1-a. When I Was Young
I Once Met This
Beautiful Girl By a Lake 2.01*
b. That Was The Last
Time We Saw The Children 3.23
2-a. Children's Melody 0.34
b. Tunnel/Christy's Death/
The Journey Begins 3.05
c. I Still Exist 0.40
d. Annie Loses Faith 1.05
3-a. Summerland
- The Painted World 2.56
b. The Painted Bird Flies 1.31
c. Christy Flies 1.11
4-Marie's World
(Leona is Marie) 2.06
5-Longing (Lost Children) 3.49
6-a. Annie Gives Up 1.24
b. Soul Mates 3.11
7-a. In Hell 1.19
b. Sea of Faces 2.55
c. Recognition
(Albert Is Ian) 1.34
8-a. Sea of Faces/
Falling Through Hell 4.12
b. Annie's Room 1.56
9-a. In The Grass
With Annie 1.08*
b. Decision/Divorce 2.40
10-a. Together In Hell 3.03
b. Death & Transfiguration 2.52
c. Together In Heaven 2.33
11-Reunited/Reincarnation/
When I Was Young 3.55
12-"Beside You" 4.44**

*Basé sur des variations de
'Beside You'
Ecrit par Mark Snow et
Michael Kamen
**Interprété par Mick Hurnell
Ecrit par Mark Snow
et Michael Kamen
Produit par Michael Kamen
et Phil Palmer.

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

Decca Records
460 858-2

Superviseur de la musique:
Dawn Solér
Montage de la musique:
Daryl Kell
Assistant montage:
Christine Cholvin
Production musicale:
James Brett, Michael Price
Assistant de M.Kamen:
Denise Stewart
Copiste de la musique:
Vic Fraser
CD produit par:
Michael Kamen,
Stephen McLaughlin,
Daryl Kell

Senior VP pour
Polygram Soundtracks:
Jacquie Perryman
Directeur du soundtrack
pour PolyGram
Classics & Jazz:
Nancy Zannini

Artwork and pictures (c) 1998 PolyGram Films. All rights reserved.

Note: ***
WHAT DREAMS MAY COME
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
Adapter au cinéma le roman homonyme de Richard Matheson paraissait tenir de la simple gageure. C’est pourtant le pari que s’est lancé Vincent Ward, réalisateur néo-zélandais qui signe avec ‘What Dreams May Come’ (Au-delà de nos rêves) son premier film hollywoodien. L’originalité de l’histoire tient dans sa manière de présenter une poignante histoire de l’amour entre la vie et la mort, le paradis et l’enfer. Chris Nielsen (Robin Williams) et Annie (Annabella Sciorra) forment le plus beau des couples. Après une rencontre idyllique et un mariage parfait, ils fondent une famille et élèvent deux enfants, Ian (Josh Paddock) et Marie (Jessica Brooks Grant). Tout allait pour le mieux pour eux jusqu’au jour où un accident tragique vint enlever la vie de leurs deux enfants. Chris tente de surmonter sa douleur mais Annie sombre dans une profonde souffrance dont elle ne ressortira jamais indemne, s’éloignant progressivement de son mari. Un jour, Chris est victime à son tour d’un accident tragique et meurt peu de temps après, laissant Annie seule au monde. Mais Chris ne disparaît pas. Son âme se trouve désormais au paradis, qui prend la forme des magnifiques peintures d’Annie qui permettent à cette dernière de conserver à jamais le souvenir de son mari bien aimé. Chris retrouve au paradis ces enfants qui ont pris l’apparence d’autres personnes que connu autrefois Chris dans son travail, et il continue de veiller sur sa femme même s’il sait qu’elle ne peut pas le voir et qu’il n’est plus qu’une âme flottant dans l’au-delà. Annie finit alors par se suicider, son geste désespéré l’amenant en enfer, où elle restera prisonnière pour l’éternité. Bravant l’interdit, Chris entame un long voyage périlleux en enfer pour tenter de retrouver Annie et de lui faire une dernière fois ses adieux.

‘What Dreams May Come’ est avant tout une histoire d’amour magnifique évoquant deux âmes soeurs qui se cherchent, se trouvent et se perdent pour finalement mieux se retrouver dans l’au-delà. Le film de Vincent Ward met aussi en scène les notions religieuses chrétienne du paradis et de l’enfer, avec comme toile de fond, une poignante histoire d’amour métaphysique. Comme d’habitude, Robin Williams s’impose par la spontanéité et l’aisance de son jeu, entre humour, fraîcheur et drame, tandis qu’Annabella Sciorra apporte un charme féminin irrésistible au film. Hélas, le film a été littéralement incendié par une pluie de mauvaises critiques qui ont reprochés au film son côté trop mélo larmoyant et sa caricature du paradis et de l’enfer selon la vision populaire que l’on se fait généralement de ces deux concepts primordiaux dans la religion catholique. Pourtant, il serait fort injuste de ne retenir que cela du film de Vincent Ward, tant le film s’avère être émouvant et original dans sa manière d’évoquer cette puissante histoire d’amour dans l’au-delà. Le paradis est entièrement tourné dans le film sous la forme d’images numériques imitant les textures d’une peinture ou de décors naturels grandioses, avec un éclairage surréaliste particulièrement impressionnant. Idem pour la mise en scène de l’enfer et son univers anarchique et cauchemardesque à grand renfort de trucages en tout genre. A noter que l’histoire fait habilement référence au célèbre mythe antique d’Orphée, tant de fois abordé dans l’art en général et plus particulièrement dans la musique (cf. célèbre opéra ‘Orfeo’ de Monteverdi). On retrouve ainsi l’idée d’un homme qui, par amour, descend dans les enfers pour tenter de retrouver sa bien-aimée perdue dans le monde des enfers. Habile variation du mythe d’Orphée, ‘What Dreams May Come’ est un film grandiose, surréaliste et émouvant, une très belle histoire d’amour qui, bien qu’un peu larmoyante et caricaturale, ne peut laisser indifférent. Un très beau film, en somme!

A l’origine, c’est Ennio Morricone qui devait écrire la musique de ‘What Dreams May Come’, mais à la suite de screen tests peu concluants, la partition du célèbre maestro italien a été entièrement rejetée, sous prétexte que sa musique possédait un caractère trop profond, trop triste et trop liturgique (NDLR: Ennio Morricone est un catholique pratiquant). Ce fut finalement à Michael Kamen que revint la tâche d’écrire la musique du film de Vincent Ward. Kamen a écrit sans aucun doute pour ‘What Dreams May Come’ l’une de ses plus belles partitions intimes/dramatiques de ces cinq dernières années qui, sans être un chef-d’oeuvre, confirme l’immense talent du compositeur. La musique épouse les sentiments des protagonistes principaux du film, avec un certain lyrisme retenu oscillant entre nostalgie et drame sombre. A la base de la partition se trouve ‘Beside You’, une chanson que Michael Kamen écrivit avec Mark Snow (‘X-Files’) dans les années 70 et que le compositeur a eu l’idée de réutiliser et d’arranger pour les besoins de ce film. ‘Beside You’ devient donc le thème principal de la partition orchestrale de ‘What Dreams May Come’, personnifiant la poignante romance métaphysique entre Chris et Annie. Dès l’ouverture du film (‘I Once Met This Beautiful Girl By a Lake’), Kamen expose d’emblée le ton intimiste et romantique de son score au cours d’une tendre et nostalgique introduction du thème principal confié à un hautbois (interprété par le compositeur lui-même) accompagné par des cordes chaleureuses et une guitare. On reconnaît ici le style intimiste/lyrique typique de Michael Kamen, qui soigne ici ses orchestrations en offrant à cette introduction une sorte de tendresse toute en retenue. ‘Children’s Melody/Tunnel Crash’ se veut plus sombre, illustrant la tragédie de la mort des enfants de Chris et Annie. Les cordes dissonantes et tourmentées mettent ici en avant une forte idée de souffrance, idée que l’on retrouvera dans les moments les plus dramatiques de la partition.

Avec ‘Summerland’, on entre alors dans la partie décrivant le monde du paradis. Kamen utilise ici toutes les ressources de l’orchestre, incluant cordes chaleureuses, vents légers, harpe, harmonies sereines et lumineuses, etc. Ici, point d’éléments religieux dans la musique du compositeur, qui se contente simplement d'accorder à cette scène surréaliste/onirique une dimension intimiste et lyrique évidemment très éloigné de ce qu’Ennio Morricone avait prévu à l’origine (thème lancinant, choeurs poignants et liturgiques, etc.). Kamen continue de développer par bribes le thème illustrant l’amour entre Chris et Annie, amour personnifié par la peinture d’Annie – symbole de l’immortalité de ses sentiments pour son défunt mari. Dans un même ordre d’idée, ‘Marie’s World’ se veut encore plus léger et chaleureux, Kamen mettant l’accent sur la douceur des cordes et la fluidité des vents et du piano, le compositeur développant à l’occasion un thème de piano associé aux enfants de Chris, qu’il retrouve au paradis. Le thème est développé au piano dans le très beau ‘Longing (Lost Children)’ où règne une certaine mélancolie apaisée. C’est finalement avec une certaine retenue et une grande pudeur que Michael Kamen évoque le suicide d’Annie (‘Annie Gives Up/Soul Mates’) dans un très beau mélange harpe/cordes/guitare, le compositeur ayant préféré mettre de côté les envolées orchestrales mélodramatiques.

La partition change radicalement de ton après ‘Annie’s Suicide’ et s’enfonce dans les ténèbres de l’enfer dans l’agité ‘In Hell/Stormy Seas’ qui décrit la séquence de la traversée des enfers avec un déchaînement orchestral particulièrement brutal faisant la part belle aux percussions, aux cuivres massifs et aux cordes frénétiques. Kamen décrit les enfers avec un certain chaos orchestral qui flirte par moment avec le style de ses anciennes partitions d’action (‘Die Hard’, ‘Lethal Weapon’, etc.). Si l’espoir est brièvement suggéré dans ‘Sea of Faces’ – qui oscille entre atmosphère noire/tourmentée et intimité – ‘Beside You/Divorce’ remet la partition dans le ‘droit chemin’ au cours d’une magnifique reprise de ‘Beside You’ joué par un violoncelle soliste, de même que les retrouvailles entre Chris et Annie sont suggérées par le biais d’une retenue émouvante dans ‘Together in Hell’, qui parvient même à nous faire oublier que les deux âmes soeurs se trouvent en enfer, d’où l’idée d’un amour plus fort que le chaos et l’errance des enfers, aboutissant au très beau ‘Reunited/Reincarnation’ où le thème de ‘Beside You’ revient une dernière fois au cours d’une très belle envolée orchestrale plus lyrique et apaisée.

Partition intime et dramatique, ‘What Dreams May Come’ nous rappelle à quel point Michael Kamen est aussi particulièrement à l’aise lorsqu’il s’agit d’illustrer des films plus sentimentaux (cf. ‘The Winter Guest’) sans avoir recours à ses traditionnels déchaînements orchestraux à la ‘Robin Hood’, que ses fans apprécient beaucoup la plupart du temps. Bien moins passionnée et profonde que la musique d’origine d’Ennio Morricone, celle de Michael Kamen pour ‘What Dreams May Come’ joue franchement la carte de la retenue et du lyrisme pudique, sans jamais trop en faire, hormis deux ou trois scènes en enfer qui donnent un bon prétexte au compositeur pour nous offrir quelques pièces orchestrales plus massives et tonitruantes. S’il est évident que la musique de Kamen ne peut prétendre rivaliser avec celle, sublime, du célèbre maestro italien, elle n’en demeure pas moins parfaitement adaptée au contexte et à l’histoire du très beau film de Vincent Ward, sans être pour autant une partition indispensable dans la filmographie de Michael Kamen!


---Quentin Billard