1-Sleeping Beauty 2.28
2-Mission: Impossible
Theme 1.02*
3-Red Handed 4.21
4-Big Trouble 5.33
5-Love Theme? 2.21
6-Mole Hunt 3.02
7-The Disc 1.54
8-Max Found 1.02
9-Looking For "Job" 4.38
10-Betrayal 2.56
11-The Heist 5.46
12-Uh-Oh! 1.28
13-Biblical Revelation 1.33
14-Phone Home 2.25
15-Train Time 4.11
16-Ménage à Trois 2.55
17-Zoom A 1.53
18-Zoom B 2.54

*Composé par Lalo Schifrin

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Point Music 454 525-2

Album produit par:
Danny Elfman
Co-producteurs:
Ellen Segal, Shawn Murphy
Certain Selections Contains
Excerpts of "The Plot" and
"Mission: Impossible Theme"
Composé par:
Lalo Schifrin
Préparation de la musique:
Bob Bornstein
Montage de la musique:
Ellen Segal
MIDI Preparation:
Marc Mann
Assistant de Danny Elfman:
Livia Corona
Vice Président pour
Soundtracks, PolyGram
Classics & Jazz:
Nancy Zannini

Artwork and pictures (c) 1996 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
MISSION: IMPOSSIBLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Les remakes réussis sont rares de nos jours à Hollywood. Pourtant, lorsqu'un réalisateur se fixe des objectifs plus artistiques que commerciaux, certains remakes peuvent être aussi bon que l'oeuvre d'origine dont ils s'inspirent. C'est le cas du superbe 'Mission: Impossible' de Brian De Palma, dans lequel le célèbre réalisateur de 'Scarface' et 'Carrie' dépoussière l'univers de la fameuse série TV des années 60 et nous en offre une vision très personnelle. La célèbre agence d'espionnage de la FMI (Force Mission Impossible) reprend de nouveau du service pour une nouvelle mission, toujours dirigée par le charismatique Jim Phelps (Jon Voight): cette fois-ci, l'équipe de Phelps va devoir se rendre à Prague pour espionner un agent double nommé Alexandre Golitsyn (Marcel Iures) qui s'apprête à dérober au cours d'une soirée à l'ambassade américaine une disquette contenant la liste secrète des principaux agents américains infiltrés en Europe Centrale. Si jamais cette liste tombait entre de mauvaises mains, l'identité des agents serait vite connue de tous et ce serait la fin des services d'espionnage américain. Tout va alors pour le mieux pour l'éclaireur Ethan Hunt (Tom Cruise) et ses compagnons, rompus à l'art du travestissement, des gadgets ultra sophistiqués et de la manipulation. Mais au moment où Hunt et ses amis sont sur le point d'atteindre leur objectif, les membres de l'équipe meurent mystérieusement les uns après les autres, y compris Jim Phelps, abattu d'une balle dans le ventre. Une taupe se trouvait parmi eux avec la ferme intention de supprimer toute l'équipe de Jim Phelps pour mettre à son tour la main sur la fameuse liste secrète. Après l'échec de la mission, Ethan Hunt, unique survivant de la mission, contacte Kittridge (Henry Czerny), le chef du service qui ne tarde pas à accuser Ethan de cet échec catastrophique. Excédé par ces accusations injustes, Ethan s'enfuit avec la ferme intention de tout mettre en oeuvre pour tenter de prouver son innocence. C'est alors qu'il retrouve Claire (Emmanuelle Béart), la femme de Jim Phelps qui a elle aussi mystérieusement survécue. Ethan se met alors en quête d'un dénommé Max, un individu qui recherche la liste et qui est prêt à la payer au prix fort. Il semblerait que ce mystérieux Max soit en contact avec Job, la fameuse taupe qui recherche toujours à son tour la précieuse liste. Avec l'aide de Claire, Ethan décide de doubler la taupe et de dérober la liste au Q.G. de la CIA à Langley, épaulé par deux agents désavoués, Luther Stickell (Ving Rhames) et Franz Krieger (Jean Reno).

'Mission: Impossible' est la preuve évidente qu'un réalisateur avec une réelle ambition de cinéaste et de metteur en scène peut exprimer quelque chose de fort même à travers un simple remake. Pourtant, le film de Brian De Palma est loin de se contenter de singer la série TV de Bruce Geller, puisqu'il nous propose des retournements de situation parfois très osés par rapport à la série d'origine (voyez le film, vous comprendrez). Fidèle à son goût pour le suspense et la tension, De Palma filme les aventures d'Ethan Hunt avec une maestria rarement égalé. Avec un scénario complexe aux ramifications diverses et tortueuses, De Palma filme le monde de l'espionnage comme on ne l'avait pas revu depuis Hitchcock (dont l'ombre semble planer à plusieurs reprises sur ce film): suspense intense, crescendo de tension, atmosphère psychologique, rebondissements multiples, jeu de pistes incessant, coups de théâtre, trahison, manipulation, tous les ingrédients sont réunis dans ce formidable thriller d'espionnage qui contient même une scène d'anthologie cinématographique pure, celle où Ethan descend le long d'un treuil dans la salle ultra protégée du Q.G. de la CIA à Langley. Filmée entièrement sans musique et sans bruitage, cette formidable séquence nous démontre toute le génie de la mise en scène de De Palma, usant de multiples angles de caméra et de divers éléments qui lui permettent de faire monter la tension le plus simplement du monde. De la même façon, la longue séquence de l'échec de la mission à Prague au début du film possède une atmosphère de cauchemar qui semble avoir très nettement marquée les spectateurs. Certes, on pourra reprocher au film une fin un peu trop hollywoodienne avec cet affrontement spectaculaire sur le toit d'un train qui prend des proportions quasi apocalyptiques lorsque l'hélicoptère du méchant, piégé sur le bord du train, s'enfonce dans un tunnel. Mais la véritable réussite du film tient dans la façon dont De Palma joue avec le spectateur en accumulant fausses pistes et indices jusqu'aux coups de théâtre finaux dans la scène du train. A ce sujet, on pourra d'ailleurs noter une petite astuce dans la scène introductive où Jim Phelps reçoit sa nouvelle mission sur cassette vidéo: ce dernier, en réponse à l'hôtesse qui lui propose la cassette vidéo, lui répond 'je préfère le théâtre', une phrase en apparence anodine, mais qui, finalement, résume bien l'esprit du film: un long coup de théâtre dans laquelle les 'acteurs' sont manipulés les uns par les autres comme des marionnettes, s'agitant dans un spectacle qui joue incessamment sur l'idée du mensonge, de la trahison et de la vérité. De Palma arrive même à insuffler un ton dramatique très intense comme pour la scène des retrouvailles entre Ethan et Jim vers le milieu du film. A noter pour finir que le film est soutenu par un casting assez exceptionnel, réunissant quelques stars de divers horizons telles que Tom Cruise, Jon Voight, Emmanuelle Béart, Jean Reno, Ving Rhames, Henry Czerny, Kristin Scott Thomas, Vanessa Redgrave, Emilio Estevez, etc. Il y aurait encore beaucoup de chose à dire et à analyser dans ce film, tant le style et le génie de Brian De Palma s'y retrouvent à travers mille détails passionnants, qui font de 'Mission: Impossible' l'une des plus belles réussites d'un réalisateur toujours au sommet de son art, et qui rend ici un bien bel hommage à la célèbre série TV et à l'univers des grands films d'espionnage!

A l'origine, Alan Silvestri devait composer la musique de 'Mission: Impossible'. Mais après avoir enregistré les premières trente minutes de sa partition, Silvestri a vu sa musique entièrement rejetée par De Palma qui souhaitait une partition plus appropriée à l'ambiance sombre et dramatique de son film. Il faut dire que le score original de Silvestri - qui s'inspire de ses travaux pour 'The Long Kiss Goodnight' et 'Eraser' - avait un côté électro qui ne collait pas vraiment aux images du film. Ce fut finalement Danny Elfman qui fut engagé sur le film de Brian De Palma, sur les conseils de Nicole Kidman (épouse de Tom Cruise à cette époque), qui, paraît-il, aurait été tellement impressionné par le travail du compositeur sur 'To Die For' qu'elle aurait recommandé personnellement Elfman à De Palma. Le compositeur n'aurait alors eu que quelques jours pour boucler sa partition et son enregistrement avant la sortie du film. Malgré le bref laps de temps qui lui a été imparti, Danny Elfman a sut tirer profit de ses bonnes idées pour élaborer une excellente partition symphonique dominé par un impressionnant pupitre de percussions diverses incluant - dans l'esprit de la musique de la série TV d'origine - des tablas, des percussions en bois diverses, des claves, des tambours, des caisses claires, un triangle, des percussions métalliques, une batterie, des timbales, des grelots, des cymbales et même une sorte de coucou d'horloge qui apporte un peu de fantaisie aux rythmes des différents morceaux du score. Evidemment, 'Mission: Impossible' est indissociable du célèbre thème musical composé pour la série d'origine par Lalo Schifrin et que Danny Elfman réutilise pour le superbe générique de début dans la tradition de la série - à noter que le montage du générique de début nous offre un bref aperçu des principales scènes à venir du film, une idée originale que le réalisateur a assumé ici avec conviction, soutenue par une superbe reprise orchestrale pleine de punch du célèbre thème qui a acquit une grande renommée tout au long des années - on ne compte plus aujourd'hui le nombre de musiciens et d'orchestre qui se sont fait plaisir en reprenant ce fameux thème indissociable de l'univers d'espionnage de la série TV.

Avec 'Sleeping Beauty', Elfman nous introduit habilement au côté 'espionnage/infiltration' de sa partition. On est même surprit par le fait que le compositeur a choisi d'ouvrir le film au son de percussions seules aux rythmes martiaux qui évoquent ici aussi maints passages de la musique d'origine de Lalo Schifrin. Très vite, chaque instrument se met en place, dialoguant avec une variété étonnante de percussions. Elfman privilégie ici les solistes, avec contrebasse, violoncelle, flûte, guitare basse et percussions, laissant ensuite la place aux cuivres et aux cordes. Il en profite d'ailleurs pour suggérer très brièvement les premières notes de son thème principal qui commence à prendre forme, petit motif entraînant qui sera associé dans le film aux exploits d'Ethan Hunt, et qui souligne ici la réussite de l'avant-dernière mission de l'équipe de Jim Phelps. De la même façon, Elfman illustre la séquence de la mission à Prague avec une même inventivité dans le maniement des différents instruments ('Red Handed'). L'ambiance d'espionnage se veut ici plus entraînante et plus rythmée. Elle évoque la tension et le danger de cette mission, même si l'on distingue par moment dans la musique quelques légères touches d'humour typique de la facette fantaisiste de Danny Elfman. C'est aussi l'occasion pour le compositeur de développer son thème principal qui passe habilement d'un instrument à un autre comme pour souligner l'habileté et l'expérience d'Ethan Hunt et de ses hommes. En revanche, le ton se veut plus sombre et menaçant dans 'Big Trouble' où le compositeur évoque l'échec de la mission à Prague avec une noirceur qui renforce à merveille le côté cauchemardesque de cette scène extrêmement sombre. L'orchestre se veut ici plus agressif, en particulier à travers le pupitre des cordes oscillant entre le grave obscur et les sonorités stridentes, tandis que les percussions et les cuivres imposent une atmosphère d'oppression et de danger intense qui apporte beaucoup à cette scène quasi anthologique.

En l'espace de seulement trois morceaux, Danny Elfman a posé le ton de sa partition et nous annonce une aventure particulièrement sombre et mouvementée. En plus du thème de Lalo Schifrin (finalement utilisé qu'à deux reprises dans le film, ce qui est peu) et du nouveau thème original, Elfman nous offre un thème plus mélancolique et sombre faisant office de 'Love Theme' et qu'il annonce déjà brièvement aux cordes vers la fin de 'Big Trouble'. Ce thème mélancolique possède un côté amer évoquant la facette plus dramatique du film. Dans le film, Elfman l'a associé à la relation ambiguë entre Ethan et Claire, la femme de Jim Phelps. A ce sujet, sa très belle reprise aux cordes dans 'Love Theme?' paraît plus explicite: les cordes installent une ambiance langoureuse et amère, le côté hésitant des harmonies renforçant l'ambiguïté de la relation entre les deux personnages, une ambiguïté que le compositeur a d'ailleurs tenu à mettre en évidence dans le titre du morceau, le point d'interrogation après 'Love Theme' semblant ainsi en dire long à ce sujet. Dans un autre genre, l'impressionnant 'Mole Hunt' attire notre attention avec sa formidable montée de tension angoissante dans la scène où Ethan s'échappe du restaurant où se trouve Kittridge, au moment où ce dernier l'accuse d'être responsable de l'échec de la mission. Le cluster de cordes stridentes et dissonantes ne cesse de prendre une ampleur de plus en plus oppressante alors que l'on sent la colère monter en Ethan jusqu'à l'explosion cuivrée finale (idée renforcée par un formidable gros plan de la caméra en contre-plongée très oppressant), là où retentit de manière plus énergique le thème associé à Ethan.

L'ambiance se veut un peu plus légère mais toujours aussi soutenue dans 'The Disc' et 'Max Found' tandis que le compositeur crée une ambiance feutrée plus appropriée dans 'Looking for 'Job' où les cordes semblent errer sans but, retranscrivant une certaine atmosphère psychologique durant la scène où Ethan recherche des informations au sujet du mystérieux Job sur le Net, avant de découvrir la clé de l'énigme dans la Bible - la dernière partie du morceau nous fait alors ressentir la détermination du héros, à travers une nouvelle et brève reprise du 'Love Theme' aux cordes et au hautbois. La facette plus dramatique de l'histoire transparaît alors fièrement dans le magnifique et amer 'Betrayal', morceau incontournable de la partition de 'Mission: Impossible' dans lequel Elfman crée une véritable atmosphère de lamentation tragique avec des cordes poignantes, une guitare basse et un choeur aux proportions religieuses inattendues. Le compositeur exprime ici avec une certaine profondeur l'idée de la trahison et des sentiments confus d'Ethan lorsqu'il découvre la vérité au sujet de celui qui a trahit et décimé toute son équipe. Le morceau apporte une lumière particulière à cette superbe scène, entièrement portée par l'émouvante musique de Elfman, qui semble décidément très inspiré par son sujet malgré le peu de temps qu'on lui a accordé pour écrire la musique de ce film.

Si la facette plus tragique de l'histoire est magnifiquement mise en valeur dans le poignant et sombre 'Betrayal', 'The Heist' nous replonge dans l'atmosphère d'espionnage du score avec des percussions omniprésentes, de même que 'Uh-Oh!' développe efficacement le très entraînant thème d'Ethan dans la scène où il s'infiltre dans le Q.G. de la CIA à Langley. Avec le massif 'Train Time', Elfman nous introduit à la longue séquence finale du TGV après une introduction cuivrée assez massive, débouchant sur les excitants 'Zoom A' et 'Zoom B' pour la spectaculaire confrontation finale sur le train. Les deux morceaux se distinguent par leur ambiance frénétique et massive particulièrement spectaculaire et bruyante (dans le bon sens du terme). Elfman retranscrit à l'écran toute la frénésie de cette confrontation sur le train avec deux superbes déchaînements orchestraux décoiffant, toujours dominés par des percussions en tout genre et un large pupitre de cuivres. 'Zoom B' fait monter la tension d'un cran pour l'affrontement final sur le bord du train dans le tunnel avec ses percussions omniprésentes et ses cuivres virtuoses jusqu'à un climax final particulièrement intense, qui s'ouvre au son d'une superbe envolée héroïque du thème d'Ethan avant de laisser la place à une dernière reprise du célèbre thème de Lalo Schifrin pour évoquer les exploits d'Ethan Hunt.

Vous l'aurez compris, la partition de Danny Elfman pour 'Mission: Impossible' a largement de quoi séduire tous les fans du compositeur et de la célèbre série TV, ainsi que ceux qui portent un regard assez mitigé sur la carrière du Danny Elfman post-95, beaucoup considérant que le compositeur n'a jamais été aussi bon qu'à sa période de la fin des années 80. Ceux qui en sont intimement convaincus devrait donc s'attarder sur cette excellente partition orchestrale très sous-estimée qui révèle tout le talent du compositeur et son goût pour les rythmes et les percussions. Composé dans l'esprit de la musique de la série TV d'origine, le score d'Elfman pour 'Mission: Impossible' apporte une ambiance très forte au film de Brian De Palma, retranscrivant toute la tension psychologique, le suspense et le côté dramatique de cette histoire de trahison, de manipulations et de rebondissements. Force est donc de constater que, malgré le peu de temps qu'il lui a été imparti, Danny Elfman nous a offert une partition redoutablement efficace et mémorable qui ne mérite certainement pas toutes les mauvaises critiques qu'elle a put recevoir. Sombre, massive, agressive, entraînante et parfois émouvante, la musique de 'Mission: Impossible' est décidément un bien bel hommage musical que le compositeur a rendu à la mythique série de Bruce Geller, une belle petite réussite à consommer sans modération!


---Quentin Billard