1-The Polar Express 3.25*
2-When Christmas
Comes To Town 4.07**
3-Rockin' On Top
of the World 2.35***
4-Believe 4.18+
5-Hot Chocolate 2.33++
6-Spirit of the Season 2.33
7-Seeing is Believing 3.47
8-Santa Claus Is
Coming To Town 2.35+++
9-White Christmas 3.05#
10-Winter Wonderland 2.43##
11-It's Beginning To
Look Like Christmas 2.40###
12-Silver Bells 2.39°
13-Here Comes
Santa Claus 3.04°°
14-Suite from
The Polar Express 6.02

*Interprété par Tom Hanks
Ecrit et produit par
Alan Silvestri & Glen Ballard
**Interprété par Matthew Hall
et Meagan Moore
Ecrit et produit par
Alan Silvestri & Glen Ballard
***Interprété par Steven Tyler
Ecrit et produit par
Alan Silvestri & Glen Ballard
+Interprété par Josh Groban
Ecrit et produit par
Alan Silvestri & Glen Ballard
++Interprété par Tom Hanks
Ecrit et produit par
Alan Silvestri & Glen Ballard
+++Interprété par Frank Sinatra
Ecrit par J. Fred Coots
et Haven Gillespie
#Interprété par Bing Crosby
Ecrit par Irving Berlin
##Interprété par
The Andrew Sisters
Ecrit par Felix Bernard
et Dick Smith
###Interprété par
Perry Como
Ecrit par Meredith Willson
°Interprété par Kate Smith
Ecrit par Ray Evans
et Jay Livingston
°°Interprété par Bing Crosby
et The Andrew Sisters
Ecrit par Gene Autry
et Oakley Haldeman

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Warner Sunset/Reprise
48897-2

Album produit par:
Alan Silvestri,
Glen Ballard

Coordinateur scoring:
David Bifano
Directeur de production:
Stephanie Kubiak

Artwork and pictures (c) 2004 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ****
THE POLAR EXPRESS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Décidément, Robert Zemeckis est plus que jamais le réalisateur de tous les défis! Après avoir révolutionné le film d'animation en 1988 avec 'Who Framed Roger Rabbit', après avoir illustré une rencontre insolite entre Tom Hanks et J.F. Kennedy en personne dans 'Forrest Gump' et après avoir signé un drame poignant se déroulant entièrement sur une île déserte avec un seul personnage pendant près de 2 heures, Zemeckis réinvente à sa façon le film d'animation de Noël avec 'The Polar Express' (Le pôle express), adapté du livre illustré de Chris Van Allsburg. Tom Hanks est de nouveau de la partie (c'est sa troisième collaboration à un film de Robert Zemeckis après 'Forrest Gump' et 'Cast Away'), puisqu'en plus d'interpréter six personnages dans le film, l'acteur est aussi producteur exécutif - le personnage du conducteur est d'ailleurs calqué sur son visage. L'histoire est on ne peut plus simple, puisque le film raconte comment un jeune garçon, qui doute de l'existence du père Noël, est amené à voyager la nuit de Noël à bord du Polar Express, le train qui le conduira jusqu'au pôle nord où se trouve l'immense Q.G. du père Noël. A bord du train, le jeune garçon (dont on ne connaît pas le nom durant tout le film mais qui est surnommé 'Hero Boy' dans la V.O. du film) va se lier d'amitié avec une petite fille et va vivre une série d'aventures palpitantes durant tout le trajet mouvementé vers le pôle nord, avec à chaque instant une même interrogation: est-ce un rêve ou la réalité? Le père noël existe-t-il réellement ou est-ce une invention des adultes? La vérité l'attendra enfin au bout du voyage, l'occasion pour lui de croire en la magie de noël.

Pour les besoins de 'The Polar Express', Robert Zemeckis s'est lancé un nouveau défi, renouveler le film d'animation en utilisant une nouvelle technologie révolutionnaire, celle du 'motion picture', un procédé qui consiste à recréer des personnages virtuels à l'aide de l'interprétation de vrais acteurs captés au moyen de caméras numériques pilotées par des ordinateurs (ici, Tom Hanks interprète cinq rôles différents dans le film). Evidemment, la technique était déjà connue auparavant mais avec 'The Polar Express', elle a franchi un cap décisif qui pourrait faire du 'motion picture' la technique n°1 des films d'animation de demain. Du coup, le réalisme des décors et des personnages s'en trouvent décuplés, accentués par une fluidité de l'animation et une spontanéité rafraîchissante dans le jeu des acteurs/personnages. Zemeckis ajoute à son film un rythme très soutenu, des scènes d'action spectaculaires (scène de la descente à ski sur le toit du train, scène des montagnes russes, scène du train qui traverse la glace, etc.) et une bonne dose de poésie - le film n'évite pas la mièvrerie habituelle des contes de noël mais s'en tire avec justesse sans jamais forcer les bons sentiments. Une seconde lecture du film nous permettrait alors de dépasser le simple cadre du merveilleux conte de Noël plein de bons sentiments pour voir dans 'The Polar Express' une série d'interrogations et un second degré quasi constant. Evidemment, le film nous amène à réfléchir sur le cynisme du monde adulte et sur la perte du vrai sens de la fête de Noël dans la société d'aujourd'hui. Au delà de la simple interrogation sur la foi (d'où les références quasi chrétiennes du film) à travers l'équation 'adulte = ne plus croire au père noël', 'The Polar Express' évoque aussi très astucieusement la société de consommation qui étouffe et annihile complètement les vrais valeurs de Noël: ici, le Q.G. du père noël est montré comme une immense usine où travaillent à la chaîne des elfes/ouvriers comme un véritable commerce où tout est réglé à l'extrême pour une meilleure rentabilité. Le père noël est même transformé en une sorte de rock star lorsqu'il se présente pour la première fois devant une foule en délire comme s'il s'agissait d'une star face à son public dans un concert surchauffé. Bref, autant de métaphores qui nous renvoient ironiquement à un côté matérialiste qui n'est évidemment pas innocent ici, la preuve que chacun pourra se retrouver dans 'The Polar Express', les petits comme les grands. Voilà donc un film d'animation familial particulièrement magnifique sur le vrai sens de la fête de Noël, porté par une poésie qui nous permet de retrouver notre âme d'enfant, émerveillés comme au plus jeune âge, avec une qualité visuelle époustouflante, des personnages attachants, de l'aventure et un second degré très astucieux. C'est sur, 'The Polar Express' est fait avant tout pour ceux qui ont encore une âme d'enfant au fond de leur coeur.

Evidemment, qui dit Robert Zemeckis dit inévitablement musique d'Alan Silvestri, et pas n'importe quelle musique. Effectivement, avec 'The Polar Express', Alan Silvestri nous donne enfin l'occasion d'entendre le compositeur dans ses meilleurs jours, visiblement très inspiré par son sujet, probablement fortifié par de nombreuses années d'expérience au service du réalisateur (c'est sa 11ème collaboration à un film de Robert Zemeckis). Avec ‘The Polar Express’, Alan Silvestri nous prouve qu’il n’a rien perdu de son âme d’enfant et nous offre une partition symphonique qui respire la magie et la beauté de l’esprit de Noël. En ce sens, le score de ‘The Polar Express’ se rapproche sensiblement du ‘Edward Scissorhands’ de Danny Elfman (qui a manifestement influencé le compositeur) ou du ‘Home Alone’ de John Williams, sans oublier le ‘Miracle on 34th Street’ de Bruce Broughton. Le score contient une série de thèmes mémorables avec un thème principal de toute beauté, thème simple lié à la magie de Noël, exposé dès le début du film par les cordes, les vents, le célesta et les choeurs (symbolisant la magie des fêtes de Noël). Ce très beau thème principal sera véritablement l’axe majeur de la partition, intervenant dans les moments forts du film. Le second thème suit très vite, légèrement plus sombre et intrigant d’esprit, s’apparentant à une petite mélodie pour célesta et qui évoque les doutes du jeune héros au sujet de l’existence du père Noël (cf. ‘Seeing is Believing’). On notera la façon dont Silvestri introduit l’orchestre et les choeurs qui donnent une plus grande ampleur à ce que l’on pourra surnommer ‘le thème du doute’. Passé l’exposition de ces deux premiers thèmes, Silvestri va progressivement nous amener à la séquence du train où la musique oscillera entre émerveillement et musique mickey-mousing sautillante traditionnelle, à la ‘Who Framed Roger Rabbit’. On notera l’apparition d’un troisième thème plus léger et sautillant, typique des thèmes de comédie du compositeur – et qui évoque l’excitation du départ à l’aventure avec un climat de bonne humeur et de convivialité. A noter que ce troisième thème sera à la base de ‘Spirit of The Season’, une des chansons écrites par Alan Silvestri pour le film, chanté par un joyeux choeur d’enfants et entendue durant la séquence où le train arrive au pôle nord.

Silvestri a ainsi pu s’impliquer dans la partie chanson du score puisqu’il a écrit ‘Believe’ (basé sur le thème principal de sa partition), le très joli ‘When Christmas Comes To Town’ (dont Silvestri réutilisera le thème associé dans le film à la jeune héroïne amie du garçon), l’entraînant ‘Rockin’ On Top of The World’, sans oublier ‘Hot Chocolate’ (séquence un peu gratuite et inutile du chocolat chaud dans le train) et ‘Spirit of The Season’, véritable hymne jovial aux fêtes de Noël. La bonne surprise vient des quelques morceaux d’action que le compositeur a écrit durant la scène du voyage mouvementé du train. C’est l’occasion pour nous de retrouver le Silvestri des musiques d’action avec percussions, cordes agitées, vents et cuivres massifs mis en avant. La scène où le jeune héros descend le long du toit du train en ski est accompagné de façon spectaculaire par l’un des plus puissants morceaux d’action du score, excitant à souhait comme il se doit (on sent à quel point le compositeur s’est fait plaisir du début jusqu’à la fin du film). Rythmes martelés chers au compositeur, cuivres massifs à la ‘Judge Dredd’, choeurs à la ‘The Mummy Returns’, rien n’y manque! Ces morceaux d’action imposent un vrai climat d’action et d’aventure dans le film, intensifiant l’action à l’écran et la sensation de danger. Idem pour la séquence où le train traverse la glace en train de se briser, accompagné par un autre déchaînement orchestral du plus bel effet, qui ravira tous les amateurs du Silvestri des musiques d’action. Mais c’est bien évidemment les thèmes qui dominent ici, le thème principal intervenant dans les moments plus émouvants du film, où la magie de Noël se manifeste de diverses façons. La magie culmine finalement durant la scène de l’arrivée du père Noël et de l’immense sac des cadeaux, accompagné par une musique plus festive où Silvestri met en avant un grand cliché des musiques de Noël, la clochette (ou tambourin) associé au traîneau du père Noël, et toujours abondamment utilisé dans les musiques de Noël (‘Home Alone’ de Williams en est rempli). La séquence avec le père Noël et la foule en délire est illustrée dans une véritable ambiance orchestrale festive où le compositeur s’amuse même à citer les airs de Noël traditionnels comme ‘Jingle Bells’ et ‘Deck The Halls’ dans des variations orchestrales particulièrement grandioses, festives et majestueuses. Le final du score se conclut avec une ultime reprise du magnifique thème principal pour choeur et orchestre, qui évoque l’idée de croire à la magie de Noël.

Depuis ‘Edward Scissorhands’ de Danny Elfman et ‘Home Alone’ de John Williams, on n’avait pas encore entendu un compositeur exprimer aussi majestueusement la magie des fêtes de Noël. Avec le nouveau film de Robert Zemeckis, Alan Silvestri a enfin eu l’occasion de rejoindre à son tour le panthéon des grandes musiques de Noël du cinéma américain, un genre souvent très codifié, bourré de clichés mais aussi plein de magie, d'exhubérance, de tendresse et de poésie. Loin de se contenter d’une petite partition sautillante et festive, Silvestri nous offre même quelques solides morceaux d’action excitants à souhait et apporte un relief considérable avec ses thèmes mémorables et ses sympathiques chansons originales écrites pour les besoins du film, apportant son lot d’émotion, de fraîcheur, de poésie et de magie au film de Robert Zemeckis. Le seul problème vient finalement de la sélection de musique sur l’album du film, qui ne rend absolument pas hommage au travail d’Alan Silvestri sur ‘The Polar Express’ (à quand une édition plus complète de ce très bon score?). Si vous n’avez pas encore perdu votre âme d’enfant, plongez dans ‘The Polar Express’, la nouvelle grande partition d’Alan Silvestri, plus inspiré que jamais! Vous ne le regretterez certainement pas.


---Quentin Billard