1-Leaving The City
(Main Title) 2.07
2-Exploring 2.26
3-What Did You Do? 4.15
4-Can You See Now? 2.31
5-Toy Shrine 1.48
6-The Playground 1.47
7-Getting Away! 2.46
8-Doll Head 2.46
9-Playing with Charlie 3.36
10-Beyond Therapy 1.46
11-Snooping 2.08
12-Kitty Bath 2.03
13-Marco Polo 2.06
14-The Cave 2.13
15-Hide & Seek
(Emily's Theme) 4.40*
16-Hide & Seek 4.01**

*Ecrit par John Ottman
Paroles de Robert Kraft
**Ecrit par John Ottman
Produit et arrangé par
Lior Rosner.

Musique  composée par:

John Ottman

Editeur:

Kirtland Records KR-25

Album produit par:
John Ottman
Montage de la musique:
Amanda Goodpaster

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2005 Twentieth Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: ***1/2
HIDE AND SEEK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman
‘Hide and Seek’ (Trouble jeu) est un énième thriller hollywoodien, dans lequel se retrouvent brassés la plupart des stéréotypes du genre, mais avec un scénario intéressant que l’acteur/réalisateur John Polson exploite jusqu’au bout. Après le suicide de sa femme, le docteur David Callaway (Robert De Niro) quitte New York et part s’installer dans une maison de campagne avec Emily (Dakota Fanning), sa petite fille de 10 ans, traumatisée par la mort de sa mère. David, psychologique, espère ainsi se rapprocher de sa fille et renouer le contact avec elle, avec l’aide de Katherine Carson (Famke Janssen), une de ses anciennes étudiantes. Hélas, les choses ne font qu’empirer alors qu’Emily commence à s’inventer un ami imaginaire nommé ‘Charlie’. Emily commence alors à jouer à un jeu macabre avec son nouvel ‘ami’ Charlie, un jeu qui commence à inquiéter particulièrement David, qui ne sait plus quoi faire pour sortir sa petite fille de ce fantasme dans lequel elle s’est murée inconsciemment. Mais lorsque le jeu pervers de Charlie finit par aller trop loin, c’est le début du cauchemar pour Emily et David, qui commence à s’interroger sérieusement au sujet du prétendu ami imaginaire de sa petite fille! ‘Hide and Seek’ part donc de cette intrigue inquiétante et nous propose un superbe crescendo de tension baignant dans une atmosphère psychologique particulièrement obscure et oppressante. On ressent parfaitement ici l’angoisse du jeu malsain entre Emily et Charlie, aboutissant à une révélation finale absolument surprenante. A ce sujet, il faut préciser que, et c’est une première dans l’histoire du cinéma, le film de John Polson a été diffusé dans certains pays (y compris en France) avec plusieurs fins différentes, une sorte de manière pour les producteurs de la 20th Century Fox de susciter l’intérêt du public pour le film et de lui faire de la publicité, une promo audacieuse et inédite pour un film de ce genre - officiellement, il n’existe que deux fins montrées au cinéma en France, bien qu’une troisième fin n’ait jamais été dévoilée en public! Voilà en tout cas un sympathique thriller psychologique à l’ambiance malsaine et cauchemardesque sans prétention, qui demeure un bon divertissement mais sans ‘plus’.

Après le départ de Christopher Young, contacté à l’origine pour écrire la musique du thriller de John Poslon, c’est finalement John Ottman qui a été choisi pour écrire la musique de ‘Hide and Seek’, pour lequel le compositeur nous livre un nouvel opus ténébreux et angoissant, dans la lignée de ses précédentes partitions thriller telles que ‘Trapped’ ou ‘Gothika’. Comme souvent, Ottman n’a eu que très peu de temps pour écrire la partition du film après le départ de Christopher Young. Le principal défi du compositeur fut de trouver un thème principal qui résume les différentes facettes du film. Accomplissant sa tâche avec un grand professionnalisme, le compositeur nous livre le ‘Emily’s Theme’, mélodie associée à la jeune fillette interprétée dans le film par Dakota Fanning, interprétée par la jeune Debbie Lurie sur des ‘la-la-la’ en apparence enfantins, mais qui cachent une facette plus sombre et ambiguë. C’est ici l’une des grandes réussites de la partition de ‘Hide and Seek’, celle d’avoir réussi à trouver un thème simple qui résume tout le mystère, la tension psychologique, l’ambiguïté, l’innocence et l’oppression lié au récit. Se combinent ainsi la mélodie simple, la voix de la jeune soliste (l’innocence), un accompagnement orchestral plus sombre (l’ambiguïté de la personnalité tourmentée de la jeune enfant). Il faut dire que le thème semble avoir particulièrement marqué Robert Kraft, l’un des producteurs du film, puisque ce dernier a proposé à John Ottman d’écrire des paroles interprétées pour la reprise du ‘Emily’s Theme’ durant le générique de fin du film.

Ce thème de berceuse enfantine mystérieuse et ambiguë parcourt l’ensemble du générique de début (‘Leaving The City – Main Title’) en annonçant habilement toute la dimension psychologique du thriller de John Polson. A noter que les orchestrations privilégient ici la harpe, les vents, le piano et les cordes, afin de créer un son orchestral plus étoffée pour les besoins du film. A noter le rôle du basson en réponse avec la phrase mélodique de la jeune soliste, une sorte de façon plus astucieuse d’évoquer musicalement l’idée de la schizophrénie. ‘Exploring’ prolonge le développement de ce thème repris de façon plus mélancolique et lente au piano avec cordes et harpe alors que la petite Emily s’installe dans sa nouvelle demeure et commence à explorer les environs, murée dans son mutisme post-traumatique. Pour Ottman, cette nouvelle reprise plus mélancolique du thème au piano n’est autre que le thème de Charlie, l’ami imaginaire d’Emily, une sorte de façon pour le compositeur de nous faire comprendre que Charlie et Emily ne font – probablement – qu’un, en utilisant deux versions du thème principal, l’une chantée (la petite fille et son innocence), l’autre jouée au piano (la fragilité psychique, l’introversion). Puis, très vite, la musique va progressivement faire monter la tension, à l’instar du film lui-même. Si ‘Toy Shrine’ et ‘Playground’ évoquent encore le traumatisme de la jeune fillette avec son piano fragile et mélancolique, un morceau comme ‘Playing With Charlie’ suggère une atmosphère plus sombre et pesante avec des cordes denses et tourmentées (à noter ici l’utilisation de glissendi de cordes dissonantes), une ambiance de malaise qui nous renvoie clairement ici au jeu morbide de Charlie. Idem pour ‘Beyond Therapy’, qui installe un suspense plus intense dans le film, créant un climat d’oppression assez saisissant dans le film, suggérant la présence malsaine de Charlie tout au long du récit. On notera ici la façon dont Ottman mélange cordes sombres dissonantes et effets électroniques glauques au sein des traditionnelles ambiances atonales, une atmosphère de malaise psychologique intense que l’on retrouve aussi dans ‘Snooping’ lorsque David se rend dans la chambre d’Emily et cherche à déchiffrer l’énigme de l’inquiétant Charlie. On pourra relever ici la manière dont Ottman utilise ici les vents avec quelques textures électroniques macabres, un morceau qui rappelle une fois encore maint passages de ‘Apt Pupil’ et ‘Gothika’ (sans aucun doute le score de John Ottman qui se rapproche le plus de celui de ‘Hide and Seek’).

‘Doll Head’, ‘Kitty Bath’ ‘Marco Polo’ et le sinistre ‘The Cave’ sont autant de morceaux de suspense macabres installant une atmosphère d’oppression qui ne pourra pas laisser le spectateur indifférent dans le film, Ottman utilisant tous les effets orchestraux avant-gardistes habituels pour susciter l’angoisse et la tension. La tension, qui ne se cesse de monter crescendo tout au long du film, aboutira à de véritables sursauts orchestraux terrifiants, que ce soit le frénétique ‘Getting Away!’ (scène où David échappe à son voisin) avec ses cordes stridentes dissonantes, le chaotique ‘Can You See Now?’ (scène du dernier message macabre écrit en sang sur le mur de la baignoire) ou le sinistre ‘What Did You Do?’ où la tension atteint son paroxysme lors de la découverte du dernier meurtre de Charlie. Ottman déchaîne son orchestre avec efficacité dans ces moments de terreur pure, renouant avec le style macabre et chaotique de ‘Gothika’ et son langage plus atonal et ‘contemporain’ (clusters, glissendi, effets de dissonances massives, jeux divers sur les cordes des violons, effets électroniques, etc.), qui sied à merveille au film de John Polson. Une fois encore, ‘Hide and Seek’ nous prouve que la musique possède un rôle clé dans la mise en scène d’un thriller, une base fondamentale de ce genre cinématographique qui permet ainsi de faire plus efficacement véhiculer la tension et le suspense et susciter la crainte et l’inquiétude chez le spectateur.

‘Hide and Seek’ n’a donc rien d’un score particulièrement original, recyclant toutes les formules habituelles du genre. Ottman s’est ici inspiré du style thriller de Christopher Young, probablement influencé par les desiderata des producteurs qui souhaitaient avoir Young sur ce film à l’origine. Néanmoins, malgré le manque d’originalité et de surprise de la nouvelle partition thriller de John Ottman, on ne peut s’empêcher d’apprécier l’impact de la musique dans le film, accentuant à merveille la tension, le malaise et le climat malsain et oppressant du film de John Polson. Avec son excellent thème principal – qui aurait gagné à être plus utilisé et mieux développé tout au long du film – John Ottman a sut capter tout le côté pervers et dérangeant du jeu de Charlie et Emily, un jeu qui finit par sombrer dans l’horreur comme nous le suggère si brillamment la musique d’Ottman. En définitive, si vous avez adoré les partitions du compositeur pour ‘Apt Pupil’, ‘Trapped’ ou ‘Gothika’, vous devriez maintenant vous attardez sur ‘Hide and Seek’, qui ne devrait pas vous laisser indifférent. Pour les autres, ce score ne sera qu’une énième partition thriller hollywoodienne sans grande prétention, d’une efficacité redoutable dans le film malgré son côté finalement assez quelconque.


---Quentin Billard