1-Summer 78 (Instrumental) 3.50
2-Coma 1.19
3-Childhood 1 1.37
4-From Prison to Hospital 1.28
5-Mother 0.50
6-Watching Lara 1.29
7-Dishes 0.48
8-First Rendez-Vous 1.17
9-Decant Session 0.47
10-Lara's Castle 1.48
11-Deutsch Mark Is Coming 1.11
12-I Saw Daddy Today 2.05
13-Birthday Preparations 2.31
14-Good Bye Lenin 4.58
15-Childhood 2 1.45
16-Letters 1.21
17-Mother's Journey 1.29
18-Preparations for the
Last TV Fake 3.08
19-Mother Will Die 3.10
20-Father Is Late 1.32
21-Father and Mother 2.54
22-Finding the Money 1.26
23-Summer 78 3.56*

*Soliste: Claire Pichet

Musique  composée par:

Yann Tiersen

Editeur:

EMI 582548

Album produit par:
Yann Tiersen
Coordination musicale:
Andro Steinborn

Artwork and pictures (c) 2003 X Filme. All rights reserved.

Note: ***
GOOD BYE LENIN!
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Yann Tiersen
Réalisé par l'allemand Wolfgang Becker, 'Good Bye Lenin!' nous plonge dans l'Allemagne de l'après mur de Berlin dans les années 90. Alex (Daniel Brühl), jeune berlinois de l'Est, assiste avec ses compagnons et sa famille à la chute du mur de Berlin en 1989. Hélas, au même moment, sa mère (Katrin Sass) s'évanouit et tombe dans le coma dès suite d'un infarctus. La mère d'Alex était connue dans le quartier comme une personne active, soucieuse d'aider la communauté et le voisinage. Les mois ne cessent de passer alors que la mère d'Alex reste imperturbablement dans le coma. Pendant ce temps, l'Allemagne change, la ville se transforme, l'Est s'ouvre à l'Ouest et les allemands de l'Est, conditionnés par de nombreuses années de communisme, découvrent le monde de la société de consommation occidentale et américaine (symbolisé assez vulgairement dans le film par l'émergence des slogans de Coca-Cola, etc.). Huit mois s'écoulent lentement jusqu'au jour où la mère d'Alex se réveille miraculeusement de son coma. Selon les conseils du docteur, Alex doit impérativement tout faire pour éviter qu'elle subisse un nouveau choc, qui pourrait s'avérer cette fois-ci fatal pour sa mère, affaiblie par son problème de coeur. C'est pour cette raison qu'Alex se lance dans un pari insensé: faire croire à sa mère que rien n'a changé en Allemagne. Pour cela, il va devoir organiser une gigantesque mise en scène l'obligeant à recréer l'ancienne RDA avec l'aide de sa famille et de ses amis. Mais Alex ne va pas tarder à être dépassé par l'énorme mensonge qu'il orchestre pour le bienfait de sa mère.

'Good Bye Lenin!' part donc ainsi d'un concept intéressant: mélanger un évènement historique majeur (la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 et l'ouverture de l'Allemagne de l'Est à l'Allemagne de l'Ouest) avec une intrigue intimiste plus modeste, celle de l'amour d'un fils pour sa mère, un amour imperturbable qui l'oblige à organiser une gigantesque mise en scène pour que sa mère croit qu'elle vit toujours dans l'ancienne RDA. Le script de Bernd Lichtenberg a été conçu dès 1990, seulement un an après les évènements qui ont changés la face de l'Allemagne au début des années 90, mais devant le choc des évènements récents, le scénariste comprit rapidement que ce n'était pas le moment idéal pour tourner un film sur un sujet pareil. Il faudra finalement attendre 13 ans pour que le script atterrisse entre les mains de Wolfgang Becker. La suite, on la connaît. Le film a remporté un très grand succès en Allemagne et a été récompensé dans son pays par de nombreux prix (meilleur comédien, meilleur film de l'union européenne, meilleur montage, meilleurs décors, meilleure musique, meilleur second rôle masculin, etc.). Cette modeste comédie dramatique s'impose donc par un ton lent et serein et une intrigue originale et intéressante (le mélange histoire/fiction) qui offre un regard à la fois clair et ironique sur les évènements qui ont succédés la chute du mur de Berlin en 1989. A la fois paisible, plaisant, enjoué et mélancolique, le film de Becker s'impose comme une sympathique comédie satirique pas follement mémorable mais qui reste légère et agréable.

Fort du succès de sa musique pour le blockbuster frenchy 'Le fabuleux destin d'Amélie Poulain' de Jean-Pierre Jeunet, Yann Tiersen revient sur le devant de la scène en participant à la musique de 'Good Bye Lenin!', une participation très remarquée pour le compositeur breton à peine remis des records de vente de l'album d'Amélie Poulain. Cette fois-ci, point de valse musette ou d'accordéon franchouillard, Tiersen optant pour une approche plus orchestrale et minimaliste. Le compositeur utilise ici une petite formation de cordes mettant en avant le piano, qui domine toute la partition de 'Good Bye Lenin!'. Tiersen nous expose son thème principal dans le nostalgique 'Summer 78', thème de piano très simple accompagné par des cordes douces et chaleureuses. La simplicité de la musique est accentuée par le minimalisme de l'instrumentation et le côté répétitif de la mélodie, que l'on aura très vite fait de rapprocher à l'esthétique d'un Philip Glass ou d'un Michael Nyman, auquel on a souvent comparé la musique de Yann Tiersen d'une manière générale. On ressent dans 'Summer 78' une touche de douce nostalgique vaguement mélancolique qui sied à merveille au film de Wolfgang Becker, une mélancolie tendre que l'on retrouvera tout au long du film. Ainsi, c'est sans surprise que Tiersen évoque la scène du coma de la mère ('Coma') avec une certaine retenue magnifiée par un piano intimiste qui set se faire discret tout en étant omniprésent. Ici, c'est le piano qui sert de commentateur musical à l'histoire du film, de même qu'il évoque les sentiments comme la nostalgie d'une période révolue dans 'Childhood 1' ou l'état d'esprit plus anxieux et attristé du jeune Alex lorsqu'il fonce voir sa mère à l'hôpital dans 'From Prison to Hospital'.

Le piano se taille la part du lion en interprétant en solo l'émouvant 'Mother' où règne une fois encore cette douce nostalgie poignante associée ici à la mère d'Alex (qui sait que rien ne sera plus jamais comme avant), comme dans l'intimiste 'Watching Lara' qui évoque les premiers émois amoureux d'Alex pour Lara (Chulpan Khamatova), sa future compagne. Heureusement, Tiersen apporte aussi un peu de relief et d'énergie en utilisant l'orchestre dans 'Dishes' où il met en avant un motif de cordes plus rythmées avec quelques cuivres, et qui évoque les changements dans la société et une nouvelle ère pour l'Est allemand. On pourra apprécier la façon dont Yann Tiersen s'amuse à jongler entre ces pièces orchestrales plus rythmées et ses passages intimistes de piano qui évoquent à merveille l'ambiance du film. On est une fois encore très proche de Michael Nyman dans la courte page pianistique de 'First Rendez-Vous' (difficile de ne pas penser à 'The Piano' de Nyman ici), et c'est avec surprise que l'on découvre un 'Decant Session' plus sautillant et orchestral, où le compositeur reprend le motif de 'Dishes' avec un mélange clarinettes/clarinette basse/hautbois/basson pour accentuer la légèreté du morceau évoquant la nouvelle vie d'Alex et une certaine liberté qu'il n'avait jamais connu auparavant (d'où peut-être le choix d'une musique plus légère et sautillante à ce moment là), idée reprise dans 'Deutsch Mark is Coming' où le thème de la 'renaissance' de l'Allemagne de l'Est est accentué ici par une orchestration plus étoffée incluant les cordes, les cuivres et les vents (avec toujours ce côté répétitif dans la partie mélodique). Dans un même ordre d'idée, on pourra noter le léger et répétitif 'Birthday Preparations' qui n'inclut qu'une petite formation à vents avec quelques cuivres (comme dans 'Finding The Money').

Plus l'histoire avance, et plus la partie intimiste et mélancolique de la musique finit par dominer l'essentiel de la partition de 'Good Bye Lenin!', que ce soit avec le piano solitaire de 'I Saw Daddy Today' (la soeur d'Alex annonce à son frère qu'elle a revu son père qui n'a plus donné signe de vie depuis des années) ou la nostalgie du passé dans la très jolie reprise du thème principal de 'Childhood 2' (évoquant les souvenirs de jeunesse d'Alex et sa famille), où le piano est doublé par un vibraphone qui apporte une plus grande douceur au thème. Tiersen nous propose d'ailleurs une très belle utilisation solo du vibraphone dans 'Mother Will Die', qui véhicule dans la scène une certaine tristesse résignée toute en retenue (Alex comprend que sa mère n'a plus beaucoup de temps à vivre, gravement affectée par les conséquences de son coma), tristesse que l'on retrouve dans le piano solitaire de 'Father and Mother'. A noter une très belle reprise finale du thème principal dans 'Summer 78' où Tiersen ajoute la voix froide de la soliste Claire Pichet pour une coda simplement émouvante. Bilan positif donc pour un joli score minimaliste et mélancolique où la simplicité côtoie une certaine répétitivité chère au compositeur breton, qui aborde ici les thèmes de la désillusion et des regrets avec une certaine habileté. Reste que le score est assez court et ne marquera certainement pas les annales du genre, mais après le foin de 'Amélie Poulain', voilà enfin un vrai score original (et non repiqué d'albums précédents) de la part de Yann Tiersen qui prouve ici qu'il possède un certain potentiel pour la musique de film, même si sa modeste participation au film de Wolfgang Becker ne suffit pas encore à nous convaincre qu'il puisse rivaliser un jour avec un Alexandre Desplat ou un Philippe Rombi.


---Quentin Billard