1-Wonka's Welcome Song 1.01*
2-Augustus Gloop 3.10**
3-Violet Beauregarde 2.08**
4-Veruca Salt 2.13**
5-Mike Teavee 1.32**
6-Main Titles 5.00
7-Wonka's First Shop 1.42
8-The Indian Palace 3.16
9-Wheels in Motion 3.17
10-Charlie's Birthday Bar 1.53
11-The Golden Ticket/Factory 3.03
12-Chocolate Explorers 2.14
13-Loompa Land 1.42
14-The Boat Arrives 1.15
15-The River Cruise 1.54
16-First Candy 1.21
17-Up and Out 3.11
18-The River Chase - Part 2 1.57
19-Charlie Declines 1.32
20-Finale 3.46
21-End Credit Suite 7.01

*Ecrit par Danny Elfman
Paroles de Danny Elfman
et John August
*Ecrit par Danny Elfman
Paroles de Roald Dahl
Chansons co-produites par
Steve Bartek
Voix interprétées par
Danny Elfman.

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Warner Sunset Records
72264

Musique produite par:
Danny Elfman
Montage de la musique:
Mike Higham,
Bill Abbott,
Shie Rozow

Artwork and pictures (c) 2005 Village Roadshow Films Limited. All rights reserved.

Note: ***
CHARLIE AND
THE CHOCOLATE FACTORY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Très attendu par tous les fans de Tim Burton, ‘Charlie and The Chocolate Factory’ est la nouvelle excentricité cinématographique de l’un des réalisateurs américains les plus déjantés du moment. Après un ‘Big Fish’ fantaisiste et sentimental, Burton se lance dans l’adaptation du fameux roman de Roald Dahl déjà porté à l’écran en 1971 dans la comédie musicale de Mel Stuart avec Gene Wilder et Peter Ostrum. Le film raconte l’histoire de Charlie Bucket (Freddie Highmore), jeune enfant pauvre dont le rêve serait de visiter un jour l’immense chocolaterie de l’excentrique Willy Wonka (Johnny Depp) grâce aux fameux tickets d’or qui se trouvent dans 5 barres de chocolat Wonka. Un jour, un étrange coup du sort (ou une mauvaise ficelle scénaristique) lui fait gagner ce ticket très convoité, faisant de lui l’un des 5 heureux élus qui auront la chance de découvrir l’intérieur de la chocolaterie Wonka. Charlie et les quatre autres enfants découvrent alors un monde étrange et insolite plein de surprises, un microcosme irréaliste dans l’usine dont il n’aurait même pas put soupçonner l’existence. ‘Charlie and The Chocolate Factory’ se présente comme un conte moral destiné à tous les publics, petits et grands, chacun pouvant aisément y trouver son compte grâce à ses différents sens de lecture. C’est ce qui fait ainsi la force et la faiblesse du film, qui donne parfois l’impression de partout dans tous les sens avec à sa tête un réalisateur excentrique qui se complaît dans une excentricité cinématographique lourdingue et lassante à la longue. Certes, on gomme ici le style plus sentimental de ‘Big Fish’ pour retrouver la folie et les délires des précédents films de Tim Burton, avec, en plus de cela, un petit exercice de caricature de comédie musicale un peu lassant ‘une allusion à la première version du film de 1971?). Johnny Depp domine l’image avec son personnage de Willy Wonka, un rôle qui fut même particulièrement convoité à l’origine du projet par un fan inattendu du roman, la rock-star Marilyn Manson. Derrière son apparence froide et étrange, Wonka cache une âme tourmentée et ambiguë, hanté par une enfance malheureuse et un père tyrannique. Comme dans ‘Ed Wood’ avec le personnage de Bela Lugosi, Burton nous livre ici un portrait pathétique d’un homme tourmenté qui se cache derrière des apparences excentriques pour cacher son mal-être post-adolescence, une facette psychologique qui apporte heureusement un peu de profondeur à un film qui en manque parfois.

Le reste du film n’est qu’une série de situations loufoques et autres péripéties lourdingues dans lesquelles les minuscules Oompa Loompas (interprété par l’acteur kenyan Deep Roy, déjà aperçu dans ‘Big Fish’) se livrent à des pastiches ironiques et lourdingues des musiques ‘in’ d’aujourd’hui (le coup des personnages aux mêmes visages rappellent étrangement ‘La cité des enfants perdus’ de Jean-Pierre Jeunet), des parodies de films (cf. scène de ‘2001 l’odyssée de l’espace’), et une moquerie toujours systématique et un peu agaçante à la longue de tous les travers des enfants d’aujourd’hui et de l’éducation souvent trop laxiste des parents, une satire sociale tellement volontairement caricaturale et appuyée qu’elle en devient ridicule et ultra manichéenne - le petit gros allemand qui mange des saucisses, le gamin prétentieux abruti par la télévision, la petite américaine riche comme Crésus et totalement pourrie gâtée, et comme par hasard, le jeune héros pauvre et sans le sou et forcément gentil et sans défaut. C’est bien dans ces moments là que le film manque cruellement de profondeur et accuse un parti-pris tellement évident qu’il est à l’origine de nombreux débats enflammés au sujet du film (injustifiés ou non, libre à chacun d’en juger!). Pour beaucoup, ‘Charlie and the Chocolate Factory’ perd tout son souffle dès lors que le film s’empèse d’un moralisme un peu cruel (visiblement, on ignore ici la fameuse parabole christique ‘ne jugez pas si vous ne voulez pas être jugé’) qui, malgré son humour et son second degré évident, n’en demeure pas moins agaçant à la longue et parfois inutile. On retiendra néanmoins quelques belles scènes où le réalisateur laisse s’exprimer son imagination débridée comme la traversée de la rivière en chocolat, la télétransportation des barrettes de chocolat dans la télévision diffusant le ‘2001’ de Stanley Kubrick ou la scène des écureuils travailleurs. Malgré un humour corrosif très appuyé, un visuel grandiose, des excentricités loin d’être banales et une atmosphère grotesque et satirique à souhait , ‘Charlie and the Chocolate Factory’ plonge dans la lourdeur (rythme pas toujours bien entretenu dans la première partie, personnages agaçants, musique lourdingue, etc.) et échoue à rattraper les quelques récentes déceptions d’un réalisateur aujourd’hui très critiqué pour son manque de prises de risque, que l’on attend dorénavant sur ‘The Corpse Bride’, son nouveau film d’animation censé renouer avec l’esprit de l’incontournable ‘The Nightmare Before Christmas’!

Qui dit Tim Burton dit bien évidemment Danny Elfman, qui après un score pas franchement mémorable pour ‘Big Fish’, renoue avec son traditionnel style fantaisiste d’antan avec ‘Charlie and the Chocolate Factory’. Elfman a écrit à la fois le score du film et les chansons interprétées tout au long du film par les Oompa Loompas, incluant la chanson entendu dans le trailer du film et lors de l’arrivée à la chocolaterie, ‘Wonka’s Welcome Song’, caricature de chansonnette foraine tellement bizarre et infantilisante qu’elle en devient irritante (elle permet néanmoins de poser le ton de la musique du film). Le reste s’avère être plus digeste comme l’entraînant ‘Augustus Gloop’, premier dénigrement musical d’un des jeunes protagonistes du film interprété par les Oompa Loompas (avec les petites voix fluettes trafiquées pour renforcer le côté un peu infantile et fantaisiste des chansons), sur un rythme entraînant et un rif sympa de cuivres (à noter qu’on retrouve le motif dans toutes les autres chansons du film). Idem pour ‘Violet Beauregarde’ où Elfman s’amuse à coller une rythmique funk très ‘in’ pour la chanson qui se moque de Violet (Annasophia Robb), sans oublier ‘Veruca Salt’ et son côté ballade pop ‘sixties’ très ironique avec ses voix à la Simon and Garfunkel (avec, au passage, quelques vagues sonorités indiennes assez fantaisistes). On termine avec la dernière chanson du film, ‘Mike Teavee’, où Elfman se lance dans une parodie rock ‘seventies’ qui rappelle ses délires sur ‘Forbidden Zone’ et certains passages de ‘Men In Black’, avec des changements d’ambiance et de rythmes calqués sur la célèbre chanson ‘Bohemian Rhapsody’ du groupe ‘Queen’ (une influence incontestable sur cette chanson). Elfman apporte un humour incontestable à travers ses chansons, jouant sur différents genres avec une certaine inventivité, même si les chansons des Oompa Loompas finissent très vite par devenir franchement lourdingues et inutiles à la longue. Heureusement, le score vient contrebalancer les débordements vocaux des petits nains de Willy Wonka en imposant dès le ‘Main Titles’ le style fantaisiste reconnaissable entre mille du compositeur.

Fidèle à son habitude, Elfman nous livre une ouverture captivante et débordante d’énergie, où le compositeur renoue avec son style fantaisiste/excentrique de ses premières partitions pour les films du Tim Burton de la fin des années 80. A l’aide de sonorités électroniques étranges, de son traditionnel choeur d’enfants, des percussions et de l’orchestre, Elfman nous dévoile très vite son thème principal chanté par le choeur d’enfants dans la lignée de ‘Scrooged’ ou ‘Batman Returns’, qui évoque l’univers infantile et satirique du film alors que l’on voit à l’écran une animation numérique montrant les immenses machines automatiques à l’intérieur de l’usine de Willy Wonka. Le rythme martelé aux percussions avec ses cordes énergiques et des synthés kitsch et bizarres renforcent la facette fantaisiste du thème avec ses voix d’enfants un brin moqueuses (symbolisant l’humour corrosif du film). On regrettera le fait que le compositeur ait ici un peu tendance à verser dans l’auto caricature, même s’il n’est jamais désagréable de réentendre le bon vieux Elfman fantaisiste qui nous manquait tant depuis quelques temps (et qui manquait surtout cruellement sur ‘Big Fish’). On reste en revanche plus mitigé sur la dernière partie du morceau qui renoue avec le style plus sentimental/féerique de ‘Edward Scissorhands’, en bien moins inspiré. A vrai dire, le score de ‘Charlie and the Chocolate Factory’ est bien loin de se cantonner au style fantaisiste de la première partie du ‘Main Titles’, la musique oscillant systématiquement entre délires purs et passages intimistes entre ‘Big Fish’ et ‘Edward Scissorhands’, ces passages trahissant un manque de risque évident et décevant de la part du compositeur, même si cela fonctionne parfaitement dans le contexte du film.

Les choeurs d’enfants reviennent dans ‘Wonka’s First Shop’ dans un style orchestral plus léger et sautillant évoquant les magasins de chocolat de Wonka, pizz de contrebasses et célesta à l’appui. Une fois encore, l’ombre de ‘Edward Scissorhands’ plane sur la musique d’Elfman, donnant une forte impression de déjà entendu, tandis que ‘The Indian Palace’ verse de façon plus inattendu dans un style indien à grand renfort d’effets orientaux et de sitar indienne pour la scène où Wonka construit l’immense palais en chocolat pour un prince indien, soutenu par une écriture orchestrale toujours assez dense, avec, au passage, un motif de cordes qui se ballade durant la seconde partie du morceau depuis ‘Wonka’s First Shop’ et que l’on pourra aisément associer au côté bizarre et excentrique de Willy Wonka. A noter une seconde partie particulièrement fantaisiste dans ‘Wheels in Motion’, où Elfman reprend le thème du ‘Main Titles’ auquel se succède un petit morceau caricaturant les productions musicales de ‘Bollywood’ et un bref passage orchestral sautillant et quasi festif, des éléments assez hétérogènes qui permettent d’apporter au film un ton excentrique difficilement dissociable des images et de l’univers du long-métrage de Tim Burton. Dommage que l’on retombe dans un style intimiste particulièrement banal dans ‘Charlie’s Birthday Bar’ (scène où Charlie reçoit sa barre de chocolat le jour de son anniversaire, ne contenant malheureusement pas le ticket d’or). Idem pour ‘Chocolate Explorers’, qui malgré ses bonnes idées (inclusion d’effets de bourdonnements et de petites percussions exotiques lorsque les enfants explorent pour la première fois l’énorme plaine à chocolat de Wonka) déçoit par son manque d’originalité.

Paradoxalement, ‘Charlie and the Chocolate Factory’ contient tout autant de passages insolites et farfelus que de morceaux banals et sans grande originalité, car après un ‘Chocolate Explorers’ sans histoire, ‘Loompa Land’ évoque la scène de la rencontre entre Willy Wonka et les Oompa Loompas dans la forêt à l’aide de ‘ouh-ah’ primitifs et de percussions tribales associés aux petits personnages qui deviendront très vite les principaux alliés de Wonka. A noter un bref passage d’action particulièrement massif lorsque Wonka se fait attaquer par un énorme insecte au sang bleu. On retrouve une ambiance tribale assez similaire dans ‘The Boat Arrives’, Elfman mettant en avant ici les cuivres pour symboliser le départ du voyage sur la rivière de chocolat, développé dans ‘The River Cruise’ avec ses voix fredonnées un peu bizarres, ses percussions à la ‘Planet of the Apes’ et son orchestre dense Si ‘First Candy’ nous permet de retrouver quelques bonnes variantes du thème de Wonka aux cordes (avec le célesta à la ‘Edward Scissorhands’), ‘Up and Out’ renoue avec le style farfelu du ‘Main Titles’ à l’aide de synthétiseurs kitsch (genre le thérémin de ‘Mars Attacks!’) accompagnant de façon massive la scène de l’ascenseur de verre. On pourra aussi se délecter de l’un des meilleurs passages de la partition de ‘Charlie and the Chocolate Factory’, ‘The River Cruise Part 2’, accompagné par des choeurs grandioses, un orchestre massif, des voix fredonnées à bouche fermée (symbolisant les Oompa Loompas) et des percussions omniprésentes accompagnant la croisière des enfants sur la rivière de chocolat.

‘Charlie Declines’ et ‘Finale’ nous plongent finalement dans la facette plus poétique et intimiste de ‘Charlie and the Chocolate Factory’ avec un ‘Finale’ un peu trop sucré où règne une certaine sérénité naïve qui conclut le film à la manière d’un conte de fée (on aurait peut-être souhaité une approche plus subtile un peu moins à la Disney). On pourra néanmoins apprécier un bon ‘End Credits Suite’ dans lequel Elfman reprend ses différentes chansons dans des versions instrumentales (l’effet est plutôt sympa bien qu’assez inutile en fin de compte, les chansons se suffisant à elle-même, en dehors du film). Au final, et malgré ses défauts, la partition de ‘Charlie and the Chocolate Factory’ a de sérieux atouts pour réconcilier les béophiles avec Danny Elfman qui, depuis quelques années, a très nettement opéré un changement radical de style en mettant de côté son style excentrique qui l’a pourtant fait connaître vers la fin des années 80. Résolument tournée vers le passé, la musique de ‘Charlie and the Chocolate Factory’ porte ce même regard nostalgique d’un artiste qui, s’il refuse toujours autant aujourd’hui d’innover, continue de jouer sur les recettes qui lui ont permis de bâtir son style tout au long de la dernière décennie, à l’instar de Tim Burton (dont certains considèrent son nouveau film comme une sorte d’autobiographie, autre lien évident dans le film avec le passé). Avec ses clins d’oeil à des oeuvres antérieures du compositeur et ses nombreuses touches d’humour, ‘Charlie and the Chocolate Factory’ devrait séduire les inconditionnels du compositeur et laisser de marbre les autres, qui étaient en droit de s’attendre à un peu plus d’originalité de la part d’Elfman, même si sa nouvelle collaboration avec Tim Burton rattrape malgré tout la précédente déception de ‘Big Fish’.


---Quentin Billard