The Quiet American' n'a rien d'une musique qui respire la fraîcheur ou la joie de vivre, bien au contraire. En ce sens, Armstrong, fidèle à ses partis pris parfois audacieux, joue à fond la carte de la mélancolie quasi morbide tout au long du film, quitte à provoquer un certain ennui à cause du côté monotone de sa musique. Mais qu'importe, le compositeur va jusqu'au bout de son idée et apporte une dimension émotionnelle assez forte au film. On retrouve dans ce score l'utilisation traditionnelle des rythmiques électroniques modernes qu'affectionne tant le compositeur, mélangées à l'orchestre symphonique traditionnel dominé par les cordes et le piano et la voix de la soliste vietnamienne Hong Nhung, qui évoque Saigon et ses mystères. Le thème principal est entendu dès le début du film, introduit par les cordes mélancoliques, les rythmiques modernes et la voix féminine plaintive. Le thème de 'The Quiet American' (repris dans la 9ème piste dans une très belle version pour piano solo interprété par Craig Armstrong lui-même), qui rappelle par moment le style du thème de 'The Bone Collector', évoque le côté stoïque et tourmenté de Thomas Fowler, ces deux aspects étant respectivement représentés par le côté lent des cordes et du piano et le côté plus sombre et mélancolique des harmonies. Il ne fait nul doute qu'à travers un thème en apparence assez simple mais efficace, Armstrong a résumé tout l'esprit du film de Phillip Noyce.

Craig Armstrong prolonge cette ambiance mélancolique empreinte d'une certaine amertume dans 'Saigon 1952' (introduction du film) où naît de l'écriture des cordes une tension synonyme de mystère et de danger (on est proche par moment du style de 'The Bone Collector'!). On notera la présence de la voix féminine qui renforce le côté envoûtant de la musique et son aspect mystérieux qui traduit à merveille le sentiment de Fowler à propos de Saigon et de sa population. On remarquera le fait que cette atmosphère sombre reste tout simplement omniprésente tout au long du film, même dans les moments où elle n'est pas forcément indispensable. Ceci a pour double effet de traduire un certain malaise à l'écran, tout en renforçant le côté monotone et parfois ennuyeux de la musique. 'Pyle's Best Friend/Asking for a Divorce' se distingue ainsi de son écriture de cordes/piano toujours remplie d'amertume, et même s'il est ici question de l'amitié naissante entre Fowler et Pyle. Ce sentiment de malaise se fait alors grandement ressentir dans 'Drive Up Holy Mountain/The General' lorsque Fowler va interviewer le général vietnamien. Le danger est ici suggéré par les rythmiques électroniques et les cordes sombres, comme dans 'Brothers in Arms' et 'Escape from Watchtower/Dreams of Phuong' pour la séquence où Fowler et Pyle s'évadent de la tour de guet. On retrouve ici quelques sonorités asiatiques et la voix féminine sur fond de cordes sombres et d'effets électroniques plus sombres suggérant une fois encore le danger. La partition atteint d'ailleurs un de ses points culminants avec le dramatique 'Death in The Square' pour la séquence de l'explosion sur la place centrale. Les cordes et les effets électroniques plutôt stressants, couplés avec des percussions, évoquent ici la désolation et la tragédie de la scène, mais sans aucun accès larmoyant ou mélodramatiques.

On appréciera la reprise du thème dans 'Fowler's Temptation' où règne une fois encore une certaine amertume des cordes contrastée ici par les percussions, un mélange de sentiments et de rudesse qui caractérise alors très bien le personnage de Michael Caine à la fin du film. 'The Ritual of Revenge' évoque alors la scène où Fowler trahit Pyle et aide des vietnamiens à le supprimer. On notera ici l'omniprésence des rythmiques électroniques et des cordes dramatiques avec la mystérieuse voix féminine, le morceau débouchant sur le triste 'Do You Still Miss Him?' après la mort de Pyle (introduite dès le début du film) et un 'End Titles' tout aussi sombre, reprenant le thème principal avec ses cordes dramatiques, sa voix envoûtante et ses rythmiques électroniques. Bref, à l'écoute de 'The Quiet American', on ne peut pas dire que l'on a à faire face à une partition qui respire la joie de vivre. Comme dans 'The Bone Collector', Craig Armstrong a parfaitement su retranscrire toute la dimension dramatique de son récit sur un ton souvent lent, monotone et mélancolique. Reste qu'à force de stagner, la musique finit par s'avérer ennuyeuse, le score manquant de relief, de changement, de nuance. Si l'approche quasi monocorde peut aisément se justifier étant donné la structure du récit, le résultat musical s'avère être bien peu surprenant et légèrement décevant de la part d'un Craig Armstrong que l'on a connu plus inspiré et surtout plus audacieux, et ce même si sa musique colle très bien à l'esprit du film de Phillip Noyce, lui apportant une dimension dramatique importante.


---Quentin Billard