1-Kull the Conqueror 2.01
2-Kull's Initiation 2.08
3-Card Reading 2.45
4-Rebirth of Aki 6.01
5-Ship Brawl 3.44
6-The Voyage Begins 0.46
7-The Arrival 7.54
8-Aki's Control 2.57
9-Deep Freeze 2.22
10-Askalante on Ice 3.06
11-Meeting Zereta 2.26
12-The King's Death 1.30
13-Saving Zereta 4.36
14-Ride to Tetheli 1.23
15-The Hunt for Kull 1.52
16-Kull's Escape 1.35
17-Kull's Return 3.44
18-King Kull 1.32

Musique  composée par:

Joel Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5862

Produit par:
Joel Goldsmith,
Rick Chadock

Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur en charge de
la musique pour Universal Pictures:
Harry Garfield
Montage musique:
Rick Winquest, Sean Boyd
Montage musique:
Darell Hall
Paroles choeurs:
Nicholas Dodd
Orchestrateur:
Nicholas Dodd

Artwork and pictures (c) 1997 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
KULL THE CONQUEROR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joel Goldsmith
Afin de dépoussiérer le genre de l’heroic-fantasy tombé en désuétude au début des années 90, les producteurs de chez Universal décidèrent de porter à l’écran les aventures d’un héros guerrier barbare, ‘Kull’. Réalisé par John Nicolella, un modeste besogneux hollywoodien totalement méconnu, ‘Kull the Conqueror’ évoque le parcours de Kull (Kevin Sorbo), guerrier barbare venu d’Atlantis qui vient de défier le roi de Borna et de le vaincre au cours d’un duel. Avant de mourir, le roi lui cède sa couronne, faisant de lui son héritier au trône du royaume de Valusia, ce qui n’est pas sans irriter les prétendants au trône. Du jour au lendemain, le barbare devient ici un puissant monarque, qui va très vite s’imposer dans le coeur de son peuple par sa droiture exemplaire et ses idéaux de liberté et de respect. Pendant ce temps, le général Taligaro (Thomas Ian Griffith), qui réclamait la couronne à l’origine, complote contre Kull pour tenter de le supprimer, mais en vain. Il s’associe alors avec un mystérieux sorcier qui ramène à la vie la sinistre et puissante Akivasha (Tia Carrere), sorcière maléfique et reine de l’ancien royaume des ombres d’Acheron, qui cherche à rétablir les ténèbres sur terre. Mais alors que son coeur chavirait pour l’esclave Zareta (Karina Lombard) qui possède la faculté de prédire le destin dans les cartes, le roi Kull tombe finalement amoureux d’Akivasha et décide de l’épouser, faisant de la sorcière des ombres sa nouvelle reine sans même savoir qui elle est en réalité. Le soir de ses noces, Akivasha neutralise Kull, laissant la place à ses ennemis qui convoitent la précieuse couronne. Mais le roi n’a pas dit son dernier mot et réussit à s’échapper. Du haut de sa tour, Akivasha prépare la venue des ténèbres sur terre, vivant grâce à la puissance des flammes maléfiques d’Acheron. Avec l’aide de Zareta et de son frère le prêtre Ascalante (Litefoot), Kull s’empare d’un bateau pour partir à la recherche du mythique souffle du dieu Volka, la seule arme capable de vaincre les flammes maléfiques de la ténébreuse sorcière, et ce avant qu’il ne soit trop tard.

‘Kull The Conqueror’ est à l’origine un comics crée par Robert E. Howard, auteur d’un autre guerrier barbare bien plus célèbre, ‘Conan’. De ce fait, il est absolument impossible de ne pas comparer le ‘Kull’ de John Nicolella avec le ‘Conan’ de John Milius, resté un classique indétrônable du cinéma d’heroic-fantasy des années 80, mais tout ce qui faisait le charme de ces films d’aventure à l’ancienne semble ici s’être considérablement estompé. Première ombre au tableau, la réalisation médiocre d’un réalisateur au style parfaitement impersonnel, qui n’avait alors tourné jusqu’ici que des téléfilms sans grande importance. Le réalisateur ballade sa caméra n’importe comment, accumule les scènes de combat sans saveur, sans prendre le temps d’approfondir la personnalité des différents protagonistes et d’un héros qui se contente de cogner dans le tas et de passer à l’ennemi suivant, comme dans un jeu vidéo. Concernant le héros, on pourra se demander si Kevin Sorbo est bien à sa place dans ce film, l’acteur auto parodiant à outrance son rôle de la série TV ‘Hercules’ (son seul véritable titre de gloire), sans oublier des méchants bidons qui cabotinent à souhait (la pauvre Tia Carrere campe une sorcière bien médiocre) et des dialogues d’une nullité absolue. Ce sous-Conan d’opérette nous rappelle à quel point Hollywood s’est toujours particulièrement intéressé aux héros barbares aux gros bras caoutchouteux comme on en a connu à la pelle dans les années 80, le plus souvent dans le domaine des série-B, Z et autres nanars du même genre. On se souvient par exemple de ‘Yor le chasseur du futur’ (1983), ‘Dar l’invincible’ (1980), ‘Kalidor’ (1985) ou bien encore ‘Thor le guerrier’ (1982) et autres joyeusetés du même genre. Avec ses touches d’humour parfois involontaires et son aspect cartoon pour gamins attardés, ‘Kull the Conqueror’ est un mauvais ersatz de ‘Conan’ à la sauce ‘nineties’, la preuve que le passage du comics à l’écran de cinéma s’avère quasi systématiquement être raté. Ce n’est certainement pas ce navet ridicule qui viendra inverser la tendance!

De cette production d’heroic-fantasy absolument navrante et infantile, on pourra néanmoins retenir le seul véritable bon point du film, la musique de Joel Goldsmith, fils du grand Jerry Goldsmith. Le compositeur crée la surprise en faisant appel, de façon inattendue, à une formation de type rock mélangé à l’orchestre symphonique traditionnel et des choeurs épiques qui feront inévitablement penser à certains passages du ‘Conan the Barbarian’ de Basil Poledouris. Si le mélange rock/orchestre ne fonctionne pas toujours très bien dans le film – les anachronismes de genre monde moyenâgeux/musique rock n’ont pas toujours très bien fonctionné au cinéma – l’écoute isolée s’avère être particulièrement fun et entraînante. Dès l’ouverture, ‘Kull’s Initiation’, Goldsmith asseoit une excellente rythmique rock à l’aide de la batterie, basse et de guitares électriques bien hard/metal avec un orchestre dynamique dominé par les cuivres et les cordes. Le thème principal associé à Kull se fait entendre dès la première piste, ‘Kull the Conqueror’, thème héroïque et ample qui caractérise le côté guerrier et royal du personnage, avec l’utilisation ici de puissants choeurs d’hommes au souffle épique plus que sur. Visiblement, Joel Goldsmith est le seul à prendre le film au sérieux, imposant ce souffle épique dès les premières minutes de sa partition tandis que ‘Kull’s Initiation’ (lorsque Kull passe des testes de combat au tout début du film, armé de sa fidèle hache) impose les rythmiques rock à grand renfort de guitares électriques, élément que l’on retrouvera dans la plupart des gros morceaux d’action du score. Mais si ces deux premiers morceaux versent incontestablement dans la musique virile et musclée, ‘Card Reading’ tempère considérablement l’ambiance guerrière du début en développant le ‘Love Theme’ associé à Kull et Zareta, que l’on retrouve surtout dans le très beau ‘Meeting Zareta’ où Goldsmith développe la partie plus lyrique et romantique de sa partition à l’aide d’orchestrations plus chaleureuses, avec les vents et les cordes, tandis que ‘Card Reading’ contient une certaine mélancolie sous-jacente lorsque Zareta voit la mort dans l’une des cartes du destin de Kull. On appréciera le relief qu’apportent ces morceaux plus intimistes et lyrique au sein d’une partition somme toute très énergique.

‘Rebirth of Aki’ évoque la résurrection de la sorcière maléfique à l’aide d’un motif sombre et d’une atmosphère résolument plus puissante et menaçante (cordes amples, cuivres graves, etc.). Puis, on repart très vite dans l’action avec des pièces comme ‘Ship Brawl’ ou le frénétique ‘Deep Freeze’ (scène de l’affrontement dans la caverne de glace) où le mélange intéressant partie rock/orchestre apporte un véritable fun à l’écoute, évoquant presque par moment le style de certaines partitions de chez Media-Ventures, même si on est très loin ici d’un score à la Hans Zimmer. De la même façon, ‘Kull’s Escape’ et ‘Saving Zareta’ poussent le bouton ‘musique d’action tonitruante’ et nous proposent une nouvelle démonstration exemplaire de l’association rock/orchestre pour une nouvelle pièce d’action excitante à souhait accompagnant la scène où Kull délivre Zareta vers la première moitié du film. L’épique est au rendez-vous dans ‘Askalante on Ice’ avec des choeurs d’hommes ténébreux rappelant le motif d’Askalante sur des paroles latines du plus bel effet – à la façon d’un chant de procession, Goldsmith renforçant magnifiquement ici le caractère maléfique de la sorcière. L’orchestre, toujours très présent, occupe une place majeure tout au long de la partition, apportant aux passages d’action/aventure (cf. l’excitant ‘The Arrival’) une énergie considérable en plus des rythmiques metal/rock et de quelques rappels constants du thème principal associé à Kull, comme dans l’ultime reprise héroïque et majestueuse de ce thème aux trompettes à la fin de ‘King Kull’.

Entre musiques d’action tonitruantes, thèmes mémorables et bien développés, morceaux romantiques, choeurs d’hommes épiques et rythmiques rock surprenantes dans le contexte du film, ‘Kull the Conqueror’ reste sans aucun doute l’un des meilleurs scores de Joel Goldsmith, qui, en 1997, signait pour cette pitoyable série-B d’heroic-fantasy ce qui reste encore à ce jour son score le plus connu et le plus apprécié de la plupart des béophiles. Il est cependant dommage qu’une fois passé la surprise de l’intrusion d’un style rock/metal dans la musique le reste de la partition ait tendance à devenir plus banal, plus stéréotypé, même si, au final, on retiendra plein de bonnes choses de cette musique accrocheuse sans être d’une folle originalité. Comme quoi, force est de constater, et cela devient fréquent à Hollywood, que les plus mauvais films donnent parfois de très bonnes musiques. Voilà en tout cas le score incontournable de Joel Goldsmith à découvrir, si ce n’est pas déjà fait!


---Quentin Billard