1-Générique début 4.08
2-La rivière 2.12
3-Le nouveau territoire 2.14
4-Construction de la maison 1.29
5-A cheval dans les
nouvelles terres 2.20
6-Premier paysage d'été 1.08
7-A breath of Wind 3.06*
8-La jeune chienne 1.09
9-Retour de la
chasse à l'élan 1.13
10-La chasse aux oiseaux 1.46
11-Le voyage en avion 1.57
12-Deuxième paysage d'été 1.11
13-Un homme et la nature 2.12
14-Le Lac gelé 1.14
15-Un autre voyage 2.36
16-En allant à la pêche 1.59
17-Les glissades 1.34
18-Voyage vers Alex 2.33
19-Le blizzard 1.42
20-L'amitié 2.16
21-Voyage vers Dawson 2.26
22-Dernier paysage d'été 1.20
23-Générique fin 3.06

DVD
Documentaire 26.00
"Musique du film -
Le dernier trappeur -
Un autre voyage"
Réalisé par Cédric Fontana

*Interprété par Bratsch
Ecrit par Bruno Girard

Musique  composée par:

Krishna Lévy

Editeur:

Virgin/EMI Music
7243 5604650 4

Production exécutive:
AIM - Amélie de Chassey
Assistée de:
Delphine Mathieu
Régie d'orchestre:
Philippe Nadal
Ingénieur du son:
Stéphane Briand
Assisté de:
Aymeric Letoquart
Copiste:
Olivier Jeannot

(c) 2004 MC4/Une Musique/AIM - Les Editions Amélie. Tous droits réservés.

Note: ***1/2
LE DERNIER TRAPPEUR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Krishna Lévy
Avec ‘Le dernier trappeur’, l’explorateur/cinéaste Nicolas Vanier s’offre la possibilité de rendre hommage au métier de trappeur, une activité sur le point de disparaître. C’est au cours d’une rencontre avec Norman Winther, un des derniers trappeurs vivant au coeur des Montagnes Rocheuses, que Nicolas Vanier eut l’idée de faire un film où il rendrait un grand hommage à la nature tout en s’attardant sur ce mode de vie bien particulier - ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme parfois le ‘Jack London’ des temps modernes, en référence au célèbre ‘Croc blanc’. Norman Winther vit depuis plusieurs années dans le Grand nord canadien (et plus précisément le Yukon), très loin de la société moderne, se nourrissant des produits de la pêche et de la chasse en compagnie de sa femme Nebraska, une indienne Nahanni, et ses fidèles chiens de traîneau. Norman dispose de tout l’équipement dont il a besoin pour mener à bien ses différentes activités, utilisant le bois prélevé en forêt pour construire son canoë, ses raquettes, son traîneau ou même sa maison. Chaque année, Norman part en exploration dans le territoire pour chasser et vendre ensuite ses peaux à Dawson, la ville la plus proche du Klondike. Il utilise ses chiens pour se déplacer et mener sa chasse. Ses chiens le suivent tous les jours au quotidien, le soutenant même dans les moments les plus difficiles et les conditions les plus extrêmes. Ils sont presque comme des frères pour lui. Norman vit en harmonie avec la nature. Non seulement il la respecte, mais il apprend tout d’elle et sait qu’elle lui est bénéfique tout comme elle peut s’avérer être mortelle pour le voyageur imprudent ou inexpérimenté. Mais tout n’est pas rose, car Norman sait que ses activités et son mode de vie sont bien trop difficiles et extrêmes pour inciter d’autres individus à partager son aventure. Tôt ou tard, le métier de trappeur disparaîtra, mettant alors en danger l’équilibre naturel dans cette région du Grand nord canadien.

Pour Nicolas Vanier, ‘Le dernier trappeur’ est un véritable hymne à cet univers du grand froid pour lequel il voue une admiration sans borne, lui qui a déjà entamé des milliers de kilomètres entre l’Alaska et le Québec avant de rencontrer Norman Winther alias ‘le dernier trappeur’, aboutissant ainsi à un projet cinématographique quasiment hors du commun. Jamais on a vu un cinéaste filmer dans des conditions climatiques aussi extrêmes et naturelles, sans décors en studio ni effets visuels, que du naturel à 100% si ce n’est le fait que le réalisateur a curieusement opté pour l’axe de la fiction au lieu de tourner un véritable documentaire. Effectivement, si Norman Winther interprète son propre rôle dans le film avec sa femme et ses amis, il s’est aussi transformé en acteur le temps d’un tournage difficile où l’objectif était de mettre en scène le trappeur dans sa vie de tous les jours. On pourra trouver cette mise en scène particulièrement singulière (pourquoi ne pas avoir choisi de faire un véritable documentaire?), mais c’est ce qui donne un charme certain au film de Vanier. Evidemment, ‘Le dernier trappeur’ est plus qu’un hymne à la nature et au Grand nord canadien, c’est avant tout un film au message écologique fort et universel qui, au delà de la peinture de la vie de ce dernier trappeur, nous incite à méditer sur l’importance de la préservation de la nature (le film est parrainé par la WWF) et d’un métier dont l’utilité n’est pas moindre, car, grâce à la chasse, le trappeur réussit à limiter la prolifération de certaines espèces animales qui risquent de pulluler et de menacer l’équilibre naturel dans certaines régions. Le message écologique du film est aussi accentué par une certaine philosophie de la vie, en communion avec la nature (chacun apporte à l’autre et vice-versa), un mode de vie qui a tendance à se perdre de nos jours dans la société moderne. En bref, ‘le dernier trappeur’, s’est aussi à rafraîchissant retour aux sources, une grande bouffée d’air frais, très frais – la température atteignait parfois les – 50°, ce qui posa de nombreux problèmes techniques parfois extrêmes durant le tournage du film. Si ‘le dernier trappeur’ est un film magnifique doublé d’une véritable prouesse technique inédite, il possède aussi ses limites et ses défauts. On pourra par exemple regretter le côté parfois un peu niais et simpliste de la pensée écologique de Norman, fruit d’un esprit passionné mais forcément très subjectif aux yeux du public, même si le message est clair et juste. Au final, ‘Le dernier trappeur’ reste malgré tout un exploit cinématographique, une vraie bouffée d’air frais authentique dans l’univers des documentaires qui semble avoir pris un second souffle ces derniers temps avec l’arrivée de films tels que ‘Le peuple migrateur’ ou le récent ‘La marche de l’empereur’.

Le compositeur Krishna Lévy a réussit à se faire remarquer en quelques temps en signant la musique de quelques films français tels que ‘8 Femmes’ de François Ozon, ‘Un jeu d’enfants’ de Laurent Tuel ou ‘Je suis un assassin’ de Thomas Vincent. Sa musique pour ‘Le dernier trappeur’ est à l’image du film de Nicolas Vanier: belle, grande, ample, élégante, puissante, rafraîchissante. Optant pour une approche symphonique avec grande chorale et quelques instruments solistes, Lévy s’est véritablement donné les moyens de retranscrire toute la beauté des paysages du Grand nord canadien tout en évoquant les hauts et les bas de la vie du dernier trappeur. C’est avec le très beau générique de début dépeignant les immenses étendues enneigées que le compositeur nous dévoile son unique thème principal qui fédère l’ensemble de sa partition. Le thème du ‘dernier trappeur’ possède un côté majestueux qui lui confère une grande amplitude une fois collée sur les images du film, avec une pointe de nostalgie évoquant la beauté et l’immensité de la nature. On notera ici l’utilisation de violons solistes qui évoquent les fiddles de la musique folklorique américaine. Avec quelques percussions, le violon et l’orchestre, le thème prend une plus grande ampleur lorsque le choeur vient s’ajouter à la masse orchestrale transformant le morceau en hymne grandiose à la nature. Dès lors, Krishna Lévy pose les bases de sa partition et va suivre régulièrement l’aventure de Norman Winther, que ce soit par le côté méditatif des cordes et du violon de ‘la rivière’ ou la très belle reprise du thème aux cordes dans ‘Le nouveau territoire’, où le compositeur dévoile un certain classicisme d’écriture des cordes, fruit d’un grand savoir-faire. On appréciera la reprise plus rythmé du thème dans ‘Construction de la maison’ où l’accompagnement rythmé des cordes suggère la détermination de Norman et Nebraska lorsqu’ils construisent ensemble leur nouvelle maison/

‘Premier paysage d’été’ évoque de manière paisible le territoire de Norman durant l’été, l’orchestre se faisant ici encore plus lyrique et apaisé. ‘La jeune chienne’ fait intervenir quand à lui les guitares pour évoquer Apache, la nouvelle et fidèle chienne de Norman. Les guitares sont ici aussi associées comme le violon à des sonorités folkloriques évoquant les paysages du Grand nord canadien. Lévy fait même intervenir une flûte basse dans ‘La chasse aux oiseaux’ qui, couplée avec le violon et les cordes de l’orchestre, créent un climat méditatif qui évoque une certaine communion avec la nature à travers la chasse – Norman respecte la nature tout en se nourrissant de ses ‘fruits’, comme le veut l’ordre naturel des choses. Le thème principal reste décidément omniprésent, apparaissant pratiquement durant toute la longueur du film, ce qui finit même par devenir gênant par moment. On pourra regrettera parfois le manque de respiration et de relief d’un score qui, bien que très agréable et parfaitement écrit, demeure un peu trop présent dans le film, d’autant que la répétition quasi non-stop du thème principal à toutes les sauces finit par devenir lassant à la longue. Ceci étant dit, il y a une réelle beauté dans cette musique qui nous permettra d’oublier ce défaut, beauté que l’on retrouve dans le lyrique ‘Deuxième paysage d’été’ où Lévy ajoute à son orchestre quelques touches discrètes de célesta cristallin qui évoque la beauté des paysages durant l’été. Le choeur est utilisé dans une très belle reprise du thème par une flûte dans ‘Un homme et la nature’. Le choeur est ici bien évidemment associé à une idée d’universalité, renforçant le thème écologique du film et le fait que l’homme doit protéger son environnement quelque soit l’endroit où il vit sur la terre.

L’aventure se prolonge avec ‘Un autre voyage’ avec sa très belle combinaison guitare/violon ou la nouvelle variation du thème dans ‘Voyage vers Alex’ dont l’écriture plus rythmée et enjouée des cordes semble évoquer la détermination et l’aisance de Norman et ses chiens à traverser des endroits difficiles pour rejoindre son ami Alex. Le choeur refait son apparition dans le superbe ‘Voyage vers dawson’ où se cumule orchestre/choeur/flûte dans une nouvelle évocation des voyages de Norman qui s’en va cette fois-ci vers la ville de Dawson pour vendre ses peaux. L’aventure touche à sa fin avec le paisible ‘Dernier paysage d’été’ et le conclusif ‘Générique fin’ où revient une dernière fois l’entêtant thème principal avec l’orchestre, le violon et le choeur. La musique du ‘dernier trappeur’ forme donc un tout parfaitement homogène sans aucune erreur de parcours. On regrettera le côté répétitif et le manque de relief de la musique, un côté répétitif qui s’accorde malgré tout à merveille au climat de froideur et à l’omniprésence du blanc dans les décors du film de Nicolas Vanier. La musique apporte une émotion indispensable au film, entre émerveillement, enthousiasme et méditation, trois sentiments que l’on ressentira aussi tout au long de cette aventure d’un trappeur dans le Grand nord canadien. Krishna Lévy fait preuve ici d’un grand savoir-faire orchestral et dépeint toute la beauté de cette grande aventure dominée par un thème principal mémorable bien qu’un peu trop appuyé lourdement tout au long du film. Ce n’est certes pas LE chef-d’oeuvre du compositeur, mais cela n’en demeure pas moins une partition de qualité de la part d’un compositeur talentueux qui se fait hélas encore bien trop rare.


---Quentin Billard