1-My Name is Alice 2.13
2-Alice Battles The Nemesis 3.04
3-The Nemesis vs. S.T.A.R.S. 2.11
4-Panic at The Gate 1.37
5-Umbrella is Watching 3.01
6-Ashford's Plan 2.25
7-Cain's Demise 1.52
8-The Nemesis is Awakened 2.41
9-Zombies In Church 1.34
10-Captured by Umbrella 2.22
11-The Crash Site 1.03
12-Dogs in The Kitchen 2.03
13-Searching for Alice 2.43
14-The Anti-Virus 2.14
15-Beneath The City 2.18
16-The Last Transport 1.54
17-Search The School 1.30
18-I Remember Everything 2.04

Musique  composée par:

Jeff Danna

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6616

Produit par:
Jeff Danna
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Supervision de la musique:
Liz Gallagher
Montage de la musique:
Tony Lewis

Artwork and pictures (c) 2004 Screen Gems, Inc. All rights reserved.

Note: **
RESIDENT EVIL: APOCALYPSE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jeff Danna
Vous aimez les jeux vidéos, les zombies, l'action non-stop pour public décérébré, les personnages creux et les scénarios inexistants? Alors 'Resident Evil : Apocalypse' est fait pour vous. Alexander Witt remplace Paul W.S. Anderson, qui signe le scénario du film (qui tient sur une ligne). Alice Prospero (Milla Jovovich) est de retour pour une nouvelle aventure sanguinaire et agitée. Elle a survécu à l'horreur qui s'est abattu sur le gigantesque complexe scientifique ultra secret de la société Umbrella Corporation, qui, à la suite d'un accident, libéra un virus mortel qui transforma toute l'équipe du complexe en zombie assoiffé de sang. Cette fois-ci, le virus s'est échappé du complexe et a réussi à se propager à travers toute la ville de Raccoon City. Alice, dont les pouvoirs ont été mystérieusement modifiés à la suite d'expériences scientifiques, réussit à s'échapper du laboratoire où on la détenait et se retrouve bloquée en plein milieu de l'enfer, dans une ville placée sous quarantaine par les dirigeants d'Umbrella Corporation, qui savent ce dont est capable le terrible virus. La ville est en proie au chaos le plus total, dévasté par des hordes de zombies que rien ne semble pouvoir arrêter. Avec l'aide d'un groupe de survivants des forces spéciales d'Umbrella dirigées par Jill Valentine (Sienna Guillory), Alice va tout faire pour trouver une solution et sortir de cet enfer. Elle est alors traquée par Némésis, un monstrueux ennemi redoutable crée par les scientifiques d'Umbrella et capable de venir à bout de n'importe quel adversaire.

Le seul véritable intérêt de ce 'Resident Evil: Apocalypse' est que le film d'Alexander Witt se rapproche nettement plus du jeu vidéo d'origine de chez Capcom (sur Playstation) que le premier film de Paul W.S. Anderson, qui n'était qu'une mince et ridicule caricature du fameux 'Dawn of The Dead' de George Romero. Les allusions au jeu sont telles que l'on retrouve une héroïne sexy au look et aux vêtements identiques (Jill Valentine), des situations calquées sur le jeu (scène où Alice se fait tirer dessus par un hélicoptère dans un immeuble, inspiré de l'introduction du jeu 'Resident Evil: Code Veronica') et même quelques plans inspirés du jeu. Mais cela ne peut suffire à faire un bon film, même pour les inconditionnels du jeu vidéo. Le problème vient surtout ici de la réalisation lamentable qui accumule bévue après bévue. D'abord, le scénario est totalement creux et d'une linéarité épouvantable. En gros: ça tire, ça explose et ça repart de plus belle, le tout sans aucune originalité, sans aucune idée de mise en scène (certains plans et effets sont purement inutiles et gratuits). Au moins, le premier épisode avait l'honnêteté de jouer sur le suspense avec un peu d'action et rien de plus. Ici, les zombies sont aussi efficaces et effrayants qu'un clown déguisé en marshmallow géant. A l'instar de nombreux films d'épouvante modernes, ce second opus n'a ni la tension ni les effets gores indispensables à ce type de film. Comme pour le premier opus, on a l'impression d'assister à un film d'horreur de Romero version édulcorée grand public. Ajoutons à cela une mise en scène lourdingue, plombée par d'incessants effets visuels inutiles (flous, ralentis, montage rapide épileptique abrutissant, etc.), une pluie de stéréotypes agaçants (le black qui va forcément mourir, le gagman de service sans intérêt, les répliques à un centime d'euro, etc.), une avalanche d'effets spéciaux, etc. Aucun suspense, aucune sensation d'horreur, 'Resident Evil: Apocalypse' nous promettait une bonne descente aux enfers et n'a finalement que l'allure d'une mauvaise série-B d'action du dimanche soir, caricaturale au possible. Ce qui aurait du être une véritable montagne russe de l'horreur se transforme donc en foutoir visuel abrutissant tendance gros clip MTV pour jeunes, totalement dépourvu d'intérêt.

A l'annonce de la participation totalement inattendue du compositeur canadien Jeff Danna à 'Resident Evil: Apocalypse', le public béophile trépignait déjà d'impatience, attendant une oeuvre plus originale et plus surprenante pour un blockbuster de ce genre. Rappelons que le frangin du compositeur Mychael Danna s'était déjà fait remarquer en 2003 par une partition très appréciée pour 'The Gospel of John' de Philip Saville, qui se proposait comme une sorte d'alternative au 'The Passion of The Christ' de Mel Gibson. Hélas, ce qui s'annonçait comme une éventuelle prise de risque audacieuse et intéressante de la part du studio (engager un compositeur peu connu sur une production aussi calibrée que 'Resident Evil: Apocalypse' relève quasiment du miracle dans un Hollywood figé par les conventions!) s'est finalement concrétisé en une partition d'action conventionnelle au possible, totalement dénuée d'imagination, de réflexion, d'inspiration. Comment est-il possible que Jeff Danna, qui fait ses premiers pas sur un film d'horreur de ce genre, ait-pu échouer à ce point? La musique, écrite pour un gros orchestre avec beaucoup de synthétiseurs, arrive à peine à égaler le passable effort de Marco Beltrami sur le premier opus de Paul W.S. Anderson, alors c'est dire! La faute provient sans aucun doute des producteurs, qui n'ont certainement pas su guider le compositeur dans la meilleure voie à suivre pour écrire la musique de ce film. Mais analysons d'un peu plus près la partition, pour comprendre là où elle a pu échouer par rapport à toutes nos attentes.

Le pari était donc d'unir plusieurs axes différents sur 'Resident Evil: Apocalypse' avec, d'une part, la partie orchestrale (primordiale et plus présente que dans le score du premier opus), d'autre part, la partie électronique prédominante, ainsi que quelques touches de rock moderne qui tendent à installer une ambiance survoltée dans la plupart des grosses scènes d'action du film. Ici, point de gros thèmes ou de motif particulier, la musique étant dominée par un tempo d'action très soutenu et quelques passages de suspense plus sinistres. Le compositeur donne immédiatement le ton du score avec un macabre 'My Name Is Alice' introductif qui nous plonge dans un univers électronique plutôt sinistre et inquiétant, le compositeur dévoilant ici un certain goût moins connu chez lui pour le travail des textures électroniques. Ce premier passage atmosphérique n'est qu'un tremplin pour toute une série de morceaux d'action tonitruants, à commencer par le 'Alice Battles The Nemesis' (scène où Alice affronte le Némésis pour la première fois) qui fait un bon usage de l'orchestre (le 'Philharmonia Orchestra' de Londres) avec cordes et cuivres dissonants et divers à l'appui, agrémenté d'une partie percussive tendance hard rock aux rythmes électroniques frénétiques. Jeff Danna installe les recettes et ne les variera pas d'un pouce jusqu'à la fin du film. Ainsi, la scène où le Némésis descend toute l'équipe des STARS dans 'The Nemesis vs. S.T.A.R.S.' nous permet de retrouver la partie orchestrale toujours dominée par les cordes, les cuivres massifs, les percussions (avec ici, une bonne utilisation rythmique du piano) et les percussions électroniques/rock surchauffées, censées apporter une énergie considérable aux scènes d'action du film.

Les parties de suspense plus atmosphériques tentent de délivrer un climat de menace et de danger comme c'est le cas pour 'Panic at The Gate' qui nous plonge dans un sentiment d'urgence et de tension omniprésente, alternant rythmique électronique et orchestre agité (il est ici question de la panique qui s'installe dans Raccoon City depuis sa mise en quarantaine, envahie par les zombies). Idem pour 'Ashford's Plan' et son climat d'incertitude et de tension permanente, lorsque le docteur Ashford organise un plan pour tenter de faire retrouver sa fille disparue avec l'aide d'Alice et des amis de Valentine. A noter une bonne utilisation massive des cuivres dans 'Cain's Demise' pour une scène où le major Cain (Thomas Kretschmann) est sur le point de se transformer en zombie, comme dans 'The Nemesis Is Awakened' et ses cuivres dissonants avec rythmiques électroniques toujours très présentes. On pourra aussi apprécier le jeu du chat et de la souris dans le sombre 'Zombies In Church' pour la scène de l'affrontement dans l'église, Danna accentuant ici les cordes stridentes et dissonantes et les percussions électroniques survoltées, créant un climat de menace assez pesant durant toute cette scène, comme dans 'Dogs In The Kitchen' pour la séquence de l'affrontement avec les chiens zombies, elle aussi dominée par son orchestre massif sombre et ses percussions électroniques menaçantes. Et pour les amateurs de musiques à suspense sinistres à souhait, 'Search The School' (scène dans l'école, qui n'est pas sans rappeler le fameux jeu vidéo 'Silent Hill' de la Playstation) devrait s'avérer être particulièrement réjouissant, avec son climat d'incertitude total et ses cordes dissonantes et menaçantes.

On regrettera ici l'uniformité de la musique, Jeff Danna n'apportant aucune idée particulière à chacun de ses morceaux. Visiblement, l'axe mélange orchestre/synthé/rock a particulièrement séduit les concepteurs du film, et même si l'efficacité de la musique à l'écran est indiscutable (on retrouve bien toute la tension et la frénésie des scènes d'action du film à travers la musique), le score déçoit irrémédiablement par son manque d'imagination alarmant. Dans une récente interview, Jeff Danna déclarait avoir apprécié travailler sur ce premier film d'horreur/action, un genre qui lui était jusqu'ici inconnu. On aurait donc pu penser que pour sa première incursion dans ce genre, Jeff Danna aurait su se montrer à la hauteur de le tâche, mais il semblerait bien que les concepteurs du film aient finalement décidé que le compositeur écrirait un score d'action/suspense lambda où le mot d'ordre serait de ne surtout rien faire qui puisse paraître original, pourtant tout le contraire de ce que le compositeur affirmait récemment dans une interview en parlant de son souci d'être original et créatif sur ce film. Jeff Danna a véritablement raté le coche, incapable d'écrire sur ce film plus de 5 minutes de musique inspirées ou créatives (étant donné la nullité du film, on ne peut guère lui en vouloir!), preuve qu'il ne s'agit pas forcément d'engager un compositeur moins connu pour avoir une musique plus originale et recherchée sur un film - encore faut-il que les concepteurs du film aient des idées un tant soi peu originales. Le manque de thème et l'ennui qui se dégage de l'uniformité musicale du score et des nombreuses pièces atmosphériques sans intérêt font du score de 'Resident Evil: Apocalypse' une très grosse déception qui ne peut qu'inquiéter quant à l'avenir de la créativité musicale à Hollywood dans les années à venir, surtout si les artisans hollywoodiens continuent de suivre cette même voie.


---Quentin Billard