1-The World of Tomorrow 1.07
2-The Zeppelin Arrives 1.53
3-The Robot Army 3.02
4-Calling Sky Captain 3.25
5-Back at the Base 2.49
6-The Flying Wings Attack 6.32
7-An Aquatic Escape 2.30
8-Flight to Nepal 4.37
9-Treacherous Journey 2.22
10-Dynamite 2.27
11-Three in a Bed 0.57
12-Finding Frankie 5.02
13-Manta Squadron 6.33
14-h-770-d 1.14
15-Flying Lizard 1.06
16-Totenkopf's Ark 5.02
17-Back to Earth 3.14
18-Over the Rainbow 3.55*

*Interprété par Jane Monheit
Ecrit par E.Y. Harburg
Musique de Harold Arlen.

Musique  composée par:

Edward Shearmur

Editeur:

Sony Classical SK 92932

Produit par:
Edward Shearmur,
Teese Gohl, Steve McLaughlin

Artwork and pictures (c) 2004 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
SKY CAPTAIN AND THE WORLD OF TOMORROW
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Edward Shearmur
Nouveau venu dans l’industrie du cinéma hollywoodien, Kerry Conran est un grand amoureux du cinéma d’aventure/science-fiction d’antan, vouant une admiration sans borne pour des classiques tels que ‘King Kong’ (1933), ‘Lawrence of Arabia’ (1962), ‘Jaws’ (1975) ou bien encore ‘Raiders of the Lost Ark’ (1981). Il paraissait donc évident que le jeune cinéaste se laisserait un jour tenter par la réalisation d’un film qui lui permettrait de rendre un grand hommage à ces grands classiques du cinéma. Conran s’attela alors à la réalisation de ‘The World of Tomorrow’, un court-métrage de 6 minutes entièrement réalisé chez lui sur son ordinateur. C’est grâce à sa rencontre avec le réalisateur Jon Avnet que Conran réussit à faire produire son premier long-métrage, adapté de son court-métrage, et qui s’intitule ‘Sky Captain and The World of Tomorrow’. Lorsque Jude Law regarda le court-métrage de Conran, il sut immédiatement qu’il devait participer à ce projet grandiose et audacieux. Très enthousiasmé, Jude Law décida de produire le film de Kerry Conran en compagnie de sa femme Sadie Frost, ainsi que de Jon Avnet et de plusieurs autres producteurs hollywoodiens. Ainsi naquit le projet de ‘Sky Captain and The World of Tomorrow’, énorme grosse production d’aventure à l’ancienne réalisé dans la tradition des grands films épiques hollywoodiens des années 40/50, s’apparentant à une relecture modernisée de grands classiques d’antan tels que ‘King Kong’, ‘Star Wars’, ‘Raiders of The Lost Ark’, ‘The War of The Worlds’, ‘Forbidden Planet’, etc. Le film nous plonge dans le New York des années 30. Alors que des grands scientifiques sont systématiquement enlevés un peu partout dans la ville, une armée de robots gigantesques commencent à attaquer et dévaster Manhattan. La journaliste Polly Perkins (Gwyneth Paltrow) décide d’enquêter sur la disparition des scientifiques et se retrouve bloqué en pleine rue par les robots. C’est alors qu’intervient capitaine Sky (Jude Law), un héros pilote appelé à la rescousse pour venir sauver la ville des griffes des robots. Polly décide de faire équipe Joe ‘capitaine Sky’ Sullivan pour enquêter ensemble sur la disparition des scientifiques et l’origine des robots, afin de comprendre d’où ils viennent, qui les envoie et dans quel but. Une nouvelle armée de machines volantes attaquent alors la base du capitaine Sky et enlèvent son ami Dex (Giovanni Ribisi), qui a réussit à identifier la provenance des machines. Ils finissent par découvrir que ces monstrueuses machines sont l’oeuvre d’un scientifique allemand fou, le Dr. Totenkopf, qui mène un projet totalement démesuré depuis la première guerre mondiale et qui risque fort de menacer l’avenir de l’humanité. Joe et Polly voyagent vers le Népal où ils espèrent enfin retrouve la trace du scientifique fou et stopper une bonne fois pour toute ses ignobles desseins.

Voilà en tout cas un pari audacieux pour un jeune réalisateur débutant qui mélange ici grand spectacle hollywoodien à l’ancienne (couleurs sépias et délavées, parfois même un peu floues, photographie très artistique, montage et effets kitsch, etc.) et univers de comics book auquel le film fait clairement référence au début du film (scène où capitaine Sky aperçoit par terre les bande dessinées de son ami Dex). Mais à cette relecture des grands classiques d’une ère révolue s’ajoute aussi une redoutable virtuosité technique, Conran ayant tenu le pari de réaliser entièrement son film devant un écran bleu, ayant ainsi recours à près de 2000 effets spéciaux numériques utilisant une technologie dernier cri. Ainsi, 98% des décors et certains éléments et personnages ont été entièrement réalisés en images numériques, ce qui explique le fait que le tournage du film avec les ‘vrais’ acteurs n’a duré que 23 jours (un record pour une grosse production de cette envergure!). Reconstituer entièrement le New York des années 30 sur un ordinateur était le principal défi que s’est lancé Kerry Conran, épaulé par une solide équipe d’effets spéciaux incluant les artisans de ‘Stan Winston Digital’ et ‘ILM’. Le résultat final est quasiment du jamais vu, ‘Sky Captain and The World of Tomorrow’ renouant fébrilement avec la magie et le charme naïf des grands films d’aventure à l’ancienne, alliant action, aventure, héroïsme, romantisme, suspense, fantastique, brassant une multitude de références cinématographiques et iconiques passionnantes (les 10 premières minutes du film sont quasiment anthologiques, nous plongeant d’emblée dans le style et l’esthétique du cinéma d’aventure hollywoodien des années 40/50!). Dommage que le film ait tendance à s’essouffler au cours de la seconde partie, bien moins passionnante dans sa conception ‘rétro’ - on tombe finalement dans un style de blockbuster plus moderne avec une pluie d’effets spéciaux énormes, ce qui est vraiment dommage, même si les références cinématographiques restent toujours constantes (on pourrait ainsi passer des heures à analyser et repérer les nombreuses références aux grands classiques dans ‘Sky Captain and The World of Tomorrow’!). On appréciera ici la performance du duo Gwyneth Paltrow/Jude Law, la première s’amusant à pasticher Lauren Bacall, le second se prenant pour Buck Rogers, célèbre héros aviateur de la fin des années 30 inspiré d’un comics book américain, auquel le film de Kerry Conran fait explicitement référence à travers le personnage de Jude Law et les aventures qu’il vit tout au long du film. Malgré quelques mauvais points et certaines lourdeurs, ‘Sky Captain and The World of Tomorrow’ est de loin l’une des plus belles surprises cinématographiques du moment, un hommage massif, nostalgique et vibrant aux grands classiques d’antan!

Afin d’assurer pleinement le parti pris du film, la production décida de faire appel à Edward Shearmur, dont le principal défi était de composer une énorme partition symphonique dans la plus pure tradition du genre hollywoodien, faisant référence à la fois aux grandes musiques épiques d’antan, celles de Korngold, Steiner, Rozsa, Waxman ou Williams. Qu’à cela ne tienne, le jeune compositeur a relevé le défi avec panache et nous offre une superbe partition d’aventure épique rétro comme on en avait pas entendu depuis longtemps (soutenu par une interprétation sans faille du London Metropolitan Orchestra). Massive, héroïque, entraînante, spectaculaire, excitante, tels sont les mots clés qui pourraient définir le nouvel opus symphonique de l’un des jeunes compositeurs hollywoodiens les plus talentueux de son époque. Evidemment, une partition d’une telle ampleur ne pouvait que contenir un thème principal mémorable, thème exposé fièrement dès les premières secondes du film dans ‘The World of Tomorrow’. Marche héroïque et chevaleresque à l’ancienne, le thème principal de ‘Sky Captain’ est une superbe mélodie cuivrée qui nous renvoie clairement aux grands thèmes héroïques de John Williams (on pense à ‘Superman’ et à ‘Raiders of The Lost Ark’) et à Erich Wolfgang Korngold (‘The Sea Hawk’), bien que l’on pense aussi par moment à certaines oeuvres de James Horner comme ‘The Rocketeer’ (autre grand film d’aventure rétro, réalisé en 1991). La musique diffuse dès les premières minutes du film une impression de grandeur et de majestuosité à l’aide d’une écriture symphonique solidement ancrée dans la tradition hollywoodienne, preuve du talent d’un compositeur extrêmement prometteur et qui ne cesse de nous surprendre au fil des années. ‘The Zeppelin Arrives’ (scène du Zeppelin s’amarrant à un immeuble au début du film) confirme en tout cas le souffle épique qu’a cherché à instaurer Shearmur à travers l’ensemble de son œuvre, collant de très près à l’ancienne épique et rétro du film de Kerry Conran.

Amateur de musiques d’action orchestrales totalement démesurées, vous devriez vous régaler avec ‘Sky Captain and The World of Tomorrow’, un score bien loin d’être avare en grands déchaînements orchestraux. C’est ce que confirme en tout cas l’excitant ‘The Robot Army’ illustrant l’attaque de l’armée de robots à Manhattan au début du film, soutenu par un pupitre de cordes virtuoses et des cuivres/percussions/vents omniprésents et déchaînés (on appréciera ici la puissance des percussions qui semblent en dire long sur le côté grandiose et spectaculaire des images du film). A noter ici l’apparition de choeurs qui amplifient le caractère grandiose et massif de la séquence de l’armée des robots dévastant la ville, débouchant sur l’un des premiers grands tour de force orchestraux de la partition, l’excitant et frénétique ‘Calling Sky Captain’, premier grand morceau de bravoure lorsque capitaine Sky intervient et défait les robots. Une fois encore, Edward Shearmur nous démontre ici sa maîtrise de l’orchestre dans un morceau d’action surpuissant qui, à grand renfort d’ostinatos martiaux hérités de maint passage du ‘Mars’ des ‘Planètes’ de Holst, se conclut sur une superbe reprise héroïque du thème principal. Si le retour à la base dans ‘Back to Base’ calme temporairement le jeu au détour d’un bref aperçu de l’inévitable et traditionnel ‘Love Theme’ pour Joe et Polly (confié à des flûtes avec vents, harpe et cordes chaleureuses), ‘The Flying Wings Escape’ accompagne avec fureur la poursuite avec les machines volantes à travers les rues de la ville, autre grand morceau d’action incontournable dans lequel Shearmur s’amuse à développer un motif de cuivres associé aux machines, et qui fait régulièrement office de thème d’action. Idem pour ‘An Aquatic Escape’ avec ses percussions martiales et ses cordes survoltées, se concluant sur une brève reprise du ‘Love Theme’.

Shearmur développe ses musiques d’action de façon quasi non-stop jusqu’à la fin du film, ponctuant les grands moments avec des déchaînements orchestraux tous plus spectaculaires les uns que les autres. Citons par exemple le frénétique ‘Dynamite’ ou bien ‘Manta Squadron’ avec sa marche cuivrée entraînante qui ouvre le film dans la scène où capitaine Sky décolle de la base flottante de son amie Frankie (Angelina Jolie) au détour d’un rappel héroïque du thème principal, suivi d’un nouveau morceau d’action extrêmement massif à souhait pour l’affrontement avec les machines aquatiques - à noter un sympathique thème martial associé à Frankie dans l’excellent ‘Finding Frankie’ pour l’arrivée dans la base aérienne de l’alliée du capitaine Sky, et que le compositeur développe ici à loisir, nous prouvant sa très grande maîtrise de son matériau thématique. On ne pourra pas passer à côté d’un autre superbe morceau d’action, ‘Flying Lizard’, pour la poursuite avec la créature volante dans la jungle secrète et expérimentale du repère de Totempkof, où Shearmur utilise des percussions tribales du plus bel effet. ‘Totenkopf’s Ark’ nous permet d’entendre un dernier grand morceau d’action final avant que ‘Back to Earth’ conclut l’aventure en beauté sur une ultime reprise du thème héroïque de capitaine Sky. Afin de prolonger l’ambiance rétro du film, l’album nous propose la chanson du générique de fin, ‘Over The Rainbow’, fameuse chanson de Harold Arlen interprété par Jane Monheit, écrite en 1939 pour le célèbre film ‘The Wizard of Oz’.

Une fois encore, Edward Shearmur confirme qu’il a l’étoffe d’un grand compositeur, à l’aise dans tous les registres. Avec le film de Kerry Conran, Shearmur nous offre une grande partition symphonique d’aventure rétro, un hommage vibrant aux grands scores épiques d’antan, entre action, aventure, héroïsme et romantisme. On pourra peut être regretter le côté répétitif et bruyant de la partition de ‘Sky Captain and The World of Tomorrow’ qui, finalement, enchaîne les déchaînements orchestraux à un rythme effréné sans parfois laisser le temps à l’auditeur de souffler un peu. Il ne serait donc pas injuste de dire que ‘Sky Captain’ est un score somme toute particulièrement bourrin, qui séduit néanmoins par son incroyable puissance orchestrale et la qualité de ses orchestrations, une partition d’aventure puissante à l'ancienne comme on en avait pas entendu depuis le ‘Cutthroat Island’ de John Debney ou le ‘Independence Day’ de David Arnold, preuve que la musique symphonique a encore de beaux jours devant elle à Hollywood. Avec cette immense partition d’action/aventure grandiose, soutenue par un thème principal héroïque et rétro que l’on oubliera pas de sitôt, Edward Shearmur apporte un souffle épique incommensurable au film de Conran et confirme, si l’on en doutait encore, qu’il est l’un des futurs grands espoirs de la musique de film à Hollywood qui, espérons-le, saura faire bon usage du talent et des immenses capacités de ce jeune compositeur inspiré plein de promesse, qui ne demande finalement qu’à trouver son propre style tout en travaillant sur des projets tout aussi excitants et ambitieux!


---Quentin Billard