1-La Forêt 0.58
2-L'Arrivée 3.35
3-Le Centre Fort 3.52
4-L'Agent 3.18
5-L'Hypermarché 1.36
6-La Fête 5.26
7-Le Slow 2.58
8-Cibles 2.59
9-Le Secret 2.46
10-1ère Attaque 2.45
11-2ème Attaque 3.57
12-Duels 3.12
13-La Mort 2.27
14-Générique de fin 7.20

Musique  composée par:

Nicolas Baby

Editeur:

La Bande Son/Universal France
9817490

Produit par:
Nicolas Baby

Artwork and pictures (c) 2004 Eskwad/Studio Canal+. All rights reserved.

Note: ***
LE CONVOYEUR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nicolas Baby
‘Le convoyeur’ s’intéresse à un métier dont on parle peu souvent, surtout au cinéma, celui de convoyeur de fond. En tournant ce thriller psychologique d’une noirceur rarement vue au cinéma français ces derniers temps, le réalisateur Nicolas Boukhrief (l’un des principaux fondateurs de la revue ‘Starfix’) passe minutieusement au scalpel la vie de ces hommes qui sont payés pour transporter et protéger une tonne d’argent qui n’est pas le leur, avec en toile de fond une histoire de traumatisme psychologique, de violence et de trahison. La petite compagnie de transport de fonds Vigilante est sur le point d’être rachetée par les américains d’ici quelques semaines. Mais le métier des transporteurs de fond doit pourtant continuer comme si de rien n’était, et pour ne rien arranger, les fourgons ont été attaqués à trois reprises tout au long de l’année, à tel point que certains soupçonnent que l’un des membres de Vigilante serait un traître. C’est à ce moment là qu’arrive Alexandre Demarre (Albert Dupontel), qui se présente un matin pour entamer sa première journée de travail chez Vigilante. Il y rencontre très vite tout le monde et se lie d’amitié avec certains membres de sa nouvelle équipe. Mais tout le monde ignore d’où vient cet homme, quel est son passé et sa réelle motivation à travailler chez Vigilante. Drogué et psychologiquement perturbé, Alexandre passe son année dans un hôtel où il interdit quiconque de mettre les pieds dans sa chambre. Solitaire, taciturne et troublé, Alexandre recherche quelque chose dans son nouveau métier de convoyeur de fond, quelque chose en rapport avec un événement tragique survenu autrefois, et qui coûta la vie de son jeune fils.

‘Le convoyeur’ est avant tout un drame social, dans lequel Nicolas Boukhrief analyse le rapport entre les individus d’une même entreprise Vigilante est ici une sorte de micro-société où se mêle conventions, hiérarchie, travail, amitiés, trahisons, colères, joies, tristesse, etc. Comme le précise lui-même le réalisateur dans une récente interview, il est étonnant qu’aucun cinéaste ne se soit encore intéressé au métier de convoyeur de fond, un métier dangereux sur plus d’un point et qui permet au réalisateur de nous offrir une vision choc d’un sujet inédit au cinéma, avec une bonne dose de suspense qui fait basculer ‘Le convoyeur’ dans le registre du film noir. Le scénario, plutôt soigné, mêle ainsi ambiguïté psychologique, mal être et noirceur avec une intensité rare, la principale bonne réussite du film venant de son atmosphère noire extrêmement glauque. Chapeau bas à Albert Dupontel dans ce rôle de convoyeur instable et psychologiquement troublé, une sorte de véritable anti-héros solitaire et recroquevillé sur lui-même, qui renforce à son tour l’incroyable tension dramatique du film. Sur ce point, on pourra d’ailleurs reprocher au réalisateur d’avoir un peu trop accentué le côté glauque du film, dont la noirceur paraît finalement un peu exagéré. On appréciera néanmoins l’énorme crescendo de tension aboutissant à un final d’une violence rare (pas d'esthétisation hollywoodienne ici!), preuve du savoir-faire d’un metteur en scène audacieux qui signe là un film choc, à voir absolument!

Afin de retranscrire l’ambiance noire et glauque du film, il fallait une musique appropriée, qui ne soit ni conventionnelle ni trop massive. C’est pourquoi le compositeur Nicolas Baby a opté pour une approche 100% électronique, renforçant le malaise constant tout au long du film. En plus de ses synthétiseurs et de sa pléiade de samples, de dub et de rythmes downtempo en tout genre, le compositeur ajoute aussi la présence inattendue d’un violon et de quelques instruments aux sonorités orientales. Avec ‘La forêt’, Baby dévoile un premier thème plutôt étrange et mystérieux, confié à un glass harmonica électronique aux sonorités cristallines, et qui traduit ici un certain climat d’étrangeté parfait pour le film. ‘L’arrivée’ évoque quand à lui l’arrivée d’Alexandre chez Vigilante. On notera ici le côté sombre et bizarre des sonorités électroniques, avec son lot de nappes et de dissonances particulièrement inquiétantes. Le malaise se fait encore plus ressentir dans le sinistre ‘Le centre fort’ avec sa pulsation imitant un battement de coeur, une vraie ambiance de suspense psychologique parfaite pour le film, le côté parfois expérimental des sonorités électroniques apportant un petit ‘plus’ indéniable au film. Idem pour l’étrange ‘l’argent’ et ‘l’hypermarché’ avec ses sonorités orientales, ses percussions et ses voix masculines lointaines évoquant un quelconque rituel indien, une musique plutôt étrange dans le contexte (scène où Alexandre et l’un de ses collègues s’amusent à dévisager les gens dans un hypermarché) mais qui renforce une fois encore le malaise, la froideur et l’ambiance sombre du film.

Nicolas Baby nous offre un petit passage du côté de l’électro avec ‘La fête’ et ‘Le slow’, qui ravira tous les amateurs de Kraftwerk, Aphex Twin ou Tuxedomoon (les deux morceaux accompagnent en source music la scène de la fête, où se suicide l’un des collègues d’Alexandre). Dans ‘Cibles’, Baby maintient une certaine tension évoquant les troubles d’Alexandre (à noter l’utilisation mystérieuse du violon ethnique ici, le compositeur nous proposant à quelques reprises un intéressant jeu sur les cordes de l’instrument, renforçant le côté expérimental de sa musique) comme dans l’inquiétant ‘Le secret’ et ses nappes de synthé sinistres, tandis qu’il est question de la première scène d’attaque du convoi dans ‘1ère Attaque’ où la tension devient plus imposante, comme dans ‘2ème Attaque’, où le compositeur crée un véritable magma sonore de loops, de samples et de tout un travail de sonorités électroniques en tout genre, comme pour ‘Duels’ et le macabre ‘La Mort’, le score se concluant sur l’étrange ‘Générique de Fin’ avec son loop de batterie électro et ses sonorités bizarres (à noter la présence inattendue ici d’un accordéon).

Vous l’aurez donc compris, la partition de ‘Le convoyeur’ n’a rien d’une musique facile d’accès et nécessite d’apprécier un minimum la musique électro expérimental afin d’en saisir toutes les nuances et toutes les qualités. S’il est plus qu’évident que ce score ne marquera pas les annales du genre, il n’en demeure pas moins la preuve évidente qu’il faut décidément sortir du système hollywoodien pour entendre des musiques aussi originales pour un film (bien que Nicolas Baby emprunte énormément ici au style des musiques électro d’aujourd’hui). Reste que si vous êtes insensible au répertoire de la musique électro, le score de ‘Le convoyeur’ devrait vous laisser totalement indifférent, au pire, vous ennuyer profondément (la musique ne respire pas vraiment la joie et encore moins la vitalité, à l’instar du film). A réserver en priorité aux fans de la musique électro!


---Quentin Billard