1-Opening 3.01
2-Alistair Logs On 1.20
3-Cold Bath 1.18
4-Jailhouse Death 1.11
5-Stalking The Prey 0.53
6-Punks On Video 2.17
7-Distressed Furniture 1.16
8-Turnbull's Car Ride 3.11
9-His Wife's View 1.08
10-Badlands 3.14*
11-Alistair Gets Cozy 2.29
12-Denise Logs On 3.26
13-Alistair Gets Cozier 1.27
14-Denise In Stairwell 2.24
15-Denise Gets Bugged 4.23
16-Mike Logs On 4.11
17-Mike Enters Site 3.23
18-Mike's Gone 0.58
19-Terry Logs On 2.29
20-Terry Scans Files 1.48
21-Terry Visits Mom 2.57
22-Into The Pool 2.47
23-Terry In The
Warped Ward 2.27
24-In The Basement 2.40
25-To The Morgue 2.10
26-To Alistair's Flat 1.29
27-Alistair's Lair 2.38
28-Arriving At The Steel Mill 3.29
29-Confronting Alistair 2.06
30-Alistair Logged Out 1.57
31-Finale 1.55

*Interprété par The Plague
Ecrit par Van Decker
et Jim Hosley.

Musique  composée par:

Nicholas Pike

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6388

Produit par:
Nicholas Pike
Producteur exécutif
pour Varèse Sarabande:
Robert Townson
Producteurs exécutifs
du soundtrack:
Elie Samaha,
Andrew Stevens,
Michael Lloyd

Monteurs de la musique:
Andy Glen (London)
Stan Jones (LA)
Design sonore/programmation:
Nicholas Pike

Artwork and pictures (c) 2002 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***
FEAR DOT COM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nicholas Pike
Après ‘House on Haunted Hill’, William Malone revient avec un nouveau film d’horreur/thriller dans lequel il est question d’un site web maléfique et d’un tueur en série imprenable. Mike Reilly (Stephen Dorff), un jeune inspecteur new-yorkais, est chargé d’enquêter sur le décès brutal de plusieurs personnes retrouvées systématiquement avec les yeux ensanglantés et une sordide expression de terreur sur le visage. Epaulé par une chercheuse du département de la santé, Terry Huston (Natascha McElhone), Mike poursuit son enquête et pense avoir à faire à une épidémie, hypothèse aussi tôt écartée par les analyses sur les cadavres des victimes. En enquêtant sur la mort d’un couple de jeunes allemands, Terry et Mike découvrent alors l’existence d’un mystérieux site Internet, ‘Terreurpointcom’, sur lequel les deux jeunes allemands se sont connectés 48 heures avant leur mort. Il semblerait qu’il en soit de même pour les autres victimes, mortes dans des conditions similaires. Mike poursuit depuis plusieurs années déjà un redoutable serial-killer, Alistair Pratt alias ‘le docteur’ (Stephen Rea), qui le nargue en lui envoyant des lettres à chaque meurtre qu’il commet et qu’il filme et diffuse sur le net. Ce que Mike ignore encore, c’est qu’il existe une menace bien plus terrifiante que celle du docteur psychopathe, une menace quasi surnaturelle qui touche tout ceux qui se sont connectés sur le site de ‘Terreurpointcom’.

‘Fear Dot Com’ est encore un de ces films qui évoque les dérives et les excès d’Internet en offrant une vision particulièrement négative de l’univers du web. De son côté, le scénario du film est un mix maladroit et franchement quelconque entre ‘The Net’, ‘Ring’ et ‘Se7en’. Le film de William Malone se veut comme un croisement entre horreur et thriller, mélangeant enquête policière et intrigue horrifique surnaturelle copiée sur le ‘Ring’ d’Hideo Nakata. On y retrouve ainsi une histoire similaire de malédiction d’un esprit vengeur (sous la forme d'une jeune fillette) qui touche tout ceux qui ont vu ce qu’ils n’auraient pas du regarder, sauf que la cassette vidéo est ici remplacée par un site Internet maléfique, où il est question de terreur absolue et de meurtres en direct. Du beau programme en perspective. Le film, qui tire manifestement son ambiance du ‘House on Haunted Hill’ (même façon de filmer, même manière de faire des montages psychédéliques et totalement saturés d'images dans les scènes horrifiques, etc.), pêche par un manque d’originalité flagrant, le film oscillant sans arrêt entre une ambiance à la ‘Se7en’ (serial-killer, indices macabres, décor urbain cafardeux, etc.) et une intrigue horrifique à la ‘Ring’, sur fond de web site et de malédiction. Stephen Dorff et Natascha McElhone forment un duo de héros particulièrement plat face à un Stephen Rea maléfique et sadique à souhait. A noter la participation d’Udo Kier dans un petit rôle durant l'introduction du film. En dehors de quelques frissons et d’une ambiance malsaine à souhait, ‘Fear Dot Com’ reste une maladroite série-B du dimanche soir peu inspirée et sans grand intérêt.

Le compositeur Nicholas Pike n’en est pas à sa première incursion dans les musiques de film d’horreur, ayant à son actif quelques partitions comme ‘Sleepwalkers’ ou ‘Stephen King’s The Shining’. Avec ‘Fear Dot Com’, Pike nous offre une partition horrifique résolument morbide, atmosphérique, atonale, chaotique et sinistre à souhait. Le compositeur utilise ici l’orchestre symphonique traditionnel (le ‘Philharmonia Orchestra’) couplé à une bonne dose de synthétiseurs et d’un choeur particulièrement intense dans le film. Pour les besoins du film de William Malone, Nicholas Pike a eu l’occasion de pouvoir expérimenter en flirtant du côté de la musique concrète tout en ayant recours aux recettes habituelles de ce style de musiques horrifiques. Dès l’ouverture du score (‘Opening’), Pike impose le ton sombre et macabre de sa partition avec une écriture de cordes lugubre et des sonorités électroniques menaçantes et inquiétantes, parfaites pour l’introduction du film. Avec ‘Alistair Logs On’, la musique bascule dans un style plus expérimental, Pike nous proposant ici un intéressant travail de textures électroniques plutôt étranges, évoquant l’univers d’Internet et la folie meurtrière du docteur psychopathe. ‘Alistair Logs On’ se trouve ainsi à mi-chemin entre le bruit et la musique, la frontière étant délimitée néanmoins par un souci d’expérimentation musicale et de recherches sonores originales pour un film hollywoodien aussi calibré. A l’écran, le mixage son/musique impose une ambiance plus diffuse, plus floue, la musique étant alors difficilement perceptible au milieu des autres sons de la scène où Alistair commet ses premiers méfaits.

‘Cold Bath’ nous introduit au thème principal du score, un thème chanté par un chœur d’enfants sur un fond de cordes et de synthétiseurs particulièrement glauques – scène où Mike et Terry découvrent le corps dans la baignoire. Cette utilisation plus surprenante du chœur d’enfant s’explique simplement par la présence dans le film du fantôme d’une jeune fillette symbolisant la malédiction qui pèse sur tout ceux qui se sont connecté sur le site ‘Terreurpointcom’. Les voix apportent ici un relief considérable à la musique et lui permettent d’éviter de sombrer dans un style atmosphérique plus lourd et ennuyeux. Un morceau comme ‘Jailhouse Death’ va même encore plus loin en se partageant entre choeur d’hommes sombres et choeur d’enfant, le tout sur fond de cordes et de synthé. Si certains passages atmosphériques et macabres comme ‘Stalking The Prey’ ou ‘Punks on Video’ paraissent plus conventionnels, ‘Distressed Furniture’ surprend par l’intrusion d’une petite toccata pour orgue dans un style baroque qui rompt brutalement avec le reste du score, le morceau étant lié ici à la folie d’Alistair (on entend cet air lorsqu’il est question dans le film des méfaits du psychopathe). On retombe évidemment très vite dans un style horrifique plus conventionnel dans ‘Turnbull’s Car Ride’ avec un excellent mais trop bref morceau d’action dégageant un vrai sentiment de terreur pour la scène de la mort de Turnbull en voiture (Nigel Terry), scène accompagnée par un vrai sentiment de panique et de terreur suggérée par les percussions, les cordes et les cuivres dissonants. Dans ‘Alistair Gets Cozy’, Pike poursuit plus en avant ses expérimentations sonores en nous offrant un morceau aux sonorités insolites limite dérangeants (on croirait entendre par moment le son d’une jeune fille paniquée) évoquant la folie d’Alistair, comme dans ‘Alistair Gets Cozier’ qui s’approche à son tour d’un style de musique concrète qui ravira certainement les passionnés de ce genre de musique plus expérimentale.

La terreur est de nouveau suggérée dans l’impressionnant mais trop bref crescendo de panique de ‘Denise in Stairwell’ (scène où Denise est envahie par ses hallucinations dans des escaliers), aboutissant au sombre ‘Denise Gets Bugged’ évoquant la mort du personnage au détour d’un motif de choeur d’enfants qui parcourt tout le film de manière mystérieuse et intrigante (les voix évoqueraient-elles l’esprit qui hante le site Internet maléfique?). A noter l’introduction dans ‘Mike’s Gone’ d’un petit ‘Love Theme’ associé à Mike et Terry, confié ici à un piano mélancolique et solitaire, qui apporte un peu de douceur à un score finalement particulièrement sombre et glauque à souhait. A noter l’utilisation de ‘nappes’ vocales dissonantes dans ‘Terry Scans Files’ (après s’être connecté sur le site web maudit, Terry cherche des réponses), un élément déjà entendu à plusieurs reprises dans d’anciennes partitions horrifiques hollywoodiennes et que le compositeur réutilise ici afin de renforcer le côté fantomatique de sa musique. A noter une excellente utilisation d’un violon soliste dans le sinistre ‘Terry in the Warped Ward’, qui renforce le suspense de la musique et de la scène. Si ‘To The Morgue’ surprend à son tour avec ses textures électroniques étranges, ‘To Alistair’s Flat’ revient à un style horreur/suspense plus prenant avec une impressionnante tenue de voix dissonantes lorsque Mike et Terry se sont infiltrés dans la maison d’Alistair et qu’ils se rapprochent du but. La montée de tension suggérée par un terrifiant crescendo de cordes dans ‘Alistair’s Lair’ rend la scène de l’infiltration dans le repère d’Alistair encore plus intense. Nicholas Pike joue ici sur une sinistre atmosphère de doute et d’angoisse. La terreur culmine dans le brutal ‘Confronting Alistair’ et ‘Alistair Logged Out’ qui conclut cette histoire dans un impressionnant morceau pour choeur et orchestre pour l’affrontement final contre Alistair, ‘Finale’ reprenant de manière plus paisible le ‘Love Theme’.

Si Nicholas Pike n’a pas encore réussi à se faire un nom dans le milieu de la musique de film hollywoodienne, il confirme néanmoins avec ‘Fear Dot Com’ que le compositeur possède un certain potentiel qu’il devrait exploiter à l’avenir et mettre plus en avant sur des films de bien meilleure qualité. Avec ‘Fear Dot Com’, le compositeur oscille entre musique horrifique traditionnelle et musique concrète avec une certaine habileté originale pour ce genre de film. Certes, on est loin ici de la qualité d’un Christopher Young ou d’un Don Davis. Pourtant, il y a un véritable potentiel dans cette musique qui nous donne réellement envie d’en entendre plus. Reste à savoir si le compositeur saura choisir des projets plus passionnants à l’avenir!


---Quentin Billard