1-Briefcase 2.07*
2-The Seed (2.0) 4.13**
3-Hands of Time 4.19***
4-Güero Canelo 3.00+
5-Rollin' Crumblin 2.21*
6-Max Steals Briefcase 1.48
7-Destino de Abril 5.15++
8-Shadow on the Sun 5.43+++
9-Island Limos 1.33
10-Spanish Key 2.25#
11-Air 5.46##
12-Ready Steady Go 4.48###
13-Car Crash 2.19°
14-Vincent Hops Train 2.02
15-Finale 2.18
16-Requiem 1.56°

*Ecrit et interprété par
Tom Rothrock
**Interprété par The Roots
featuring Cody Chesnutt
Ecrit par Cody Chestnutt
et Tarik Collins Trotter
***Interprété par Groove Armada
et Richie Havens
Ecrit par Andrew Cocup,
Tom Findlay et Richard Havens
+Ecrit par Joey Burns
Interprété par Calexico
++Interprété par
The Green Car Motel
Ecrit par Rick Garcia,
Rene Reyes et Cisco de Luna
+++Interprété par Audioslave
Ecrit par Timothy Commerford,
Christopher Cornell,
Thomas Morello et Brad Wilk
Guitare additionnelle de
Tom Morello
#Ecrit et interprété par
Miles Davis
##Interprété par Klazz Brothers
Ecrit par Tim Hahn,
Kilian Forster et Tobias Forster
###Interprété par Oakenfold
Ecrit par Paul Oakenfold
et Andrew Gray
°Ecrit et interprété par
Antonio Pinto

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Hip-O Records 000325902

Musique additionnelle de:
Tom Rothrock, Antonio Pinto,
Zachary Koretz, Thomas Schobel

Montage de la musique:
Michael Boustead, Todd Kasow
Montage additionnel:
Del Spiva
Montage du score:
Philip Tallman, Jim Weidman
Superviseur de la musique:
Vicki Hiatt
Producteur exécutif album:
Michael Mann
Music Business Affairs:
Lenny Wohl

Artwork and pictures (c) 2004 Dreamworks SKG/Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
COLLATERAL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
*Attention spoiler: certains éléments de l'histoire vont être dévoilé. Si vous n'avez pas encore vu le film, lisez cette revue avec précaution svp!


Après un détour du côté des drames inspirés d'histoire vraie ('The Insider' et 'Ali'), le grand Michael Mann revient dans le domaine du thriller avec l'excellent 'Collateral'. Max (Jamie Foxx) est un modeste chauffeur de taxi qui travaille de nuit à Los Angeles. Pour un job censé être provisoire, cela fait maintenant plus d'une dizaine d'années que Max fait le taxi. Un soir, il rencontre une jolie procureur nommée Annie Farrell (Jada Pinkett Smith) qui monte à l'arrière de son véhicule et avec qui il se lie d'amitié. Peu de temps après, c'est un dénommé Vincent (Tom Cruise) qui monte dans son taxi. Le mystérieux homme lui propose 600 dollars en échange d'un petit service: le conduire à cinq rendez-vous d'affaire qui auront lui durant toute la nuit, à divers endroits de la ville. Max accepte le job, mais ce qui commençait comme une banale nuit comme les autres vire au cauchemar lorsque le chauffeur de taxi finit par découvrir que Vincent est un tueur à gage qui doit exécuter cinq personnes durant la nuit. Après la mort du premier 'contrat' de Vincent, qui s'est écrasé sur le toit du taxi, Max est contraint par la force de cacher le cadavre dans le coffre-arrière de la voiture, et la course folle continue. Prisonnier d'un tueur à gage cynique et sans scrupules, Max va devoir trouver une solution s'il espère sortir vivant de ce cauchemar.

Plus qu'un simple polar/thriller, 'Collateral' est une semi-réflexion sur le cynisme humain dans la société américaine d'aujourd'hui. A travers la confrontation initiale entre un chauffeur de taxi et son passager machiavélique, Michael Mann souhaitait évoquer la confrontation de deux êtres qui cherchent à s'en sortir dans la vie, l'un en faisant un petit boulot misérable, espérant décrocher la lune, l'autre en exécutant des gens pour le compte d'un criminel notoire. Afin de retranscrire le côté à la fois beau et effrayant de la ville de Los Angeles la nuit, Michael Mann a eu l'excellente idée de tourner avec une caméra numérique qui donne à la tonalité visuelle du film un grain particulier et un aspect documentaire original pour ce type de production, preuve que Michael Mann reste un grand metteur en scène inspiré, quelque soit le sujet qu'il traite. Mieux que quiconque, le réalisateur a réussi à personnifier la ville de Los Angeles (sa ville de prédilection), entre la nuit et l'aube, reflétant la noirceur et le cynisme du film. Mann nous montre au passage les liens qui peuvent parfois se créer entre les chauffeurs de taxi et leurs passagers. Ici, Max voit sa vie changer pas seulement à cause des agissements de Vincent, mais à force d'échanger des idées avec le tueur à gage avec qui il lit une relation de haine assez ambiguë. Evidemment, les deux hommes sont des adversaires, mais, à l'instar de 'Heat', il y a quelque part une certaine chaleur qui se dégage de leur confrontation incessante. C'est cet aspect humain que le réalisateur a su parfaitement personnifier, là où un autre réalisateur lambda aurait certainement accentué l'action et le spectaculaire à la place du développement dramatique des personnages et de leurs sentiments. Pour Max, son affrontement forcé contre Vincent (un Tom Cruise vieilli et grisonnant pour l'occasion) est une sorte d'épreuve initiatique qui va l'obliger à s'affirmer dans la vie (cf. scène où Max doit se faire passer pour un gros dur auprès du contact de Vincent) et à être maître de son destin. Mann entretient un suspense considérable tout au long du film, avec une maestria rare de nos jours. Le film se conclut sur une longue scène de suspense d'une vingtaine de minutes quasiment anthologiques, à l'instar du final de 'Heat'. Sans aucun doute une nouvelle grande réussite cinématographique signée Michael Mann!

Fidèle à son habitude, Michael Mann a décidé d'opter pour un véritable melting-pot musical pour accompagner son film plus intensément. A l'origine, Hans Zimmer avait été pressenti pour écrire la musique de 'Collateral', mais c'est finalement James Newton Howard qui a été engagé, un Howard tout fraîchement sorti de son expérience fortement concluante sur 'The Village' de Shyamalan. Hélas, si cette dernière partition a prouvé que James Newton Howard était décidément l'un des compositeurs les plus inspirés du cinéma américain de ces dix dernières années, le score plus modeste de JNH sur 'Collateral' risque fort de décevoir tout ceux qui s'attendent à trouver là un nouveau chef-d'oeuvre. Dans un style vaguement similaire à celui de 'Primal Fear', le score de 'Collateral' développe le suspense et la tension sur un ton très atmosphérique et minimaliste, JNH utilisant l'orchestre habituel avec une bonne dose d'électronique, de guitares et de rythmiques modernes que le compositeur affectionne tant. On sent par moment un certain retour aux sources pour le compositeur qui renoue parfois avec un style électronique qui renvoie à ses débuts, lorsqu'il écrivait des musiques de film dans la seconde moitié des années 80. Parmi la sélection musicale entendu dans le film, on retrouve pêle-mêle de la musique additionnelle de Antonio Pinto (compositeur du score pour le film 'Cidade de Deus' et 'Central do Brasil'), de Tom Rothrock, de Thomas Schobel (qui a signé récemment une partie de la musique additionnelle du 'Alien vs. Predator' de Harald Kloser) et Zachary Koretz. On trouve aussi plusieurs chansons en tout genre telles que 'Ready Steady Go' de Paul Oakenfold (scène dans la boîte de nuit), 'Shadow on the Sun' de Audioslave, 'Destino de Abril' de Green Car Motel, etc. Mann s'est même amusé à insérer une maigre portion du score de '1492 Conquest of Paradise' de Vangelis, dans la scène où Fanning (Mark Ruffalo) et les policiers de Pedrosa (Bruce McGill) se préparent pour attraper Vincent dans la boîte de nuit. Pour finir, on pourra aussi noter l'utilisation du 'Steal Cello Lament' issu du score de 'Heat' d'Elliot Goldenthal, autre grand film signé Michael Mann. Aucun doute possible, on retrouve le genre de mélanges musicaux que le réalisateur affectionne tant, créant une identité musicale forte et indissociable de tous ses films.

Selon les dires de James Newton Howard dans une récente interview, Michael Mann aurait ainsi suggéré un axe plus orienté 'musique originale' pour 'Collateral', une chose qui n'était pas arrivé depuis 'The Last of The Mohicans', car même si 'Heat', 'Ali' ou 'The Insider' contenaient des musiques originales, elles devaient batailler largement avec des musiques préexistantes et des chansons en tout genre. Ici, le score qui s'axe autour de James Newton Howard et de toute la musique additionnelle paraît plus nuancé, plus fondu dans un moule atmosphérique qui rend difficile l'appréciation de la musique à la première écoute du film. Howard a reçu comme consigne d'éviter tout aspect mélodique et de privilégier le registre grave dans son écriture orchestrale. A cela s'ajoute une importante partie de percussions électroniques et de guitares accentuant le côté urbain du film. Une pièce comme 'Max Steals Briefcase' est très représentative de ce côté atmosphérique qui domine l'ensemble de la musique de JNH avec ces guitares électriques et ces percussions électroniques rock qui maintiennent la tension dans la scène où Max s'empare de l'attaché-case de Vincent et la balance par un pont. 'Island Limos' fait intervenir quant à lui une voix féminine qui évoque les désirs d'évasion de Max (il rêve de quitter Los Angeles et de partir sur des îles tropicales) avec synthé et guitare. La partie de Tom Rothrock et Antonio Pinto s'oriente vers le même objectif: crée une atmosphère urbaine plutôt sombre et dénué de tout aspect mélodique, comme nous le prouve ainsi le 'Briefcase' de Rothrock pour la scène où Vincent prend le taxi de Max. On retrouve ici les synthétiseurs ambiants avec quelques sonorités plus pesantes de guitare électrique, un élément-clé de la musique de 'Collateral'.

Dans 'Rollin' Crumblin', Tom Rothrock s'autorise même une petite incursion dans le rock avec batterie/basse/guitare électrique pour une séquence de traversée de Los Angeles, accentuant une fois de plus le côté urbain de l'histoire et des décors. Plus sombre, le 'Car Crash' d'Antonio Pinto semble vouloir calmer le jeu (scène du crash de la voiture vers la fin du film) tout en accentuant le côté incertain du reste de l'histoire. L'orchestre se veut ici plus présent, tout comme dans le poignant 'Requiem' final de Pinto, qui se caractérise par son utilisation plus élégiaque et dramatique des cordes (c'est aussi la première fois dans le film que l'on entend des cordes dans l'aigu, ce qui n'est évidemment pas anodin). Mais l'élément-clé du score, celui qui attirera sans aucun doute l'attention de la plupart des béophiles, c'est le long morceau d'action composé par James Newton Howard pour la traque finale dans le bâtiment où se trouve Annie Farrell, un morceau au rythme trépidant parsemé de cordes tendues et dissonantes (un élément entendu durant les passages à suspense les plus intenses du film), de cuivres agressifs, de percussions frénétiques et de synthétiseurs plus suffocants. Voilà en tout cas une dizaine de minutes aussi anthologiques que la scène en elle-même, un jeu du chat et de la souris malheureusement honteusement absent de l'édition discographique de la musique (comment est-ce possible?). Maigre consolation, l'album nous donne à entendre une partie de la poursuite finale avec 'Vincent Hops Train' où l'action culmine avec l'orchestre et ses percussions frénétiques pour la poursuite dans le train (on retrouve ici le James Newton Howard de l'action et du suspense tendance 'The Fugitive' ou 'Primal Fear'). Cette coda d'excitation et de fureur est d'autant plus remarquable à l'écran qu'elle rompt délibérément avec le contexte plus atmosphérique et minimaliste du reste du score. Ici, la musique se veut plus distincte, plus posée, plus massive. Du coup, la sensation d'entendre véritablement un 'score original' dans le film est plus forte et volontairement plus accentuée, ce qui tend à rendre cette poursuite finale encore plus intense. Mais, une fois encore, il est incroyable que les concepteurs de l'album n'aient même pas été fichu d'inclure ce très grand morceau d'action final sur l'album!

Si vous aimez les ambiances sombres et atmosphériques des polars made in Michael Mann, la musique de 'Collateral' devrait vous plaire particulièrement. Ici, James Newton Howard a du restreindre son inspiration habituelle et se forcer à écrire une musique plus minimaliste, plus restreinte et plus atmosphérique, privilégiant un mélange synthé/guitare/orchestre/percussions aux côtés des autres compositeurs de la musique additionnelle. Reste que le montage un peu brouillon des différentes musiques dans le film nous empêche d'apprécier le score à sa juste valeur, le score de JNH étant d'ailleurs très mal représenté sur l'album de la musique, tout comme la musique additionnelle d'Antonio Pinto et de Tom Rothrock (il manque encore de nombreux morceaux de cette autre partie du score sur l'album!). Si vous vous attendiez donc à retrouve un JNH en pleine forme et débordant d'inspiration sur 'Collateral', vous risquez fort d'être déçu, car le score n'a rien de follement mémorable en soi, même s'il remplie parfaitement ses fonctions dans le film - il illustre le suspense, maintient une certaine tension omniprésente tout au long du film et évoque les sentiments des deux protagonistes principaux. On pourra néanmoins apprécié la diversités des styles abordés tout au long du film et l'antagonisme opposant Max et Vincent, un élément que James Newton Howard a très bien su retranscrire durant le film. Reste que 'Collateral' est à réserver en priorité aux fans du film de Michael Mann et aux inconditionnels de James Newton Howard!


---Quentin Billard