Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:


Réalisateur:
Brett Ratner
Genre:
Comédie romantique
Avec:
Nicolas Cage, Téa Leoni.

(c) 2000 Beacon Communications LLC/Howard Rosenman Productions/Riche-Ludwig Productions/Saturn Films.

Note: ***1/2
THE FAMILY MAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Dans ‘The Family Man’, Nicolas Cage interprète Jack Campbell, un étudiant en économie amoureux de la jolie Kate Reynolds (Téa Leoni). Ensemble, ils ont des projets d’avenir. Mais un jour, Jack saisit l’occasion de partir à Londres pour effectuer un stage dans une banque anglaise, l’obligeant à laisser derrière lui sa fiancée. Treize ans s’écoulent alors. Jack est devenu le charismatique et très réputé directeur d’un cabinet de conseil en affaires à Wall Street. La vie semble sourire au golden boy, tandis qu’il mène son travail avec ténacité et qu’il multiplie les aventures sans lendemain. Mais un soir de Noël, son existence bascule définitivement: il empêche un voleur (Don Cheadle) de cambrioler le gérant d’une supérette dans laquelle il était venu acheter quelques bricoles. Il entame alors une brève discussion avec le cambrioleur et ce dernier décide de lui faire une surprise de taille: lui permettre de vivre la vie qu’il aurait du mener s’il n’avait pas décidé d’abandonner Kate pour devenir un important homme d’affaire plein aux as. Par un étrange coup du destin, Jack se réveille un matin aux côtés de Kate et de ses deux enfants, Annie et Josh. Lorsqu’il comprend enfin ce qui vient de lui arriver, Jack découvre avec horreur qu’il est père de famille et marié avec Kate depuis 13 ans environ. Dans cette nouvelle vie, Jack habite avec sa famille dans une petite maison du Jersey tandis qu’il travaille en tant que vendeur de voiture et qu’il accumule les trophées de bowling. Jack saura t’il s’accommoder de cette nouvelle vie? Va-t-il enfin comprendre ce qu’il a raté en choisissant la réussite dans le travail au lieu du mariage et de la vie de famille?

‘The Family Man’ est une sorte de joli conte romantique qui s’inspire un peu de l’ambiance des anciennes comédies sentimentales à la Frank Capra. Le réalisateur Brett Ratner nous dépeint le portrait intéressant d’un golden boy de Wall Street qui découvre la vie de famille par un étrange jeu du sort qui le transporte dans une sorte d’univers parallèle. Nicolas Cage s’impose majestueusement dans la peau de cet homme qui va apprendre à aimer une femme qu’il avait délaissé autrefois et va petit à petit s’attacher à sa nouvelle vie de famille et comprendre que parfois, la vie nous amène à faire un choix crucial sur lequel on ne peut – généralement – pas revenir: faut-il réussir sa vie ou réussir dans sa vie? Au cours de son étrange aventure sentimentale et humaine, Jack va finir par comprendre la nuance qui existe entre ces deux concepts de réussite. Téa Leoni campe une épouse parfaitement charmante, avec quelques seconds rôles intéressants incluant Don Cheadle, Jeremy Piven, Saul Rubinek ou bien encore Josef Sommer. Filmé à la manière des comédies romantiques traditionnelles, ‘Family Man’ possède un plus une certaine magie et une poésie conventionnelle mais pleine d’émotion. Ce n’est certainement pas un chef-d’oeuvre du genre, mais cela reste malgré tout une comédie sentimentale divertissante et particulièrement rafraîchissante!

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Danny Elfman était inattendu sur ce projet. Il faut dire que le compositeur attiré de Tim Burton n’a pas beaucoup de films romantiques à son actif. Pourtant, le compositeur avait surpris son auditoire en signant dès 1993 une superbe partition lyrique pour le ‘Sommersby’ de Jon Amiel (on se souvient aussi d’une partition magique et poignante pour l’inoubliable ‘Edward Scissorhands’ de Tim Burton en 1990). Plus tard, ses partitions pour ‘Black Beauty’ (1994), ‘Good Will Hunting’ (1997) et ‘Anywhere but Here (1999) vont confirmer le talent du compositeur pour écrire des musiques orchestrales plus intimistes, poétiques et sentimentales. Dès le prélude du film, Elfman impose le ton intimiste de sa partition avec des orchestrations incluant clarinette, piano, cordes et guitare (scène de la séparation à l’aéroport). On retrouve ici une certaine douceur, une sérénité très éloignée de ce qu’Elfman a l’habitude de nous faire entendre quotidiennement. La clarinette semble posséder un côté à la fois mélancolique et fragile pour évoquer la séparation entre Jack et Kate. Le générique de début s’avère être plus entraînant et sautillant, avec une ambiance qui fleure bon Noël – cordes, cuivres et vents sautillants avec percussions et le traditionnel ‘tambourin’ de Noël (l’époque à laquelle se passe le film au début de l’histoire). On appréciera ici l’entrain et la vivacité de cette excellente ouverture où règne une certaine bonne humeur.

Elfman continue alors de développer son atmosphère intimiste et poétique mettant l’accent sur des orchestrations plus fines incluant vents – souvent flûtes ou clarinettes – avec cordes, piano, guitare, etc. Le compositeur utilise même un très beau choeur pour la scène où Jack se retrouve sous les flocons de neige, au moment où il va basculer dans son autre vie parallèle. Le choeur apporte à cette scène une certaine magie qui rappellera inévitablement ‘Edward Scissorhands’. A noter un morceau un peu particulier pour la séquence de la rencontre avec le cambrioleur, scène accompagné par d’impressionnants tambours avec des cordes dissonantes et des effets électroniques menaçants – sans aucun doute le seul passage véritablement noire et inquiétant de la partition de ‘Family Man’. Elfman développe alors ce qui va progressivement devenir le thème principal de la partition, un thème déjà brièvement entendu à la clarinette durant le prologue du film et qui va prendre une plus grande ampleur au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire (curieusement, Elfman semble s’être très inspiré de ce thème pour écrire celui de ‘Spider-Man’, les deux thèmes se ressemblant ainsi étrangement). On trouve quelques passages plus typiques du style fantaisiste du compositeur comme pour la scène du réveil dans la nouvelle maison de Jack, accompagnée par des percussions et des marimbas pour évoquer la surprise de Jack. Passé ces quelques passages plus rythmés, Elfman s’attache alors à suivre l’amour naissant entre Jack et Kate. Si le compositeur s’amuse à glisser quelques légères touches de fantaisie (dont quelques parties de célesta qui ne sont pas sans rappeler ‘Le casse noisette’ de Tchaïkovski), c’est ce style poétique/intimiste qui va très vite prendre le dessus alors qu’Elfman va illustrer la transformation progressive de Jack qui va devenir un nouvel homme.

Alternant entre moments de pure émotion et passages plus espiègles et fantaisistes, le score nous dévoile le talent du compositeur que l’on avait pas entendu depuis longtemps dans le registre des oeuvres poétiques/fantaisistes, même si l’on est loin ici de l’inventivité de certaines de ses anciennes partitions pour des films de Tim Burton. Cependant, on ne pourra qu’apprécier la façon dont Elfman apporte une émotion considérable à la dernière demi heure du film, le thème devenant de plus en plus intime au fur et à mesure que Jack comprend ses erreurs et commence à devenir fou amoureux de Kate et de sa nouvelle vie. C’est le fameux ‘Promise’ qui constitue le climax émotionnel de la partition, lorsqu’il ne reste plus beaucoup de temps à Jack dans cette nouvelle vie et qu’il doit se préparer à quitter de nouveau Kate, cette fois-ci avec beaucoup de regret et d’amertume. Cordes, vents, harpe, piano, choeur, tout est fait pour nous faire ressentir ici les sentiments de Jack avec une certaine tendresse empreinte d’une nostalgie poignante, la nostalgie d’une nouvelle vie que Jack va devoir laisser derrière lui, le destin ne lui ayant simplement offert qu’un aperçu de ce qu’il aurait pu vivre s’il avait décidé de continuer son chemin en compagnie de Kate. Le choeur intervient ici pour donner une proportion plus magique et émouvante au très beau thème principal, se prolongeant dans la poignante scène des adieux (sublimée aussi par les choeurs magiques) et le magnifique ‘grand final’ de la partition.

Si vous appréciez le côté plus lyrique et poétique du style musical de Danny Elfman, il ne fait nul doute que ‘The Family Man’ devrait vous séduire agréablement, la musique s’impose par sa fraîcheur, son entrain, sa fantaisie, sa tendresse, ses instants de magie, d’émotion, d’intimité et de poésie. Certes, on est loin ici du brio de ‘Sommersby’ ou de la beauté inégalable d’un ‘Edward Scissorhands’, mais le score de ‘The Family Man’ s’avère néanmoins être d’une qualité rarement entendu chez le compositeur au cours de ces cinq dernières années, un score qui, malheureusement, n’a pas eu la chance de recevoir une édition discographique digne de ce nom, probablement du à l’échec du film au box-office U.S. à sa sortie en 2000. Apportant son lot de poésie et d’émotion au joli film sentimental de Brett Ratner, le score d’Elfman pour ‘The Family Man’ est une petite réussite qui, bien qu’assez modeste, n’en demeure pas moins une bonne surprise inattendu de la part d’un compositeur versatile mais qui possède décidément plus d’un tour dans son sac!


---Quentin Billard