1-Apertura 2.48
2-Lago Frias 2.19
3-Leaving Miramar 1.31
4-Chipi Chipi 4.00
5-Montana 0.28
6-Jardin 3.00
7-Procesion 1.11
8-La Partida 1.29
9-La muerte de la poderosa 1.57
10-La salida de Lima 1.40
11-Que Rico el Mambo 2.29*
12-Circulo en el rio 0.25
13-Amazonas 1.01
14-Leyendo en el hospital 3.07
15-El cruce 1.46
16-Partida del leprosario 1.53
17-De Usuahia a la Quiacav 2.48
18-Revolucion caliente 0.55
19-Al otro lado del rio 3.13**

*Interprété par Perez Prado
**Ecrit et interprété par
Jorge Drexler

Musique  composée par:

Gustavo Santaolalla

Editeur:

Universal Soundtracks
00289 477 5019

Album produit par:
Gustavo Santaolalla

Artwork and pictures (c) 2004 South Fork Pictures. All rights reserved.

Note: ***
DIARIOS DE MOTOCICLETA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Gustavo Santaolalla
Nouveau film du réalisateur brésilien Walter Salles produit par Robert Redford, 'Diarios de motocicleta' (Carnets de voyage) retrace le parcours initiatique du jeune Ernesto Guevara de la Serna (Gael Garcia Bernal) à travers l'Amérique du sud, en compagnie de son fidèle ami, Alberto Granado (Rodrigo De la Serna). C'est en 1952 que les deux argentins Ernesto et Alberto décident de quitter leur Buenos Aires natal pour partir à la découverte de l'Amérique latine, durant un voyage programmé sur plus de 8000 km. Ils débutent ensemble leur long périple sur la vieille moto d'Alberto surnommée 'la puissante'. Le voyage, qui s'avère passionnant et dangereux dans un premier temps, va très vite prendre une autre tournure pour les deux compères, qui découvrent un continent touché par la misère et l'injustice. Arrivés à la léprologie de San Pablo au Pérou, Alberto et Ernesto décident de venir en aide aux patients. Leur expérience fera naître en eux une nouvelle vocation de compassion et de justice sociale. Mais l'avenir les amènera à suivre deux chemins différents, l'un voulant s'installer au Pérou pour son nouveau travail, l'autre souhaitant retourner en Argentine et mettre en pratique ses idées révolutionnaires.

Fidèle reconstitution des carnets de voyage du jeune argentin Ernesto 'Che' Guevara, 'Diarios de motocicleta' est un film émouvant, magnifique, deux heures d'un voyage agité qui marque irrémédiablement l'esprit par son côté volontairement non démonstratif, par la modestie et l'honnêteté de la mise en scène, par la chaleur humaine qui se dégage de certaines scènes du film et, bien sûr, par la qualité du jeu des deux interprètes principaux et des autres acteurs. Inspiré par son sujet, Walter Salles a voulu rendre hommage au jeune Ernesto (alors âgé de 23 ans à cette époque) en retraçant son parcours initiatique en compagnie de son ami Alberto Granado, toujours vivant à l'heure actuelle. Plus qu'une simple évasion, 'Diarios de motocicleta' est aussi une réflexion sur la jeunesse du 'Che', le film nous amenant à comprendre comment le célèbre révolutionnaire argentin a pu devenir celui que l'on connaît aujourd'hui alors qu'il était destiné au départ à devenir un simple médecin. Comme le dit lui-même le personnage dans le film, ce voyage aura changé à tout jamais sa perception des choses, suscitant en lui l'envie de lutter contre la misère et pour une plus grande justice sociale, défendant des idéaux de paix et de réunification de toutes les races d'Amérique latine. Le film évite néanmoins de faire l'apologie du révolutionnarisme basique et préfère laisser libre le spectateur à ses pensées. On ne peut néanmoins s'empêcher d'être ému et révolté à la fois par la misère qu'Ernesto et Alberto découvrent dans ce continent, mais, fort heureusement, Walter Salles a su éviter l'écueil sentimentaliste primaire, accouchant d'un road-movie poignant, deux heures d'une oeuvre humaniste modeste, généreuse et magnifique. Un très beau film à ne pas manquer, assurément!

Le compositeur argentin Gustavo Santaolalla n'en est pas à son premier coup d'essai au cinéma. Rappelons que le musicien avait déjà écrit la musique du '21 Grams' et 'Amores perros' de Alejandro Gonzalez Iñarritu, sans oublier une pièce de Santaolalla que Michael Mann avait déjà utilisé dans 'The Insider'. La musique de 'Diarios de motocicleta' est toute à l'image du film: simple, modeste et émouvante, sans jamais en faire de trop. Afin de retranscrire l'authenticité du film, Santaolalla a utilisé beaucoup de guitares et de percussions d'Amérique latine, tout en évitant la facilité du folklore pour le folklore. Ici, le compositeur a fait un léger compromis et nous propose une BO accessible à tous, même à ceux qui n'apprécient pas particulièrement les musiques d'Amérique latine (rappelons que le compositeur est guitariste et percussionniste à l'origine). L'ouverture du film ('Apertura') évoque avec une certaine fraîcheur l'excitation du départ à l'aventure avec guitares diverses, synthétiseur et percussions, suivi d'un 'Lago Frias' pour les premiers kilomètres qu'effectuent ensemble Alberto et Ernesto (à noter ici l'utilisation des synthétiseurs et d'une guitare solitaire), comme dans 'Leaving Miramar' qui est très représentatif du style modeste et dépouillé de la musique de 'Diarios de motocicleta'. Les guitares sont ici attachées aux deux personnages principaux (elles évoquent leurs origines argentines) et sont synonymes de voyage et de découverte tout au long du film, Santaolalla nous proposant un intéressant travail tout autour de ces différents instruments à cordes grattées.

Dans 'Montaña', Santaolalla utilise une flûte péruvienne, qui permet au compositeur d'évoquer les moments où les deux compères se rapprochent du Pérou. Puis, au fur et à mesure que le voyage progresse et qu'Ernesto et Alberto se rapprochent de leur objectif, la musique commence à changer en même temps, devenant plus sérieuse, parfois même plus méditative ('Circulo en el rio'). Les guitares changent presque de couleur, comme c'est le cas pour 'La salida de lima' où le compositeur utilise une guitare électrique aux sonorités plus dures avec des percussions latines. Santaolalla nous fait alors ressentir que le voyage a profondément affecté la manière de voir des deux compagnons de route, ceci expliquant alors le changement de sonorité des guitares qui leur étaient jusqu'ici associé. Loin de simplement se contenter d'illustrer le voyage à l'écran, la musique se veut comme une sorte de commentaire musical des sentiments des deux personnages principaux. Le très beau 'La muerte de la poderosa' utilise quant à lui la flûte péruvienne sur fond d'accompagnement de guitares, le morceau nous transportant dans les Andes à la découverte de la misère qui sévit dans cette région (cf. scène des travailleurs de la mine). 'Leyendo en el hospital' nous dévoile alors la partie finale dans la léprologie au Pérou. Les guitares restent ici très présentes, plus proches du jeu acoustique (effets de 'taping') entendu dans les premiers morceaux du score. 'El cruce' nous dévoile même un travail plus intéressant et atmosphérique autour des synthétiseurs et des percussions latines, dans un style plus sombre. On notera un 'Partida del leprosario' plus émouvant lorsqu'Ernesto quitte la léprologie, les guitares et les autres instruments devenant ici plus nostalgiques, plus chaleureux, sans jamais déborder sur les images du film, la conclusion aboutant au méditatif 'De usuahia a la quiaca' et son excellente écriture des diverses guitares, qui pourraient évoquer quelque part les idéaux du 'Che' de la réunification des races d'Amérique latine en une seule et même race.

Par sa simplicité, sa fraîcheur, son émotion honnête et sa modestie, le score de Gustavo Santoalalla accompagne à merveille le film de Walter Salles, même si l'on pourra regretter le fait que le réalisateur ait décidé de ne pas utiliser certains morceaux du score. Evidemment, la musique de 'Diarios de motocicleta' fait partie de ses BO modestes qui ne connaîtront certainement jamais un très grand succès public, mais qui mérite au moins d'être découverte, à l'instar du très beau film de Walter Salles!


---Quentin Billard