'Kindergarten Cop' (Un Flic à la Maternelle) fait partie de ces films auquel Arnold Schwarzenegger a tenu à participer pour tenter de briser un peu son image d'acteur basique pour film d'action explosif. Après le très moyen 'Twins' ('Jumeaux' - 1988), le réalisateur Ivan Reitman tourne à nouveau avec Schwarzenegger dans 'Kindergarten Cop', petite comédie d'action qui permit à Schwarzenegger de prouver qu'il pouvait aussi jouer la comédie, même si 'Kindergarten Cop' est tout de même plus proche d'un polar d'action que de la comédie. Là est le véritable problème du film puisqu'on ne sait jamais où le réalisateur veut en venir: le film démarre comme un thriller et se poursuit ensuite comme une petite comédie enfantine avant de finir à nouveau comme un polar/thriller. Le film contient ainsi deux aspects entre lesquels Ivan Reitman semble hésiter, ne sachant pas vraiment lequel des deux doit s'imposer. Cela donne donc un petit film sympa mais un brin bancal. Schwarzenegger interprète John Kimble, un flic qui traque un trafiquant de drogue du nom de Cullen Crisp (Richard Tyson). Kimble arrive finalement à lui mettre la main dessus mais l'histoire est loin d'être terminé puisqu'il faut maintenant qu'il trouve l'unique personne qui puisse témoigner contre lui: son ex-femme. Mais cette dernière a disparue et la seule chose que Kimble sait d'elle c'est qu'elle a un fils à l'école d'Astoria dans l'Oregon. Kimble n'a plus qu'une seule solution: il va devoir s'improviser instituteur dans une école maternelle. Accompagné par collègue Phoebe O'Hara (Pamela Reed) chargé de l'épauler dans cette mission, sa tâche sera de découvrir qui est le fils de l'ex-femme de Crisp et comment il peut l'aider à l'amener vers elle. Mais il ne va pas tarder à s'apercevoir qu'être instituteur dans une école maternelle, ce n'est pas un travail de tout de repos, et les gamins vont lui en faire voir de toutes les couleurs. Bref, c'est drôle, c'est parfois très tendre et parfois un peu violent, mais il manque vraiment quelque chose pour en faire un bon film.

Randy Edelman a déjà collaboré avec Ivan Reitman sur 'Twins' (1988, co-composé avec le regretté Georges Delerue) et l'inédit 'Ghostbusters II' (1989). 'Kindergarten Cop' marque donc sa troisième collaboration avec Reitman. Edelman a composé un score tout à fait typique de l'esprit comédie d'Edelman, un score important puisqu'il le rendit populaire auprès du public béophile (et ce même si aujourd'hui le compositeur est très sous-estimé) en dévoilant son goût pour les mélodies mémorables et un style comédie plein de fraîcheur et d'entrain. A ce sujet, 'Kindergarten Cop' reste la BO exemplaire du style comédie d'Edelman auquel le compositeur lui même se référera par la suite pour développer ce style dans ses futures BO de comédies ('Beethoven', 'While You Were Sleeping', 'My Cousin Vinny', etc.). Considéré généralement comme LE classique par excellence du compositeur, 'Kindergarten Cop' est un score vraiment charmant et entraînant, qui épouse à merveille les deux aspects du film: un mélange entre le style action/thriller et un style plus 'comédie légère'; et qui dit Edelman dit évidemment grands thèmes mémorables, 'Kindergarten Cop' n'échappant évidemment pas à la règle. Le premier thème que l'on retiendra c'est celui de l'école d'Astoria, qui ouvre l'album. Ce petit thème de cordes possède un charme mélodique certain, un petit thème léger et frais qui évoque un tendre sentiment de nostalgie de l'enfance doublé d'une certaine douceur de vivre innocente. 'Children's Montage' est évidemment le morceau incontournable du score, petite pièce orchestrale (doublé comme toujours par les synthés discrets du compositeur) entendue lors de la scène où Kimble s'amuse avec les gosses en leur faisant faire plusieurs activités. Rythmé par les cordes, 'Children's Montage' évoque une fois encore de manière enjouée la fraîcheur de la jeunesse et la complicité qui se crée entre Kimble et les enfants. Le morceau s'ouvre sur le très joli thème de Kimble au piano avec les cordes et se conclut sur une reprise triomphante du thème de l'école. Impossible de ne pas ressentir une certaine nostalgie touchante de nos tendres souvenirs d'enfance en entendant simultanément 'Astoria School Theme' et 'Children's Montage' qui, en plus d'accomplir à merveille leur rôle dans le film, créent un sentiment de tendresse doublé d'une certaine jovialité enfantine et légère typique du style comédie d'un compositeur très talentueux lorsqu'il s'agit de créer des petits thèmes mélodiques marquants.

Mais le film s'ouvre en fait sur 'Stalking Crisp' qui nous introduit tout de suite dans le style action/thriller du film à des milliers de kilomètres de la légereté enfantine de 'Astoria School Theme' ou 'Children's Montage'. 'Stalking Crisp' décrit avec une tension captivante la scène d'ouverture où Kimble prend Crisp en filature dans un centre commercial. Avec une basse électrique, quelques percussions légères, des cordes tendues et dissonantes et surtout un environnement de synthé plutôt menaçant, 'Stalking Crisp' nous permet de découvrir non seulement le côté plus thriller du score mais aussi le côté plus sombre de la musique d'un compositeur aussi à l'aise dans le registre action/suspense (cf. 'Diabolique', 'The Skulls' ou 'Anaconda'). C'est l'utilisation de la basse qui est assez marquant ici et qui crée une certaine rythmique renforçant la tension de la musique dans cette scène d'ouverture.

Le jeune Dominic, le fils de Joyce (Penelope Ann Miller) a droit lui aussi à son propre thème même si Edelman ne le développera presque pas dans son score. S'ouvrant sur une clarinette avec des cordes et quelques vents, le thème intervient dans la scène où Dominic vient parler à Kimble à la fin d'un cours en lui sapant le moral, le morceau finissant sur un style plus jazz/blues au piano avec une batterie légère et quelques cordes dans 'A Rough Day', morceau typique du style plus jazzy léger d'Edelman dans le registre de la comédie (le compositeur développera de manière fort sympathique ce style là dans 'My Cousin Vinny'), 'A Rough Day' venant aussi apporter une petite touche d'humour dans la scène où Kimble rentre de son premier jour de travail à l'école complètement exténué (il s'écroule direct sur son lit). A noter enfin un autre grand thème, l'inévitable 'Love Theme' évoquant la tendresse naissante entre Kimble et Joyce. Confié à un piano intime soutenu par des cordes chaleureuses et quelques vents, ce très beau 'Love Theme' dégage lui aussi une certaine forme de nostalgie et trouve très vite sa place dans le film aux côtés du joli thème de Kimble et celui de l'école (Edelman réutilisera ce thème intime et tendrement romantique dans 'A Dinner Invitation' et le très joli 'Love Theme Reprise'). Dans 'The Line Up/Fireside Chat', on trouve le côté plus sombre voire dramatique du score, morceau qui intervient lors de la scène où Joyce parle à Kimble de ses problèmes avec l'ancien père de Dominic et de la peur que lui inspirait son ex-mari, un type violent qui est en fait Cullen Crisp, le trafiquant de drogue que recherche Kimble.

Impossible ne pas mentionner l'excellent (mais malheureusement trop bref) 'Rain Ride', fameux morceau avec piano, basse, synthé et batterie qui donne un côté vraiment très cool à la scène où Kimble et Phoebe font leur petit voyage en voiture pour rejoindre l'école d'Astoria. 'Rain Ride' est l'exemple même du style comédie avec ce côté plus pop à la batterie qui caractérisera si bien certains passages de 'My Cousin Vinny' pour ne citer qu'un exemple le plus évident. Quand à 'Kindergarten Cop', il nous permet d'entendre le thème de Kimble développé ici au piano avec les cordes et les vents, un très joli thème mélodique plein de tendresse et de nostalgie et qui évoque l'amitié qui unira Kimble avec les enfants de l'école, en particulier avec le jeune Dominic. Le thème revient dans 'A Magic Place', morceau qui finit sur une touche plus sombre évoquant la scène où Kimble découvre les 'lasers' de Dominic qui lui explique qu'il construit cela pour se défendre contre les méchants, le méchant étant en fait son propre père (mais le jeune garçon n'en sait rien puisque sa mère ne lui a jamais dit la vérité pour ne pas le perturber). On finit sur la dernière partie du film avec le côté plus suspense/action du score et ce à partir du sombre 'Kimble Reveals The Truth' lorsque Kimble révèle enfin la vérité à Joyce en lui expliquant qu'il est en fait flic et qu'il est là pour la protéger elle et Dominic de Crisp qui est revenu et qui cherche à mettre la main sur son fils. Après un sombre 'The Tower/Everyting Is Ok', 'Fire At The School' évoque l'affrontement final contre Crisp dans la scène de l'incendie que déclenche le bandit dans l'école. On retrouve le style de 'Stalking Crisp' avec la basse, les synthés et les percussions martelées ici pour créer une certaine tension dans le climax du film. A noter aussi l'utilisation des cordes qui renforcent elles aussi le côté action/suspense du morceau. Le traditionnel happy-end apparaît dans le charmant 'Closing' qui nous permet d'entendre une ultime retour du 'Love Theme' suivi du joli thème de piano de Kimble, le thème de l'école concluant en beauté ce score vraiment très charmant.

La conclusion vient donc d'elle même: 'Kindergarten Cop' est une BO exemplaire dans la carrière d'Edelman, un score qui nous prouve à quel point le compositeur est doué pour créer des grands thèmes avec un charme mélodique incomparable sans oublier le fait qu'il est particulièrement à l'aise dans le domaine de la musique de comédie. Les fans du compositeur ne pourront qu'apprécier ce score plein de charme et de fraîcheur même si les autres critiqueront une fois encore le style mélodique facile du compositeur. La musique est parfaite dans le film et l'écoute isolée est un véritable régal. Alors si vous ne connaissez pas encore cette grande BO d'Edelman, foncez la découvrir, vous ne le regretterez pas, à condition d'aimer le style du compositeur!


---Quentin Billard