1-Up Against The Wind 3.28*
2-Set It Off 4.08
3-Hell Blowin Hard 2.18
4-Buttercrunch 2.20
5-Rota Rooter 4.01
6-Four-One 1.55
7-Squeezebox 1.39
8-Balboa Blood 2.14
9-Toupee Soufflé 2.23
10-Q for a Day 2.58
11-Flame On Fire 2.07
12-Up Against The Wind
- Reprise 4.28*

*Interprété par Lori Perri
Composé par Christopher Young

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5779

Produit par:
Christopher Young
Producteur exécutif:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 1996 New Line Productions, Inc. All rights reserved.

Note: ***
SET IT OFF
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Pour son second long-métrage hollywoodien, F. Gary Gray s’intéresse à l’histoire de quatre amies noires vivant dans un quartier pauvre de Los Angeles qui doivent subir la misère et les injustices au quotidien. Francesca Sutton (Vivica A. Fox) était employée dans une banque, jusqu’au jour où un jeune noir qu’elle avait rencontré plusieurs fois dans son quartier vint commettre un hold-up dans la banque qui l’employait qui se termina en bain de sang. Accusée à tort et sans preuve d’avoir participé au braquage étant donné le fait qu’elle connaissait le cambrioleur, Francesca est immédiatement limogée. Quant à ses trois autres amies, Lida Newsom (Jada Pinkett Smith), la turbulente et égocentrique Cleopatra Sims (Queen Latifah) et la timide Tisean Williams (Kimberly Elise), leur situation n’est guère plus satisfaisante, d’autant que Tisean alias ‘T.T.’ doit trouver d’urgence un moyen d’élever seule son enfant malgré une situation financière désastreuse. La vie des quatre amies bascule le jour où le jeune frère de Lida est tué accidentellement par la police. Ensemble, les quatre marginales décident d’organiser le hold-up d’une banque afin de réunir suffisamment d’argent en quelques semaines pour prendre un nouveau départ dans leur vie. C’est aussi pour elles une façon de se venger d’un système qui n’a jamais cessé de les rejeter et de les rabaisser. Mais, alors qu’elles commencent à prendre goût à cette vie de marginalité et de banditisme, la police commence à enquêter sérieusement sur la bande des quatre braqueuses de banque. Le destin viendra finalement leur jouer de bien vilains tours qui vont inexorablement les amener à une fin tragique.

‘Set It Off’ (Le prix à payer) est une énième variante du film de hold-up avec comme toile de fond une amitié solide et émouvante entre quatre femmes noires qui luttent pour leur survie et contre l’injustice d’un système qui a finit par les marginaliser. F. Gary Gray ne s’est pas contenté d’un simple thriller classique mais a véritablement insufflé à son film une atmosphère de drame humain alors que l’on assiste au destin de ces quatre femmes qui, après avoir tenté de travailler durement toute leur vie sans grand succès, finissent par en arriver à la solution extrême de la criminalité pour survivre et sortir ainsi de la misère. Jada Pinkett Smith, Queen Latifah, Vivica A. Fox et Kimberly Elise (c’est son tout premier rôle au cinéma) forment un quatuor de choc dans lequel les quatre compagnes possèdent chacune leur propre personnalité parfaitement définies par le réalisateur dès la première demi heure du film. Pour F. Gary Gray, ancien opérateur free-lance et réalisateur de clips musicaux, ‘Set It Off’ est aussi une nouvelle excursion dans la culture afro-américaine et l’univers des ghettos U.S. vu ici à travers le destin de quatre cambrioleuses noires (à noter une petite apparition de la star de rap américain Dr. Dre). On se souvient par exemple de son tout premier film, ‘Friday’ (1995), qui mettait déjà en scène des stars noires telles que Ice Cube, Chris Tucker, Nia Long, Regina King, Bernie Mac ou bien encore Michael Clarke Duncan. Avec ‘Set It Off’, F. Gary Gray signe un excellent drame où l’on ressent une certaine compassion pour ces quatre cambrioleuses dont les méfaits tiennent plus d’un acte de survie désespéré qu’à une réelle envie de faire du mal. Cela nous incite aussi à méditer sur la condition de certaines femmes dans les ghettos noirs des grandes villes américaines d’aujourd’hui.

Au milieu des années 90, Christopher Young a véritablement opéré un changement de style dans le choix des films qu’il met en musique, passant des thrillers conventionnels à la ‘Jennifer 8’ (1992) aux drames intimistes comme ‘Murder in the First’ (1995). Sa participation à la musique originale de ‘Set It Off’ paraît alors peu surprenante, surtout lorsque l’on sait que le compositeur avait déjà pu se confronter à l’univers des ghettos noirs américains dans le film horrifique ‘Tales from the Hood’ (1995). Le score de Young pour ‘Set It Off’ s’affirme ainsi par ses rythmiques cool entre jazz, soul et funk, ses passages intimistes et ses quelques morceaux d’action/suspense plus typiques du style thriller habituel de Chris Young. Le score surprend à la première écoute par la diversité du matériau instrumental utilisé, que ce soit les guitares acoustiques/électriques, le saxophone jazzy, la batterie aux rythmiques diverses, l’orchestre, les percussions, les synthés, sans oublier le trio de solistes vocaux en scat (procédé vocal qui consiste à remplacer les paroles par des onomatopées, fréquemment utilisé en jazz). Le film s’ouvre au son de ‘Set It Off’, superbe morceau d’action soutenu par un petit ostinato rythmique et introduit par cordes, basse, flûtes de pan rythmiques et trio vocal en scat, créant une ambiance sonore assez particulière durant l’introduction du film, lors du hold-up de la banque et la fusillade qui s’ensuit - à noter ici l’utilisation assez originale de sons s’apparentant à des klaxons de voiture qui passent au loin dans la rue, renforçant l’ambiance urbaine du score. Les cordes et les cuivres font ici monter la tension au cours d’un long crescendo débouchant sur un passage d’action typique de Young. Les cuivres dissonants sont alors renforcés par les percussions qui créent ici une sorte de climat d’urgence et de danger durant la scène du cambriolage au début du film, aboutissant à un solide morceau d'action particulièrement excitant, 'Hell Blowin Hard'.

La musique de Young décrit le parcours des quatre héroïnes, évoquant les hauts et les bas de leur aventure mouvementée avec toujours un souci rythmique constant. Un morceau comme ‘Buttercrunch’ (titre bizarre, comme souvent chez Young) témoigne d’un réel souci de renouveau de la part du compositeur qui aborde ici un genre très éloigné de ses partitions horreur/thriller habituelles. Le morceau se distingue par son rythme blues/funky très cool avec claquements de doigts, synthé, guitares et vocalise féminine d’ambiance ‘soul’ évoquant la détermination et la motivation des quatre braqueuses de banque. L’excitant ‘Rota Rooter’ (dont le titre fait référence à Nino Rota, une allusion justifiée par une utilisation humoristique dans le film du célèbre thème de ‘The Godfather’ dans la scène où les quatre héroïnes s’amusent à parodier le film de Francis Ford Coppola) illustre de son côté une scène de hold-up du film avec un solide morceau d’action orchestral incluant cordes agressives, cuivres rythmés, percussions omniprésentes, etc. A noter que le style annonce par moment de futures grandes partitions d’action du compositeur telles que ‘Muder at 1600’, ‘Hard Rain’ ou ‘Entrapment’. Ce sont d’ailleurs les scènes de hold-up du film qui permettent à Young de faire monter la tension en suggérant la menace qui pèse sur les héroïnes qui jouent à un jeu très dangereux, constamment traquées par la police (c’est aussi l’occasion pour Young de nous rappeler qu’il maîtrise aussi particulièrement le style action). Les quelques passages d’action alternent très vite avec quelques morceaux plus cool évoquant la détermination et l’amitié des quatre héroïnes, comme le très beau ‘Four-One’ et sa guitare intimiste sur fond de cordes mélancoliques ou ‘Squeezebox’ avec son rythme relax en rim-shot, son saxophone, ses flûtes de pan rythmiques, sa guitare et sa voix féminine sensuelle illustrant une scène plus intimiste du film (comme dans le sympathique et détendu ‘Toupee Soufflé’ et sa guitare cool).

A noter un ‘Balboa Blood’ qui se distingue par sa superbe partie de saxophone limite free-jazz avec orchestre, synthé et batterie jazz pour une autre scène de hold-up. ‘Q for a Day’ évoque les préparatifs du hold-up final, avec rythmes cool portés par les vocalises féminines et ce côté intimiste que l’on appréciera réellement dans le score de ‘Set It Off’. Finalement, l’aventure touche à sa fin avec deux morceaux majeurs de la partition, l’excitant et massif ‘Flame on Fire’ et le superbe ‘Up Against The Wind’, poignante chanson d’ambiance soul co-écrite par Christopher Young et interprétée par Lori Perri, membre du quatuor de chanteuses de soul music ‘The Perri sisters’. ‘Flame on Fire’ se distingue par son tempo d’action effréné pour la poursuite finale avec la police, Young mettant ici l’accent sur un orchestre déchaîné et cuivré avec percussions, saxophone jazzy et guitare électrique. En plus de suggérer ici la tension de la scène, la musique évoque l’inéluctabilité d’une fin tragique pour les quatre héroïnes, fin tragique enfin abordée dans l’émouvant ‘Up Against The Wind’ porté par la voix de Lori Perri sur fond de quatuor à cordes et de guitare acoustique lorsque Cléo et ses amies se font tuer par la police, concluant le score sur une ultime touche d’émotion particulièrement agréable.

‘Set it Off’ apparaît au final comme un sympathique score alternant entre drame et action, Christopher Young en profitant à l’occasion pour explorer d’autres terrains musicaux comme la soul music ou le jazz. Le compositeur apporte un rythme et une émotion certaine au film de F. Gary Gray, complété par quelques chansons hip-hop/rap/R&B incluant des chanteurs tels que Busta Rhymes, Brandy, Queen Latifah ou bien encore Ray J., et ce sans que le score réussisse pour autant à s’imposer comme une partition particulièrement originale ou révolutionnaire en soi malgré quelques bonnes idées. On sent que le compositeur s’est fait plaisir en oscillant entre ses traditionnels morceaux d’action massifs et ses passages intimistes et rythmés où il fait intervenir les différents solistes et instrumentistes qui s’en donnent alors à coeur joie. Dommage que l’ensemble manque un peu d’un thème principal fédérateur – on aurait par exemple aimé entendre le thème de la chanson ‘Up Against The Wind’ plus développé et plus présent durant le film. Evidemment, ‘Set It Off’ est loin de faire partie des partitions majeures de Christopher Young, mais cela n’en demeure pas moins un score de qualité dont le principal atout est de nous dévoiler une facette dramatique et des goûts musicaux moins connus du compositeur!


---Quentin Billard