Décidément, les comédies romantiques sont légion à Hollywood. Julia Roberts est en tout cas une grande habitué du genre, surtout depuis le succès de ‘Pretty Woman’ (1990). Dans ‘My Best Friend’s Wedding’ (Le mariage de mon meilleur ami), réalisé par P.J. Hogan (à qui l’on doit le récent ‘Peter Pan’), Julia Roberts interprète Julianne Potter, une journaliste qui apprend un jour que son meilleur ami dont elle est amoureuse, Michael O’Neal (Dermot Mulroney), va se marier avec une jeune femme nommée Kimberly Wallace (Cameron Diaz). Jalouse, Julianne décide de tout mettre en œuvre pour faire capoter le mariage et reconquérir Michael. Malgré les conseils de son ami George (Rupert Everett), un homosexuel fantaisiste et rigolard, Julianne sème le trouble dans le couple et provoque le malheur de l’homme qu’elle aime. Mais le jour du mariage arrive enfin, et les choses finissent alors par se retourner contre Julianne. Voilà une intrigue sympathique pour une comédie romantique non moins sympathique, dans laquelle Julia Roberts nous prouve une fois encore qu’elle est particulièrement à l’aise dans les registres des comédies sentimentales, l’actrice apportant son charme et sa sympathie habituelle à cette histoire de mariage et de jalousie tournée à l’humour et à la dérision, la bonne idée venant du fait que l’héroïne est en fait ici une sorte d’anti-héroïne. Drôle, frais et charmant, ‘My Best Friend’s Wedding’ reste un bon divertissement hollywoodien idéal pour se reposer les méninges pendant près de 105 minutes.

James Newton Howard n’en est pas à sa première musique de comédie puisqu’il a déjà écrit auparavant les scores de films tels que ‘Pretty Woman’, ‘King Ralph’, ‘My Girl’, ‘Dave’, ‘Junior’, ‘One Fine Day’, ‘Father’s Day’, etc. Sa musique orchestrale pour ‘My Best Friend’s Wedding’ s’affirme dans la continuité de ses précédentes musiques de comédie avec son lot de motifs entraînants, de cordes sautillantes, de vents légers, etc. La bonne surprise vient ici de l’utilisation plutôt inattendue d’un choeur féminin à la Danny Elfman, qui ajoute un petit ‘plus’ à la musique dans le film. Le ‘Main Titles’ du score nous plonge immédiatement dans une ambiance sautillante et entraînante à l’aide de cordes enjouées, de vents sautillants et de cuivres majestueux qui annoncent clairement le côté comédie du film, avec une certaine joie de vivre qui suggère les préparatifs d’un mariage. Le choeur féminin est déjà vaguement présent, associé aux sentiments intimes de Julianne à l’égard de Michael. La musique oscille dès lors entre passages légers et sautillants et morceaux plus intimistes et romantiques durant lesquels James Newton Howard développe progressivement un thème principal romantique à l’aide de cordes/vents/piano, dans la lignée de ‘One Fine Day’, qui se rapproche beaucoup par moment du style de ‘My Best Friend’s Wedding’. Evidemment, on évite les traditionnels passages mickey-mousing pour exprimer le complot de Julianne contre le mariage de Michael et Kimberly. Cordes sautillantes et vents légers sont ici de la partie, comme par exemple pour la scène où Julianne monte un plan avec Kimberly pour lui faire croire qu’elle doit demander à Michael de travailler pour son richissime père – chose que Michael prendra pour un affront par rapport à son propre travail actuel, qui lui rapporte peu mais qu’il apprécie malgré tout. On appréciera ici le classicisme d’écriture du morceau, avec son motif léger auquel James Newton Howard ajoute un célesta pour agrémenter ses couleurs orchestrales (idem pour la scène de l’E-mail).

Le thème principal revient lorsqu’il est question des sentiments de Julianne pour Michael, une sorte de petit leitmotiv que le compositeur développe discrètement mais sûrement, avec une délicatesse et un soupçon de nostalgie typique du compositeur. Les quelques passages plus entraînants apportent un certain relief au score, avec l’aide des choeurs féminins. Mais c’est grâce à la scène finale du mariage que la musique prend son envol et se conclut de façon romantique et poignante, avec une certaine nostalgie rêveuse. Le thème principal, d’abord introduit brièvement par quelques vents (flûtes, clarinettes, etc.) est développé par un piano lors de la demande en mariage (l’ombre de ‘The Prince of Tides’ semble planer sur la partition), tandis que la musique exprime la solitude de Julianne alors que Michael s’est enfin marié avec Kimberly et que tout est rentré dans l’ordre, Julianne s’étant ainsi résolue à voir partir avec une autre l’homme qu’elle aime, idée évoquée par les choeurs féminins qui donnent un côté mélancolique et rêveur à ce final, qui n’est pas un happy-end à proprement parler, d’où un certain sentiment de nostalgie et de tristesse sous-jacente dans la musique de James Newton Howard, le tout englobé dans une certaine douceur, une tendresse musicale typique des partitions de comédie romantique du compositeur. Vous l’aurez donc compris, ‘My Best Friend’s Wedding’ est une très sympathique partition comédie signée James Newton Howard, un compositeur qui maîtrise parfaitement son sujet une fois de plus, et ce malgré le manque d’originalité flagrant de sa musique. Mais en définitive, on prend toujours autant de plaisir à écouter une partition aussi fraîche, intime et délicate, plus typique de la facette intimiste du style musical de James Newton Howard, qui apporte émotion et tendresse au film de P.J. Hogan!


---Quentin Billard