1-L'Accident 1.59
2-Thème d'Anna
(Générique du Film) 3.56
3-Petite Fille 0.15
4-Le Départ des Enfants 2.57
5-Un Secret 0.53
6-Boîte à Musique 1.03
7-Les Dessins 2.53
8-Judith 1.23
9-La Chapelle 2.31
10-Rage 1.13
11-Toute Seule 0.46
12-Derrière les Murs 2.40
13-Qu'est ce que Vous Voulez? 2.13
14-Le Passé 1.27
15-Cauchemar 0.25
16-La Cérémonie 3.47
17-Anna et Judith 1.20
18-Souviens Toi Judith 1.52
19-Le Miroir 4.21
20-Un Lieu Oublié 2.23
21-La Descente 2.10
22-Tu n'es pas Seule 0.52
23-Communion 3.02
24-Plus Jamais Seule 2.27
25-Anna (Générique de Fin) 3.39
26-Bonus Track:
In The Mood for Love 2.04*

*Interprété par Vera Lynn
et Charlie Kunz et
le Casani Club Orchestra.
Ecrit par Jimmy McHugh et
Dorothy Fields.

Musique  composée par:

Joseph LoDuca

Editeur:

Recall 048-RE 017-2

Montage musique:
Scott Davidson
(LoDuca Music)
Production exécutive pour
LoDuca Music:
Kathie Stork

(c) 2004 Recall. All rights reserved.

Note: ***
SAINT ANGE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joseph LoDuca
Dans la continuité des films à mystère récemment remis au goût du jour par le ‘Sixth Sense’ de Shyamalan ou le ‘Darkness’ de Jaume Balaguero, ‘Saint Ange’ nous propose une nouvelle histoire de fantômes et de lieux hantés comme on en a vu des tas au cinéma auparavant. Bien loin de vouloir renouveler le genre, le film de Pascal Laugier se contente au contraire de recycler toutes les formules habituelles du cinéma fantastique traditionnel avec une esthétique et une réalisation plus européenne d’esprit. ‘Saint Ange’ est un orphelinat désaffecté des Alpes françaises dans les années 60. Anna (Virginie Ledoyen) arrive un jour à l’orphelinat pour s’occuper du nettoyage en compagnie de Helenka la cuisinière (Dorina Lazar) et d’une jeune fille nommée Judith (Lou Doillon), la dernière pensionnaire de l’établissement mystérieusement murée dans ses souvenirs. Après le départ des derniers enfants, Anna croise une jeune fillette qui la met en garde au sujet de enfants énigmatiques qui hanteraient les couloirs de Saint Ange. C’est alors que les évènements mystérieux semblent se multiplier de façon alarmante. Anna entend des bruits, des voix ou bien encore des rires semblant surgir de nulle part, à l’intérieur du bâtiment. Elle finit par ressentir un véritable malaise, alors qu’elle est enceinte et que l’enfant qu’elle porte et dont elle n’a pas voulu devient un vrai ‘poids’ pour elle. Elle rentre alors en contact avec Judith et tente de communiquer avec elle afin de comprendre son comportement étrange, mais en vain. Pendant ce temps, les évènements mystérieux semblent se multiplier alors que l’établissement semble de plus en plus hanté par des esprits. Mais son envie de découvrir tous les sombres secrets de ‘Saint Ange’ va l’amener à fouiner dans le passé de l’orphelinat et à déterrer des souvenirs bien douloureux que chacun tente d’oublier difficilement.

Produit par Christophe Gans (‘Crying Freeman’, ‘Le pacte des loups’), ‘Saint Ange’ nous plonge dans l’atmosphère obscure et lugubre d’un orphelinat où secrets et fantômes se mélangent dans un très efficace cocktail de suspense et de fantastique, Laugier faisant ici référence au cinéma de Shyamalan, Franju, Balaguero, Amenabar, Clouzot, etc. L’intrigue du film prend racine dans l’évocation peu glorieuse d’une France d’après-guerre hantée par un passé sombre (celui de l’occupation allemande), qui n’est finalement qu’un prétexte à un suspense véritable et une atmosphère gothique et brumeuse très réussie. Le rythme lent du film peut parfois ennuyer, mais le caractère plus psychologique et trouble de l’ambiance du long-métrage de Pascal Laugier rattrape le côté quelconque de la réalisation, avec la présence d’une Virginie Ledoyen étonnante dans le rôle de cette jeune femme de ménage troublée par des secrets qui semblent la dépasser totalement, et une Lou Doillon naviguant en eaux troubles, entre tourments, folie et souffrances refoulées. Pascal Laugier impose à son film une ambiance pesante entre une atmosphère quasi surnaturelle (les voix et sons qui semblent surgir de l’au-delà, etc.) et un jeu d’acteurs remarquable. On regrettera cependant les quelques effets ‘claquements de porte’ et autres sursauts d’une banalité affligeante, le film se rattrapant lors d’une excellente montée de tension finale lors de la descente dans les sous-sols de l’orphelinat. On regrettera néanmoins les quelques stéréotypes habituels et effets de tension facile propre au genre du film fantastique/maison hantée, preuve que le réalisateur a encore du travail à faire avant de réussir à trouver un style de mise en scène bien plus personnel et mémorable. Au final, pour son premier long-métrage, Pascal Laugier ne signe pas là un chef-d’oeuvre mais dévoile néanmoins un certain talent qui ne demande qu’à mûrir sur des projets bien plus ambitieux et surtout plus personnels.

La participation de Joseph LoDuca à la musique de ‘Saint Ange’ n’est pas surprenante en soi quand on sait que le producteur du film, Christophe Gans, avait déjà fait appel au compositeur pour la musique de son film ‘Le pacte des loups’. Avec ‘Saint Ange’, LoDuca nous prouve une fois de plus qu’il est un maître des atmosphères noires et des ambiances macabres et oppressantes. Partition gothique, sombre et mystérieuse, ‘Saint Ange’ approfondit le style avant-gardiste/atonal cher au compositeur de ‘Evil Dead’ avec, comme souvent chez le compositeur, un thème mémorable qui permet d’unifier le tout de façon plus cohérente. Dès les premières minutes du film, le score ne cache pas son côté noir/oppressant en utilisant dès le début des cordes dissonantes avec son lot de clusters, de sons inquiétants, de glissendi et d’effets de cordes divers à la Penderecki dans ‘L’accident’ (qui n’est autre que le prologue du film). Quelques vagues sonorités froides et électroniques se greffent par dessus les cordes pour renforcer une atmosphère de malaise alors que le jeune garçon, au tout début du film, tend son oreille sur le bord du miroir de la salle des douches alors qu’il croit avoir entendu du bruit provenant de derrière le mur. Le ‘Thème d’Anna’ est alors exposé tout au long du générique de début, après une introduction mystérieuse où interviennent des choeurs d’enfants associés aux esprits qui hantent ‘Saint Ange’ (lié aussi au passé trouble de cet établissement aujourd’hui quasi déserté). Les voix sont ici synonymes de secret, de mystère, d’énigme, elles semblent surgir d’une autre époque voire de l’au-delà, même si LoDuca ne les utilise jamais de façon terrifiante ou dissonante. Le thème d’Anna se veut quand à lui plus rassurant avec sa très gracieuse mélodie de flûte/piano soutenue par des cordes et des vents. Le thème principal apporte un peu d’humanité à un score somme toute très sombre et peu lumineux, même si le thème en lui-même paraît plutôt neutre émotionnellement, ni trop ‘joli’, ni trop mystérieux et encore moins sombre, juste ce qu’il faut pour amener l’auditeur/spectateur à remarquer d’une part le thème et à s’interroger ensuite (consciemment ou inconsciemment) sur son lien avec l’héroïne du film.

‘Le départ des enfants’ permet au compositeur d’utiliser pleinement ici les choeurs et l’orchestre pour un morceau sombre et vaguement dramatique lorsque les enfants quittent Saint Ange au début du film, au moment où une jeune fillette confie un secret à Anna. A noter la présence d’une flûte à bec dans l’orchestre, qui accentue de façon un peu stéréotypée cette atmosphère d’enfance, alors que l’instrument reprend par la suite une légère variante discrète du thème d’Anna. Ici aussi, les choeurs sont associés au passé sombre de l’orphelinat, tout en imposant à la scène du départ des enfants un côté religieux qui renvoie à l’éducation catholique dispensée par les dirigeants de l’établissement. De l’univers enfantin il est aussi question dans ‘Boîte à musique’ où LoDuca annonce son second thème, mélodie simple et ‘innocente’ associée au personnage de Judith et joué ici par la boîte à musique du personnage de Lou Doillon. Ce thème est repris par une voix féminine éthérée dans ‘Judith’, tandis que l’ambiance de mystère devient plus présente dans ‘Les dessins’, où les cordes maintiennent une certaine tension dans la scène où Anna récupère les mystérieux dessins d’enfants accrochés à un mur. La seconde partie, plus dissonante et tendue, semble suggérer une certaine menace alors qu’Anna commence à entendre des bruits suspects. Le compositeur délaisse alors provisoirement l’orchestre dans ‘La chapelle’ où il utilise ses synthétiseurs habituels pour un morceau atmosphérique sombre qui rappelle par moment certains passages du ‘Pacte des loups’, pour la scène où Anna fouille dans la vieille chapelle abandonnée derrière l’orphelinat, et découvre de mystérieux documents appartenant au passé de l’établissement. Le côté sombre et froid des synthétiseurs renforce ici l’atmosphère de malaise de la scène. Dès lors, la musique de LoDuca ne cesse de faire monter la tension tout au long du film, comme nous le prouve des morceaux comme le sombre ‘Rage’ ou l’atmosphérique et lugubre ‘Derrière les murs’, nouvelle évocation sombre des mystérieux secrets qui hantent les murs de Saint Ange, avec ici, un excellent travail autour des cordes dissonantes et des éléments électroniques atmosphériques et lugubres.

On ne pourra que remarquer l’intrigant ‘Toute seule’ avec ses voix d’enfants qui chantent en latin dans un style à la fois mystérieux et lyrique évoquant la présence des esprits qui hantent Saint Ange, alors qu’Anna se sent toute seule dans l’orphelinat à moitié déserté. Seule ombre au tableau, la partie vocale est quasiment calquée à la note près sur le morceau ‘57th Sreet’ du fameux score de ‘Devil’s Advocate’ de James Newton Howard, ce qui pourrait probablement s’expliquer par les temp-tracks du film qui contenaient sans aucun doute la musique de JNH ainsi que d’autres scores de Christopher Young, dont l’ombre plane sur l’ensemble de la partition de ‘Saint Ange’. Cette partie vocale est reprise dans une version plus sombre, puissante et dramatique pour ‘La cérémonie’ lorsqu’Anna et Judith enterrent les cadavres des chatons vers la dernière partie du film. La ressemblance avec la musique du ‘Devil’s Advocate’ de James Newton Howard est ici tellement évidente et indiscutable qu’elle en devient presque ridicule. On s’imagine non sans mal le réalisateur demander à son compositeur de s’inspirer d’une musique à laquelle il tenait probablement beaucoup sur son film, en précisant – probablement – qu’il ne devait s’en éloigner sous aucun prétexte. Même la suite du morceau est inspirée sur un autre morceau du score de JNH, ‘Suicide’. Difficile de voir ici un quelconque intérêt dans ce calque facile et dénuée d’imagination de l’un des chef-d’oeuvres de James Newton Howard. Hormis ce mauvais point, on pourra néanmoins se rattraper sur des morceaux à l’atmosphère macabre et suffocante du plus bel effet, comme ‘Qu’est ce que vous voulez ?’ lorsqu’Anna tente de rentrer en contact avec les esprits, illustré par des cordes dissonantes, des glissendi et autres effets instrumentaux d’une efficacité redoutable dans le film – difficile cependant de ne pas penser ici à Christopher Young et à ses nombreuses BO de film d’horreur/thriller devenus de vrais modèles du genre. Idem pour le bref ‘Cauchemar’ et son atmosphère macabre où LoDuca décide d’accentuer l’ambiance cauchemardesque du morceau en utilisant des FX issus de la bande son du film.

On ressent une gravité de plus en plus présente dans les mystérieux ‘Le passé’, ‘Souviens toi Judith’ ou ‘Anna et Judith’ et son excellent mélange cordes/choeurs du plus bel effet. ‘Le Miroir’ nous permet quand à lui de retrouver les synthétiseurs glauques de ‘La chapelle’ pour la scène où Anna brise le miroir et passe derrière afin de découvrir enfin les secrets qui hantent Saint Ange. Avec ‘Le Miroir’, LoDuca confirme qu’il aime particulièrement créer des atmosphères de malaise macabre saisissantes, à l’aide de sonorités parfois bizarres et d’effets instrumentaux en tout genre. Ici, le suspense de la scène est suggéré par d’incessants sursauts sonores débouchant sur un passage final pour percussions assez bizarres, qui n’est pas sans rappeler certains passages de ‘Evil Dead’. LoDuca évoque aussi la désolation dans ‘Un lieu oublié’ où le passé est de nouveau suggéré par des choeurs et un orgue électrique planant dans une atmosphère sombre et mélancolique aboutissant au sombre et résolu ‘La descente’, nous amenant à la découverte finale et une conclusion sombre et dramatique (‘Tu n’es pas seule’ et ‘Communion’), le générique de fin nous permettant de retrouver une dernière fois le thème d’Anna qui est finalement assez peu présent tout au long du film, surtout entendu au début et à la fin de l’histoire. Au final, ‘Saint Ange’ est un score plein de mystère et de suspense totalement dépourvu de la moindre once d’originalité. Si la musique apporte son lot de mystère et de noirceur au film de Pascal Laugier, le résultat musical paraît plus terne alors que l’ensemble de la musique semble manquer cruellement de personnalité, alors que l’on sent clairement ici l’influence de James Newton Howard et de Christopher Young (temp-tracks obligent!). On regrettera aussi parfois le côté un peu ment et mou de la partition de ‘Saint Ange’, qui renvoie finalement à l’ambiance lente et morose du film de Pascal Laugier. Cohérente de bout en bout, parfaitement en adéquation avec les images du film, la musique de ‘Saint Ange’ déçoit malgré tout un peu par rapport à son manque flagrant d’originalité. Une fois encore, il est dommage de constater que certains réalisateurs français continuent d’alimenter ce style musical souvent un peu plat en provenance d’Hollywood, alors que certains compositeurs européens ont parfois bien plus d’imagination que leurs collègues outre-atlantique (ou alors, ils ont moins l’habitude de fonctionner à partir des temp-tracks), car, à l’instar du récent ‘Les rivières pourpres 2’ de Colin Towns, ‘Saint Ange’ est une BO thriller/suspense à l’hollywoodienne totalement conventionnelle et sans surprise qui, si elle remplit parfaitement le cahier des charges, déçoit quelque peu, même pour ceux qui ne s’attendent pas à grand chose avec cette nouvelle partition de Joseph LoDuca pour un long-métrage français. Le score n’en demeure pas moins très efficace avec son atmosphère de mystère très réussie et ses choeurs lyriques envoûtants. A réserver en priorité à ceux qui s’intéressent plus particulièrement aux travaux du compositeur de ‘Evil Dead’!


---Quentin Billard