1-Vespertilio 2.52
2-Eptesicus 4.20
3-Myotis 5.46
4-Barbastella 4.45
5-Artibeus 4.19
6-Tadarida 5.05
7-Macrotus 7.35
8-Antrozous 3.59
9-Nycteris 4.25
10-Molossus 4.49
11-Corynorhinus 5.04
12-Lasiurus 7.27

Musique  composée par:

Hans Zimmer/
James Newton Howard

Editeur:

Warner Sunset Records
71324

Produit par:
Hans Zimmer,
James Newton Howard

Musique additionnelle de:
Ramin Djawadi,
Mel Wesson

Montage de la musique:
Steven Price,
Richard Robson

Artwork and pictures (c) 2005 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: **
BATMAN BEGINS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer/
James Newton Howard
Cinquième épisode des aventures de l’homme chauve-souris, ‘Batman Begins’ participe à son tour à la mode des ‘prequels’ instaurée récemment depuis le succès de la nouvelle trilogie ‘Star Wars’ de George Lucas, un film qui raconte l’histoire avant celle que tout le monde connaît. C’est Christopher Nolan qui s’est attelé à la réalisation du film, le cinéaste responsable de ‘Memento’ et ‘Insomnia’ qui se voit confier ici son premier gros budget hollywoodien. Christian Bale incarne le jeune Bruce Wayne que l’on découvre sous un angle nouveau, derrière une histoire sombre et tragique où la psychologie se mêle à une noirceur jamais vue auparavant dans les précédents ‘Batman’ et un aspect totalement démesuré qui sied à merveille aux comics books d’origine, proche ici du travail de Frank Miller sur ‘Dark Knight’. On y découvre ainsi comment le jeune Bruce Wayne, nourri par sa haine contre le mal depuis le meurtre de ses parents, décida de devenir un héros qui terrasserait le crime sous toutes ses formes en usant d’un équipement high-tech de dernier cri et d’une arme redoutable, la peur. Au cours de sa quête pour devenir Batman, Bruce rencontre le mystérieux Ducard (Liam Neeson) qui lui enseigne le pouvoir de maîtriser ses peurs et de s’en servir pour vaincre ses ennemis. Il l’invite alors à rejoindre la Ligue des Ombres, une organisation secrète de justiciers redoutables dirigée par le mystérieux Ra’s Al Ghul (Ken Watanabe), mais lorsque Bruce comprend que les intentions de ces justiciers sont extrêmes et malveillantes, il décide de détruire l’organisation et de revenir à Gotham City, pour donner naissance au ‘mythe’ de l’homme chauve-souris, avec sa nouvelle expérience et ses nouveaux pouvoirs. Devenu Batman après avoir vaincu sa vieille peur des chauve-souris, Wayne doit combattre la corruption et le mal qui sévissent dans Gotham City, ville décadente menacée par le mafieux Falcone (Tom Wilkinson) et l’étrange criminel appelé ‘l’épouvantail’.

Avec ‘Batman Begins’, on se dit que les producteurs ont enfin compris qu’il ne fallait pas continuer à infantiliser le public et à prendre les spectateurs pour des imbéciles comme ils l’ont fait avec les deux précédents épisodes de la saga, ‘Batman Forever’ et ‘Batman & Robin’, tout deux signés par un Joel Schumacher tombé plus bas que terre. A des années lumières de l’esthétique BD pour enfants de moins de dix ans, ‘Batman Begins’ se veut au contraire bien plus sombre, sérieux et brutal, avec une touche de psychologie inattendue et une réflexion sur le concept de justicier, de vengeance et de limite entre le bien et le mal. Même le protagoniste principal incarné par Christian Bale semble en proie à des paradoxes, à des doutes, le tout enveloppé dans une sorte de schizophrénie/double identité typique des personnages de super-héros traditionnels, sauf qu’ici, on sent le côté profondément humain de ce héros dans le contexte de son histoire tragique et noire, un côté que Tim Burton avait déjà suggéré dans le tout premier opus en 1989 mais qu’il sembla très vite oublier dans ‘Batman Returns’ en 1992 (inutile de parler des deux épisodes suivants, totalement sans intérêt). A noter que le film prend des libertés par rapport au premier opus de Tim Burton, car s’il essaie de faire le lien avec ce film comme on aurait pu s’en douter, les scénaristes ont décidés de changer l’intrigue de la mort des parents de Bruce Wayne qui sont ici assassinés par un certain Joe Chill (comme dans le comics de Frank Miller) et non plus par Jack Napier alias ‘le Joker’ comme c’était le cas dans le film de Tim Burton (rien qu’à cause de cela, le film ne peut pas fonctionner dans la continuité du ‘Batman’ de 1989...dommage). En plus de sa psychologie plus adulte et de son ton résolument noir et dramatique, le film peut aussi se vanter de contenir quelques scènes d’action d’une qualité technique irréprochable (les décors de la ville de Gotham City sont parfaitement grandioses), comme pour l’affrontement final dans le train, climax visuellement hallucinant et quasi anthologique. A noter aussi un casting impressionnant réunissant quelques stars comme Christian Bale, Michael Caine, Liam Neeson, Katie Holmes, Gary Oldman, Rutger Hauer, Tom Wilkinson, Morgan Freeman, etc. Aucun doute possible, Christopher Nolan a enfin compris le sens que devait prendre la saga de ‘Batman’ et nous livre un nouvel opus sombre empreint de drame, de psychologie, d’action et de réflexion, une grande surprise pour ce qui semble déjà être LE blockbuster majeur de l’été 2005!

Alors que le nom de David Julyan fut prononcé aux premiers abords (il s’agit du compositeur fétiche de Christopher Nolan), la production décida de confier la musique de ‘Batman Begins’ à un compositeur plus connu, et même à deux compositeurs. Qui aurait ainsi cru qu’un jour, deux musiciens aux styles très différents comme Hans Zimmer et James Newton Howard collaboreraient un jour ensemble sur le même film? Les deux hommes se connaissent bien puisqu’ils se sont déjà prêté du matériel de studio et souhaitaient depuis longtemps collaborer ensemble sur une même oeuvre. C’est chose faite avec le nouvel opus des aventures de l’homme chauve-souris. De cette association improbable est ainsi né la nouvelle grande partition très attendue de Zimmer et JNH, sans aucun doute LA BO la plus attendue du moment. Mais au final, aura t’on eu raison d’attendre à ce point cette oeuvre que certains annonçaient comme exceptionnelle? La réponse semble n’être malheureusement que passablement négative, car la musique de ‘Batman Begins’ est bien loin d’être le chef-d’oeuvre annoncé tant le score surprend par son manque de relief, de surprise et d’audace. Une fois encore, il semblerait bien que la faute incombe à Hans Zimmer qui, bien que collaborant ici avec James Newton Howard, a totalement pris le dessus en asseyant la patte ‘Media-Ventures’ d’un bout à l’autre de la partition sans vraiment laisser l’occasion à JNH d’exprimer toute l’étendue de son talent, qui se limite ici à un thème romantique de grande qualité et deux trois ambiances orchestrales plutôt intimistes et timides. A l’écoute de la musique dans le film (et sur l’album), on a quand même l’impression que Zimmer et sa bande (Mel Wesson et Ramin Djawadi à la musique additionnelle) ont écrit 90% de la musique du film, tandis que les compositions de JNH semblent cruellement faire office de bouche-trou, alors qu’on aurait espéré une répartition du travail bien plus équitable.

L’album, composé de titres pour le moins insolites (‘Vespertilio’, ‘Eptesicus’, ‘Myotis’, etc. Il s’agit en fait de noms de différentes variétés de chauve-souris – à noter une petite touche d’humour avec la première lettre des titres des pistes 4 à 9, qui forment le nom de ‘Batman’) se compose essentiellement de plages atmosphériques sombres et pas toujours d’un grand intérêt. Avec ‘Vespertilio’, Zimmer ouvre le film de façon sombre et mystérieuse, à l’aide de tenues de cordes, de synthé et d’effets électroniques quelconques. Les cuivres de la fin du morceau évoquent les décors du Tibet, là où se rend Bruce Wayne au début du film pour mener sa quête. On est déjà surpris ici par le côté extrêmement quelconque de cette ouverture qui sent le manque d’inspiration (on est très loin ici de la qualité des ouvertures de Danny Elfman pour les deux premiers opus de Tim Burton!). JNH a alors son mot à dire dans ‘Eptesicus’ où il dévoile la facette plus intimiste du score à l’aide de cordes et d’un piano mélancolique et solitaire, évoquant les souvenirs de la mort des parents de Bruce Wayne, avec un sentiment de tristesse et de nostalgie particulièrement émouvant durant cette scène de souvenir. La seconde partie est confiée à Zimmer, pour la scène où Bruce s’entraîner sur la glace en compagnie de Ducard au début du film, un morceau plutôt majestueux dominé par les cordes mais dont l’unique hic est d’être trop clairement inspiré de ‘Journey to The Line’ de ‘The Thin Red Line’ (qui a dit que Hans Zimmer avait trop tendance ces derniers temps à recycler ses meilleurs scores?), en nettement moins bien, évidemment. Si cette partie de ‘Eptesicus’ apporte une force certaine et non négligeable à cette scène où Bruce apprend à maîtriser sa colère et sa force, on regrette une fois encore le manque d’inspiration d’un compositeur qui aurait pourtant du donner une identité musicale forte et grandiose à un film qui n’en méritait pas moins.

L’action pointe brièvement le bout de son nez lors du premier affrontement contre Ra’s Al Ghul au début du film, dominé par les percussions et les rythmes chers au compositeur teuton. A noter l’utilisation d’une voix de jeune garçon soprano au début de ‘Barbastella’, qui semble évoque le passé sombre et tragique de Bruce Wayne. Le piano intervient dès 1.15 pour suggérer enfin le thème principal qui sera associé par la suite aux exploits de Batman, un thème simple et pas vraiment extraordinaire interprété ici sous sa forme plus intimiste et mélancolique (on reconnaît une fois encore ici le style de James Newton Howard). Des passages comme le chaotique ‘Artibeus’ ou le dramatique ‘Tadarida’ (avec une brève variante du thème sous une forme dramatique, avec la voix du jeune garçon soprano) renforcent la nature sombre et noire du film de Christopher Nolan, tandis que ‘Macrotus’ nous permet d’entendre l’inévitable ‘Love Theme’ confié ici à des cordes et un piano, pièce qui porte indiscutablement la touche musicale de James Newton Howard, associé dans le film à la relation entre Bruce et Rachel (Katie Holmes). Dommage que la seconde partie, bien moins intéressante, plonge dans de l’atmosphérique ennuyeux et mou, aussi bien sur l’album que dans le film, où la musique finit par s’essouffler considérablement vers le milieu du film, comme si elle n’avait plus rien à raconter. Heureusement, ‘Antrozous’ remonte (faiblement) la pente avec une excellente reprise du thème principal sous sa forme massive/action, avec les cordes, les cuivres et les percussions/rythmiques électroniques chères à Hans Zimmer (on pense par moment ici à maintes mesures de ‘The Rock, ‘The Peacemaker’, etc.). Dommage que ce passage soit si bref et que le thème soit finalement injustement peu développé tout au long du film (l’identité musicale du film en pâtit lourdement). On retrouve une dernière variante plus énergique de ce thème dans l’excellent et intense ‘Molossus’, l’un des rares morceaux d’action du score de ‘Batman Begins’ qui nous propose un développement massif et entraînant du thème principal lors de la scène où Batman part affronter Ra’s Al Ghul et sauver Gotham City. On retrouve par moment ici l’influence d’anciens scores de Hans Zimmer, que ce soit les rythmiques électroniques à la ‘Crimson Tide’ ou la progression harmonique à 3.43 clairement calqué sur un passage du score de ‘Black Rain’. Il ne fait nul doute que ‘Molossus’ est LE morceau de ‘Batman Begins’ à ne pas louper, mais qui ne rattrape malheureusement l’intérêt plus que quelconque du reste de la partition, qui trouve sa conclusion sur ‘Corynorhinus’ et ‘Lasiurus’.

Au final, ‘Batman Begins’ aura été annoncé à tort comme l’événement de l’été 2005 dans le domaine de la musique de film à Hollywood, une réunion de deux grands talents (comme à l'époque où Alfred Newman et Bernard Herrmann collaborèrent ensemble sur 'The Egyptian' en 1954) qui n’ont finalement pas réussi à accoucher de la grande oeuvre tant attendue et tant désirée. Il est clair que pour leur première collaboration ensemble Zimmer et JNH n’avaient pas le droit à l’erreur. Hélas, cent mille fois hélas, ‘Batman Begins’ est loin d’être aussi brillant qu’on aurait pu l’imaginer, la faute étant probablement à incomber à la production qui a réclamée une musique atmosphérique moins porté sur les élans orchestraux à la Elfman/Goldenthal et forcément moins intéressante, et à Hans Zimmer qui n’a finalement pas laissé la chance à James Newton Howard d’exprimer tout son potentiel créatif alors qu’il ne fait nul doute que des deux compositeurs, JNH est de loin le plus talentueux du lot à qui l’inspiration ne fait que très rarement défaut, ce qui n’est pas le cas de Hans Zimmer, qui depuis quelques années, n’a pas livré des partitions d’un très grand intérêt comme a pu le faire récemment JNH avec ‘Signs’, ‘Snow Falling on Cedars’ ou ‘The Village’ pour ne citer que les plus évidents (nul doute que JNH aurait été capable de faire quelque chose de bien plus inspiré que Zimmer s’il avait été majoritairement représenté dans le film). Une fois encore, ‘Batman Begins’ est ce genre de BO plate, fonctionnelle et sans relief, un score 'fast-food' aussitôt consommé aussitôt oublié, qui va inévitablement relancer les polémiques, les débats et autres discussions sur l’influence (écrasante?) des musiciens de Media-Ventures dans l’industrie musicale hollywoodienne d’aujourd’hui, un projet qui aurait pu être grandiose et monumental si la production n’avait pas décidé de faire sombrer ce nouvel opus dans du M-V banal, mou, atmosphérique et mal foutu qui s’essouffle considérablement du début jusqu’à la fin. Que l’on ne s’y trompe pas, malgré ses quelques bons moments, ‘Batman Begins’ est une déception de bout en bout, et ce malgré les nombreuses qualités du film de Christopher Nolan, qui méritait réellement une musique bien plus grandiose et surtout beaucoup plus énergique, le mythe de Batman étant censé naître dans ce film, et non pas dépérir!


---Quentin Billard