1-Bloody Christmas 2.50
2-The Cafe 2.20
3-Questions 2.20
4-Susan Lefferts 2.54
5-Out Of The Rain 2.47
6-Rollo Tomasi 3.08
7-The Photos 2.28
8-The Keys 1.52
9-Shootout 4.09
10-Good Lad 2.19
11-The Victor 2.32

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5885

Produit par:
Jerry Goldsmith
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Ken Hall
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth

Artwork and pictures (c) 1997 Monarchy Enterprises B.V. and Regency Entertainement (USA), Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
L.A. CONFIDENTIAL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Grande réussite de l'année 1997 couronné par de nombreuses récompenses dont 2 Oscars et salué unanimement par la critique, 'L.A. Confidential' est un véritable exploit, un film choc que nous offre le réalisateur Curtis Hanson. Adapté d'un roman de l'écrivain James Ellroy, 'L.A. Confidential' renoue avec les bons vieux polars des années 50, le film y faisant d'ailleurs très clairement référence, et ce sous différentes formes. La mise en scène captivante et le scénario brillant sont les atouts majeurs d'un film reposant sur une intrigue policière complexe. Le réalisateur nous décrit un Los Angeles infernal oscillant entre drogue, argent et corruption. Tous les vices de l'homme se retrouvent ainsi réunis derrière cette fausse façade de 'la ville des anges'. Ici, même les flics sont corrompus. En parallèle de toute cette corruption ambiante, le journaliste fouineur Sid Hudgens (Danny DeVito) s'occupe du 'L.A. Confidential', un journal pourri qui balance toutes les news confidentielles et racoleuses récupérées en magouillant à droite et à gauche. Le casting est exceptionnel puisqu'il réunit une pléiade d'excellents acteurs, Russel Crowe, Kevin Spacey, Guy Pearce, James Cromwell, Kim Basinger, Danny De Vito, David Strathairn, etc. Des acteurs qui campent des personnages forts et parfaitement ancrés dans cette sombre histoire.

Dans ce Los Angeles glauque des années 50, trois flics aux méthodes bien différentes enquêtent sur la sinistre affaire du massacre du Nite Owl, un bar de la ville où Dick Stensland, un des coéquipiers de Bud White (Russel Crowe) a été retrouvé assassiné. White est un flic violent aux méthodes expéditives. Ed Exley (Guy Pearce) est un jeune flic ambitieux d'une trentaine d'années qui rêve de devenir inspecteur à la Police, et qui se refuse à se complaire dans la violence et les pots-de-vin, un policier intègre qui ne veut qu'une seule chose: que justice soit faite. Jack Vincennes (Kevin Spacey) est le troisième flic à enquêter sur cette sinistre affaire. Vincennes est un policier en quête de célébrité qui reçoit régulièrement de l'argent de la part du journaliste fouille-poubelle Sid Hudgens (De Vito) en échange de scoops compromettants (Vincennes sert aussi de conseiller pour une fameuse série TV, 'Le Badge de l'Honneur'). Chacun va devoir aider l'autre pour résoudre cette mystérieuse affaire pourtant classée par la police après la mort des sois disants responsables (trois jeunes noirs qui portent le chapeau et contre qui toutes les preuves convergent). Exley comprend que les vrais responsables courent toujours et qu'ils sont peut être dans les parages. Il va convaincre Vincennes et White de l'aider à retrouver les meurtriers, pendant que Bud va entretenir une liaison avec Lynn Bracken (Kim Bassinger), une call-girl façonné en star de cinéma et employé du libidineux Pierce Patchett (David Strathairn), directeur d'une agence de call-girl baptisée 'fleur de lis'. Les indices et les morts s'accumulent, les trois flics réunissent alors leurs preuves pour trouver les responsables. Indiscutablement, 'L.A. Confidential' est une splendide réussite, le film reposant sur une atmosphère sombre et une mise en scène extrêmement intense qui fait que l'on ne décroche pas une seule seconde dans le film. L'intrigue est suffisamment complexe pour entretenir le suspense et le mystère autour de cette sombre enquête dans un univers pourri où tous les hommes semblent corrompus, surtout chez les flics. Un véritable trésor moderne du film noir/polar à l'ancienne!

Jerry Goldsmith revient sur le nouveau thriller du réalisateur Curtis Hanson après avoir travaillé précédemment sur ‘The River Wild’ (1994). Pour ‘L.A. Confidential’, polar inspiré de James Ellroy narrant les péripéties sanglantes d’une poignée de flics intègres de Los Angeles confrontés à une police corrompue, Jerry Goldsmith signe une partition thriller d’une intensité et d’une noirceur rare. Cela fait maintenant depuis quelques années déjà que le compositeur nous livre coup sur coup des scores thriller/action routiniers ou sans grande imagination, jusqu’à ce que le compositeur émerge enfin avec deux scores monumentaux en 1997 : ‘Air Force One’ d’une part, et ‘L.A. Confidential’ d’autre part. Si 'Air Force One' reste l'un des scores d'action les plus populaires du Jerry Goldsmith des années 90, 'L.A. Confidential' demeure à coup sur un véritable modèle de la musique de thriller hollywoodienne, favorisant davantage le suspense et les atmosphères noires plutôt que l'action à proprement parler. Le score de ‘L.A. Confidential’ illustre parfaitement toute la violence et la noirceur de cette intrigue policière classique. Le temp-track du film a offert la possibilité au compositeur de revisiter un style plus ancien hérité de 'Chinatown' (1974), Curtis Hanson ayant lui même choisi cette musique comme bande son provisoire de son film. Jerry Goldsmith semble donc avoir pris un malin plaisir à renouer avec le style de l'un de ses grands classiques des années 70.

On retrouve dans ‘L.A. Confidential’ les touches jazzy de 'Chinatown' jusque dans le thème principal confié à la trompette de Macolm McNab, le flugelhorn jazzy de McNab apportant cette touche de « musique de polar jazz années 50 » similaire à ce que l’on pouvait déjà entendre dans le ‘Chinatown’ de Roman Polanski. Avec 'Bloody Christmas', premier morceau entendu dans le film, Jerry Goldsmith illustre parfaitement l'atmosphère de violence du film avec une rythmique synthétique typique du compositeur et une impressionnante montée de violence orchestrale durant la bagarre générale de la prison au début du film (le Noël sanglant). Les timbales scandent alors un rythme incroyablement sauvage et effréné (on pense ici à ‘The Meet’ du score de 'City Hall'), Goldsmith faisant monter la tension avec une totale maîtrise de son outil orchestral, sans oublier l'apport non négligeable du synthétiseur qui tient surtout ici le rôle de base rythmique du morceau. 'Bloody Christmas' se poursuit par une ambiance plus romantique et sensuelle avec la trompette jazzy soliste pour la scène où Bud et Lynn se retrouvent dans un tendre tête à tête. Le final de ‘Bloody Christmas’ révèle d’ailleurs toute la facette plus jazzy/rétro de la partition de ‘L.A. Confidential’.

Le maestro développe ensuite son atmosphère de suspense glauque dans le très sombre 'The Cafe' alors que Ed Exley (Guy Pearce) se rend au Nite Owl Bar pour y découvrir des corps criblés de balles dans les toilettes du bar. Goldsmith fait une fois encore monter la tension avec ses cordes dissonantes, une trompette plus sombre et le fameux « piano thriller » cher au compositeur, déjà utilisé dans certaines de ses anciennes partitions thriller/suspense. A noter l'utilisation de sonorités synthétiques métalliques et froides qui accentuent ici la tension de la scène, renforçant l’ambiance noire et quasi déshumanisée du film de Curtis Hanson. Le morceau se poursuit ensuite sur le thème principal très 'polar' à la trompette, rythmé par une basse synthétique et des percussions avec piano pour une scène où Ed et Vincennes (Kevin Spacey) se rendent chez des suspects. Omniprésent tout au long du film, cet excellent thème de trompette nous plonge plus que jamais dans l’univers polar rétro du film, suggérant par la même occasion l'idée d’une justice inexorable qui doit être rendue coûte que coûte. Le thème évoque ainsi la détermination de ces trois flics de Los Angeles à résoudre une affaire complexe et difficile.

Goldsmith prolonge le caractère violent du film avec le superbe 'Questions' où il fait une fois encore monter la tension aboutissant à une explosion de cordes et percussions (notons ici un thème agressif utilisé pendant la scène de l’interrogatoire musclé), avec une rythmique électronique et le thème de trompette. Signalons la présence d'une trompette en sourdine, un instrument que le compositeur utilise très souvent dans ses scores suspense/action. L’excellent thème 'agressif' reviendra dans le très sombre 'Out of The Rain' et dans le violent 'The Photos'. 'Questions' intervient pour une scène d'interrogatoire où Bud (Russell Crowe), devenu fou furieux, met son arme dans la bouche d'un suspect, le compositeur suggérant la violence avec une froideur extrême et sans complaisance, créant un malaise intense tout au long de cette scène. On ressent ici la colère bouillonner au plus profond de Bud, flic taciturne aux méthodes expéditives. Bud tient une chaise nerveusement entre ses mains avant de la briser violemment et d'agresser le suspect pour le forcer à raconter tout ce qu'il sait. La montée de violence opérée dans la musique de Goldsmith apporte définitivement une intensité terrifiante aux images.

Dans 'Susan Lefferts', on retrouve l'ambiance jazzy sensuelle de la fin de 'Bloody Christmas' pour une scène d'amour avec Bud et Lynn (Kim Basinger), Bud confiant ses mauvais souvenirs d'enfance à Lynn (le morceau devient subitement plus sombre avec des cordes plus distantes et froides), toujours épaulé par la trompette et le piano dans un style assez proche du Love Theme de 'Chinatown'. L'intrigue commence à devenir plus claire dans le sombre 'Out of The Rain' (le morceau débute avec une allusion lente au thème 'agressif' de 'Questions') tandis que Bud se rend chez la mère de Susan Lefferts pour l'interroger au sujet de l'homme que sa fille fréquentait. La musique devient nettement plus sinistre et glauque alors que Bud descend dans la cave de la maison et y découvre le cadavre pourrissant de Buzz Meeks, l'ancien chauffeur de Patchett (David Strathairn). La tension est suggérée brillamment ici par des effets de synthétiseur sinistres et des échos de trompette à la 'Alien' ressemblant à des bourdonnements inquiétants pour un nouveau passage de suspense particulièrement intense (on retrouve à la fin du morceau ce thème de trompette évoquant le mystère qui se cache derrière toute cette affaire).

La violence de Bud explose une fois encore au cours d’un interrogatoire expéditif illustré par l’intense 'Rollo Tomasi'. Alors que Ellis Loew (l'un des patrons de la Police de Los Angeles) se montre peu coopératif avec Bud, ce dernier défenestre son suspect et le suspend dans le vide pour l’obliger à cracher le morceau. Une fois encore, la montée de violence de la musique de Goldsmith est absolument saisissante, le compositeur utilisant ici un rythme de synthétiseur scandé avec des percussions particulièrement brutales et sèches, ‘Rollo Tomasi’ se concluant une fois de plus avec le motif mystérieux de la trompette solitaire, toujours très utilisé dans un double sens au sein du score.

Les héros se rapprochent de la vérité dans 'The Photos' tandis que Bud découvre des clichés compromettants de Ed et Lynn. Une fois encore, on assiste à une formidable montée de violence reprenant le thème agressif de 'Questions' rendu ici encore plus puissant par les effets percussifs chaotiques du synthétiseur, et ce au moment où Bud devient complètement enragé lorsque Sid (Danny DeVito) lui parle d'un policier que fréquente Lynn et qu'il a pris en photo. Le thème principal est repris par la trompette au début du sombre 'Shootout' (notons ces effets sinistres du synthétiseur ici), morceau qui fait progressivement monter la tension avec une rythmique électronique et un orchestre prêt à exploser à n'importe quel moment. C'est l'utilisation des différentes percussions (qu’elles soient acoustiques ou électroniques) qui apporte une force particulière au morceau 'Shootout', Jerry Goldsmith illustrant la fusillade finale avec une certaine virtuosité et une intense toujours remarquable.

'Good Lad' prolonge la fusillade finale pour l'ultime confrontation entre Ed/Bud et le meurtrier du Nite Owl. On y retrouve le mélange de percussions de 'Shootout', dans un style violent et intense largement entretenu par les cordes et une trompette devenue ici nettement plus sombre. Goldsmith nous propose finalement une magnifique conclusion pour cette histoire agitée en plein cœur de la citée des anges. Avec 'The Victor', le thème principal réapparaît à la trompette sous une forme plus paisible et apaisée. Les coupables ont été punis, l'enquête est close, Ed et Bud sont allés jusqu'au bout. La trompette possède ici un caractère plus nostalgique avec des cordes paisibles débarrassées de toute forme de violence ou de tension. Et tandis que Lynn et Bud quittent la ville en faisant leurs adieux à Ed, le thème réapparaît une dernière fois avec le piano et une rythmique synthétique, la mélodie étant cette fois ci confiée aux violoncelles/cors pour conclure le film sur une touche plus rythmée et victorieuse.

Le score de ‘L.A. Confidential’ crée une atmosphère pesante et sombre tout au long du film, captant toute l'intensité du récit et la violence de l’histoire. Clairement orienté vers le suspense et les montées de tension, la partition de Jerry Goldsmith ne contient finalement que très peu de passages d’action, si ce n'est quelques morceaux plus agités tels que 'Questions' ou 'Shootout'. Avec ‘L.A. Confidential’, le maestro californien a donc pu revisiter le style sombre et jazzy de 'Chinatown', agrémenté de sa touche musicale moderne des années 90. Il est indéniable que le film de Curtis Hanson a très nettement inspiré le compositeur californien, surtout si l'on considère l'atmosphère de suspense incroyablement captivante que le maestro a réussi à créer pour ‘L.A. Confidential’. La musique apporte un véritable impact aux images de ce long-métrage intense et passionnant, Jerry Goldsmith signant définitivement l’une de ses plus belles partitions thriller des années 90 et sans aucun doute l’une de ses plus inspirées!



---Quentin Billard