Pour son second long-métrage, 'Home for the Holidays (Week-end en famille), la superbe Jodie Foster part du postulat habituel "familles, je vous aime" et décrit la vie d'une petite famille américaine lors d'un week-end le temps d'un dîner chez la grand-mère et le grand-père Larson. Claudia (Holly Hunter) est une peintre qui travaille dans un musée et vient tout juste de perdre son job. C'est alors qu'arrive le traditionnel repas de famille de Thanksgiving, qui réunit toute la famille durant une journée entière chez les grands-parents Larson, Adele (Anne Bancroft) et Henry (Charles Durning). Claudia a toujours redouté ces repas de famille qui dégénèrent généralement très vite chez les Larson. Cette fois-ci ne fera pas exception. Pour commencer, Claudia apprend surprise que sa fille de 16 ans Kitt (Claire Danes) prévoie de passer les fêtes chez un ami où elle va avoir son premier rapport sexuel officiel avec son petit-ami, un deuxième choc pour la ravissante femme qui vient tout juste de se remettre de la perte de son job. Arrivée chez les grands-parents, elle découvre son frère préféré Tommy (Robert Downey Jr.), un homosexuel sympathique et survolté marié en secret à un autre homme. Tommy est venu avec Leo Fish (Dylan McDermott), un ami qu'il a amené pour qu'elle rencontre sa frangine célibataire. Arrivent ensuite l'excentrique tante Glady (Geraldine Chaplin) et Joanne (Cynthia Stevenson) et son mari Walter (Steve Guttenberg), qui ne manqueront pas de s'accrocher avec Tommy. Le week-end de Thanksgiving en famille promet d'être particulièrement mouvementé.

Avec une certaine spontanéité dans sa mise en scène et dans sa direction d'acteur, Jodie Foster témoigne d'un goût sur pour la réalisation et prouve qu'elle est aussi inspirée derrière et devant la caméra. Pour 'Home for the Holidays', elle confie le rôle principal à la sympathique et ravissante Holly Hunter qui campe ici une Claudia spontanée et rafraîchissante, entouré d'une pléiade de stars incluant Robert Downey Jr. (qui avoue s'être drogué durant le tournage du film, ce qui étonne à moitié étant donné le côté survolté de son personnage durant tout le film), Anne Bancroft, Charles Durning, Dylan McDermott, Geraldine Chaplin, Steve Guttenberg, Cynthia Stevenson, Claire Danes, David Strathairn, Austin Pendleton, etc. Jodie Foster nous montre la famille dans ses moments heureux et difficiles, entre sourire et émotion, mais avec un certain entrain constant qui se ressent particulièrement dans le jeu rafraîchissant et souvent humoristique de ses personnages. Sobre, avec beaucoup d'humour et une justesse de ton intéressante, le film repose sur le jeu des acteurs tous très inspirés et visiblement très motivés par l'entreprise, avec un couple Holly Hunter/Dylan McDermott plutôt amusant et sympathique. En somme, voilà une excellente comédie sur les réunions de famille qui partent en sucette et les moments uniques et irremplacables que nous avons tous vécus à un moment donné en famille.

Mark Isham retrouve Jodie Foster après avoir signé le score de son précédent long-métrage, 'Little Man Tate' (1991). Entouré de nombreuses chansons, le score jazzy de Mark Isham arrive à se faire une petite place, même si l'environnement musical de 'Home for the Holidays' est loin d'être l'élément majeur du film. Trompettiste de jazz, Mark Isham a eu l'occasion grâce au film de Jodie Foster de retourner à son genre de prédilection, le jazz (et plus particulièrement ici le blues). Le compositeur n'a pas écrit beaucoup de musique originale pour le film (on avoisine la vingtaine de minutes de score au total) mais le peu qu'il nous donne à entendre permet néanmoins d'apprécier sa musique à sa juste valeur dans le film. Afin d'évoquer les sentiments de la protagoniste principale campée par Holly Hunter, Isham a décide de baser toute sa partition autour du blues/jazz à commencer par l'introductif 'Holiday Blues' lorsque Claudia s'en va chez ses grands-parents pour le week-end de Thanksgiving, après avoir appris qu'elle était viré de son travail (le blues évoquerait-il celui de Claudia?). Mark Isham réunit ici la formation jazz habituelle incluant section rythmique traditionnelle (batterie/piano/contrebasse) avec un orgue hammond, une trompette en sourdine wa-wa (interprétée par Mark Isham lui-même) et un saxophone, le tout basé ici sur une rythmique entre le fox-trot et le blues jazzy. Isham donne un certain entrain au film de Foster et s'éloigne de son traditionnel style atmosphérique qui séduit ses fans comme il déplait fortement à ses détracteurs.

Isham prolonge son travail tout au long du film et enchaîne avec 'Blue Nights' pour un slow jazzy où le compositeur, à la trompette avec sourdine, improvise sur fond de rythmiques en balais discrets à la batterie avec piano et contrebasse. Isham évoque ici une ambiance jazzy nocturne et illustre le côté plus intimiste du film et des scènes en famille. On retrouve un jazz plus rythmé avec impro de saxophone et walking-bass traditionnelle dans 'Birth of the Cool Whip' qui évoque non sans un certain humour les péripéties de Claudia et de la famille Larson. Pour finir, et après 'The Late Night Blues' qui reprend l'esprit jazz nocturne, Isham s'essaie à un jazz plus intimiste dans le très cool 'With Us Alone' avec son solo d'orgue hammond teintée de blues ambiance rétro, pour la dernière partie du film, après le départ de Joanne et de son mari Walter. Isham nous réserve même quelques moments plus intimistes au piano jazzy pour la relation entre Claudia et Leo - à noter l'importance de la chanson 'The Very Thought of You' de Ray Noble, décliné sous plusieurs variantes à la fin de l'album et dans le film. En somme, rien de bien exceptionnel ni de bien original, mais un petit score intimiste de Mark Isham assez discret dans le film, à réserver surtout aux fans de jazz et de blues!


---Quentin Billard