Réalisateur:
Hal Ashby
Genre:
Policier/Thriller
Avec:
Jeff Bridges,
Rosanna Arquette,
Andy Garica.

Musique  composée par:

s Newton Howard

Editeur:



(c) 1986 PSO/TriStar Pictures.

Note: **
8 MILLION WAYS TO DIE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by s Newton Howard
Décidément, les années 80 auront vu fleurir une pléiade de séries-B d'action/suspense sans grand intérêt, des films qui, aujourd'hui, ne font le bonheur que des amateurs de nanars et de films rétros du cinéma hollywoodien de cette époque. Le méconnu '8 Million Ways To Die' (8 millions de façons de mourir) d'Hal Ashby fait partie de cette catégorie de films totalement dépourvus d'un quelconque intérêt, réalisé maladroitement, sans aucune originalité et tout juste bon à regarder un dimanche soir à la TV. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le réalisateur du fameux 'Harold and Maude' (1971) n'a pas particulièrement brillé sur ce film, accumulant stéréotypes habituels, scénario d'une platitude total, gaffes de mise en scène (on voit à plusieurs reprises des perches de micro dans le reflet des carrosseries de voiture), etc. Pour la petite histoire, le film raconte l'enquête de Matt Scudder (Jeff Bridges), un flic qui, après avoir tué un suspect lors d'une arrestation, perd son job, ruine son mariage et sombre dans l'alcool. Pour tenter de sortir de cette impasse, Scudder s'inscrit aux alcooliques anonymes et commence à suivre une cure anti-alcool. C'est alors qu'il rentre une mystérieuse femme qui l'invite à se rendre dans un milieu fait de drogue, de prostitution et d'argent sale. C'est là qu'il fait la connaissance de Sunny (Alexandra Paul), une jeune prostituée qui lui demande de l'aider à s'affranchir de son maquereau pour gagner enfin sa liberté et mener une vie meilleure. Peu de temps après, Sunny est assassinée, ce qui fait de nouveau basculer Scudder dans l'alcool. Lorsqu'il se décide enfin à reprendre les choses en main, il mène sa propre enquête et découvre que le responsable n'est pas Chance (Randy Brooks), son maquereau, mais un trafiquant de drogue latino nommé Angel Moldonado (Andy Garcia). Il s'associe alors avec sa compagne, Sarah (Rosanna Arquette), afin de mettre un terme au trafic de drogue d'Angel et de le livrer à la police. En évoquant le scénario de ce film, on a du mal à croire qu'il a pu être écrit en partie par le grand Oliver Stone, et pourtant, c'est bel et bien la vérité, comme quoi, même les plus grands réalisateurs ont eu besoin à un moment de leur vie de gagner leur croûte par des petits jobs alimentaires sans intérêt. Ajoutons à cela beaucoup de longueurs et une scène d'affrontement dans un hangar à la limite de l'hystérie lourdingue - à croire que le réalisateur avait oublié de dire 'coupé' au moment où tout commençait à partir en sucette - et l'on obtient une parfaite série-B d'action pleine de maladresse, totalement insipide et sans âme!

James Newton Howard venait à peine de débuter dans le milieu de la musique de film au moment où il signa le score électronique de '8 Million Ways To Die', après 'Head Office' (première partition pour le cinéma écrite par JNH en 1985), 'Wildcats' et 'Tough Guys'. La fin des années 80 n'avait pas encore vu fleurir le style orchestral du compositeur, qui débutera véritablement en 1989 avec son score pour 'The Package' d'Andrew Davis. JNH employait donc systématiquement ses bons vieux synthétiseurs aux sonorités 'eighties' avec ses rythmiques pop traditionnelles, etc. C'est ainsi que le score de '8 Million Ways To Die' ne surprend guère tous ceux qui connaissent le JNH de scores synthétiques tels que 'Off Limits', 'Five Corners' ou 'Promised Land'. C'est avec son 'Main Title' que le compositeur nous introduit son thème principal avec la sempiternelle rythmique de batterie pop qui donne un côté cool au film, agrémenté de quelques nappes de synthé et d'un motif rythmique, lié à Matt Scudder, le héros du film - et que l'on retrouvera développé tout au long du score. James Newton Howard accentue durant toute la première partie du film ses rythmiques speedées évoquant l'ex-flic alcoolique et que l'on retrouve durant les quelques morceaux d'action, comme pour la scène de la mort de Sunny. On pourra d'ailleurs regretter une fois encore le côté un peu vieillot et kitsch de ces morceaux d'action aux synthés démodés.

James Newton Howard développe aussi quelques plages de suspense à l'aide de nappes de synthé dissonantes et de quelques rythmiques évoquant le danger, une idée que l'on retrouve surtout lorsque Scudder décide de se confronter à Angel pour lui tendre un piège vers la fin du film. Evidemment, la musique sonne ici comme un score pour une série-B à petit budget tendance téléfilm sans grand relief, mais le compositeur assure pleinement son style et illustre le film avec les moyens du bord du mieux qu'il le peut. On notera que le mixage du score dans le film est particulièrement bon et met bien en valeur la musique de JNH, ce qui nous amène donc à penser qu'avec un orchestre et plus d'ambition, le score aurait pu gagner en intérêt et éviter d'accentuer autant le côté série-B à petit budget du film d'Hal Ashby. Reste quelques passages sympathiques comme ce petit 'Love Theme' de piano électrique illustrant la romance entre Scudder et Sarah dans le film. Voilà donc un des premiers scores de James Newton Howard écrit pour un film sans intérêt, un petit score électronique kitsch et très fonctionnel ménageant habilement action et suspense dans le film, mais qui est très vite tombé dans l'oubli, comme la plupart des premiers scores du compositeur, qui n'ont jamais été édités officiellement!


---Quentin Billard