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1-Icarus 3.58
2-There is no Great Genius without Some Form of Madness 2.50 3-Murified 2.22 4-H-1 Racer Plane 3.20 5-Quarantine 3.52 6-Hollywood 1927 2.59 7-The Mighty Hercules 3.32 8-Howard Robard Hugues, Jr 3.57 9-America's Aviation Hero 2.05 10-7000 Romaine 2.22 11-The Germ Free Zone 2.49 12-Screening Room 5.27 13-Long Beach Harbour 1947 3.49 14-The Way of the Future 4.01 Musique composée par: Howard Shore Editeur: Decca/Universal B0003979-02 Album produit par: Howard Shore Montage de la musique: Jennifer Dunnington Artwork and pictures (c) 2004 Miramax Film Corp. and Warner Bros. Pictures. All rights reserved. Note: *** |
THE AVIATOR
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Howard Shore
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Après ‘Gangs of New York’, Martin Scorsese nous revient avec un nouveau long-métrage fort produit par Michael Mann (qui faillit réaliser le film à l’origine), ‘The Aviator’, film qui retrace la vie et l’oeuvre d’Howard Hughes, célèbre réalisateur hollywoodien, industriel, milliardaire et aviateur américain des années 30. Le film nous propose de suivre la vie de Hughes de sa jeunesse dans les années 10 jusqu’à 1946, passant par les principales étapes clés de son parcours hors du commun. En 1930, grâce à la fortune héritée de l’entreprise de forage de son père, le jeune Howard Hughes (Leonardo DiCaprio) décida de se lancer dans le cinéma en produisant et réalisant son premier long-métrage, ‘Hell’s Angels’, dans lequel il se lança le défi de filmer les plus belles séquences de batailles aériennes jamais vues auparavant dans le cinéma américain, Hughes en profitant pour démontrer dans ce film sa passion obsessive pour l’aviation. Il produisit par la suite plusieurs films tels que ‘The Front Page’, ‘Flying Leathernecks’ et le violent ‘Scarface’ d’Howard Hawks (1932), qui rencontra à l’époque des ennuis avec la censure américaine en raison de sa violence. Homme de défis et d’initiatives personnelles vivant pleinement ses passions et ses obsessions, Howard Hughes était un fonceur excentrique et génial. Ce ne fut pas sa carrière à Hollywood qui fit sa renommée mais son incroyable parcours dans le monde de l’aviation, rachetant ainsi dès 1932 la célèbre compagnie aérienne de la TWA Airlines, rivalisant avec la plus grande compagnie rivale de l’époque, la Pan Am, dirigée par Juan Trippe (Alec Baldwin). Le même homme, qui brava pour la première la censure américaine avec son western audacieux ‘The Outlaw’ en 1943 fut aussi le créateur du Spruce Goose, un immense avion pour l’armée américaine durant la seconde guerre mondiale, un projet colossal dans lequel Hughes investit la majeure partie de sa fortune. Homme à femme et grand séducteur bourré de charisme, Howard Hughes s’affichait régulièrement aux bras des plus grandes stars hollywoodiennes de l’époque, incluant Ava Gardner (Kate Beckinsale) et Katharine Hepburn (Cate Blanchett), qui l’aidèrent à renforcer son prestige et son immense charisme. Mais derrière cette vie de réussites et de projets monumentaux se cache aussi une facette plus sombre, celle d’un homme tourmenté par des phobies et des maniaqueries maladives remontant à son enfance, et plus particulièrement celles concernant la propreté. A la fin du film, c’est un Howard Hughes à moitié fou que nous montre Scorsese, vivant entièrement nu dans une chambre isolé comme un reclus, refusant tout contact avec l’extérieur. Comme beaucoup de génie de son époque, Hughes sombra dans une certaine décadence morale et artistique, même si le film se termine malgré tout après son passage devant la commission du sénateur Brewster (Alan Alda) au sujet de ses fraudes financières, lorsque Hughes testa finalement son nouveau prototype d’avion, répétant inlassablement la même phrase ‘The Way of the Future’ (la voie du futur), qui résume finalement bien le côté audacieux, fonceur et visionnaire du personnage, véritable incarnation du rêve américain dans toute sa splendeur.
Plus classique et académique que certains anciens films de Martin Scorsese, ‘The Aviator’ n’en demeure pas moins un film grandiose, 170 minutes dans les 40 années d’une vie tumultueuse et exceptionnelle d’un génie de l’aviation, véritable casse-cou qui relevait tous les défis sans jamais être tiraillé par la peur ou l’appréhension. Une fois encore, Leonardo DiCaprio s’impose radicalement par la profondeur et l’intensité de son jeu d’acteur, imposant ici par son propre charisme et sa conviction qui rendent un hommage vibrant à Howard Hughes. Malgré la longueur du film (près de 3 heures), on ne s’ennuie pas une seule seconde tant le jeu de DiCaprio et le récit du film viennent constamment relancer l’intérêt. Comme souvent chez Scorsese, on assiste ici à l’ascension sociale et à la réussite du protagoniste principal avant de vivre sa chute et sa décadence (on pourrait par exemple citer en parallèle le personnage de De Niro dans ‘Raging Bull’ ou dans ‘Casino’), un tic du cinéma de Scorsese qui apporte une personnalité forte et massive au personnage de DiCaprio, qui nous prouve une fois encore qu’il possède décidément le talent la profondeur des grands acteurs du ‘Golden Age hollywoodien’. A ce sujet, ‘The Aviator’ nous propose une peinture assez fidèle et réaliste de cet âge d’or du cinéma hollywoodien, là où tout semblait possible et faisable à travers les yeux d’un visionnaire casse-cou qui ne se souciait guère des conventions et de la censure américaine de l’époque, allant même jusqu’à démontrer lors de son passage devant la commission de censure pour ‘The Outlaw’ (1943), qui accusa Hughes de trop mettre en évidence la poitrine à moitié dénudée de l’actrice Jane Russell, que beaucoup d’autres films qui n’avaient pas été critiqués par la censure contenaient des clichés de poitrine similaire à ceux de son long-métrage. Mais ce qui a le plus intéressé Scorsese ici, c’est le côté obsessionnelle de ce personnage excentrique et hors du commun, son obsession pour l’aviation - à ce propos, la scène du crash de Hughes lors du test catastrophique d’un prototype d’avion au milieu du film est d’une intensité rare, un véritable tour de force technique et visuel de la part d’un réalisateur très inspiré par son sujet. Scorsese insiste aussi sur la facette plus noire de Hughes et sur ses obsessions maladives de la propreté, qui le conduisirent parfois au seuil de la folie, la folie qui caractérise tant de grand homme de son envergure, au destin exceptionnel. En définitive, ‘The Aviator’ est une réussite sur plus d’un point, que ce soit le prestigieux casting du film (Leonardo DiCaprio, Cate Blanchett, Kate Beckinsale, Alec Baldwin, John C.Reilly, Alan Alda, Ian Holm, Jude Law, etc.), la peinture très réaliste de l’âge d’or hollywoodien ou la qualité d’une mise en scène académique mais très inspirée, un projet colossal salué par 7 nominations aux oscars en 2004! Après une partition plutôt répétitive et quelconque pour ‘Gangs of New York’, Howard Shore retrouve Martin Scorsese sur ‘The Aviator’, pour lequel le compositeur canadien nous livre une partition orchestrale dramatique évoquant le côté à la fois fonceur, tourmenté et déterminé d’Howard Hughes. Dans le film, la musique tourne autour d’une vingtaine de minutes de musique originale étant donné le fait que l’un des morceaux du score, ‘7000 Romaine’, est constamment répété durant toute la première partie du film – une façon pour le réalisateur et le compositeur d’évoquer les obsessions du personnage de DiCaprio. Shore utilise ici un thème de cordes assez sombre associé à Hugues, qui évoque son côté tourmenté, un thème en apparence plutôt psychologique et contrasté. On appréciera ici l’utilisation d’une guitare qui improvise par dessus un ostinato de cordes et de castagnettes, une petite trouvaille du compositeur assez étonnante, et qui évoque une fois encore les obsessions d’Howard Hugues. On regrettera néanmoins le côté quelconque de ce morceau, pourtant très présent dans le film. Pour un personnage aussi imposant et passionnant, on se serait attendu à quelque chose d’un peu moins conventionnel et de plus audacieux (même reproche adressé à la mise en scène très académique de Scorsese). Néanmoins, on retiendra ici l’idée de l’ostinato rythmique de castagnettes, un petit détail qui résume finalement à merveille le côté fonceur du protagoniste principal. Dans ‘Icarus’, Shore nous propose une toccata orchestrale dominée par des cordes virtuoses et un hautbois qui ne cessent de virevolter dans tous les sens, soutenues par un contrepoint de qualité au classicisme consommé, qui n’est pas sans évoquer J.S. Bach, mais en bien plus moderne (ce n’est certainement pas un hasard si l’on retrouve sur une scène aérienne du film une version orchestrée de la célèbre toccata et fugue en ré min. de Bach). Le morceau évoque ici la passion démesurée de Hugues pour l’aviation, ce qui expliquerait alors le caractère aérien et virtuose de l’écriture des cordes et du hautbois, avec un classicisme précieux qui évoque une ère révolue. Un morceau comme ‘There is no Great Genius without Some Form of Madness’ évoque avec beaucoup de subtilité la psychologie d’Howard Hugues, le morceau étant ici dominé par le pupitre des cordes seules, développant un motif sombre (que l’on retrouve dans ‘Quarantine’, de nouveau associé à la folie du personnage) avec un contrepoint de qualité, les cordes donnant à la fois l’impression d’avancer constamment tout en étant relativement sombre, une excellente façon de la part du compositeur d’évoquer le côté à la fois fou et génial de Hugues, un côté sombre que l’on retrouve dans ‘Murified’ avec ses cordes solitaires qui illustrent l’isolement de Hugues et sa phobie maladive des germes et autres infections. On pourra alors apprécier ‘H1-Racer Plane’ qui accompagne la scène où Hugues tente de dépasser le record de vitesse sur longue distance à bord du ‘Hugues H1’, le compositeur faisant intervenir ici cordes et cuivres avec un ostinato de percussions (toujours soutenus par les castagnettes, agrémentées ici de tambours) tout en développant aux cuivres le thème d’Howard Hugues très présent durant la première partie du film. Ici aussi, l’idée semble être cette obsédante course vers l’avant, l’orchestre donnant systématiquement l’impression d’osciller entre une énergie intérieur considérable et un côté sombre et plus subtil. ‘Hollywood 1927’ se distingue un peu du reste du score avec ses orchestrations plus massives faisant la part belle aux cuivres, cordes et percussions pour la scène où Hugues tourne son premier film hollywoodien, Shore ayant cherché ici à évoquer le style des grandes partitions symphoniques de l’époque, sans pour autant tomber dans le ‘Golden Age’ hollywoodien stéréotypé, conservant son approche psychologique et introspective avec une certaine subtilité. On retrouve ici aussi le thème de Hugues mélangé au motif de la folie développé dans le pupitre des cordes graves, avec toujours ce souci constant d’une écriture contrapuntique de qualité et des harmonies denses et tourmentées (parfois limite atonales) révélant la folie et les obsessions du personnage. ‘The Mighty Hercules’ prolonge ce côté énergique, dense et sombre en accompagnant la scène des préparatifs de l’immense Hercules, au détour d’un nouveau rappel du thème principal aux cordes et d’un nouveau ostinato de castagnettes. ‘Howard Robard Hugues, Jr’ résume finalement les principales idées du score: énergie du contrepoint des cordes, harmonies tourmentées, rythmes obsessionnels des castagnettes et des cordes, etc. Même ‘America’s Aviation Hero’, dont le nom pourrait laisser présager un gros morceau héroïque et patriotique, s’avère être finalement assez sombre, dominé par le pupitre des cuivres et des cordes avec un piano inattendu, mais sans aucune trace d’héroïsme, même s’il est question ici de l’occasionnelle quasi suprématie d’Howard Hugues sur l’aviation américaine des années 30/40. En tout cas, un morceau comme ‘The Germ Free Zone’ confirme l’orientation psychologique et sombre de la partition de ‘The Aviator’, avec une clarinette soliste sur fond de cordes sombres et répétitives aux harmonies quasi atonales - Shore optant ici pour un certain minimalisme répétitif reflétant les tourments intérieurs du personnage. Le thème de la folie prend des proportions plus inquiétante dans ‘Screening Room’ où les cordes aiguës s’emparent du motif pour le rendre encore plus agressif au détour d’une scène dans la salle de projection où s’enferme Hugues vers la fin du film. On ressent ici une certaine noirceur quasi désespérée, un isolement intérieur, une profonde névrose qui ressort à merveille à travers l’écriture tourmentée et agitée des cordes sur fond d’atonalité angoissante (on pense ici au score d’Howard Shore pour ‘Spider’). Finalement, ‘The Way of The Future’ conclut le film en beauté avec un dernier rappel des principaux motifs du score, avec une reprise solide du thème principal aux cordes et cuivres avec l’ostinato de castagnettes lorsque Hugues teste enfin l’Hercules à la fin du film. Une fois encore, Howard Shore s’impose en créateur d’ambiances psychologiques tourmentées, un genre qu’il a pratiqué à merveille tout au long de sa collaboration avec David Cronenberg et qu’il continue de développer ici pour les besoins du film de Martin Scorsese. L’album restitue finalement à merveille le travail d’Howard Shore, qui ne dépasse pas dans sa totalité les 47 minutes de musique (on ne trouve qu'à peine 20 minutes du score dans le film!). Si l’on pourra regretter le côté quelconque et extrêmement conventionnel de la musique de ‘The Aviator’, on appréciera la qualité de l’écriture orchestrale du compositeur, toujours aussi à l’aise lorsqu’il s’agit d’illustrer les tourments et les blessures de l’âme humaine, apportant une certaine émotion au film de Martin Scorsese. Pas franchement indispensable, pas non plus inoubliable (à en croire les diverses critiques glanées sur le net, la partition de Shore s'avère être étonnamment sur-estimé), le score d’Howard Shore pour ‘The Aviator’ confirme néanmoins qu’après le succès monumental de la trilogie des ‘Lord of The Rings’, Shore n’a rien perdu de son inspiration. ---Quentin Billard |