1-An Unsettling Calm 4.27
2-Remember...4.26
3-In Memories Only,
The Empty Page 7.52
4-Containment of a
Darker Purpose 7.51
5-The Experiment on
Innocence 4.15
6-Confronting Forever 3.49
7-Re-assembling
Shattered Pieces 3.51
8-Profound Emptiness...
The Hangar 8.47
9-Erasing The Truth 6.03
10-Children,
The Unbroken Bond 3.39
11-End Credits 4.29

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6619

Album produit par:
Simon Rhodes, James Horner
Supervision montage:
Jim Henrikson
Monteurs de la musique:
Joe E. Rand, Ramiro Belgardt

Programmation synthétiseur:
Randy Kerber, Ian Underwood
Directeur pour Varèse Sarabande:
Robert Townson
Chargé de la musique pour
Revolution Studios:
Denise Luiso
Chargé de la musique pour
Columbia Pictures:
Lia Vollack

Artwork and pictures (c) 2004 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: **
THE FORGOTTEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Après s'être fait discret pendant plusieurs années, le réalisateur Joseph Ruben retourne derrière la caméra pour un nouveau thriller hollywoodien intitulé 'The Forgotten' (Mémoire effacée), dans lequel Julianne Moore interprète Telly Paretta, une femme qui n'arrive pas à se consoler de la mort de son jeune fils Sam disparu dans un accident d'avion il y a tout juste un an. Un jour, Telly découvre avec effroi que toutes les photos ayant appartenus à son fils ont mystérieusement disparues. Pire encore, son mari Jim (Anthony Edwards) lui affirme, surpris, qu'ils n'ont jamais eu d'enfant. Incomprise, Telly va voir son psychiatre le docteur Jack Munce (Gary Sinise) qui affirme à son tour qu'elle n'a jamais eu d'enfant et que tout ceci est le fruit de son imagination, traumatisée par une fausse couche qui l'incita inconsciemment à se créer un enfant imaginaire. Du jour au lendemain, son existence se transforme en cauchemar alors que tous semblent avoir oublié l'existence de son enfant, même une de ses amies les plus proches. Pour se convaincre qu'elle n'est pas devenue folle, Telly va rendre visite à Ash Correll (Dominic West), un ancien joueur de hockey qui était le père de Lauren, la meilleure amie de Sam qui a aussi périe dans le crash de l'avion, mais même Ash semble avoir oublié l'existence de sa propre fille, et c'est au prix de beaucoup d'effort que Ash retrouvera la mémoire et croira Telly. Très vite, ils se retrouvent tout deux poursuivis par des mystérieux agents de la NSA. Ils s'enfuient et décident de mener ensemble leur propre enquête pour découvrir la vérité au sujet de leurs enfants, alors que Telly finit par être convaincue que Sam et Lauren ne sont pas morts et qu'ils ont été enlevés pour une raison qui leur est encore inconnue.

'The Forgotten' est un thriller typiquement hollywoodien avec son lot de suspense et de rebondissements, sauf qu'ici, le réalisateur y a incorporé une bonne dose de fantastique malheureusement très mal amené dans le scénario, faisant basculer la dernière demi heure du film dans le n'importe quoi et les 'plot holes' scénaristiques en tout genre. Joseph Ruben a donné une couleur froide et hivernale à son film en insistant sur les couleurs bleues et grises qui imposent une atmosphère glaciale particulière dans le film. Julianne Moore est une fois de plus très convaincante dans le rôle de cette mère inconsolable qui se bat pour retrouver son fils disparu et oublié. Hélas, les personnages interprétés par Gary Sinise, Anthony Edwards ou Alfre Woodard (le détective Anne Pope) sont d'une fadeur rare et sans personnalité, à tel point que l'on est en droit de s'interroger sur la réelle utilité de ces personnages dans l'intrigue du film. Si le concept de départ pouvait s'avérer être passionnant (comment réagiriez-vous si on vous apprenait un jour qu'une personne proche qui vous est chère n'a jamais existé et que vous l'avez tout simplement imaginé?), le scénario de Gerald Di Pego - inspiré paraît-t-il d'un rêve du scénariste - ne tient pas la route, tombant dans l'invraisemblance et l'absurdité absolue à cause d'une trame fantastique qui ne colle finalement pas avec l'histoire (n'est pas Shyamalan qui veut!). On n'y croit pas un seul instant, la faute à un script médiocre et à un réalisateur tout juste bon à exécuter quelques maigres scènes d'action et de suspense sans aucun génie et sans grand talent. Au final, 'The Forgotten' s'avère être une petite déception pour un film dont attendait finalement pas grand chose, si ce n'est juste un scénario valable qui nous permette de passer 1h30 agréables. Un film qui, finalement, finira oublié, comme son titre l'indique.

Décidément, force est de constater que plus les années passent, plus le style musical de James Horner semble radicalement évoluer au fil des ans, et plus particulièrement durant ces deux dernières années où le compositeur a semble t'il voulu montrer une envie délibérée de rompre avec ses repiquages musicaux habituels qui lui ont valu d'être très longtemps assailli par les critiques en tout genre. Horner semble s'être assagi, comme s'il avait soudainement pris un coup de vieux. C'est en tout cas ce que l'on ressent à l'écoute du nouveau score de James Horner pour 'The Forgotten', où le style habituel du compositeur y est quasiment méconnaissable, soucieux de choisir une orientation moins connue chez lui, celle de la musique électronique. Ecrit entièrement pour des synthétiseurs, le score de 'The Forgotten' apporte à son tour une froideur statique qui renvoie parfaitement à l'esthétique des images du thriller de Joseph Ruben. Atmosphérique, froide, sombre, monotone, répétitive, tels semblent être les termes clés qui permettent d'appréhender la nouvelle composition électronique d'Horner, reposant autour d'un thème principal qui se caractérise par son enchaînement d'un accord mineur/majeur à un demi ton d'écart, un enchaînement harmonique un peu stéréotypé mais qui contient tout son potentiel de mystère et d'intrigue, par dessus lequel brode un piano intimiste, des nappes de synthé et un violon électrique, l'un des éléments essentiels du score. Le thème principal possède un côté froid et mystérieux évoquant à merveille l'énigme de l'oubli du fils de Telly et du mystère qui semble entourer sa disparition ('An Unsettling Calm'). Comme l'indique très judicieusement le titre du morceau, Horner installe ici une ambiance à la fois calme et lourde, dans laquelle règne un certain climat d'amertume et de tension sous-jacente à l'énigme du film. On notera l'utilisation d'une sonorité électronique en écho assez étrange, un élément que l'on a rarement entendu chez le compositeur.

Le compositeur installe donc une atmosphère répétitive et froide dans le film, passant des tenues de synthé calmes et mystérieuses avec un piano solitaire dans 'Remember' où il évoque le souvenir de Sam à la mélancolie mystérieuse quasi lugubre de 'In Memories Only, The Empty Page' lorsque Telly découvre que les photos de son fils ont toutes disparues. Evidemment, un bon thriller digne de ce nom ne peut échapper aux traditionnelles pistes de suspense/action, et Horner remplit ainsi le cahier des charges avec l'étrange 'Containment of a Darker Purpose' où le compositeur semble expérimenter comme il ne l'a encore jamais fait avec ses sonorités électroniques. Les rythmiques électroniques deviennent ici plus frénétiques, plus sombres et plus agressives, avec par dessus des tenues dissonantes du synthé, un violon électrique omniprésent et un piano quasi désaxé en arrière-fond sonore, le tout illustrant la première scène de poursuite avec les agents de la NSA. On est surpris à la première écoute du morceau dans le film par le côté à la fois rythmé et statique du morceau, puisque le compositeur superpose ainsi des tenues et des rythmes électroniques frénétiques, une idée qui apporte un éclairage musical particulier à la scène, décuplant ainsi la violence brute de la poursuite à l'écran. Une fois encore, Horner surprend et rompt avec le schéma musical classique que l'on a l'habitude d'entendre chez lui, ce qui ne signifie pas pour autant que 'The Forgotten' est une oeuvre particulièrement passionnante.

Le compositeur poursuit dans sa lancée et plonge le spectateur dans une atmosphère électronique glaciale particulièrement monotone et répétitive. Il ne fait nul doute que le score finit à la longue par susciter un ennui certain, même si le côté répétitif et atmosphérique de la musique est fait pour illustrer l'obsession de Telly de revoir un jour son fils Sam. 'Confronting Forever' est parfaitement représentatif du style électronique quasi déshumanisé de la partition de 'The Forgotten', Horner jouant sur le côté statique des tenues et une tension froide et amère, une atmosphère psychologique lourde et par conséquente assez difficile à apprécier, même dans le film. 'Re-assembling Shattered Pieces' reprend le principe des rythmiques électroniques frénétiques que l'on croirait tout droit sorties ici d'un score d'action/thriller de Media-Ventures - on pense à Harry Gregson-Williams ou même Klaus Badelt, ce qui paraît incroyable pour du James Horner généralement à des années lumières de ce style! 'Profound Emptiness...The Hangar' reprend l'ambiance calme, mélancolique et mystérieuse du début avec un piano solitaire et des tenues de synthé quasiment inquiétantes dans la séquence du hangar. 'Children, The Unbroken Bond' semble finalement vouloir apporter un peu de lumière au final de la partition, un éclairage quasi salvateur où l'on retrouve des harmonies de cordes de synthé plus typiques du compositeur. Finalement, 'End Credits' reprend le thème principal et développe les sonorités électroniques étonnantes du score de 'The Forgotten', bien loin de ce que le compositeur a l'habitude de nous faire entendre (on pense néanmoins à certains de ses derniers travaux plus orientés sur les synthétiseurs comme 'House of Sand and Fog' ou 'Beyond Borders').

Mais ne nous réjouissons pas trop vite pour autant, car si Horner surprend en nous faisant entendre un style inhabituel et surtout inattendu pour ce film, il n'arrive pourtant pas à captiver notre attention, à susciter un quelconque intérêt de la part de l'auditeur/spectateur (les critiques semblent d'ailleurs être quasi unanimes à ce sujet), en particulier à cause du côté monotone extrêmement lassant de sa musique et d'un manque de relief flagrant. 60 minutes d'une musique quasiment identique et ennuyeuse d'un bout à l'autre de la partition, c'est beaucoup! Certes, Horner a signé ici une musique originale et surprenante qui s'avère être très efficace et propice à l'ambiance lente et froide du thriller de Joseph Ruben, mais cela n'empêche en rien l'ennui et la monotonie qui se dégagent de cette partition soporifique dont on ne retiendra finalement pas grand chose, si ce n'est que le compositeur semble de plus en plus décidé à écrire des musiques plus insolites, une chose qui commençait un peu à nous manquer dans les partitions d'Horner de ces six dernières années après son oscar pour 'Titanic'. Après tout, c'est déjà un bon point ('The Forgotten' entamerait donc une période de transition dans la carrière de James Horner?). Reste à espérer que le compositeur poursuive sur cette voie dans l'avenir et signe des partitions surprenantes plus ambitieuses et surtout bien plus excitantes!


---Quentin Billard