1-Star Wars and The
Revenge of the Sith 7.31
2-Anakin's Dream 4.46
3-The Battle of the Heroes 3.41
4-Anakin's Betrayal 4.04
5-General Grievous 4.07
6-Palpatine's Teachings 5.25
7-Grievous and the Droids 3.28
8-Padmé's Ruminations 3.17
9-Anakin vs. Obi-Wan 3.57
10-Anakin's Dark Deeds 4.05
11-Enter Lord Vader 4.14
12-The Immolation Scene 2.42
13-Grievous Speaks to
Lord Sidious 2.49
14-The Birth of the Twins
and Padmé's Destiny 3.37
15-A New Hope &
End Credits 13.06

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Sony Classical SK 94221

Album produit par:
John Williams
Supervision montage:
Ken Wannberg
Montage de la musique:
Ramiro Belgardt
Production éditoriale:
Laura Kszan

DVD
Musique de:
John Williams
Avec la participation de:
Ian McDiarmid
Producteur exécutif:
Howard Roffman
Producteurs:
Kevin Kurtz, Jamie Richardson
Réalisateur:
Tippi Buschkin
Ecrit par:
Jamie Richardson
Montage:
Jeremy Stuart
Production du menu:
Harold Ladino

Artwork and pictures (c) 2005 Lucasfilms Ltd. & TM. All rights reserved.

Note: ****
STAR WARS EPISODE III:
REVENGE OF THE SITH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Voici enfin le grand final tant attendu de la nouvelle trilogie de George Lucas qui conclut pour de bon la nouvelle trilogie des ‘Star Wars’, un final très attendu par les fans et excessivement surmédiatisé, présenté en ouverture du festival de Cannes 2005. ‘Revenge of the Sith’ est l’épisode majeur qui permet de comprendre comment la république a basculé dans la dictature absolue. Sur plus d’un point, ‘Revenge of the Sith’ est de loin l’un des meilleurs épisodes de la saga et aussi le plus noir et le plus tragique de tous. En l’espace de 2h20, Lucas nous explique comment le chancelier Palpatine (Ian McDiarmid) a réussi à entraîner l’apprenti Jedi Anakin Skywalker (Hayden Christensen) dans le côté obscur de la force en le manipulant afin de renverser la république et d’installer la dictature Sith. La fin du film est évidemment connu de tous puisque Anakin deviendra le futur Dark Vador, seigneur Sith que combattront Luke Skywalker et ses alliés dans les épisodes IV, V et VI. ‘Revenge of the Sith’ commence près de trois ans après la guerre des clones (épisode II). Devenu général, Obi-Wan Kenobi (Ewan McGregor) mène l’assaut contre les séparatistes ennemis de la république dirigés par le général Grievous et le comte Dooku (Christopher Lee), qui réussit à s’échapper à la fin de l’épisode II. Anakin Skywalker soutient son maître Jedi dans le combat et mène la bataille en véritable héros, tuant le comte Dooku et libérant le chancelier Palpatine, pris en otage par Grievous. Ce dernier réussit à s’enfuir mais la guerre est bientôt terminée, Grievous restant dorénavant l’ultime obstacle pour une paix durable. A son retour, Anakin apprend que sa femme Padmé Amidala (Nathalie Portman) est enceinte. Cette heureuse nouvelle ne tarde pas à tourmenter le jeune Jedi, harcelé toutes les nuits par de terribles cauchemars dans lesquels il voit Padmé mourir en donnant naissance à son enfant. Pris de panique à l’idée qu’il puisse arriver quelque chose à sa femme, Anakin commence à sombrer dans les tourments et l’angoisse, ce qui se ressent alors dans son comportement auprès des membres du conseil des Jedi. Soutenu par le chancelier Palpatine, qui voit dans l’âme d’Anakin un profond penchant inavoué pour le côté obscur de la force, le jeune Jedi se voit refuser par le conseil Jedi un poste qu’il demandait depuis quelque temps. Excédé par ce qu’il qualifie comme un manque de confiance, Anakin ne cesse de broyer du noir et d’inquiéter son maître Obi-Wan, qui finit par ne plus reconnaître celui qu’il a formé autrefois. Pourtant, il continue de croire qu’il est l’élu des Jedi, celui qui viendra apporter la paix dans la galaxie, mais le chef du conseil Mace Windu (Samuel L. Jackson) n’est pas de cet avis et se méfie de plus en plus d’Anakin. Après la défaite du général Grievous, Palpatine, désormais très proche d’Anakin, décide enfin d’avouer la vérité à son nouvel apprenti: le chancelier est en réalité un puissant seigneur Sith qui maîtrise le côté obscur de la force et possède le pouvoir de vaincre la mort, pouvoir qu’il promet d’apporter à Anakin afin de sauver Padmé d’une mort annoncée, à l’unique condition qu’il rejoigne le côté obscur de la force. Lorsque les Jedi comprennent que Palpatine est un traître et un ennemi de la république, ils décident de l’arrêter, mais il est trop tard. Anakin s’est laissé convaincre et a basculé dans le côté obscur de la force en devenant le nouvel apprenti de Palpatine alias Dark Sidious. Peu de temps après, le tyran envoie son armée pour massacrer les Jedi avec l’aide d’Anakin rebaptisé Dark Vador. Seul Obi-Wan Kenobi et maître Yoda parviennent à réchapper au carnage, mais il est désormais trop tard. La république s’est transformé en dictature Sith. Terrorisée par l’ampleur du désastre, Padmé tente de convaincre une dernière fois Anakin de le rejoindre et de mettre fin à ce chaos, mais il est trop tard. Quand à Obi-Wan Kenobi, il devra affronter son jeune apprenti qui était pourtant comme un frère pour lui.

Tragique semble être le mot-clé pour résumer ce superbe épisode III, coda grandiose et ténébreuse à la nouvelle trilogie ‘Star Wars’. Le scénario de George Lucas rappelle beaucoup le style des tragédies de l’antiquité grecque ou des drames de Shakespeare, avec son lot de conspirations politiques, de manipulation, de trahison et de meurtres. C’est d’ailleurs sans aucun doute ce qui fait de ‘Revenge of the Sith’ un épisode passionnant, où règne une noirceur que l’on avait encore jamais vu dans la saga (si ce n’est dans ‘The Empire Strikes Back’), car ‘Revenge of the Sith’ montre finalement la victoire du mal et rappelle au passage qu’une démocratie n’est jamais définitivement implanté dans une société et qu’elle est toujours la proie d’individus cyniques qui ne rêvent que de pouvoir. Véritable parabole sur la tragédie des dictatures, ‘Revenge of the Sith’ évoque aussi la chute d’Anakin Skywalker qui, promit à un avenir héroïque chez les Jedi, deviendra le principal bras droit du terrifiant dictateur Sith, un renversement de situation digne des plus grandes tragédies grecques, avec tout ce qui s’ensuit sur le plan humain – la souffrance pour ses proches à commencer par sa femme Padmé qui mourra en donnant naissance aux jumeaux, Luke et Leia, mais aussi la terrible désillusion de son maître Obi-Wan qui l’aimait comme un frère, sans oublier ce parfum de mort qui traverse le film avec une intensité rare – il suffit par exemple d’apprécier l’incroyable noirceur de la scène du massacre des Jedis pour comprendre à quel point cet épisode III est de loin le film le plus noir et le plus mur de tous dans les thèmes qu’il aborde, que ce soit d’un point de vue politique ou philosophique (seuls les faibles choisissent la solution du mal – ce postulat fort simpliste est pourtant au coeur de l’intrigue du film), même si le film évoque toujours de manière très manichéenne l’éternel thème du bien contre le mal (avec ici l’amère et terrible victoire du mal). D’un point de vue technique, ‘Revenge of the Sith’ est aussi le film le plus impressionnant de la nouvelle trilogie, alignant scènes de bataille monstrueuses les unes après les autres, Lucas ayant ainsi accentué au maximum l’atmosphère de guerre qui est au coeur de ces six films. En ce sens, préparez vous à une nouvelle déferlante d’images de synthèse et de plans numériques non-stop, avec des duels au sabre laser digne des meilleurs épisodes de l’ancienne trilogie. Reste que, comme toujours, on regrettera la niaiserie de certains dialogues ou des quelques rares touches d’humour toujours un peu maladroites, même si ce troisième épisode est sans aucun doute celui qui contient le moins d’humour – ce n’est d’ailleurs peut-être pas plus mal!

Evidemment, la saga ne pouvait pas se terminer sans une nouvelle et dernière grande partition de John Williams, qui met ainsi fin à l’univers musical de la trilogie en signant une dernière grande fresque symphonique où l’on retrouve toute la noirceur apocalyptique et l’intensité dramatique du film. Comme d’habitude, le film s’ouvre au son de la traditionnelle fanfare héroïque à jamais immortalisé par la célèbre saga de George Lucas. Très vite, la musique s’impose par son tempo effréné et un premier morceau d’action tonitruant à souhait pour la scène de bataille spatiale au début du film. En maître de l’orchestre qu’il est, John Williams laisse les musiciens du LSO se déchaîner, annonçant une aventure placée sous le signe de la guerre et du drame. A ce sujet, ‘Anakin’s Dream’ semble annoncer un changement de ton radical dans cet épisode avec une reprise plus intimiste et mélancolique du ‘Love Theme’ de l’épisode II interprété ici par un violon plaintif alors qu’Anakin commence à être harcelé par les rêves prémonitoires de la mort de Padmé. Evidemment, les thèmes des deux précédents sont ici de retour, et plus particulièrement le ‘Love Theme’. On retrouvera aussi par la suite une brève allusion au fameux ‘Duel of the Fates’ lors d’une bataille finale, mais c’est à peu près tout pour les thèmes des deux précédents épisodes. Cependant, ‘Revenge of the Sith’ marque plus particulièrement le retour de thème de l’ancienne trilogie et plus particulièrement le célèbre thème de Dark Vador et le thème de la force. Le final nous permettra même d’entendre le thème de Yoda et le thème associé à la princesse Leia lors de la séquence lumineuse de ‘A New Hope’ qui annonce clairement l’épisode IV.

Si ‘Anakin’s Dream’ annonce déjà les tourments et les souffrances profondes d’Anakin, ‘Battle of the Heroes’ renforce massivement le côté guerrier et dramatique du film de Lucas avec une nouvelle pièce chorale/orchestrale dans la lignée de ‘Duel of the Fates’ mais en nettement plus sombre. ‘Battle of the Heroes’ accompagne ainsi le combat final entre Anakin alias Dark Vador et Obi-Wan Kenobi, les choeurs renforçant ici la dimension apocalyptique de cette bataille finale. C’est aussi l’occasion pour John Williams de nous offrir un nouveau thème qui restera propre à cet épisode III (évidemment, il ne reviendra pas dans les autres épisodes), un thème tragique associé à l’idée de la trahison, de la souffrance, de la guerre. Soutenu par un ostinato orchestral survolté, ce thème choral prend véritablement le spectateur aux tripes, assurant une fois encore le concept de ‘space-opera’ du film et de la saga de Lucas dans toute son intégralité. Le score prend une tournure extrêmement poignante avec le magnifique ‘Anakin’s Betrayal’ lorsque Anakin, ayant basculé dans le côté obscur de la force, massacre les Jedis. Construit sous la forme d’un adagio élégiaque et quasi funèbre, ‘Anakin’s Betrayal’ rompt clairement avec le côté ‘aventureux’ très premier degré des deux précédents épisodes en imposant un ton résolument plus sombre, plus sérieux et plus tragique, où les chœurs occupent une fois de plus une place privilégiée (sans aucun doute LE morceau incontournable de la partition de ‘Revenge of the Sith’ avec ‘Battle of the Heroes’). Le reste de la partition s’articule ainsi entre moments sombres/dramatiques et morceaux d’action totalement survoltés, comme l’excellent ‘General Grievous’ et sa virtuosité rythmique qui donne une fois encore beaucoup de fil à retordre aux musiciens du LSO, morceau associé au général Grievous dans le film et à sa confrontation contre Obi-Wan Kenobi (on notera au passage le soin apporté aux percussions et aux nombreux rythmes syncopés plus particulièrement dans les vents aigus, une caractéristique du style action de Williams). Dans le même ordre d’idée, ‘Grievous and the Droids’ rappelle certaines mesures des ‘Harry Potter’ ou de ‘Minority Report’ avec une puissance orchestrale parfaitement ancré dans l’univers des batailles massives et survoltées du film.

En l’espace de 5 morceaux, John Williams nous fait totalement adhérer haut la main à sa nouvelle partition monumentale. Le reste confirme cet état de fait: Williams semble avoir été vraiment inspiré pour ce dernier opus. Dans le sombre ‘Palpatine’s Teachings’, il est de nouveau question de la progression du mal avec l’un des plus sombres morceaux de toute la partition, dominé ici par un impressionnant choeur d’hommes dans un registre très grave (à l’instar des chants tibétains) évoquant une sensation de profonde inquiétude, de menace, lié aux pouvoirs maléfiques de Palpatine lorsqu’il commence à amener Anakin dans le clan des Sith (c’est une fois encore le genre de morceau que l’on avait encore jamais entendu auparavant dans la trilogie). On s’enfonce progressivement dans la noirceur absolue avec ‘Padme’s Ruminations’ qui, à l’instar du sinistre ‘Palpatine’s Teachings’, installe une atmosphère de malaise pur d’une façon totalement insolite dans l’univers musical des ‘Star Wars’. Williams utilise ici des nappes de synthétiseur sur fond d’étranges vocalises féminines orientales lointaines lorsque l’on voit Padmé s’inquiéter pour le sort d’Anakin, qui lui-même ne cesse d’être malmené par ses visions prémonitoires. Le compositeur traduit alors à l’écran les tourments des deux personnages à l’aide de cette voix féminine lointaine et plaintive qui semble annoncer un futur bien sombre pour Anakin et Padmé, avec un goût amer de désespoir et d’angoisse. Décidément, John Williams ne nous ménage pas et multiplie les petites surprises au fil des écoutes. On revient pourtant très vite en terrain connu avec la reprise de ‘Battle of the Heroes’ dans le survolté ‘Anakin vs. Obi-Wan’ où le thème de Dark Vador refait brièvement son apparition pour rappeler que le jeune Jedi prodige a désormais basculé dans le côté obscur de la force, comme le confirment le martial ‘Enter Lord Vader’ (qui reprend bien évidemment le thème de Dark Vador de façon plus qu’évidente) et ‘Anakin’s Dark Deeds’ et ses choeurs massifs/épiques pour une scène de bataille entre Anakin/Obi-Wan et Yoda/Palpatine vers la fin du film, séquence renforcée au passage par une brève allusion au ‘Duel of the Fates’ de l’Episode I, sans oublier ‘Grievous Speaks to Lord Sidious’ et ses rythmes martiaux particulièrement excitant avec des choeurs massifs.

La dernière partie, plus sombre, nous amène au dramatique ‘The Immolation Scene’ pour la scène de la cérémonie funèbre de Padmé à la fin du film, qui permet au compositeur de nous offrir un nouvel adagio élégiaque particulièrement poignant, dominé ici par une écriture de cordes torturées digne des grands compositeurs postromantiques allemands de la fin du 19ème siècle. ‘The Birth of the Twins & Padme’s Destiny’ joue plus quand à lui sur un certain mystère lors de la scène où Padmé donne naissance aux deux jumeaux, Luke et Leia, qui deviendront les deux futurs héros de l’ancienne trilogie. A noter ici le soin apporté aux orchestrations plus fines et légères avec célesta, flûte, harpe, etc. Finalement, l’aventure touche à sa fin dans ‘A New Hope and End Credits’ qui sert en réalité de pont avec l’épisode IV, ce qui explique bien évidemment le fait que Williams ait autant accentué certains thèmes de l’ancienne trilogie et délaissé des thèmes des deux précédents épisodes pour pouvoir amener progressivement la transition vers l’ancienne trilogie. On notera ici l’allusion à de nombreux thèmes de l’ancienne trilogie à commencer par le thème de Leia, le thème de Luke, le thème de la force et le thème de Yoda. Les fans des ‘Star Wars’ devraient ressentir une certaine nostalgie à l’écoute de cette musique dans la coda du film, la musique évoquant finalement l’idée d’un nouvel espoir, de l’hypothèse d’un avenir meilleur pour le monde avec l’arrivée salvatrice des deux futurs héros de la résistance contre l’empire. Le traditionnel ‘End Credits’ (curieusement totalement différent dans le film par rapport à l’enregistrement de l’album) nous permet de nous familiariser à nouveau avec tous ces anciens thèmes, avec au passage une reprise de ‘Battle of the Heroes’ et une reprise inattendue de ‘The Throne Room’ issu du fameux grand final victorieux de l’épisode IV, auquel Williams n’a bizarrement pas touché une seule note, à part un bref arrangement final particulièrement brillant sous la forme d’une marche à la Edward Elgar.

Au final, que conclure d’autre si ce n’est que l’ultime partition de John Williams pour ‘Revenge of the Sith’ est de loin l’une des meilleures partitions écrites par le compositeur pour la saga ‘Star Wars’ (avec l’incontournable ‘The Empire Strikes Back’), une oeuvre massive, épique, sombre, tragique, inspirée de bout en bout par un compositeur qui nous livre le grand final tant attendu, à l’instar de George Lucas. Il est quand même frappant de constater à quel point les deux hommes ont su rester fidèle à la grandeur de la saga même après avoir oeuvré sur des ‘Star Wars’ pendant plus d’une vingtaine d’années. Entre réminiscences nostalgiques, classicisme cher au compositeur et moments insolites et inattendus, la partition de cet ‘Episode III’ est tout ce qu’un fan de la saga (et du compositeur) pouvait attendre, même si l’on regrettera le fait que les quelques rares nouveaux thèmes de ce score ne soient finalement pas si mémorables que cela en regard des célèbres thèmes de l’ancienne trilogie, Williams n’ayant évidemment pas pu se permettre de créer un thème fort pour cet épisode sachant pertinemment qu’il ne reviendrait pas par la suite (cela n’aurait pas été très logique, on s’en doute). Le compositeur assume donc pleinement l’objectif ‘transitoire’ de cette partition et crée une sorte de pont musical frappant avec l’ancienne trilogie, qui ne pourra que satisfaire tout le monde, autant les inconditionnels de la saga que ceux du compositeur qui, à 73 ans, prouve qu’il est toujours l’un des plus grands compositeurs américains oeuvrant à l’heure actuelle à Hollywood.


---Quentin Billard