1-Going West 1.45
2-Captured Creepo 2.45
3-The Morgue 4.59
4-Buck's Sendoff 1.16
5-Cliffside Rescue 0.36
6-Rude Awakening 2.00
7-The "218" 5.35
8-Get Shorty 2.52*
9-Intercept Decision 1.33
10-Photo Tie 1.55
11-FBI Request 1.18
12-Jail Toast 1.08
13-Spreader Fight 10.53
14-Andy's Return 4.08

Bonus Track

15-Outtake Suite 11.01*
(Electronic Textures &
Unusued Cues):
Serious Discussion,
We Know It's Bob,
Lane Cuts, Departing Train,
Bathroom Confrontation

*Ecrit par Basil Poledouris,
Eric Colvin et Curtis Roush.

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Intrada Special Collection Vol.1

Produit par:
Basil Poledouris,
Tim Boyle, Curtis Roush,
Eric Colvin

Album produit pour Intrada:
Douglass Fake
Producteur associé:
Roger Feigelson
Montage de la musique:
Curtis Roush
Assistant montage:
Jim Burt
Préparation de la musique:
Gregg & Leslie Buttars

Artwork and pictures (c) 1997 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
SWITCHBACK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
'Switchback' (La piste du tueur) est un thriller hollywoodien extrêmement conventionnel, signé Jeb Stuart (scénariste sur des films tels que '48 Hours', 'Die Hard', 'The Fugitive' ou 'Leviathan'). Cela fait maintenant depuis plus de 18 mois que l'agent du FBI Frank LaCrosse (Dennis Quaid) traque un mystérieux serial-killer insaisissable, qui tue toutes ses victimes avec une précision chirurgicale étonnante. A chaque fois, le tueur prévient LaCrosse de tous ses méfaits pour le narguer, jusqu'au jour où il décide de kidnapper son jeune fils, Andy, mettant fin pendant un temps à cette vague de meurtres pour faire croire à sa mort et obliger la police à classer l'affaire. Peu de temps après, dans le district d'Amarillo au Texas, le shérif Buck Olmstead (R. Lee Ermey) doit enquêter sur un triple homicide survenu dans un motel de la ville. C'est alors qu'intervient Frank LaCrosse, venu rejoindre le shérif pour l'aider à progresser dans son enquête, sans lui dévoiler immédiatement la vérité au sujet du kidnapping de son enfant. Le shérif, qui se montre bienveillant envers LaCrosse, décide de se préoccuper des tourments de l'agent du FBI et finit par apprendre la vérité de sa propre bouche. Le shérif décide alors de l'aider à retrouver son fils, et ce même si le FBI a démobilisé LaCrosse. Pendant ce temps, un type plutôt joyeux du nom de Bob Godall (Danny Glover) prend en stop un jeune homme nommé Lane Dixon (Jared Leto), qui doit se rendre à Salt Lake City. Dixon est un médecin au passé trouble, qui n'a apparemment pas vraiment envie d'en dire plus à son nouvel ami. Mais le mauvais temps sévit dans les Rocheuses, obligeant Bob et Lane à rester sur place, bloqué par les mauvaises conditions météorologiques. Pendant ce temps, la police est toujours en train de chercher le meurtrier du motel.

Avec un scénario tiré par les cheveux (un tueur tend un piège à l'agent du FBI qui le traque, afin de s'amuser avec lui) et une mise en scène d'une médiocrité rare, 'Switchback' n'est rien d'autre qu'une simple série-B à suspense digne d'un mauvais produit télé du dimanche soir. On aura rarement vu un thriller hollywoodien aussi ennuyeux, où l'on passe plus d'une heure à n'assister qu'à du bla-bla de pacotille sans aucun suspense et sans aucune scène d'action. Dennis Quaid campe un héros plutôt posé mais tourmenté, sauf que son visage est d'une inexpressivité inquiétante. Est-ce le rôle qui le voulait ou un ennui quasiment perceptible sur le visage de l'acteur? On se pose parfois la question. Durant la première heure du film, il ne se passe strictement rien. L'enquête piétine, et l'on assiste à l'amitié naissante entre deux hommes bloqués du côté des Rocheuses à cause du mauvais temps. Certes, mais encore? Où est le suspense annoncé? Où est la traque? Où est la confrontation prévue entre l'agent du FBI et le tueur psychopathe? A toute ces interrogations, le réalisateur Jeb Stuart répond quasiment par la négative, accumulant tous les défauts habituels des toutes premières réalisations: mauvais dosage du rythme et longueurs soporifiques, scénario faussement compliqué et maladroit, direction d'acteur moyenne, personnages totalement creux (à quoi sert réellement le personnage de Jared Leto dans ce film?), zéro idée de mise en scène qui pourrait démontrer un manque flagrant d'expérience dans la réalisation, etc. Cette longue traque ennuyeuse et particulièrement plate échoue finalement dans son but de nous scotcher au siège et de nous divertir, d'autant que les quelques rares rebondissements sont extrêmement téléphonés et sans surprise, un comble pour un rebondissement! En somme, une série-B à suspense totalement ratée, tout simplement!

Décidément, Basil Poledouris n'aura eu de cesser d'avoir à mettre en musique les films les plus pourris des années 90. Hélas, avec le score de 'Switchback', on est loin de l'époque glorieuse qu' a connu le compositeur à la fin des années 80 et au tout début des années 90. Néanmoins, le score de 'Switchback' n'est pas non plus foncièrement mauvais en soi et apporte son lot de suspense et d'action au film, même si l'on sent aussi un certain ennui dans la musique de Poledouris (il paraît difficile d'écrire une musique particulièrement enthousiasmante sur un film aussi plat et ennuyeux!). A l'orchestre traditionnel, Poledouris adjoint quelques synthétiseurs et les quelques percussions électroniques d'usage pour les quelques (rares) scènes d'action du film. Pour Poledouris, le défi à relever sur le film de Jeb Stuart était d'évoquer les différents aspects du film - le caractère froid et machinal du héros, le suspense, les mystères et les quelques scènes d'action. Afin d'arriver à ses fins, Poledouris a choisi d'utiliser un motif principal de 3 notes, entendu dès l'introduction du film par une flûte. Ce motif, parfaitement malléable, sera varié tout au long du film suivant les différentes circonstances, et prendra même une tournure plus majestueuse lorsqu'il évoquera par la suite le décor des Rocheuses ou la détermination de Frank LaCrosse dans sa quête obstinée pour retrouver son fils kidnappé. L'introduction du film reste assez atmosphérique, privilégiant une sonorité électronique qui sera présente tout au long du film, souvent synonyme de tension et de mystère. Poledouris nous dévoile même un premier élan de terreur lors de la scène du meurtre de la baby-sitter au début du film, avec cordes dissonantes et cluster orchestral d'usage qui annonce une aventure bien sombre. Aucun doute possible, le compositeur nous plonge assurément d'entrée de jeu dans un thriller pur et dur, appliquant les recettes habituelles du genre!

La partition de 'Switchback' est très largement atmosphérique et fonctionnelle (on pourrait par exemple citer les sombres 'Captured Creepo' et 'The Morgue'). Les parties de suspense permettent même à Poledouris de proposer un travail autour des sonorités électroniques assez glauques, un travail résumé dans la piste bonus de l'album publié par Intrada, 'Outtake Suite', contenant des pièces atmosphériques non présentes dans le film et d'autres essentiellement constituées de textures électroniques pour les moments plus sombres du film. Mais le score se distingue surtout par la qualité de ses morceaux d'action, entendus surtout dans la dernière partie du film. Si le thème basé sur la cellule de 3 notes aide à apporter un relief thématique à la musique, évoquant par son côté mélodique ample et ses cuivres les décors montagneux et la détermination du héros, les passages d'action permettent de renforcer l'excitation de ces scènes en faisant monter la tension d'un cran. On pense bien évidemment à 'Cliffside Rescue' dans la scène où Bob sauve Lane au bord de la falaise. On notera ici une excellente écriture orchestrale reposant sur un contrepoint rythmique des cuivres, cordes et percussions (timbales, principalement), toujours synonymes de danger et de tension. 'Going West' est aussi représentatif du côté action de 'Switchback' avec ses excellentes percussions électroniques accompagnant une solide reprise du thème principal lorsque LaCrosse se lance à la poursuite du train 218, sur les traces du tueur, les percussions étant alors ici synonymes d'aventure, tout comme dans 'The "218"' pour la scène du train, qui permet à Poledouris de développer ses percussions électroniques de manière plus frénétique et ses morceaux d'action qui deviennent plus présent dans le final, aboutissant à un 'Spreader Fight' frénétique, superbe morceau d'action frénétique entrecoupé de moments plus sombres et atmosphériques pour l'affrontement final avec le tueur sur le bord du train. Un score aussi sombre et atmosphérique ne peut évidemment que s'achever sur une note plus positive avec l'apaisé 'Andy's Return' pour le traditionnel happy-end du film, pour lequel Poledouris reprend une dernière fois le thème principal sous une forme plus harmonieuse, plus paisible, aux cordes.

Vous l'aurez donc compris, 'Switchback' est un score d'action/suspense sans grande originalité mais assez efficace dans le film. Néanmoins, on ne criera certainement pas au génie avec cette composition purement fonctionnelle et assez passe-partout. Comme d'habitude, Basil Poledouris se retrouve à composer la musique de films à la qualité de plus en plus douteux à cette période, et le côté tout à fait quelconque de ce score thriller rappelle ce malheureux état de fait d'un grand compositeur en manque de projets plus personnels et ambitieux. Ceci étant dit, il serait tout de même fort injuste de rabaisser cette sympathique partition orchestrale au rang de simple BO à oublier dès la première écoute, car, en grand professionnel qu'il est, Poledouris fournit le strict minimum pour le film et applique les recettes avec brio, et bien sûr, le résultat est là. Voilà donc un score sympa sans 'plus' signé Basil Poledouris, à découvrir grâce à l'excellente édition complète publiée chez Intrada Records!


---Quentin Billard