1-The Final Cut Main Title 3.54
2-Fletcher The Cutter 1.46
3-Download Preparation 1.40
4-Dreams 2.50
5-Protestors 1.39
6-Don't Touch 0.57
7-Zoe Revelation 2.49
8-Desperate Pursuit 1.56
9-Absolution 1.15
10-Enchanted Days 3.42*
11-Eye Tech 3.04
12-Bittersweet 1.21
13-Tatto Parlor 1.12
14-Alan's Memory 4.38
15-Hollow 3.29**
16-Enter Apartment 1.56
17-Alan The Cutter 3.42
18-Sin Eater 1.37
19-Inversion 1.21
20-Seeing a Ghost 1.48
21-Violation 1.44
22-Riga de Pichetto 1.13
23-Outside Theater 0.41
24-The Amazing Alan 1.04
25-Journey Back 4.26
26-I, Bannister 0.39
27-Rememory 2.37
28-The Final Cut End Title 3.01

*Paroles et musique de
Brian Tyler
Interprété par Kathryn Bostic
Arrangé par Tim Davies
**Ecrit par Brian Tyler
et Michael Nielsen
Paroles de Brian Tyler
Interprété par Ja Wah.

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 615 2

Album produit par:
Brian Tyler
Producteur exécutif:
Robert Townson
Superviseur de la musique:
Joel C. High
Coordinateur de la musique:
Tiffany Ryan
Supervision montage:
Gary L. Krause
Montage de la musique:
Zig Gron
Préparation de la musique:
Eric Stonerook

Artwork and pictures (c) 2004 Lions Gate Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
THE FINAL CUT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
Le concept de ‘The Final Cut’ est particulièrement intéressant en soi. Dans un monde futuriste, les scientifiques ont mis au point une puce électronique baptisée ‘Zoe’, que les hommes achètent et implantent dans leur cerveau afin d’enregistrer toute leur vie entière. Au moment de leur décès, les puces Zoe sont retirées et confiées à des experts qui s’occupent de monter des ‘films-mémoires’ à partir des milliards d’images récupérées dans les puces et contenant l’enregistrement d’une vie humaine dans sa totalité. Alan Hakman (Robin Williams) est l’un de ces monteurs, le plus réputé dans son domaine, qui est payé pour préparer des films commémoratifs soigneusement élaborés à partir des meilleures séquences de la vie des personnes décédées et diffusées lors de leurs obsèques. Mais une organisation d’anarchiste manifeste violemment dans les rues pour dénoncer l’immoralité et le manque d’éthique de cette technologie et qui accuse la société Zoe Tech de faire des bénéfices sur les souvenirs privés et intimes des gens. Un jour, Hakman est contacté par la très riche Isabel Bannister (Geneviève Buechner) pour élaborer le film commémoratif de son mari récemment décédé, Charles Bannister (Michael St. John Smith). Bannister, loin d’être un saint, était un individu pervers, malhonnête et corrompu. Mais Hakman a l’habitude de jeter les mauvais moments de ces vies qu’il voit défiler devant ses yeux à longueur de journée pour ne conserver que les moments heureux et offrir une vision édulcorée (et donc faussée) de la vie des personnes décédées lors de leurs obsèques. Un jour, Fletcher (James Caviezel), un ancien monteur disparu depuis plusieurs années, ressurgit et demande à Hakman de lui confier le film de Bannister pour mettre fin à cette aberration et montrer la vie de ce personnage pervers telle qu’elle était. Alan, consciencieux, refuse catégoriquement, provoquant l’hostilité de Fletcher qui jure de tout faire pour mettre la main sur le film. Un jour, en montant le film de Bannister, Hakman découvre une image qui lui rappelle un souvenir d’enfance qui le hante et l’obsède depuis toujours. Il n’a désormais plus qu’une seule idée en tête: retrouver l’homme qu’il a aperçu sur une image du film, et qui lui rappelle un jeune garçon qu’il a connu dans son enfance et qui s’était tué accidentellement devant ses yeux.

‘The Final Cut’ est un premier essai réussi pour le réalisateur d’origine libanaise Omar Naim, un jeune cinéaste indépendant qui, pour son premier long-métrage U.S., salué par le prix du meilleur scénario au 30ème Festival du Cinéma Américain de Deauville en 2004, explore de façon originale le thème de la mémoire humaine, par le biais de la technologie d’implant imaginée par le réalisateur/scénariste du film. Le film s’interroge sur ce besoin quasi impulsif de l’homme de conserver ses souvenirs, de garder une trace dans la mémoire collective. Mais en franchissant les barrières de l’intimité et des souvenirs privés, qui appartiennent à chacun, ‘The Final Cut’ expose aussi une interrogation moraliste plus inquiétante. Peut-on accepter l’idée que des gens vont pouvoir revoir tous nos moments privés, intimes et secrets, comme un vulgaire spectacle de voyeurisme? A cette question d’éthique, Omar Naim semble plutôt pencher vers le ‘non’, évoquant les tourments d’un monteur brillamment interprété par Robin Williams qui, à force de voir défiler des milliers de vie à longueur de journée, finit par oublier de vivre sa propre vie, dévorée par son propre travail. A cela s’ajoute le personnage de James Caviezel qui semble être ici l’incarnation de la réponse négative à la question du droit des gens de revoir notre vie privée (un sujet quasi d’actualité à l’époque où les chaînes de télévision française commerciales ne jurent plus que par les émissions de télé-réalité) et l’intrigue du souvenir d’enfance qui hante Alan Hakman tout au long du film (la révélation finale étant d’ailleurs sans réelle surprise, surtout pour ceux qui seront très attentifs à certains détails du prologue du film). On ne pourra qu’apprécier ici la performance de Robin Williams qui, depuis quelques années, semble désireux de rompre avec son image d’acteur comique en multipliant les rôles sombres et tourmentés (‘Insomnia’, ‘One Hour Photo’, etc.). Ici, l’acteur atteint des sommets en incarnant un personnage tourmenté et souffrant. On regrettera malgré tout que le film s’épuise dans sa dernière partie et que le scénario délaisse l’interrogation de base pour se lancer dans une énième trame de thriller plus conventionnelle.

La musique de Brian Tyler contribue très nettement à amplifier l’ambiance sombre et mystérieuse du film d’Omar Naim. Optant pour une approche plus orchestrale, Tyler installe tout au long du film une atmosphère mystérieuse héritée de partitions telles que ‘Godsend’ ou ‘Frailty’, basée ici autour d’un thème principal brillamment exposé dès le générique de début (‘The Final Cut Main Title’) qui met en valeur la musique de Brian Tyler. Le thème de ‘Final Cut’ s’apparente à un motif de 6 notes soutenu ici par un second motif d’accompagnement plus mystérieux d’arpèges de flûtes/cordes, qui ajoute ici un côté envoûtant au thème (certains ont très vite fait le rapprochement ici avec le style minimaliste/répétitif de Philip Glass). Cr thème prend ici une proportion de plus en plus sombre, partagé entre trombones, cordes et vents, annonçant clairement le côté ‘thriller’ du film. A l’opposé, ‘Fletcher The Cutter’ s’avère être bien plus lyrique et tendre, avec son très beau thème de piano sur fond de cordes, et qui accompagne dans le film les séquences de film-mémoire diffusé lors des obsèques. A l’instar du film, la musique de Tyler tente d’évoquer les tourments d’Alan Hakman et sa perte d’humanité, rongé par son travail obsédant et somme toute très malsain (visionner la vie entière des morts). On retrouve les formules d’arpège répétitifs du ‘Main Title’ à la Philip Glass dans ‘Download Prepartation’, pour une scène où Hakman prépare son nouveau film commémoratif (on appréciera ici le côté sombre et agité de l’écriture orchestrale du compositeur).

On appréciera le côté atmosphérique de morceaux tels que ‘Dreams’ avec son piano vaporeux et ‘Don’t Touch’ avec ses habiles variations autour du mystérieux thème principal passant ici d’une flûte à un piano avec une certaine aisance, évoquant quelque part l’obsession d’Alan pour son souvenir d’enfance qui le hante depuis sa jeunesse. Une fois encore, on appréciera ici le côté sombre et mystérieux de l’écriture orchestrale de Tyler, qui apporte une ambiance intrigante très pertinente sur les images du film d’Omar Naim. Quand aux formules d’arpèges répétitives, elles reviennent de nouveau dans ‘Zoe Revelation’, alors qu’Hakman découvre qu’il possède lui-même un implant Zoe sans le savoir. Du coup, Tyler nous fait clairement comprendre l’énigme musicale de ces formules d’arpèges, qui sont en fait associées ici aux implants mémoire et aux films souvenirs, comme c’est le cas dans ‘Eye Tech’, où Tyler développe les arpèges entre flûtes sombres, cordes, xylophone et piano (on pourra apprécier au passage le caractère étoffé et soigné des orchestrations). ‘Bittersweet’ nous propose quand à lui une reprise plus mélancolique du thème principal au piano, évoquant la solitude et la souffrance intérieure d’Alan Hakman.

Au fur et à mesure que l’histoire avance, la musique devient de plus en plus sombre, comme en témoigne le très tend ‘Sin Eater’ où Alan explique froidement à Fletcher qu’il est comme un mangeur de pêché lorsqu’il voit la vie des gens sur les films, supprimant les mauvais moments pour ne garder que les plus beaux moments des vies dont il monte les films. ‘The Amazing Alan’ fait même intervenir les synthétiseurs qui accentuent ici le côté sombre et mystérieux du morceau renvoyant aux tourments du protagoniste principal, tandis que ‘Journey Back’ dévoile le second thème, plus nostalgique et mélancolique, associé aux souvenirs d’Alan Hakman de son enfance, et confié ici à un piano et quelques cordes, repris de manière plus poignante dans ‘Rememory’, auquel Tyler ajoute un violoncelle soliste et quelques vents. La partie thriller du film nous permet même d’entendre un bref passage d’action dans ‘Desperate Pursuit’ pour la poursuite finale dans le cimetière à la fin du film, Tyler en profitant pour nous dévoiler ici son goût pour les musiques d’action/thriller, l’histoire se concluant sans surprise sur le ‘Final Cut End Title’ reprenant une dernière fois le thème principal dans sa version orchestrale plus ample et massive. A noter pour finir que le compositeur a écrit deux chansons originales pour les besoins du film, le jazzy ‘Enchanted Days’ et le heavy-metal ‘Hollow’.

S’il paraît plus qu’évident que la nouvelle composition du jeune Brian Tyler pour ‘The Final Cut’ ne marquera pas les esprits, elle n’en demeure pas moins une partition de qualité qui nous prouve à quel point Tyler possède un potentiel qu’il devrait mettre plus souvent au service de films plus intéressants comme celui d’Omar Naim. Délaissant ici ses sempiternels samples électro brouillons, Brian Tyler nous livre une composition orchestrale plutôt sombre et mystérieuse, révélant ici un certain goût pour les ambiances moroses et répétitives héritées en partie de ses précédentes partition thriller avec un soupçon d’influence de Philip Glass ici. On regrettera malgré tout ce côté répétitif qui, sur les 63 minutes de l’album publié par Varèse Sarabande, devient très vite lassant à la longue. Comme toujours, on regrette aussi le manque d’originalité et de personnalité d’un compositeur qui, bien que visiblement inspiré par son sujet, manque de marquer notre esprit avec une composition mystérieuse et atmosphérique assez passe-partout qui, bien que très pertinente dans le cadre du film d’Omar Naim, demeure malgré tout très quelconque et bien loin d’être indispensable. Reste que la partition de ‘The Final Cut’ devrait séduire malgré tout les inconditionnels de Brian Tyler!


---Quentin Billard