1-Radio Flyer Part I 9.58
a.Building The Flyer
b.On The Road To Geronimo
c.Love Secrets and Fascinations
2-Radio Flyer II 7.00
a.Expeditionning
b.Mix The Potion
c.Four Discoveries
3-Radio Flyer Part III 13.37
a.Sampson and Shane
b.Fisher's Legend
c.The Big Idea
4-The Name Game 3.00*

*Interprété par Shirley Ellis
Ecrit par Shirley Elliston
et Lincoln Chase.

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Big Screen Records
9 24454-2

Score produit par:
Hans Zimmer, Jay Rifkin
Montage de la musique:
Laura Perlman
Préparation de la musique:
Bob Bornstein
Coordinateur de Big Screen:
Celest Ray
Soundtrack monté par:
Jeff Rona

Artwork and pictures (c) 1992 Columbia Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
RADIO FLYER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
‘Radio Flyer’ est un drame poignant signé Richard Donner, d’après le très beau script de David M. Evans qui faillit tourner le film mais du céder sa place à Donner pour cause d’inexpérience dans la réalisation. Un jour, alors que ses deux enfants se disputent autour d’une promesse que l’un n’a pas tenu envers l’autre, un jeune père de famille (Tom Hanks) raconte son histoire à ses deux enfants, une histoire à la fois drôle, belle, dure et triste à la fois, le récit de son enfance passé avec son jeune frère de 9 ans. En 1969, Mike (Elijah Wood) et son frère Bobby (Joseph Mazzello) traversent une bonne partie de l’Amérique à bord de la voiture de leur mère Mary (Lorraine Bracco), qui vient tout juste de divorcer. Ensemble, ils entament une nouvelle vie en Californie. Un jour, Mary fait la connaissance de celui que les enfants surnomment ‘The King’ (Adam Baldwin), et qui va devenir le nouveau beau-père de Mike et Bobby. Au début, tout allait pour le mieux, Mary et ses enfants menant de nouveau une vie paisible et heureuse, jusqu’à ce que le King se mette à boire et à frapper Bobby. Du jour au lendemain, la vie des deux jeunes enfants, remplie de rêves, de magie, de potions de sorcier et de monstres nocturnes bascule soudainement dans l’horreur de la réalité, alors que le tyrannique beau-père ne cesse d’infliger des sévices au jeune Bobby. Mais leur mère, qui travaille en tant que serveuse dans un bar et ne rentre que très tard le soir, ne remarque rien, surtout depuis que Mike et Bobby se sont juré de ne rien dire à leur mère afin qu’elle continue d’être heureuse, et parcequ’il s’était autrefois fait la promesse de veiller sur elle. Afin de passer le moins de temps possible à la maison et de fuir le King dès qu’ils le peuvent, les deux jeunes enfants passent la majeure partie de leur temps dehors, explorant les environs et s’inventant de nouvelles aventures imaginaires tout en fuyant systématiquement la bande de Victor Hernandez (Noah Verduzco), jeune voyou du quartier qui s’en prend régulièrement à Mike et Bobby avec ses copains. Les deux jeunes frères se rendent alors régulièrement à la petite colline derrière leur maison et adressent leurs prières à Dieu, mais en vain. Puis, un jour, ils trouvent le moyen de se faire un peu d’argent en revendant des bouteilles consignées et des balles de golfe perdues au fond d’un lac et décident de mettre leurs sous de côté, dans une cachette qu’eux seuls connaîtraient, jusqu’au jour où, enfin, cet argent leur servirait à accomplir leur magnifique solution pour que Bobby échappe définitivement au King et accomplisse son rêve le plus fou, un envol que le jeune enfant avait secrètement prévu depuis le début. Grâce à leur argent, les deux frères construisent ‘Radio Flyer’, la machine qui permettra à Bobby de s’envoler vers de nouveaux horizons et de voyager pour découvrir le monde.

Derrière son apparence enfantine et magique, ‘Radio Flyer’ cache en fait un drame sombre sur la vie de deux enfants innocents qui se retrouvent du jour au lendemain confrontés à la dure réalité, celle de la connerie humaine. Entre un King violent et tyrannique et une bande de jeunes voyous toujours prêts à la bagarre, les deux jeunes enfants n’ont comme unique solution que de se réfugier dans leur univers de magie, de rêves et de monstres. Entre leurs aventures imaginaires, le cinéma (‘Chitty Chitty Bang Bang’ et sa fameuse voiture volante, qui annonce clairement la fin du film, ou les monstres du ‘Septième voyage de Sinbad’) et leur débrouillardise, les deux enfants apprennent ensemble à surmonter les épreuves et à trouver des solutions pour échappe aux sévices du King (on regrettera quand même la fin totalement fantaisiste et quasi surréaliste du film, alors que toute l’histoire est filmée de façon plutôt réaliste et crédible – mais nous sommes à Hollywood, là où tout est permis, même l’impossible! C'est d'ailleurs bien là où le concept même du film atteint ses limites et ne peut que sombrer dans l'invraisemblance, la chute en avant voire le ridicule). Pour Richard Donner, c’est la seconde fois que le réalisateur se frotte à l’univers de l’enfance, un thème qu’il avait déjà abordé dans son célèbre ‘The Goonies’ en 1985. Mais cette fois-ci, ce n’est pas tant le propos aventureux qui est au centre du film mais plus celui des deux enfants et de leur rapport à leur vie de tous les jours et l’univers qu’ils se créent pour échapper à un beau-père alcoolique et brutal, l’occasion de se souvenir qu’hélas il existe toujours des enfants maltraités par leurs parents ou leurs proches et que chacun se doit de réagir contre cela et de dénoncer les individus qui s’en prennent à des enfants aux autorités compétentes. Les jeunes Elijah Wood et Joseph Mazzello s’imposaient déjà très jeune à l’époque par la qualité et la maturité de leur jeu d’acteur, chacun ayant suivit par la suite des voies différentes (Wood est devenu Frodon dans la célèbre trilogie des ‘Lord of the Rings’, tandis que Mazzello a continué à tourner dans des films moins connus en dehors des deux premiers épisodes de ‘Jurassic Park’ de Steven Spielberg, mettant un frein à sa carrière d’acteur entre 1998 et 2001). Face à eux, Adam Baldwin surprend dans la peau de ce beau-père tyrannique dont on aperçoit que très rarement le visage tout au long du film, toujours coupé ou filmé dans l’obscurité, ce qui renforce le caractère menaçant et inquiétant du personnage. Malgré quelques problèmes lors de la production et un remontage tardif, Richard Donner a sut donner une certaine consistance à cette fable enfantine dramatique, évitant les pièges de la naïveté et des excès larmoyants (sauf peut-être à deux ou trois reprises, mais rien de bien méchant) en nous offrant un film beau, rafraîchissant et dur à la fois, certainement l’un de ses meilleurs films dans le genre!

La partition de Hans Zimmer apporte à son tour une émotion considérable au film de Richard Donner. Après quelques partitions majeures telles que ‘Rain Man’, ‘Black Rain’ et ‘Backdraft’, Zimmer poursuit sur sa lancée avec ‘Radio Flyer’ en s’essayant cette fois-ci à la musique orchestrale sans pour autant délaisser ses traditionnels synthétiseurs qui ont fait toute sa réputation à la fin des années 80. A l’image du film lui-même, la partition de Hans Zimmer s’avère être à la fois drôle, entraînante, insouciante, rafraîchissante et aussi mélancolique, intime et parsemé de moments de tristesse. Dès les premières secondes, les sonorités électroniques cristallines, une clarinette, un harmonica, un piano et une harpe annoncent une belle aventure, bientôt suivi du thème principal énoncé aux vents et repris joyeusement par une flûte à bec (symbolisant dans le film le monde de l’enfance) sur un rythme entraînant et aérien alors que les enfants construisent Radio Flyer. On appréciera ici la qualité des orchestrations (assurées par Shirley Walker) et des harmonies lumineuses teintées de légèreté et d’un entrain quasi enfantin. Mélangeant habilement électronique et sonorités orchestrales (plus particulièrement les instruments à vents, même si les cordes sont elles aussi présentes) sur un pulsation rythmique omniprésente, Zimmer évoque cet univers de l’enfance avec une innocence et une jovialité insouciante, comme ultime refuge d’un monde devenu brutal et dur pour les deux jeunes frères. ‘On the Road to Geronimo’ nous permet quand à lui de découvrir le second thème, plus nostalgique d’esprit, confié à une clarinette et des cordes chaleureuses alors que les enfants se rendent chez Geronimo Bill au début du film avec leur mère, lors de leur trajet en voiture à travers l’Amérique. Le caractère nostalgique du thème évoque l’amour familial, le lien très fort entre Mary et ses deux enfants. On notera l’importance accordée ici à la clarinette, instrument que Zimmer semble particulièrement apprécier et que l’on retrouve dans des BO telles que ‘Driving Miss Daisy’ ou ‘Nine Months’. La partie consacrée à ‘Lost Secrets and Fascinations’ accompagne fièrement le début du film lors de l’envol de Fisher qui tente d’accomplir un exploit en dévalant une pente avec son vélo à la manière des grands pilotes de l’époque. Un bref thème de cuivres héroïque accompagne la descente de Fisher avant de se conclure de façon plus dramatique avec l’intervention de la voix d’un enfant, preuve que, décidément, Zimmer savait se montrer particulièrement inventif à cette époque. On pourra aussi entendre une brève reprise sombre du thème enfantin qui sera associé plus tard à Mike et Bobby.

La fin de la première partie évoque quand à elle la partie plus dramatique du film, lorsque Bobby est victime des sévices corporelles infligées par son beau-père. On notera ici le caractère triste et amer de cette très belle conclusion de la partie 1 où l’on ressent une fragilité réellement touchante, fragilité que Zimmer arrive parfaitement à nous faire ressentir dans le film. La seconde partie repart quand à elle de plus belle sur l’évocation de l’univers d’exploration et d’aventure des enfants dans ‘Expeditioning’. Visiblement, Zimmer se fait particulièrement plaisir en jouant sur ses différents instruments et en multipliant les bonnes idées avec une fraîcheur exemplaire. Le thème des jeunes frères est alors développé à partir de 2.51 alors que Mike et Bobby ramassent les bouteilles vides et les balles de golfe et les revendent pour se faire un peu d’argent. Annoncé par un xylophone, le thème est repris par divers instruments sur un rythme sautillant et clairement enfantin, auquel s’ajoutent des ‘na-na-na’ d’enfants puérils mais très amusants. Le thème de Mike et Bobby évoque clairement le côté espiègle des deux frères, avec une insouciance toujours évidente et une écriture instrumentale pleine de fraîcheur et d’enthousiasme. La musique passe très vite d’un élément à un autre sans parfois de lien évident avec le passage précédent, à l’instar d’un enfant qui aurait du mal à tenir en plus de cinq minutes. Zimmer se met véritablement dans la peau de ces enfants et retranscrit du mieux qu’il peut leurs différentes émotions et leur univers enfantin si particulier.

Finalement, la troisième partie contient les moments les plus enjoués de toute la partition, avec un ‘Sampson and Shane’ où se mélangent divers instruments, flûtes à bec, violon, xylophone, cordes, harmonica, piano, marimba, synthé, le tout avec une inventivité et une fraîcheur toujours constante. ‘Fisher’s Legend’ nous permet de retrouver le style entraînant et héroïque du début du film pour la scène où Bobby s’envole à bord de Radio Flyer à grand renfort d’élan orchestral et d’un puissant rappel majestueux du thème de l’appareil que l’on entendait déjà dans ‘Building the Flyer’. A noter une superbe reprise triomphante du thème des frères à 7.10, où la musique exprime une joie quasi palpable, un optimisme renversant, un enthousiasme très convaincant. ‘The Big Idea’ nous permet de retrouver une nouvelle fois le thème familial de façon émouvante lorsque Mike et Bobby concrétisent ensemble leur grande idée et que Bobby décolle vers de nouveaux horizons à bord de Radio Flyer. Les quatre dernières minutes de ‘The Big Idea’ nous permettent de retrouver pour le générique de fin du film le très joyeux et espiègle thème des frères avec son xylophone, son balancement rythmique et sa trompette jazzy qui le fait clairement ressembler à une musique de Big Band des années 30/40, suivi d’une dernière belle reprise de l’un des thèmes du score pour une conclusion paisible et optimiste.

Vous l’aurez donc compris, ‘Radio Flyer’ est une partition assez particulière dans la carrière de Hans Zimmer qui, en 1992, commençait alors à se faire connaître du grand public. Avec ‘Radio Flyer’, Zimmer se devait de relever un défi majeur, celui de l’approche musicale d’un film qui réclamait une musique forcément particulière et adéquate. Se frottant pour la première fois de sa carrière de compositeur à ce style de musique enjouée et enfantine, Zimmer nous livre finalement un score frais, entraînant et coloré où il résume, en évitant de justesse la niaiserie enfantine, toute l’âme de la jeunesse et de l’univers d’aventure et de magie des deux enfants, qui trouvent là un refuge contre leur mal-être et leurs souffrances (finalement assez peu représenté dans la musique, même si cette partie est tout de même présente). Quelque part, la musique de Zimmer est ce refuge, cet endroit idéal où tout est permis, à l’image de ces instruments qui semblent se balader librement d’un bout à l’autre de la partition avec une fluidité riche et exemplaire. Certes, Zimmer a toujours dit qu’il ne savait pas orchestré et qu’il se faisait toujours aider pour cela, et l’on est en droit de se demander jusqu’où Shirley Walker a put aller sur la musique de ‘Radio Flyer’, tant les orchestrations paraissent d’une inventivité renversante de la part du compositeur allemand. Quoiqu’il en soit, le résultat est particulièrement fameux, original, drôle et entraînant, apportant une poésie, une tendresse et une émotion particulière au film de Richard Donner, un score qui, s’il n’a jamais réussi à s’imposer comme l’un des chef-d’oeuvres du compositeur teuton, n’en demeure pas moins une petite partition remarquable, preuve incontestable que Hans Zimmer possédait à cette époque plus d’un tour dans son sac, et ce bien avant qu’il se laisse entraîner dans les grosses machineries hollywoodiennes qui lui auront finalement fait perdre une partie de son inspiration, voire de son âme. En tout cas, avec ‘Radio Flyer’, on sent que le compositeur s’est fait grandement plaisir et s’est bien amusé sur le film de Richard Donner. Grand bien lui fasse, car il est fort à parier que l’auditeur, qui n’aura pas perdu son âme d’enfant, retrouvera toutes les sensations uniques du monde de l’enfance à travers la très belle musique de Hans Zimmer!


---Quentin Billard