Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:


Réalisateur:
Brian Gibson
Genre:
Thriller
Avec:
Demi Moore,
Alec Baldwin,
Anne Heche.

(c) 1996 Columbia Pictures Corporation.

Note: ***
THE JUROR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
‘The Juror’ (La jurée) est un énième thriller hollywoodien se déroulant dans le monde des procès que le cinéma américain affectionne tant. Le réalisateur de seconde zone Brian Gibson (‘Poltergeist II’) nous propose une adaptation très hollywoodienne du roman de George Dawes Green, avec son lot de suspense, de tension psychologique, de manipulation, de terreur, etc. Annie Laird (Demi Moore) vient d’être récemment nommée jurée dans le procès important du célèbre mafieux Louie Boffano (Tony Lo Bianco). Toutes les preuves semblent irrémédiablement converger vers la culpabilité du caïd. Un jour, un mystérieux individu nommé Vincent (Alec Baldwin) débarque chez Annie et commence à la terroriser. Si jamais Boffano est condamné, Oliver (Joseph Gordon-Levitt), le jeune fils d’Annie qu’elle élève seule, en paiera de sa vie. Terrorisée à l’idée qu’il puisse arriver quoique ce soit à son fils, Annie décide de jouer le jeu et de faire en sorte que Louie Boffano soit acquitté. Pour cela, elle devra alors convaincre avec fermeté les autres jurés de l’innocence du mafieux. Quand elle comprend que Vincent n’est autre que celui que l’on appelle ‘le professeur’, travaillant pour le compte du caïd, elle ressent encore plus la menace qui pèse sur elle tel l’épée de Damoclès. ‘The Juror’ base ainsi toute son intrigue autour du thème de la peur, à travers le rapport de force entre les personnages de Demi Moore et d’Alec Baldwin. On dit toujours que la peur conditionne les hommes. C’est un peu le postulat du scénario de ‘The Juror’, que Brian Gibson développe avec plus ou moins de succès, car si l’on ressent à merveille cette pression, cette tension psychologique tout au long du film, l’intrigue traîne en longueur et s’éternise à plusieurs reprises. 120 minutes pour un final très prévisible et peu inspiré, c’est beaucoup en fin de compte. Voilà donc un énième thriller hollywoodien divertissant mais que l’on oubliera très vite.

James Newton Howard est en pleine période des thrillers lorsqu’il signe la musique de ‘The Juror’. Ses partitions pour ‘Primal Fear’, ‘Eye for an Eye’ et ‘The Trigger Effect’ démontrent tous le talent du compositeur pour instaurer des atmosphères lugubres et tendues qui rappellent les travaux de l’incontournable Christopher Young dans le même domaine. Hélas, la musique de ‘The Juror’ est très vite tombée dans l’oubli, faute d’un manque d’originalité flagrant et de l’absence d’un véritable thème fort (de plus, le score n’a jamais réussi à trouver la voie de l’édition discographique). James Newton Howard installe à son tour une véritable ambiance de peur et de tension psychologique dans sa musique, et ce tout au long du film. Pour cela, le compositeur utilise l’orchestre habituel avec un rôle majeur accordé au piano, aux cordes et aux vents, le tout agrémenté des quelques touches électroniques habituelles. Le suspense débute dès l’introduction du film pour la scène du meurtre, avec ses cordes sombres et ses clusters dissonants à la ‘Just Cause’ (sans aucun doute la partition thriller qui se rapproche le plus de celle de ‘The Juror’). Le compositeur met aussi en place son motif principal, un motif de quelques notes descendantes de piano qui créent dans le film un certain mystère et une ambiance d’intrigue assez banale (on aurait sans aucun doute préféré un thème plus fort et mémorable associé au personnage d’Alec Baldwin par exemple). Très vite, l’engrenage infernal se met en place, JNH le suggérant à travers de longues plages atmosphériques avec cordes, piano et synthé. Les tenues dissonantes de cordes se complètent avec des nappes de synthé lugubres installant un véritable malaise constant durant toute la vision du film. JNH nous fait ressentir la peur qui contrôle Annie et qu’utilise ‘le professeur’ comme véritable arme psychologique.

Ceux qui s’attendaient alors à retrouver le James Newton Howard de l’action vont donc être déçu par ‘The Juror’, étant donné que la partition s’articule majoritairement autour du suspense et de la tension. Mais, si le suspense monte crescendo tout au long du film, avec son attirail de piano mystérieux, de cordes sombres et de synthétiseurs atmosphériques, la poursuite final au Guatemala nous permet d’entendre quelques brefs mais excellents morceaux d’action avec son lot de percussions électroniques, de cordes et de cuivres frénétiques, qui évoque la course contre la montre pour sauver la vie d’Oliver menacé par ‘le professeur’. On notera d’ailleurs l’utilisation de quelques percussions et flûtes exotiques évoquant brièvement les décors du Guatemala. ‘The Juror’ est donc un score fonctionnel, qui évoque le sentiment de peur et de tension psychologique avec une très grande efficacité, mais qui pêche aussi par son manque cruel d’originalité et d’ambition. A l’image du film de Brian Gibson, le score semble répétitif et monotone. On aurait peut-être souhaité quelque chose d’un peu plus mouvementé, d’un peu plus recherché!


---Quentin Billard