1-Main Title 3.31
2-Napoleon Wilson 0.51
3-Street Thunder 1.24
4-Precinct 9 - Division 13 1.03
5-Targets/Ice Cream
Man on Edge 3.06
6-Wrong Flavour 2.03
7-Emergency Stop 0.57
8-Lawson's Revenge 1.00
9-Sanctuary? 1.03
10-Second Wave 0.27
11-The Windows! 2.00
12-Julie 1.52
13-Well's Flight 1.39
14-To The Basement 1.04
15-Walking Out 0.34
16-Assault on Precinct 13 2.00

Musique  composée par:

John Carpenter

Editeur:

Record Makers REC-12

Musique produite par:
John Carpenter


Note: **1/2
ASSAULT ON PRECINCT 13
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Carpenter
Après un premier essai extrêmement modeste sur la comédie de science-fiction ‘Dark Star’ (1974), John Carpenter nous livrait pour son second long-métrage, ‘Assault on Precinct 13’, l’un de ses grands classiques indémodable. Passionné de western depuis sa plus tendre enfance, Carpenter n’a jamais vraiment eu l’occasion de tourner un western à proprement parler. Mais après ‘Dark Star’, le réalisateur s’est vu offrir la possibilité par un groupe de producteurs indépendants de réaliser le film de son choix à l’aide d’un budget plutôt misérable (à peine 100 000 dollars). Renonçant finalement à tourner un western étant donné le peu de moyens financiers mis à sa disposition, John Carpenter décida de réaliser un film qui ferait plus implicitement référence à l’un des grands classiques du genre, ‘Rio Bravo’ d’Howard Hawks (1959). C’est ainsi que naquit ‘Assault on Precinct 13’, excellent thriller modeste qui nous plonge dans un huis-clos policier particulièrement glauque et oppressant. Lorsque la police de Los Angeles abat en pleine nuit un groupe de dangereux criminels, un gang décide de déclarer la guerre à la police de la ville en guise de riposte. Mais sur le chemin, un vendeur de glace aperçoit les individus et décide d’appeler la police, avant d’être abattu par l’un des criminels, ainsi qu’une petite fille qui se trouvait sur les lieux au même moment. Le père de la jeune fille, pris au dépourvu, réussit à s’emparer d’une arme et à abattre l’un des bandits. Poursuivis par les tueurs, l’homme se réfugie dans le commissariat 9 de la division 13, qui s’apprêtait à fermer ses portes et à déménager. A l’intérieur du commissariat se trouve un groupe de prisonniers en attente d’un transfert, le lieutenant de police Ethan Bishop (Austin Stoker) ainsi que quelques membres du personnel restés encore sur les lieux avant la fermeture du bâtiment. A l’extérieur, le gang s’organise et se compose dorénavant d’une centaine d’hommes armés jusqu’aux dents qui décident de prendre d’assaut le commissariat pour tuer tous ses occupants par tous les moyens. Une longue nuit commence pour Bishop et ses compères, bloqués à l’intérieur du bâtiment pris d’assaut par le gang.

Avec très peu de moyens et une mise en scène d’une sobriété exemplaire, John Carpenter réalise pourtant un excellent thriller à l’ambiance quasi unique. C’est la façon dont le réalisateur a filmé les assaillants du commissariat qui attire ici toute notre attention. Carpenter décide de ne pratiquement jamais montrer le visage des criminels, que l’on aperçoit toujours de loin ou dans de brefs mouvements de caméra. Mieux encore, les assaillants s’apparentent dans le film à un groupe de zombies impossible à arrêter, et dont l’unique but quasi obsessionnel et de rentrer à tout prix dans le commissariat et d’éliminer tous ses occupants. A ce sujet, la scène où les criminels tentent désespérément de rentrer par les fenêtres est assez représentative de cette atmosphère quasi fantastique qu’a cherché à instaurer le réalisateur tout au long du film. Plutôt que d’illustrer un traditionnel mano à mano, Carpenter préfère opter pour l’ambiance et l’oppression avec une mise en scène à la fois lente et intense, qui nous plonge dans une véritable descente aux enfers, durant laquelle policier et prisonnier seront obligés de s’entraider afin de survivre ensemble (on appréciera par exemple l’humanité qu’apporte le réalisateur au personnage de Napoleon Wilson, interprété par Darwin Joston). Pour le reste, ‘Assault on Precinct 13’ se compose de longs moments de suspense captivants, d’une multitude de fusillades et d’une bonne dose de violence - le film a faillit être censuré par la MPAA à cause de la fameuse scène du meurtre de la jeune fillette, filmée de manière crue pour l’époque. Voilà en tout cas la preuve qu’avec peu de moyens, on peut parfois réaliser de très grands films!

Comme pour ‘Dark Star’, John Carpenter a aussi composé lui-même la musique de son propre film sur ‘Assault on Precinct 13’. Ecrite pour des synthétiseurs aux sonorités kitsch (le film date quand même de 1976!), la musique de ‘Assault’ offre au film tout son lot de tension et d’énergie à l’aide d’un score électronique extrêmement minimaliste et écrit là aussi avec très peu de moyens. Qu’à cela ne tienne, Carpenter en a profité pour nous livrer une partition épurée à l’extrême, d’une sobriété excessive, bien loin des grosses musiques hollywoodiennes de l’époque. Le succès de la musique de ‘Assault on Precinct 13’ vient avant tout du célèbre thème principal composé d’un fameux motif de cinq notes répété à quatre reprise sur un enchaînement d’accords très simple (un accord de la mineur, do majeur, sol majeur et la mineur). Impossible de faire plus simple que cette brève formule mélodique et harmonique, et pourtant, son efficacité au sein du film est absolument indéniable, Carpenter contribuant à créer une identité musicale solide indissociable de son long-métrage. Le succès de ce thème fut tel que plusieurs groupes et musiciens électro des années 80/90 s’en inspirèrent et le remixèrent à tout bout de champ. Citons par exemple le DJ Afrika Bambaataa (alias Kevin Donovan, surnommé ‘parrain du hip-hop’) qui reprit le thème dans son tube ‘Bambaataa’s Theme’ extrait de son album ‘Beware (The Funk is Everywhere)’ (1986), ainsi que ‘Awesome 3’ dans son album de house ‘Hard Up’, sans oublier le DJ ‘Bomb The Bass’ qui reprit le thème de Carpenter dans son tube ‘Megablast’ (1988), réadapté peu de temps après par David Whittaker dans sa musique pour le jeu vidéo ‘Xenon II’ (1989) des Bitmap Brothers sur Amiga/Atari ST (on pourrait aussi citer The Dead Prez, Mos Def, Terranova et Tricky, Legowelt, etc.). Pour la petite histoire, John Carpenter raconte que pour composer ce thème (qu’il trouva rapidement durant le peu de temps qu’il avait à sa disposition pour la composition et l’enregistrement de sa musique), il se serait inspiré de la rythmique de la chanson ‘Immigrant Song’ de ‘Led Zeppelin’ et du thème de ‘Dirty Harry’ de Lalo Schifrin. Totalement indissociable de l’ambiance et des images du film, le thème principal de ‘Assault on Precinct 13’ (considéré comme l’un des plus grands thèmes du cinéma par Hans Zimmer) apporte une ambiance unique au film, preuve qu’avec peu de moyens et quelques notes, on peut réussir un grand moment de musique!

Hélas, passé le thème principal, le score s’avère être d’une pauvreté musicale hallucinante, John Carpenter se contentant simplement de répéter sa rythmique principale tout au long du film (on trouve à peine 25 minutes de musique tout au long du film). Si le résultat à l’écran est absolument convaincant (difficile de croire qu’avec peu de moyens, le compositeur/réalisateur a put réussir un tel exploit sur toute la ligne!), l’écoute isolée en est bien différente. A vrai dire, même le compositeur lui-même s’accorde à dire que son album est très difficile à écouter sans les images du film, tant l’un et l’autre forment une symbiose quasi parfaite. A partir de ‘Napoleon Wilson’, Carpenter installe cette rythmique électronique solitaire avec quelques notes empruntées au thème principal, qui reste omniprésent tout au long du film, et c’est à partir de ‘Street Thunder’ qu’il évoque la menace des criminels, tandis que ‘Precinct 9, Division 13’ apporte un peu de sérénité avec un petit motif de clavier plus intimiste pour évoquer le calme avant la tempête dans le commissariat 9 de la division 13. A noter l’utilisation inattendue d’une petite berceuse enfantine dans ‘Targets/Ice Cream Man on Edge’ pour la scène choquante où un des bandits abat la petite ville près du vendeur de glace, toujours soutenu par les obsédantes rythmiques du thème principal. Le suspense pointe alors le bout de son nez dans ‘Wrong Flavour’ où Carpenter imite le son d’un battement de coeur sur fond de nappes inquiétantes, une atmosphère minimaliste dépouillée à l’extrême mais qui fonctionne pourtant à merveille à l’écran. ‘Sanctuary?’ fait même monter la tension avec son inquiétante et macabre tenue dissonante au synthé qui évoque le côté omniprésent et menaçant des criminels, dont l’une des principales attaques est illustrée dans ‘Second Wave/The Windows!’ et sa rythmique solitaire, qui se prolonge dans ‘Well’s Flight’ et ‘To The Basement’.

Finalement, ‘Walking Out’ reprend le motif intimiste de ‘Precinct 9, Division 13’ pour le final, avant une ultime reprise du ‘Assault on Precinct 13 Theme’. 25 minutes d’un score d’une pauvreté musicale rare, c’est peu, et l’on se demande bien comment il est possible que la musique puisse coller aussi bien à l’écran. Et pourtant, c’est bel et bien le cas, preuve qu’il faut parfois peu de chose pour écrire une bonne musique de film - il se trouve que cette approche extrêmement minimaliste sied à merveille à la sobriété de la mise en scène du réalisateur et du peu de moyens mis à sa disposition – seulement 100.000 dollars! Ceci étant dit, en dehors de l’obsédant thème principal (difficile de s’ôter la mélodie de la tête après avoir vu le film!), le reste du score est sans grand intérêt puisqu’il ne fait que développer le thème par petits fragments durant près de 25 minutes sans jamais rien apporter de neuf. A l’écran, ce choix radical se justifie par une volonté délibérée de renforcer l’atmosphère de huis clos claustrophobique et étouffant, et pour cela, il fallait absolument écrire une musique simple et répétitive. Mais comme on l’aura déjà compris, le score de ‘Assault on Precinct 13’ est extrêmement pauvre d’un point de vue musical, l’argument du minimalisme étant poussé ici à l’extrême, à tel point que l’on serait presque tenté de se dire que n’importe quel musicien avec un minimum de bagage pourrait composer une musique semblable, avec peu de notes et très peu de moyens. Reste que John Carpenter a toujours été très fort pour trouver des thèmes principaux mémorables, ‘Assault on Precinct 13’ n’échappant pas à la règle. Reste à savoir si cela suffit à en faire une grande BO...certainement pas, puisqu’on oubliera aisément tout le reste (et ce malgré l’efficacité indiscutable de la musique dans le film) pour ne retenir que son obsédant thème principal!


---Quentin Billard