Disc 1

1-Jesus of Nazareth 3.32
2-A Prophecy 3.19
3-A Voice in the Wilderness 4.59
4-Come Unto Me 2.08
5-The Great Journey 2.22
6-A Time of Wonders 2.08
7-There Shall Come
A Time to Enter 4.04
8-A New Commandment 2.55
9-The Hour Has Come 3.16
10-Into Thy Hands 7.17
11-The Triumph of the Spirit
(Haendel's Messiah) 3.21

Disc 2

1-Overture - Main Title 4.36
2-And The World was God/
Trumpets announce the Dawn/
The Three Magi 3.11
3-The Nativity/
The Infant Massacre 5.59
4-Flight into Egypt 1.34
5-Ophel Quarters 2.15
6-Hosanna 1.52
7-I Will Make You
Fishers of Men 1.42
8-Lilies of the Field 2.26
9-Jerusalem, Jerusalem/
Jesus on Lazarus's Porch/
Matthew the Tax Collector 7.57
10-Rise and you shall Walk 5.20
11-Misty Night/
Triumphant Return
to Capernaum 6.44
12-Who do Men say
That I Am? 3.53
13-Jesus and his Mother 3.02
14-Jesus leaves Nazareth 2.30
15-Prayer by the Jordan 2.27
16-Lazarus, come forth 4.51

Disc 3

1-Entr'Acte 2.41
2-Judas and Caiaphas/
Judas Leaves Caiaphas 2.31
3-Garden of Gethsemane/
Aram, the First Witness 7.35
4-I am the Son of God/
Jesus Before Pilate/
Crown of Thorns 3.46
5-Via Dolorosa 11.14
6-Resurrection and Acension 4.24
7-Exit Music 2.36

Musique  composée par:

Alfred Newman

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 604 2

Producteur exécutif:
Robert Townson
Producteur du soundtrack original:
Alan Douglas

Artwork and pictures (c) 1965/2004 United Artists. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE GREATEST STORY EVER TOLD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alfred Newman
Les péplums bibliques ont été particulièrement à la mode dans le Hollywood des années 50/60. L’histoire de la vie de Jésus Christ a été adapté au cinéma à de multiples reprises, à commencer par la très vieille version muette de 1912, ‘From the Manger to the Cross’ de Sidney Olcott, en passant par le ‘The King of Kings’ de Cecil B. DeMille (1927) et son remake homonyme de 1961, ‘L’évangile selon saint Matthieu’ de Pier Paolo Pasolini (1964), ‘Jesus’ de John Krish et Peter Sykes (1979), ‘The Last Tentation of the Christ’ de Martin Scorsese (1988) ou bien encore le fameux ‘Jesus of Nazareth’ de Franco Zeffirelli (1977) ou le récent ‘The Passion of the Christ’ de Mel Gibson (2004). Autant dire qu’il s’agit de l’un des sujets les plus traités au cinéma en général. La version de Georges Stevens est sans aucun doute l’une des plus célèbres versions réalisée à Hollywood durant les années 60, pour un budget exceptionnel à l’époque de près de 20 millions de dollars. La particularité de cette grosse production biblique, outre sa longueur conséquente (3 heures 10, mais pratiquement 4 heures pour la version longue!), provient avant tout de son casting exceptionnel, qui réunit jusque dans les seconds rôles une impressionnante pléiade de stars incluant Max von Sydow, Carroll Baker, Pat Boone, José Ferrer, Charlton Heston, Martin Landau, Angela Lansbury, Janet Margolin, David McCallum, Roddy McDowall, Donald Pleasance, Sidney Poitier, Claude Rains, Telly Savalas (alias ‘Kojak’), Shelley Winters, Ed Wynn, John Wayne, Paul Stewart, etc. Construit sous la forme d’une pièce de théâtre avec une ouverture et une entracte au milieu du film, ‘The Greatest Story Ever Told’ (La plus grande histoire jamais contée) est un film d’exception sur la vie du Christ, porté du début jusqu’à la fin par un aspect méditatif et une sérénité parfaitement adaptée aux enseignements du Christ à ses disciples. En 1965, Max von Sydow se faisait alors connaître du grand public en nous livrant un Christ magistral, l’acteur étant totalement habité par son rôle, avec un regard bleu perçant et un visage extrêmement expressif et serein. L’acteur dégage un charisme impressionnant tout au long du film, campant un Christ toute en finesse.

Le film retrace bien évidemment sa naissance jusqu’à sa crucifixion et sa résurrection, le long-métrage possédant des séquences magnifiques comme la scène du baptême avec Jean Baptiste, l’impressionnante séquence de la résurrection de Lazare, la séquence poignante de la cène, celle non moins poignante du calvaire de la croix, le suicide-sacrifice de Judas, etc. Evidemment, le film porte un véritable message religieux d’amour et de paix, message transcendé par la qualité de la mise en scène de George Stevens (qui s’est fait aider à l’occasion par David Lean et Jean Negulesco pour quelques scènes du film) et l’exceptionnelle réunion de talents autour du casting et de l’équipe du film, récompensé justement par 5 nominations aux Oscars en 1966. Voilà en tout cas une inoubliable et fabuleuse épopée biblique sur la vie du Christ à ne surtout pas manquer, un vrai petit bijou qui ne laissera certainement personne indifférent, que l’on soit croyant ou athée!

La musique d’Alfred Newman sied à merveille au ton méditatif et quasi intimiste du film de George Stevens. A l’inverse de la partition majestueuse et épique du ‘King of Kings’ de Miklos Rozsa, Newman a opté pour une approche orchestrale plus intimiste et nuancée sur ‘The Greatest Story Ever Told’. Hélas, le réalisateur rejeta une portion de la musique de Newman au profit de pièces chorales plus imposantes comme des extraits du ‘Messie’ de Haendel ou du ‘Requiem’ de Verdi. Il faut aussi signaler que Fred Steiner et Hugo Friedhofer ont oeuvrés sur une partie de la musique sans être crédité au générique. La partition de Newman repose sur une série de thèmes mémorables à composer par le thème principal associé au Christ et exposé dès l’ouverture du film dans ‘Jesus of Nazareth’. Ce thème se caractérise sous la forme d’un poignant adagio de cordes avec un classicisme d’écriture typiquement romantique (on pourrait d’ailleurs presque reprocher le côté parfois trop ‘romantique’ de la partition). Ces traditionnels élans de pathos typiques de la musique d’une partie du ‘Golden Age’ hollywoodien apportent à la musique de ‘The Greatest Story Ever Told’ une dimension humaine particulièrement émouvante, délaissant les traditionnels effets orchestraux massifs propres aux péplums de l’époque. A ce sujet, on pourrait s’amuser à comparer les thèmes de la musique d’Alfred Newman et celle du ‘King of Kings’ de Miklos Rozsa pour constater à quel point ils sont radicalement opposés dans leur forme comme dans leur esprit. L’ouverture développe ce leitmotiv de cordes qui sera associé au Christ tout au long de l’histoire, avec une douceur et une mélancolie sous-jacente annonçant le drame du Christ. Dans ‘A Prophecy’, Newman fait appel aux choeurs pour la scène des rois mages dans ‘The Three Magi’, les choeurs chantant avec une infime douceur pour la naissance de Jésus, accompagné par un violon soliste et des vents chaleureux, choeurs que l’on retrouve dans ‘The Infant Massacre’ dans un registre plus sombre, lorsqu’Hérod fait assassiner tous les jeunes enfants de Nazareth. On pourra aussi apprécier le thème de flûte/harpe d’une infime douceur lorsque les rois mages se rendent à la grange où naît Jésus, la preuve incontestable que Newman a tenu à adopter une approche plutôt intimiste et minimaliste pour le film. A ce sujet, on pourra par exemple apprécier l’utilisation très douce de violons solistes dans ‘Jesus and his Mother’.

Puis, très vite, un second thème se met en place, associé aux enseignements du Christ à ses disciples, que l’on trouve dans des morceaux tels que ‘I Will Make you Fishers of Men’ ou ‘The Great Journey’, qui nous propose une reprise fort majestueuse ce thème aux cordes/cuivres sous la forme d’une petite marche légère pleine d’espoir et d’optimisme, évoquant le pouvoir des enseignements et des prédictions du Christ qui se répandent très vite partout où il passe. Ce thème est présent tout au long de la partition sous de multiples variantes, passant des cordes aux vents avec une certaine fluidité. On retrouve le côté plus intimiste et romantique de la musique dans ‘Matthew the Tax Collector’ lorsque Matthieu, intrigué par les paroles du Christ, abandonne son travail pour venir le rejoindre, sans oublier l’excellente reprise du thème dans ‘Triumphant return to Capernaum’ lors du retour du Christ à Capharnaüm, où il plébiscité et acclamé par la foule. Ici aussi, point de choeurs ou d’élans orchestraux massifs, Newman joue la carte d’une certaine finesse orchestrale en proposant une nouvelle marche pleine d’optimisme pour le thème des enseignements du Christ, renforçant le côté humain du personnage avant d’évoquer son côté divin, comme dans l’émouvant ‘Via Dolorosa’, véritable climax du score (et du film) accompagnant pendant plus de 11 minutes la scène du calvaire de la croix et de la crucifixion, alternant entre cordes poignantes et choeurs élégiaques discrets mais d'une grande beauté, le morceau faisant une fois encore magnifiquement ressortir la facette plus humaine du Christ lors de cette séquence tragique (les voix étant alors associées ici à la souffrance physique et donc humaine de Jésus).

Certains morceaux se dégagent néanmoins de la partition en s’imposant par une puissance radicale comme le magnifique ‘Lazarus, come forth’ illustrant brillamment la scène de la résurrection de Lazare, accompagnée par des choeurs divins et un orchestre majestueux et quasi solennel, les choeurs, toujours utilisés avec parcimonie tout au long du film, apportant une lumière particulièrement magique, mystérieuse et quasi irréelle à cette séquence anthologique. Idem pour la séquence finale de la résurrection dans ‘Resurrection and ascension’ accompagné par une magnifique reprise du thème des enseignements du Christ sous la forme d’un alléluia optimiste et triomphant (rejeté dans le film au profit de l’alléluia du ‘Messie’ de Haëndel). A noter que le film se conclut sur une dernière reprise du thème principal de l’ouverture toujours confié à des cordes romantiques et mélancoliques, au classicisme d’écriture raffiné et épuré. Ici, point de complexité cérébrale ou d’effets massifs, la musique de ‘The Greatest Story Ever Told’ possède une certaine sobriété sous-jacente, une modestie qui retranscrit à merveille les enseignements de Jésus tout au long du film, même si une fois encore on pourrait regretter l’usage trop systématique d’un langage romantique parfois un peu de trop par rapport aux magnifiques images du film de George Stevens. Sans posséder la grandeur et la brillance du ‘King of Kings’ de Miklos Rozsa, la partition d’Alfred Newman pour ‘The Greatest Story Ever Told’ est une musique émouvante qui, à l’instar du film, ne laissera certainement pas indifférent l’auditeur/spectateur pour peu qu’il soit réceptif à ce type de musique symphonique biblique et émouvante, aujourd’hui quelque peu daté.


---Quentin Billard