1-Main Title/Felix The Cop 3.05
2-First Training Flight 5.14
3-So Long Felix 4.08
4-Navigator's Hang Up 1.26
5-Armed and
Dangerous No.1 3.30
6-Drones, Drones, Drones
(But not a Drop to Drink) 2.53
7-Sykes gets Caught 2.10
8-Armed and
Dangerous No.2 4.28
9-So You Like It Fast
(Hard and Rough!) 1.17
10-Jake To The Rescue/
Joel's Outlandish Adventure 2.25
11-Lee Bombs Out 3.02
12-Welcome To Moon 44 0.50
13-Taxi Driver
("You Talkin' To Me?") 2.49
14-The Cookie Crumbles/
Bumby Taxi Ride/
The End of Moon 44 6.06
15-Aftermath 1.15
16-Heading For Earth 0.59
17-Terry On The Moon/
Finale 1.13
18-Shut Out 1.34*

*Interprété par
Heather Forsyth.

Musique  composée par:

Joel Goldsmith

Editeur:

Silva Screen
FILMCD-075

Musique produite par:
Joel Goldsmith
Supervision de l'édition:
David Stoner,
Jimmy Fitzpatrick

Producteur exécutif:
Reynold DaSilva
Coordination musicale:
Paul Talkington
Coordination, séquencing:
Ford A. Thaxton

Artwork and pictures (c) 1990 Silva Screen Records. All rights reserved.

Note: ***
MOON 44
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joel Goldsmith
Avant de se lancer dans les grosses machineries hollywoodiennes qui ont fait sa réputation, l’allemand Roland Emmerich nous livrait sa première production massive avec ‘Moon 44’, série-B de science-fiction aujourd’hui oubliée mais considérée pourtant comme son point de départ vers ses futures productions hollywoodiennes épiques telles que ‘Stargate’, ‘Independence Day’ ou ‘Godzilla’. L’histoire se déroule en l’an 2038. La terre a épuisée toute ses ressources et se tourne désormais vers l’espace et ses gisements miniers situés sur des lunes satellites de notre planète, qui courent un grand danger alors qu’une puissante corporation déclare la guerre au conglomérat terrestre afin de prendre le contrôle des derniers gisements miniers restants. Après la disparition de plusieurs robots miniers et la chute de nombreuses lunes satellites tombées dans le camp adverse, les dirigeants décident de faire appel à Felix Stone (Michael Paré), un policier sur le point de remettre sa démission et qui devra accomplir une dernière mission en tant qu’agent de la sécurité. Stone doit se rendre sur la lune de Moon 44, la dernière qui n’est pas encore tombée aux mains des envahisseurs. Afin de rester incognito, il se fait passer pour un prisonnier et rejoint un autre groupe de détenus recrutés par les dirigeants des mines pour devenir pilote sur Moon 44 et défendre la station en cas d’attaque. Sur place, la tension monte alors très vite entre les apprentis-pilotes et leurs jeunes navigateurs, si bien qu’un drame ne va pas tarder à survenir, créant une situation conflictuelle particulièrement dangereuse. Pendant ce temps, un espion se trouvant à bord de la station continue de trafiquer les robots miniers en les faisant disparaître. Finalement, Stone devra à la fois stopper l’espion et se préparer à contrer une attaque ennemie imminente sur la base de Moon 44.

Malgré un budget assez modeste pour une production de ce genre (7 millions de dollars, alors que ‘Independence Day’ coûta 75 millions!), Roland Emmerich nous offre une série-B d’action/science-fiction assez agréable même si, bizarrement, le rythme du film est assez mou et contient peu de scènes d’action à proprement parler. La première partie semble s’éterniser étrangement autour de la relation conflictuelle entre les pilotes qui jouent aux gros durs et leurs jeunes navigateurs quoi doivent constamment essuyer les humiliations et les brutalités des pilotes. On se demande même à quoi pouvait bien servir la scène où l’un des pilotes viole un jeune navigateur dans la douche – même si l’on appréciera l’audace d’une scène qui paraîtrait aujourd’hui inconcevable dans une production hollywoodienne commerciale et calibrée. Emmerich s’éternise donc sur des détails inutiles, et pendant ce temps, l’intrigue de l’espion saboteur tarde à venir et l’action pointe finalement le bout de son nez lors d’une scène de bataille finale qui apparaît un peu trop tardivement dans le film (à noter la présence de Malcolm McDowell). Etrange, alors que le film annonçait pourtant une aventure spatiale assez mouvementée. On pourra apprécier malgré tout la qualité des décors et de l’ambiance du film, qui s’inspirent massivement des décors du ‘Aliens’ de James Cameron et du ‘Blade Runner’ de Ridley Scott (avec un soupçon de ‘Alien’ pour les décors high-tech obscurs et les incessants jets de fumée dans la station), ‘Moon 44’ nous renvoyant aussi au style du ‘Outland’ de Peter Hyams, qui s’inspirait déjà très clairement de l’ambiance du ‘Alien’ de Ridley Scott. Volker Engel, spécialiste des effets spéciaux et fidèle collaborateur de Roland Emmerich, nous offre quelques bons effets spéciaux rudimentaires mais tout à fait convaincant malgré un budget particulièrement modeste, preuve que le réalisateur a sut s’entourer d’une bonne équipe en dépit de moyens assez restreints. Hélas, ‘Moon 44’ s’avère être une série-B de science-fiction inégale, pleine de longueurs et de scènes inutiles, au rythme finalement mal géré. On se serait peut-être attendu à quelque chose d’un peu plus grandiose et de plus captivant!

En 1990, alors qu’il signait la musique de ‘Moon 44’, Joel Goldsmith nous offrait sa première partition symphonique majeure après une série de BO électroniques sans grand intérêt. Hélas, le fils du grand Jerry Goldsmith a toujours vécu dans l’ombre de son père, composant la musique de séries-B et autres téléfilms sans grand intérêt (il débuta en 1978 avec la modeste série-B de science-fiction ‘Laserblast’ aux côtés du compositeur Richard Band). Ses seules véritables titres de ‘gloire’ restent encore ‘Kull the Conqueror’, ‘The Man with Two Brains’, ‘Diamonds’, ‘Shiloh’ ou bien encore sa musique pour la série TV ‘Stargate SG-1’. ‘Moon 44’ fait aussi partie de ses partitions les plus connues, qui n’annonçait pourtant que du bon alors que la suite de sa carrière oscillera entre musiques de nanars infâmes et navets méconnus qui gagnent à le rester définitivement. Avec ‘Moon 44’, Joel Goldsmith nous offre une partition d’action orchestrale dans la plus pure tradition du genre (brillamment interprétée par le Graunke Symphony Orchestra), à laquelle le compositeur mélange ses traditionnels synthétiseurs qui rappellent le côté ‘série-B’ du film, même si les synthés sont utilisés ici avec parcimonie, l’orchestre dominant avant tout l’ensemble de la partition. ‘Main Title/Felix the Cop’ s’ouvre au son d’un motif de cordes doublées par un synthé absolument mystérieux, juste quelques notes calmes et minimalistes qui nous plongent d’entrée de jeu dans une ambiance assez particulière voire quasi étrange. On se sent véritablement flotter ici dans un autre monde. Puis, Goldsmith dévoile le thème principal de sa partition, quelques notes vaguement plus optimistes et majestueuses qui semblent associées à cet univers spatial, renforcé ici par un son de choeurs de synthé lui aussi assez mystérieux. Le compositeur verse donc ici dans le minimalisme en nous offrant un premier thème particulièrement sobre et modeste, avant un bref sursaut orchestral agressif lors de la scène où le prisonnier de Stone tente de s’échapper au début du film. Goldsmith évoque dès les premières minutes de sa partition la facette ‘action’ de sa musique, avec des orchestrations de qualité et une utilisation assez inventive des synthétiseurs, qui renforcent l’ambiance sombre et mystérieuse de ce premier morceau (on sent déjà ici l’influence de Jerry Goldsmith dans les rythmes et les percussions utilisés ici par Joel).

‘First Training Flight’ confirme l’orientation action de la partition de ‘Moon 44’ en dévoilant ici le second thème, thème de cuivres martial d’esprit associé aux pilotes de Moon 44, introduit par les trompettes et développé par la suite par les cordes. On notera l’utilisation d’un petit ostinato joué de façon inventive par des effets de col legno (bois de l’archet) des cordes puis par une caisse claire qui martèle un rythme martial assez prenant pour la scène des premiers entraînements de vol. Les orchestrations s’avèrent être très soignées, utilisant tous les différents pupitres de l’orchestre avec quelques rythmes et couleurs qui, une fois encore, rappellent immanquablement Jerry Goldsmith, qui semble avoir eu une certaine influence sur la musique de son fils, même si l’on distingue malgré tout un style assez différent, surtout dans la façon dont Joel orchestre et répartit certains instruments (les orchestrations sont signés Christopher L. Stone). Le thème des pilotes, très présents, est développé à travers une série de variations assez prenantes, faisant de ‘First Training Flight’ le premier morceau d’action incontournable de la partition de Joel Goldsmith. Le thème est repris dans ‘So Long Felix’ avec comme toujours ces sons de choeurs électroniques mystérieux et un environnement sonore fait de cordes envoûtantes et de harpe cristalline, avant de laisser la place à un sursaut orchestra et un passage atmosphérique sinistre de qualité. L’utilisation de l’électronique s’avère être ici inventive, tandis que la partie orchestrale suggère un suspense sans équivoque, avec au passage de brefs effets de gargouillis de pizzicati de cordes symbolisant ici la tension d’un affrontement imminent contre le saboteur. L’action reprend de plus belle dans ‘Armed and Dangerous No. 1’ où Goldsmith utilise un ostinato martial du plus bel effet pour évoquer le début de la bataille finale. Le thème des pilotes se transforme ici en thème d’action, renforcé par les cuivres et le caractère implacable de l’ostinato martial. Idem pour la seconde partie du morceau, ‘Armed and Dangerous No. 2’ où, en plein coeur de la bataille, la musique illustre la frénésie de l’affrontement à travers de multiples variations du thème d’action et des changements de rythmes qui, une fois de plus, font inexorablement penser aux partitions d’action de papa Goldsmith. Cependant, le fiston est loin d’avoir à rougir de la comparaison, tant ses morceaux d’action révèlent un certain talent et un maniement de l’orchestre parfois très inventif, apportant une énergie considérable au film (où la musique est, comme toujours, mixée un peu trop bas pour pouvoir en profiter pleinement).

Si ‘Armed and Dangerous 1 et 2’ vous ont captivés, vous devriez aussi adorer l’excitant ‘Drones, Drones, Drones’ pour une énième scène de confrontation contre les vaisseaux ennemis. Goldsmith joue une fois encore sur les rythmes syncopés, les changements de mesure systématiques et un contrepoint cordes/cuivres d’une efficacité redoutable (excellente interprétation du Graunke Symphony Orchestra). L’action est donc pleinement au rendez-vous, tandis qu’un morceau comme ‘Sykes Get Caught’ évoque la partie plus atmosphérique/suspense du score, à l’aide de textures électroniques glauques et mystérieuses, et plus particulièrement ces effets de résonance menaçants et ces sonorités métalliques froides et obscures, évoquant l’univers sombre de la station de Moon 44, débouchant sur un bref passage d’action frénétique pour la confrontation entre Stone et le sergent Sykes (Leon Rippy), lorsque celui-ci est démasqué. Un morceau comme ‘Taxi Driver (You Talkin’ To Me?)’ surprend par l’utilisation inattendue d’un ostinato de col legno de cordes qui martèle obstinément du début jusqu’à la fin la note do à la façon d’un rythme de boléro, accompagnant les premières scènes de préparatifs des essais de vol, sur fond de sonorités électroniques sombres et de variantes du thème des pilotes. A noter que le compositeur semble faire preuve d’un humour pour le moins inattendu dans certains titres de ses morceaux, comme l’allusion ironique au célèbre film de Martin Scorsese, ‘Taxi Driver (You Talkin’ To Me)’ – on se souvient de cette non moins célèbre réplique du personnage de Robert De Niro dans le film de Scorsese – ou ‘Drones, Drones, Drones (But Not a Drop To Drink’), traduit littéralement ‘pas une goûte à boire!’, ou bien encore 'Felix The Cop', allusion hilarante au dessin animé 'Felix The Cat', sans oublier, cerise sur le gâteau, 'Joel's Outlandish Adventure', où le compositeur cite son nom en faisant ironiquement allusion au film 'Outland' mis en musique par son père en 1981, et auquel le film semble faire référence de par son atmosphère et ses décors spatiaux. Voilà en tout cas un brin d’humour pas désagréable, et qui rappelle un certain Christopher Young, qui est lui aussi un expert des touches d’humour dans les titres de ses pièces.

Le reste du score se prolonge sur une série de morceaux d’action endiablés, que ce soit ‘Jake To The Rescue’ et ses cordes frénétiques (avec au passage une reprise du thème d’action qui fait curieusement penser au thème de la force du ‘Star Wars’ de John Williams), ‘Lee Bombs Out’ pour l’affrontement contre Lee accompagné par des percussions et des rythmes syncopés qui rappellent par moment le ‘Total Recall’ de Jerry Goldsmith (autre influence notable de la musique du père sur celle du fils) sans oublier le long déchaînement orchestral de ‘The Cookie Crumbles/Bumby Taxi Ride/End of Moon 44’ pour la bataille finale, débouchant sur un ‘Aftermath’ plus apaisé et un ‘Heading for Earth’ plus optimiste alors qu’une trompette entame un passage plus calme, très vite rejoint par les synthétiseurs mystérieux du début, pour déboucher sur ‘Terry On The Moon – Finale’ où Goldsmith reprend une dernière fois son thème principal par les sons de choeurs synthétiques. Vous l’aurez donc compris, ‘Moon 44’ est un score d’action explosif, qui témoigne d’un talent certain d’un compositeur qui, bien qu’ayant toujours oeuvré dans l’ombre de son génial père, possède néanmoins une certaine personnalité musicale qui ne demande qu’à mûrir et à éclore, à condition que le compositeur sache choisir à l’avenir des projets de bien meilleure qualité que les séries-B pourries qu’il a eu à mettre en musique au cours de ces dix dernières années. Quoiqu’il en soit, sans être d’une folle originalité, la musique de ‘Moon 44’ possède pas mal de bons points qui en font, au final, une partition d’action captivante aux orchestrations riches et inventives et aux rythmes frénétiques à souhait, apportant tout le tonus dont le film de Roland Emmerich avait bien besoin. Sans aucun doute l’une des partitions majeures de Joel Goldsmith, sans être un véritable chef-d’oeuvre en soi!


---Quentin Billard