1-Death Letter 3.39*
2-Opening Titles 3.00
3-Come on in my Kitchen 2.49**
4-Barefoot Dancing 3.42***
5-Ben Escapes 3.12
6-Do Watcha Wanna 3.24+
7-61 Highway Blues 3.11++
8-Violet's Story 2.28
9-Hoodoo Woman 2.45
10-God Moves on the Water 2.59+++
11-The Goldrush 4.18#
12-Saving Ben 4.41
13-Iko Iko 2.04##
14-The Conjure Room 5.53
15-Conjure of Sacrifice 2.40###
16-Thank You Child 2.04

*Interprété par Johnny Farmer
et Organised Noise
**Interprété par Robert Johnson
***Interprété par Blackburd
+Interprété par Rebirth Brass Band
++Interprété par
Mississippi Fred McDowell
+++Interprété par
Blind Willie Johnson
#Interprété par Joe Washboum
##Interprété par The Dixie Cups
###Interprété par Walter Breaux,
Bruce 'Sunpie' Bames,
Fawn Lohnee Harris,
Eluard Burt II & Alfred Roberts.

Musique  composée par:

Edward Shearmur

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6670

Album produit par:
Edward Shearmur
Producteur exécutif:
Iain Softley
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Chargé de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield
Superviseur de la musique:
Sara Lord
Montage de la musique:
Daryl Kell

Artwork and pictures (c) 2005 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE SKELETON KEY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Edward Shearmur
Les histoires de revenants sont légions dans le cinéma d’épouvante hollywoodien d’aujourd’hui. Il faut dire que le succès de films comme ‘The Ring’ ou ‘The Sixth Sense’ a très largement contribué à faire revenir les fantômes et autres esprits maudits sur nos écrans de cinéma, alors que le genre était devenu désuet à la fin des années 80. Dans ‘The Skeleton Key’ (La porte des secrets), le réalisateur britannique Iain Softley nous plonge dans l’atmosphère crasseuse d’une ancienne maison située dans le delta de la Louisiane où se joue une étrange intrigue entre Caroline (Kate Hudson), jeune infirmière à domicile et un couple pour le moins énigmatique. Caroline est engagée par Luke (Peter Sarsgaard), l’avocat de la vieille Violet Devereaux (Gena Rowlands) pour s’occuper de son mari Ben (John Hurt), un vieil homme totalement invalide et souffrant. Les circonstances de l’invalidité de Ben sont un mystère total pour Caroline. Même Violet semble peu disposée à éclairer sa lanterne. La jeune infirmière à domicile à aussi remarqué que tous les miroirs de la maison ont mystérieusement disparus pour une raison inconnue. Un jour, intriguée par le grenier de la maison, Caroline décide d’aller explorer la mystérieuse pièce du grenier où des objets abandonnés semblent y traîner depuis des lustres. Elle découvre alors une pièce cachée au fond du grenier et qui ne s’ouvre qu’avec la clé que lui a remis Violet. Derrière la porte l’attend un terrifiant secret qui va l’entraîner dans un monde de magie noire et de rites de sorcellerie. Malgré son incrédulité à ce sujet, des évènements inquiétants vont obliger Caroline à reconsidérer son avis au sujet de la magie hoodoo, magie locale propre aux bayous et à certaines régions reculées de la Louisiane. Mais lorsqu’elle comprend que Ben essaie de communiquer avec elle pour lui demander de l’aide alors que quelque chose semble le terrifier au plus haut point, Caroline se retrouve prisonnière d’un terrible cauchemar.

En faisant se dérouler ‘The Skeleton Key’ dans un univers de magie, sorcellerie et autres rituels maléfiques, Iain Softley nous offre un thriller particulièrement passionnant, captivant de bout en bout, porté par une mise en scène de qualité (utilisation très efficace de certains angles de caméra, gros plans ou plans resserrés très significatifs, etc.) et des acteurs remarquables. Mention spéciale à la jeune Kate Hudson (la fille de Goldie Hawn) qui, bien qu’elle avoue elle-même n’avoir pas encore atteint la maturité nécessaire à tout bon acteur professionnel digne de ce nom, n’en demeure pas moins une jeune actrice prometteuse au talent incontestable qui ne cesse de monter à Hollywood, et qui nous le prouve une fois de plus dans ‘The Skeleton Key’, entourée de deux grands acteurs de l’ancienne génération, Gena Rowlands et John Hurt. C’est finalement l’intrigue du film qui retient ici toute notre attention, dans une atmosphère noire et lugubre qui rappelle beaucoup le ‘Angel Heart’ d’Alan Parker, qui a sans aucun doute servi de source d’inspiration à Iain Softley sur ce film, avec les décors sauvages des bayous de la Nouvelle Orléans et l’atmosphère lugubre d’une vieille maison américaine de type 19ème siècle, le tout plongé dans une ambiance de superstitions locales, de magie et de sorcellerie. Mais à la différence de ‘Angel Heart’, il n’est nullement question ici d’une quelconque présence satanique, le mal étant ici représenté à travers la magie et la croyance en la sorcellerie. Le message du film semble donc être ‘cela ne marche que si l’on y croit’. Ne serait-ce pas finalement une subtile métaphore du cinéma qui, en tant qu’art de l’illusion, ne fonctionne auprès du spectateur que si ce dernier y croit et se laisse prendre au jeu, cédant ainsi à la ‘magie’ du cinéma? On peut s’interroger à la perspective d’une analogie aussi astucieuse de la part d’un petit thriller fantastique qui en apparence, ne paie pas de mine mais demeure malgré tout une très bonne surprise porté par des rebondissements de qualité, un suspense redoutable, un climax final d’une intensité rare et une fin excellente. Frissonnant et captivant à souhait, ‘The Skeleton Key’ reste sans aucun doute la plus belle surprise cinématographique de cette fin d’été!

Edward Shearmur avait déjà collaboré à deux précédents films de Iain Softley, ‘The Wings of the Dove’ (1997) et ‘K-Pax’ (2001). Pour sa nouvelle collaboration à un film du réalisateur britannique, Shearmur nous livre une composition oppressante, sinistre et terrifiante, un score sombre et noir dans lequel le compositeur semble y révéler un goût sur pour les atmosphères macabres et pesantes. Le générique de début du film (‘Opening Titles’) nous introduit le thème principal avec des cordes sombres, quelques vagues touches électroniques et des guitares style country/blues qui évoquent discrètement l’univers musical des bayous de la Louisiane, avec ici une pointe de mélancolie dans l'âme, parfait pour débuter le film de façon mystérieuse et intrigante. On regrettera le côté extrêmement peu mémorable de ce thème passe-partout et quelconque qui mise plus sur l’ambiance que sur un quelconque aspect mélodique, mais qui sert néanmoins à planter le décor dès le début du film avec son côté atmosphérique et sombre qui semble déjà annoncer ce qui va suivre. Très vite, Edward Shearmur installe une ambiance sombre et mystérieuse comme le confirme ‘Ben Escapes’ lorsque Ben tente de s’échapper de la maison en passant par le toit dans un acte quasi désespéré et encore bien énigmatique. On retrouve les sonorités du début avec cette fois-ci une atmosphère bien plus glauque et sinistre comme pour la scène où Caroline découvre les mystères du grenier de la maison. Cordes dissonantes, sursauts stridents, percussions métalliques/électroniques, cors étranges et sonorités électroniques oppressantes permettent au compositeur d’installe une pure ambiance de suspense/terreur qui renforce la tension parfois extrême du film et rend l’intrigue encore plus captivante. Délaissant tout aspect mélodique et tonal, Shearmur privilégie l’atonalité lors de passages orchestraux terrifiants et enragés qui amplifient la noirceur du film de Iain Softley, comme le confirme déjà ‘Ben Escapes’ et son caractère frénétique.

Plus mystérieux d’esprit, ‘Violet’s Story’ reprend les banjos du générique de début pour rappeler l’ambiance blues des bayous du sud profond dans un contexte bien plus mystérieux, alors que Violet raconte l’histoire des deux anciens domestiques noirs de la maison qui pratiquaient autrefois la magie hoodoo. Shearmur développe cette atmosphère mystérieuse dans ‘Hoodoo Woman’ où les sonorités électroniques dissonantes et les cordes graves renforcent la noirceur de l’histoire. Puis, très vite, la tension ne cesse de monter dans la musique de Shearmur, accentuant le caractère chaotique de cette véritable descente aux enfers. Aucun doute possible, on nage ici en pleine musique d’horreur/thriller dans la plus pure tradition du genre! ‘Saving Ben’ (scène où Caroline tente de sauver Ben en l’emportant avec lui) mélange ainsi tension et action pour l’un des plus terrifiants déchaînements orchestraux du score où le compositeur réutilise ses sonorités métalliques particulières, ses cordes dissonantes aux multiples effets avant-gardistes (clusters, glissendi, nuages de sons, etc.) et sonorités électroniques toujours un peu stridentes et réellement oppressantes. On ne pourra d’ailleurs qu’apprécier au passage la grande maîtrise de l’écriture orchestrale du compositeur qui, au fil des années, ne cesse de prouver son talent et son inspiration. La partition fonctionne ici à partir de textures sonores que le compositeur élabore avec une efficacité redoutable, ‘Saving Ben’ plongeant l’auditeur/spectateur dans la terreur et le chaos pour l’un des plus agressifs morceaux du score de ‘The Skeleton Key’. Ce superbe morceau débouche sur l’enragé ‘The Conjure Room’ pour la frénétique confrontation finale portée par une musique d’une noirceur absolue, un vrai cauchemar musical particulièrement suffocant et éprouvant pour les nerfs de l'auditeur/spectateur (ici, on pense alors à Christopher Young, Elliot Goldenthal, Elia Cmiral, etc.). Les percussions tribales, les cordes frénétiques et les amas de dissonances permettent de booster cette violente confrontation finale par un rythme excitant où le compositeur donne du fil à retordre à un orchestre au jeu extrêmement chaotique et massif, 100% atonal, débouchant sur le sombre ‘Thank you Child’ qui reprend le thème principal aux cordes sur fond de guitares mystérieuses pour la conclusion du film.

Partition horrifique d’une noirceur totale, ‘The Skeleton Key’ nous permet de retrouver l’excellent Edward Shearmur dans un nouveau score où le frisson et la terreur côtoient une certaine inventivité dans la façon dont le compositeur manie son orchestre avec les traditionnels effets musicaux avant-gardistes hérités du langage musical savant ‘contemporain’ du 20ème siècle et une certaine recherche sonore tout à fait adéquate dans le contexte du film. Avec ses quelques touches blues et son caractère macabre et oppressant, ‘The Skeleton Key’ a de quoi hérisser les poils de n’importe quel spectateur/auditeur, qui ne pourra qu’apprécier l’extrême efficacité de la musique dans le film, capturant tout le suspense, la tension et la violence de cette sombre histoire de sorcellerie dans les bayous de la Louisiane. Le score n’en demeure pas moins difficile d’accès, à réserver en priorité aux amateurs de partitions noires, atonales et chaotiques, dénuées de tout aspect mélodique facile. Sans être le nouveau chef-d’oeuvre d’Edward Shearmur, ‘The Skeleton Key’ confirme une fois encore que le jeune compositeur est sans aucun doute l’un des plus talentueux musicien hollywoodien de sa génération!


---Quentin Billard