1-Opening Titles 3.28
2-Can I Go? 1.28
3-Dinner 1.30
4-Read To Me 1.34
5-Tai Moi Chai 0.54
6-Mum's Arse 0.52
7-Yoga Music 2.20
8-Cut It Off 1.22
9-God Bless You/
You With Me? 2.16
10-The Morgue 1.35
11-Friend of Yours? 1.19
12-Love Scene 2.08
13-Some Place Clean 1.22
14-Pro Perogative 1.45
15-Step Up 1.26
16-Drive To Baywatch 1.42
17-Goodbye 4.23
18-Nice Weather 2.24
19-Rochelle 3.30

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6499

Musique produite par:
John Powell, Martin Brest
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Chargé de la musique pour
Columbia Pictures:
Lia Vollack
Montage de la musique:
John Finklea
Assistant de John Powell:
Daniel Lerner
Coordination production score:
Germaine Franco
Album compilé et monté par:
Daniel Lerner

L'album ne contient pas
le single de Jennifer Lopez
"Baby, I Love U!"

American Federation of Musicians.

Motion Picture Artwork (c) 2003 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ***
GIGLI
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
Certains films nous marquent par leur qualité ou leur émotion incroyable, d’autres par leur nullité absolue. C’est dans cette catégorie que se range définitivement « Gigli », considéré à juste titre comme l'un des plus mauvais films de l'histoire du cinéma. Pour reprendre une expression d'un critique, « Gigli » redéfinit à lui tout seul le sens du mot 'navet'. Pour la petite anecdote, il faut savoir que le long-métrage de Martin Brest est le premier film de l'histoire du cinéma à avoir remporté la même année toutes les catégories aux Razzie Awards (les récompenses des mauvais films). Quand au scénario, l’histoire est la suivante : Larry Gigli (Ben Affleck) est un tueur à gages solitaire qui travaille pour le compte de Louis (Lenny Venito), un mafieux californien sans scrupule. Un jour, Louis demande à Gigli d'enlever dans un hôpital psychiatrique Brian (Justin Bartha), le frère attardé mental d'un procureur tenace qui menace d'envoyer en prison Starkman (Al Pacino), un redoutable mafioso particulièrement influent dans le milieu de la pègre de la Côte Est. L'opération se déroule comme prévu sans trop d'histoire et Gigli cache ensuite Brian dans son appartement. Il ne le libérera qu'à l'unique condition que le procureur abandonne ses poursuites contre Starkman. Tout va pour le mieux jusqu'au moment où débarque subitement Ricki (Jennifer Lopez), une séduisante jeune femme sexy qui va très vite tourner la tête du solitaire Gigli. Ricki a été engagée à l'improviste par Louis pour surveiller Gigli et faire en sorte qu'il ne commette aucune erreur. La cohabitation forcée entre les deux sera d'autant plus difficile que Gigli aura fort à faire entre la forte personnalité de Ricki et l'excentricité du jeune Brian, fan total de la série TV 'Alerte à Malibu' et véritable obsédé sexuel.

Ce qui s'annonçait comme une comédie sympathique et sans prétention déraille très rapidement lorsque l'on découvre que la sexy Ricki est en fait lesbienne et reste donc totalement indifférente au 'charme' supposé d'un Larry Gigli bien mou du genou. D'ailleurs, c'est le caractère mou et sans charisme du personnage de Ben Affleck que les critiques ont épinglé massivement à propos du film de Martin Brest, un côté terne et ridicule qui ne colle pas avec le rôle de tueur à gages qu’est supposé interpréter l’acteur à l’écran. Pire encore, Jennifer Lopez (erreur de casting monumentale) se discrédite totalement en lesbienne extravertie et épanouie qui profite de l’occasion pour faire l’apologie de l'homosexualité féminine façon 'le sexe d'une femme est bien plus passionnant que le pénis d'un homme'. En fait, le film accumule tellement de mauvais points que l'on finit même par se demander si le but du réalisateur n'était pas juste de tout saccager en partant d'une idée marrante (un couple improbable sur fond d'enlèvement), qu'il n'arrive d’ailleurs jamais à développer réellement, tant le film finit par partir dans tous les sens et devenir sérieusement pénible. Quid de la présence des géniaux Christopher Walken et Al Pacino dans un navet pareil, qui en sont réduits à cachetonner lamentablement le temps d’un ou deux monologues mal placés et bien trop longs. Du coup, le réalisateur oscille entre la comédie et le sérieux sans jamais savoir où il va, et « Gigli » finit par sombrer dans le ridicule absolu lorsque le réalisateur tente de se prendre au sérieux en accumulant des kilomètres de dialogue/bla-bla à coucher dehors, tandis que les scènes semblent stagner les unes à la suite des autres sans aucun rythme particulier. En clair : on s'ennuie ferme ! Zéro rythme, aucune idée de mise en scène - le cinéaste place sa caméra et ne bouge plus, laissant les acteurs livrés à eux-mêmes - trop de dialogues nunuches et prétentieux, des personnages totalement bidons (Brian qui n'arrête pas de parler d'Alerte à Malibu tout au long du film !), des scènes médiocres et insupportables entre Ben Affleck et Jennifer Lopez, trop d'hésitation dans le ton du film, une certaine tendance à la vulgarité très mal exploitée, un Ben Affleck ringard, ennuyeux à mourir, une Jennifer Lopez trop épanouie pour qu'on y croit (cf. la discussion sur l'arrachage de l'oeil!). Bref, autant d'éléments qui font de « Gigli » un sommet absolu dans le registre des ratages cinématographiques, un film qui, pour beaucoup, a déjà rejoint un autre grand classique du genre, « Plan 9 from Outer Space » d'Ed Wood. Pour un peu, on serait presque tenté d'adresser un grand bravo à Martin Brest et toute son équipe pour avoir réussi à hisser son film au rang des grands chef-d'oeuvres de la nullité !

John Powell n'est certainement pas ressorti glorieux de sa participation à l'un des plus mauvais films de tous les temps - anecdote véridique : en Angleterre, le film a reçu tellement de mauvaises critiques que les gérants de cinéma ont été obligés de retirer le film de l'affiche au bout d'une semaine - Pourtant, il serait injuste de vouloir mettre à la corbeille cette sympathique partition qui donne un certain charme à ce chef-d'oeuvre de nullité et de prétention, car, une fois encore, seul le compositeur semble avoir réussi à tirer son épingle du jeu sur le film. Le score de « Gigli » s'articule autour de deux axes majeurs, le premier étant caractérisé par un style plutôt funky/blues, l'autre étant davantage orienté vers l’intimité et le romantisme, faisant appel aux cordes et à la guitare acoustique. Ainsi, dès le 'Opening Titles', John Powell nous dévoile le côté plus intimiste de la partition avec quelques cordes douces, tandis qu'apparaît très vite le thème funky associé à Larry Gigli à l'aide d'un rythme de batterie entraînant, d'une basse, d'un orgue hammond, d'un piano, etc. On ressent ici un style assez fun et décontracté dans la musique de Powell, une volonté de ne jamais trop se prendre au sérieux, et ce à l'inverse du film lui-même. 'Dinner' reprend le style cool/blues du début associé à Gigli tandis que 'Read to Me' prolonge l'ambiance décontracté de 'Dinner' avec un thème soutenu par une rythmique légère en rim-shot (les baguettes frappent sur le bord métallique de la caisse claire afin d'avoir un son plus doux), des cordes, une basse, une guitare douce. Le thème est ici associé à la relation pseudo-amicale entre Gigli et Brian, avec une certaine douceur qui colle finalement très bien à la mollesse du personnage de Ben Affleck. Le thème romantique est alors brièvement annoncé à la guitare dans le sympathique et doux 'Tai Moi Chai', thème que l'on associe alors très vite dans le film à Ricki alias Jennifer Lopez. Dès lors, John Powell s'amuse à osciller entre le style intimiste et blues de sa partition, et ce tout au long du film.

C'est donc sans surprise que l'on retrouve le thème blues/jazzy du début associé à Gigli et censé lui donner un côté cool et décontracté dans 'Mum's Arse' pour l’une des plus mauvaises scènes du film (celle de la visite chez la mère de Gigli). On notera ici l'utilisation de l'orgue hammond qui donne toute la couleur blues typique à la musique du film. Prolongeant le développement de ses différents thèmes, Powell donne une tournure plus nostalgique au très joli thème romantique dans 'Yoga Music' (pour la scène du numéro de sensualité de J-Lo en tenue sportive très légère) en mettant l'accent sur les guitares. Si vous aimez bien les ambiances funky/blues décontract', vous devriez aimer 'Morgue' pour la scène où Gigli et Ricki se rendent à la morgue pour aller découper un doigt à envoyer au procureur, le but étant de faire croire qu'ils ont réellement coupé le pouce droit de Brian. Le 'Love Theme' est développé dans le très beau 'Friend of Yours?' et le touchant 'Love Scene' où John Powell confie la mélodie à un piano, des cordes, une basse, un orgue hammond et une guitare (scène d'amour entre Gigli et Ricki – qui, pour l’occasion, n’est plus lesbienne !). Plus l'histoire avance, et plus la partie intimiste prend le dessus, et ce de manière assez répétitive. On finit par ne plus tellement réussir à différencier les morceaux, que ce soit le gentillet 'Some Place Clean' ou le début de 'Pro Perogative', ce dernier rompant cette monotonie avec un travail de cordes plus enjouées annonçant la fin du film et la libération imminente de Brian - dont on retrouve une superbe variante rock/pop du thème dans 'Step Up'.

'Goodbye' reprend enfin le thème de Brian une dernière fois avec les guitares lorsque Gigli et Brian se disent adieu à la fin du film, Powell apportant comme toujours une certaine touche de nostalgie paisible et particulièrement plaisante à l’écran. Le compositeur arrive même à rompre une fois encore la monotonie dans 'Nice Weather' où il fait intervenir une chorale féminine de type gospel sur fond de cordes et de flûtes enjouées pour les séparations finales, et ce avant que 'Rochelle' vienne conclure le film sur une ultime reprise du thème romantique associé à Ricki, repris une dernière fois par la guitare. Vous l'aurez donc compris, le score de « Gigli » est tout à fait sympathique et fait honneur au talent du compositeur, même si ce talent s'est ici exprimé de manière plus modeste et intime. Le seul véritable défaut provient du caractère répétitif de la partition, qui manque quelque peu de variété et de relief, mais dans le film, l’émotion et l’ambiance est impeccable, à tel point que la musique dépasse largement le film par sa qualité. Evidemment, on est loin ici du style Media-Ventures habituel dans lequel John Powell a débuté il y a quelques années (on se souvient par exemple de « Chill Factor » avec Hans Zimmer ou de « Face/Off ») et c'est tant mieux ! La musique de Powell gagne en maturité et le compositeur nous dévoile une facette plus intimiste et moins connue de son style, adoptant une esthétique blues/funky totalement décontractée avec une instrumentation minimaliste incluant un ensemble de guitares et des rythmiques sympathiques et entraînantes. C'est frais, simple et sans originalité, mais cela reste malgré tout une sympathique surprise de la part d'un John Powell qui doit certainement regretter d'avoir participé à l'un des plus mauvais films de l'histoire du cinéma !




---Quentin Billard