1-National Treasure Suite 3.17
2-Ben 4.04
3-Finding Charlotte 1.05
4-Library of Congress 2.27
5-Preparation Montage 4.54
6-Arrival at National Archives 1.55
7-The Chase 4.22
8-Declaration of
Independence 1.44
9-Foot Chase 3.34
10-Spectacle Discovery 3.18
11-Interrogation 4.30
12-Treasure 3.39

Musique  composée par:

Trevor Rabin

Editeur:

Walt Disney Records
62493-2

Musique additionnelle de:
Don Harper,
Paul Linford

Montage de la musique:
Jeanette Surga,
Jennifer Nash

Producteur exécutif de l'album:
Jerry Bruckheimer

Artwork and pictures (c) 2004 Walt Disney Records. All rights reserved.

Note: *1/2
NATIONAL TREASURE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Rabin
Pour sa dernière grosse production d’action, Jerry Bruckheimer nous invite à partager une nouvelle grande aventure, celle de Benjamin Gates (Nicolas Cage), un archéologue et aventurier qui recherche le célèbre et mythique trésor des Chevaliers du Templier, perdu depuis plus de 200 ans. La famille Gates recherche ce trésor depuis plusieurs générations, et c’est grâce à un précieux indice que lui donna autrefois son grand-père (Christopher Plummer) que Benjamin s’est mis en tête de rechercher l’indice en question qui le conduira tôt ou tard vers le fabuleux trésor. Mais au moment où Benjamin et son ami Riley Poole (Justin Bartha) découvrent le mystérieux indice enfoui sous les glaces de l’Arctique, le financeur de l’expédition Ian Howe (Sean Bean) les double et tente de les tuer après avoir découvert grâce à Benjamin que le prochain indice se trouvait en fait au dos de la Déclaration d’Indépendance américaine. Soucieux de protéger ce célèbre trésor national et historique, Ben et Riley se rendent aux archives nationales à Washington et tentent d’alerter l’archiviste Abigail Chase (Diane Kruger) du cambriolage qui est sur le point de se produire. Mais devant l’incrédulité apparente d’Abigail, Benjamin ne voit plus qu’une seule solution pour stopper Ian: voler la Déclaration d’Indépendance avant lui, afin de protéger le précieux document et de découvrir le nouvel indice caché au dos du célèbre parchemin. Ben et Riley auront fort à faire: ils devront ainsi décoder la carte cachée, semer le FBI et entamer une longue course contre la montre les opposant à Ian et ses sbires dans cette énième quête au trésor.

‘National Treasure’ (Benjamin Gates et le Trésor des Templiers) est une énième variante d’‘Indiana Jones remixé ici à la sauce Bruckheimer: cascades, poursuites, suspense, rebondissements, action non-stop, montage rapide, rythme effréné, humour à deux centimes, jolie fille, héros intrépide, rien n’y manque, si ce n’est un soupçon d’originalité et de crédibilité. Le script du film de Jon Turteltaub repose sur l’intrigue d’un aventurier qui, pour mener à bien sa chasse au trésor, doit voler le document le mieux gardé au monde, la Déclaration d’Indépendance. Si le concept paraît fort intéressant, le développement qu’en fait le film l’est déjà nettement moins, le scénario tombant dans les stéréotypes et les clichés habituels de ce type de production (exemple: le héros, très intelligent, résout toutes les énigmes à une vitesse ahurissante et décode les documents avec beaucoup trop de facilité pour que cela soit crédible). ‘National Treasure’ se paie même le luxe de nous offrir une brève leçon d’Histoire avec des rappels constants aux trouvailles du célèbre Benjamin Franklin (d’où le nom du héros interprété par Nicolas Cage), à la fameuse société secrète des Franc-maçons, aux mythiques trésor du fameux Ordre des Templiers (fondé en 1118 et reconnu par l’Eglise de Rome dix ans plus tard avant d’être anéanti en 1314 par le Roi de France), sans oublier les pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique et de la Déclaration d’Indépendance, une histoire un peu nombriliste qui passionnera avant tout les américains et qui, on peut en être sur, trouvera certainement écho auprès des jeunes américains sous une forme plutôt ludique (le film est produit par Walt Disney). Pour un peu, on serait presque tenté de dire que Bruckheimer et les producteurs de chez Walt Disney se sont lancés le défi de faire un gros film d’aventure pédagogique. Un blockbuster divertissant et alimentaire, aussi tôt vu, aussi tôt oublié!

Trevor Rabin reste plus que jamais associé au ‘son’ Bruckheimer, après avoir participé à diverses productions telles que ‘Armageddon’, ‘Con Air’, ‘Bad Boys II’, ‘Bad Company’, ‘Gone in 60 Seconds’, etc. Rabin ajoute avec ‘National Treasure’ une nouvelle pierre à cet édifice malheureusement fortement branlant, de plus en plus associé à une médiocrité routinière qui semble être devenu le credo des musiques sur les dernières productions Jerry Bruckheimer. Le compositeur qui se fit remarquer autrefois avec l’imbattable ‘Armageddon’ n’a depuis cessé de décevoir les béophiles qui voient dans Trevor Rabin la déchéance d’un style musical ‘fast-food’ sur le déclin. Comme d’habitude, Rabin nous livre un score d’action sans aucune imagination, basé sur ses rythmiques et tempi techno/rock habituels avec avalanche de samples de synthé, de rythmes effrénés et d’orchestrations pauvres. On pense immédiatement à la première écoute du score dans le film à ses scores les plus inintéressants: ‘The One’, ‘Gone in 60 Seconds’, ‘Enemy of The State’, etc. L’introductif ‘Ben’ nous dévoile ainsi l’unique thème principal typique des mélodies épiques chères au compositeur lorsque Benjamin Gates entame sa longue chasse au trésor. Partagé par percussions martiales, cordes et cuivres (on pense ici à certains thèmes de ‘Remember the Titans’), le thème possède un côté majestueux et épique lié bien évidemment au côté mythique et fabuleux du trésor des Templiers, avec un côté solennel et patriotique lié aussi à la Déclaration d’Indépendance (les allergiques aux thèmes patriotiques vont avoir matière à critiquer le nouveau thème de Trevor Rabin pour ‘National Treasure’!).

Si ce sympathique thème principal constitue sans aucun doute l’unique atout du score de ‘National Treasure’ (un peu comme dans ‘The 6th Day’ ou ‘Enemy of The State’ dans lesquels les seules bonnes choses à sauver étaient les thèmes principaux!), le reste du score est une suite de pièces d’action non-stop particulièrement bruyantes (dans le mauvais sens du terme, cette fois-ci!). La découverte de l’indice dans le bateau ‘Charlotte’ (‘Finding Charlotte’) est accompagné avec un motif rythmique de cordes et des loops de batterie électro typiques du compositeur, suggérant l’action, tandis que ‘Library of Congress’ se partage entre claviers, rythmiques électro, cordes lorsque Ben et Riley se rendent ensemble à la Libraire du Congrès à Washington pour étudier les lieux. Les préparatifs du cambriolage (Preparation Montage) nous permettent de retrouver les rythmiques techno/rock/électro chères au compositeur, avec bidouillages de synthé, cordes et guitares électriques faisant monter la tension durant cette séquence de préparatifs minutieux. ‘Arrival at National Archives’ fait monter d’un cran la tension durant la scène du vol de la Déclaration d’Indépendance aboutissant au frénétique ‘Chase’ pour la poursuite entre Ben et les sbires de Ian. Rythmiques techno, percussions diverses, cordes, claviers et guitares électriques se déchaînent pour un morceau d’action particulièrement frénétique dans lequel le compositeur s’amuse même à augmenter le tempo afin d’accentuer l’intensité de la course poursuite.

Le thème est développé dans le solennel ‘Declaration of Independence’ où l’on sent un certain recueillement à l’égard du célèbre et précieux document, une petite pause qui nous permet de respirer avant l’intense poursuite dans les rues (‘Foot Chase’) dans la lignée de ‘Chase’, avec rythmiques techno et quelques maigres touches d’orchestre noyés sous des tonnes d’effets électroniques et de samples en tout genre – aboutissant au climax de ‘Treasure’ et à ‘National Treasure Suite’ qui résume l’essentiel de la partition. Rabin se contente donc de suivre de façon linéaire l’action à l’écran, rendant les scènes d’action encore plus intenses en misant sur un véritable brouhaha sonore particulièrement lourd et agaçant à la longue. Le compositeur repose à fond sur ses recettes habituelles sans jamais tenter d’apporter un peu de nouveauté, d’originalité à sa partition. Le score est tellement lourd et inintéressant qu’il semble même avoir été écrit dans l’urgence. Chaque morceau se ressemble sans jamais apporter quelque chose de particulier au film (vu le faible intérêt de ‘National Treasure’, c’était parfaitement prévisible!). Les orchestrations sont d’une pauvreté typique des musiques de Trevor Rabin. Quand à l’utilisation des sacro-saintes rythmiques électro/techno et des traditionnelles touches rock modernes, elles ne sont là que pour faire plaisir à Bruckheimer qui, décidément, semble particulièrement tenir au style du ‘son’ musical de ses productions. ‘National Treasure’ est donc l’archétype même du ‘son’ Bruckheimer: thème facile et mémorable, morceaux d’action bruyants et expédiés à la va-vite, rythmiques techno/électro modernes, etc. - un ‘son’ musical qui aurait intérêt à très vite se renouveler s’il ne veut pas tout simplement disparaître dans les années à venir, lorsque le public finira par décider que ce style de musique ‘fast-food’ à la ‘Pirates of the Carribean’ n’a plus aucun avenir dans ce type de grosse production d’aventure toute aussi calibrée que l’est la musique. En conclusion, on peut dire que ‘National Treasure’ nous offre un constat assez déprimant d’une production hollywoodienne plus que jamais engluée dans la médiocrité et d’un compositeur qui, s’il réalisa autrefois un exploit sur le grandiose ‘Armageddon’, n’a depuis cessé de nous faire douter au sujet de ses réelles capacités de compositeur pour le cinéma.


---Quentin Billard