1-Main Titles 4.36
2-Prologue 4.38
3-Betty's Dream 2.14
4-Bruce's Memories 2.45
5-Captured 3.41
6-Dad's Visit 2.15
7-Hulk Out! 4.00
8-Father Knows Best 3.34
9-...Making Me Angry 4.02
10-Gentle Giant 1.02
11-Hounds Of Hell 3.47
12-The Truth Revealed 4.19
13-Hulk's Freedom 2.36
14-A Man Again 7.48
15-The Lake Battle 4.32
16-The Aftermath 0.56
17-The Phone Call 1.34
18-End Credits 1.13
19-Set Me Free 4.08*

*Ecrit et interprété par
Scott Weiland, Slash,
Duff McKagan, Matt Sorum
et Dave Kushner
Produit par Nick Raskulinecz

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Decca Records
475 098-2 DH

Musique produite par:
Danny Elfman
Superviseur du montage:
Ellen Segal
Montage de la
musique additionnelle:
Shie Rozow
Assistant montage:
Oliver Hug
Producteur associé du score:
Marc Mann
Préparation de la musique:
Julian Bratolyubov
Préparation de la
musique additionnelle:
Ron Vermillon
Producteur exécutif de l'album:
Kathy Nelson
Chairman, Universal
Classics Group:
Chris Roberts
Music Business Affairs:
Mark Cavell, Phil Cohen,
Sheryl Gold, Neil Nagano

A&R Direction:
Randy Dry, Marc Johnston
Coordination du soundtrack:
Meredith Friedman

Artwork and pictures (c) 2003 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***
HULK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Les adaptations cinématographiques de comics américains ne cessent d’envahir nos écrans de cinéma depuis le succès du ‘X-Men’ de Bryan Singer en 2000. Après ‘Spider-Man’, ‘Daredevil’ ou bien encore ‘The League of Extraordinary Gentlemen’, c’est au tour du célèbre ‘Hulk’ (d’après le comics de chez Marvel crée par Stan Lee en 1962) d’être adapté au cinéma et remis au goût du jour par les artisans d’Hollywood. Inattendu sur ce projet, Ang Lee (plus connu pour être l’auteur ‘Tigre et dragon’ ou ‘Sense and Sensibility’) a enfin eu l’occasion de démontrer à travers son ‘Hulk’ toute sa passion pour l’univers des comics américains et plus particulièrement des ouvrages de Stan Lee. L’histoire débute lorsque, en 1966, le Dr. David Banner travaille sur une opération scientifique secrète dans une base militaire en plein milieu du désert, qui consiste à manipuler la génétique pour permettre à son corps de résister à toute agression extérieure. Peu de temps après, sa femme met au monde le petit Banner. David sait qu’il a transmit ses mutations génétiques à son fils, mais il ignore encore quels vont en être les conséquences pour le jeune enfant. En étudiant de près le métabolisme et le comportement du petit Bruce, David découvre le pire. Lorsque son supérieur, le général Ross, découvre à son tour toute la vérité, il fait interrompre immédiatement ses recherches et fait fermer son laboratoire. Excédé, David détruit son laboratoire et fonce chez lui pour expliquer enfin toute la vérité à sa femme. Pour lui, il n’y a plus qu’une seule solution: il doit tuer son propre enfant. Le prologue du film s’arrête là. Des années plus tard, Bruce Banner (Eric Bana) est devenu scientifique et travaille dans un centre de recherche à l’université de Berkley, en compagnie de son ex-fiancée, Betty Ross (Jennifer Connelly). Au cours d’une opération scientifique qui tourne mal, Bruce se retrouve irradié par une dose massive de radiations nucléaires. Pourtant, il s’en sort miraculeusement indemne, chose que Betty n’arrive pas à s’expliquer. Mais la radiation a déclenché quelque chose qui sommeillait en lui, un pouvoir que Bruce ne peut s’expliquer et qu’il est incapable de contrôler. A la suite d’une grosse colère ou d’une intense émotion, Bruce se transforme en Hulk, un gigantesque monstre verdâtre à la force totalement surhumaine et à la rage incontrôlable, détruisant tout sur son passage. Lorsqu’il prend enfin conscience de sa malédiction, Bruce doit se cacher loin de la ville, avec l’aide de Betty. Pendant ce temps, le général Ross (Sam Elliott), qui se trouve être le père de Betty, met tout en oeuvre pour arrêter Bruce. C’est alors que ressurgit David Banner (Nick Nolte), le père de Bruce qui a enfin retrouvé sa trace et qui rentre en contact avec lui, alors que Bruce croyait que son père biologique était mort à sa naissance. David veut continuer les sinistres expériences qu’il a entreprit il y a une quarantaine d’années et envisage de supprimer Bruce définitivement: il envoie une meute de chiens métamorphosés qui tentent de tuer Hulk et Betty. Bruce doit aussi faire face aux agissements de Glenn Talbot (Josh Lucas), un rival scientifique de Banner qui s’est mit en tête de mener à son tour ses propres expériences sur le monstre verdâtre pour devenir riche et célèbre. Seule Betty semble être la seule à comprendre Bruce et va tout faire pour tenter de lui venir en aide.

‘Hulk’ est de loin l’une des plus belles adaptations cinématographiques d’un comics book U.S. On connaît Ang Lee pour son talent à raconter des histoires de familles, de passions et de malaises sociaux. Certains pensaient que voir Ang Lee adapter ‘Hulk’ à l’écran tiendraient du suicide artistique. Au vu du résultat final, on peut conclure qu’ils se seront trompés lourdement. Plus que n’importe quel autre réalisateur, Ang Lee a su insuffler une dimension humaine et tragique incomparable dans son film, renouant avec le style dramatique et les aspirations philosophiques du comics crée par Stan Lee et Jack Kibry en 1962. Mieux encore, le réalisateur a donné un véritable style visuel à son film, proche de l’esthétique d’une bande dessiné. Pour se faire, Lee joue sur divers effets visuels incluant le split screen (division de l’écran en 2 ou 3 parties voire plus), les transitions fantaisistes, des angles multiples, des effets de superpositions, un bref arrêt sur image, des plans ‘oniriques’ proche d’une peinture saturé de couleurs vives, etc. Si ‘Hulk’ se démarque sensiblement des autres adaptations hollywoodiennes de comics U.S., c’est grâce à la personnalité qu’apporte Ang Lee à son film, s’intéressant tout autant à la malédiction qui pèse sur Bruce Banner/Hulk qu’à la relation qu’entretiennent les différents protagonistes tout au long du film. Il illustre ainsi les rapports conflictuels entre Betty et son père, Bruce et David et évoque la dimension dramatique de cette histoire et ses répercussions sur la vie des différents personnages. Le duo Eric Bana/Jennifer Connelly fonctionne à merveille dans le film, Eric Bana s’imposant par son jeu discret, entre charisme et angoisse incontrôlable, tandis que Jennifer Connelly se montre plus émotive et fragile. En revanche, le film ne s’impose pas par la qualité de ses effets spéciaux qui, malgré un travail absolument colossal de la part de l’équipe d’ILM, déçoivent par leur côté saccadé et par la qualité passable de certains effets visuels. Néanmoins, on pourra se consoler en appréciant quelques scènes d’action quasi anthologiques comme l’affrontement entre Hulk et les trois chiens fous ou la confrontation dans le désert entre Hulk et l’armée. C’est sur, on est loin ici du côté kitsch et rétro de la série TV des années 70 (avec le culturiste Lou Ferrigno dans la peau de Hulk)! Spectaculaire, dramatique et particulièrement sombre pour un blockbuster estival de ce genre, ‘Hulk’ est une véritable surprise, un ‘Dr. Jekyll & Mr. Hyde’ inspiré, un film personnel (à mi-chemin entre blockbuster hollywoodien et film d’auteur) et sombre, servi par une mise en scène inventive et fantaisiste, loin des conventions habituelles des grosses productions hollywoodiennes malgré quelques rares concessions au genre dans le film (production oblige!), un long-métrage qui rend un bien bel hommage au comics d’origine!

Après le renvoi de Mychael Danna, engagé à l’origine par la production pour composer la musique du film (Danna avait collaboré sur deux précédents films d’Ang Lee, ‘The Ice Storm’ et ‘Ride With The Devil’), c’est Danny Elfman qui fut finalement embauché pour écrire la musique de ‘Hulk’ en un temps records, ce qui nécessita l’emploi de huit orchestrateurs différents sur la musique du film (en plus des orchestrateurs habituels du compositeur comme Steve Bartek ou Edgardo Simone). Ce choix paraît plus qu’évident quand on sait que Danny Elfman n’en est pas à sa première composition pour un film de super-héros (‘Batman, ‘Batman Returns’, ‘Darkman’ et ‘Spider-Man’). Comme d’habitude, le compositeur nous offre une partition orchestrale particulièrement dense (trop, serait-on tenté de dire), soutenu à grand renfort de rythmiques électroniques pesantes et de touches arabes/orientalisantes surprenantes. A la première écoute, on est d’ailleurs surpris par la présence de ces touches ethniques particulièrement présentes, ultimes vestiges du travail initial entrepris par Mychael Danna, qui comptait axer la majeure partie de sa partition autour d’une musique aux sonorités arabes – un genre musical déjà abordé par le compositeur dans ‘8 MM’ de Joel Schumacher. S’il paraît évident qu’Elfman a repris ce style ethnique voulu par Danna à l’origine, c’est pour mieux le fondre dans son propre style orchestral. Dès le traditionnel ‘Main Titles’, le compositeur, fidèle à son goût pour des ouvertures mémorables, nous livre un premier morceau sombre, atmosphérique et rythmé qui dévoile le motif principal, un motif de 6 notes descendantes envoûtantes confiées à des flûtes, soutenues par un travail harmonique et contrapuntique des cordes et du reste de l’orchestre. Atmosphérique, ce ‘Main Titles’ accompagne la séquence introductive évoquant les expériences et les tests de David Banner. On appréciera par exemple l’accélération rythmique vers le milieu du morceau, suggérée ici par une soudaine envolée agressive des rythmiques électroniques et des percussions qui évoquent certains passages de ‘Planet of The Apes’ ou ‘Spider-Man’. Ce superbe ‘Main Titles’ pose d’emblée le ton du score, s’affirmant par son côté sombre, mystérieux et atmosphérique et son motif principal envoûtant (et qui n’est pas sans rappeler certains thèmes hypnotiques de Bernard Herrmann, l’un des compositeurs de référence de Danny Elfman depuis ‘Batman’).

Ayant ainsi posé les bases de sa partition, Elfman va très vite développer son matériau orchestral, que ce soit le motif de flûtes du sombre et tourmenté ‘Prologue’ ou l’introduction de la voix féminine sensuelle de la chanteuse Natacha Atlas dans l’atmosphérique ‘Betty’s Dream’ sur fond de cordes sombres à la ‘Dolores Claiborne’, de vents et d’un piano lointain évoquant les rêves de Betty, se remémorant le moment où son père l’abandonna dans un restaurant. La voix arabisante de Natacha Atlas suggère une atmosphère orientale associée ici au désert dans lequel se passe une partie du film, tout en apportant une couleur particulière au score d’Elfman, une idée surprenante dans le contexte du film mais qui s’apprécie au fil des écoutes. ‘Bruce’s Memories’ se veut plus tourmenté, évoquant les souvenirs de Bruce marqué par des harmonies tourmentées de cordes, de cuivres et de vents et un rappel du motif principal. ‘Captured’ se distingue du reste du score en affirmant plus explicitement le style arabe de la musique avec percussions ethnique et voix orientale sur fond de cordes et de cuivres. Le morceau évoque la traversée du désert en hélicoptère lorsque Hulk a été capturé par l’armée, une séquence qui confirme le fait que les touches ethniques sont ici associées aux immenses décors du désert. Evidemment, Elfman nous délivre quelques solides morceaux d’action associés à la fureur et à la force terrifiante de Hulk comme lors de la première scène de transformation dans ‘Hulk Out!’ qui semble sortir tout droit de ‘Planet of The Apes’, avec son lot de cordes frénétiques, de cuivres dissonants et de percussions agressives. Le compositeur renforce ainsi la densité de l’orchestre et accentue la brutalité et la fureur du gros monstre vert avec un énième rappel du motif principal de 6 notes. De la même façon, ‘...Making Me Angry’ évoque une nouvelle transformation de Bruce en Hulk avec une certaine férocité orchestrale chère au compositeur, tandis que ‘Gentle Giant’ montre une autre facette du personnage, plus humaine, avec l’introduction d’un thème mélancolique de vents associé à Betty, évoquant ses sentiments pour Bruce malgré son côté instable et dangereux.

Au fur et à mesure de la progression de l’histoire, Danny Elfman nous fait ressentir un long crescendo de tension, que ce soit le massif ‘Hounds of Hell’ (l’un des plus excitants morceaux d’action du score de ‘Hulk’) avec ses cordes survoltées et ses cuivres frénétiques ou ‘Hulk’s Freedom’, qui évoque la séquence où Hulk se déplace dans le désert, sur fond de percussions, de rythmiques électroniques, d’orchestre et de voix féminine arabe associé au désert. Elfman nous fait ressentir toute la force et la puissance du monstre vert à travers des orchestrations épaisses et massives et une importance accordée occasionnellement aux percussions diverses (acoustiques/électroniques/exotiques). ‘Truth Revealed’ se distingue par son côté mélancolique intime et poignant avec une partie soliste de duduk, le fameux hautbois arménien tant utilisé par des compositeurs comme Elia Cmiral (‘Ronin’), Hans Zimmer (‘Gladiator’), Mychael Danna (‘Ararat’), Robert Folk (‘Maximum Risk’), etc. Le morceau accompagne la séquence où Bruce découvre enfin toute la triste vérité au sujet de ses origines, la musique évoquant alors ses sentiments de trouble et d’amertume à ce moment précis.

L’action culmine dans le percussif ‘Man Again’ (lors de la confrontation entre Hulk et l’armée dans la ville) et le climax final du massif ‘Lake Battle’ lors de la confrontation finale entre Hulk et David Banner. On notera ici la façon dont le thème principal de 6 notes est transformé de manière puissante par les cuivres et les cordes qui lui donnent un côté quasiment omnipotent assez impressionnant à l’écran (tout à l’image de cette bataille finale titanesque). ‘Aftermath’ vient finalement calmer le jeu avec ‘Phone Call’ au détour d’un bref rappel du thème mélancolique associé à Betty et confié ici à des flûtes, le ‘End Credits’ nous proposant une conclusion massive et intense à cette solide partition orchestrale. Vous l’aurez donc compris, Danny Elfman ne fait pas dans la dentelle et nous livre pour ‘Hulk’ une nouvelle grosse partition orchestrale résumant tout le savoir-faire du compositeur avec quelques touches orientales étonnantes. Ceci étant dit, le score de ‘Hulk’ ne révolutionne pas le genre et reste un travail honnête et soigné mais sans réel génie. La partition de ‘Hulk’ reste largement en dessous de la qualité de ‘Spider-Man’ mais s’impose malgré tout par la puissance de son orchestre et de ses morceaux d’action, ainsi que par un intéressant travail autour de quelques motifs et d’atmosphères plus sombres. Voilà en tout cas un bon score intense et mouvementé à réserver en priorité aux inconditionnels de Danny Elfman!


---Quentin Billard