1-Lullaby 0.46
2-Main Title 3.18
3-Hart Attack 3.04
4-John Goes Home 1.21
5-Epilogue 4.48
6-Transformation 4.52
7-John's Revelation 2.38
8-Harry's Van 0.51
9-Harry's Creatures 1.27
10-Amanda and John 1.15
11-Hart Escapes 0.40
12-La Mort du Chien 0.45
13-Melissa's Jars 3.29
14-Amanda Dies 1.13
15-Nell's Death 1.39
16-Lab Reveal 0.40
17-Melissa and Dr. Lloyd 0.38
18-Lullaby 0.46
19-End Title 2.34

Musique  composée par:

David Newman

Editeur:

Varèse Sarabande CD Club
VCL 0805 1041

Album produit par:
David Newman,
Tim Boyle

Producteurs exécutifs:
Robert Townson,
Robert Kraft, Tom Null

Artwork and pictures (c) 1987, 2005 The Kindred Limited Partnership. All rights reserved.

Note: **1/2
THE KINDRED
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Newman
Petite série-B horrifique oubliée de la fin des années 80, 'The Kindred' est l'archétype même du film de monstre tel qu'on en voyait à la pelle à cette époque à Hollywood. Amanda Hollins (Kim Hunter) est une généticienne de renom attendant la mort sur son lit d'hôpital. Avant de mourir, elle se confie à son fils John (David Allen Brooks) pour lui demander de lui rendre un dernier service: aller chez elle et détruire toutes les notes et les traces de ses travaux sur l'expérience qu'elle menait depuis des années sur une protéine baptisée hémocyanine, que l'on trouve chez certains animaux marins, et qui, selon elle, menace aujourd'hui l'humanité toute entière. Amanda révèle aussi à John qu'il a un frère, Anthony. Pendant ce temps, le docteur Phillip Lloyd (Rod Steiger) rend à son tour visite à Amanda, lui qui collabora autrefois avec le généticienne avant d'être écarté du projet à la suite de quelques divergences d'opinion au sujet de la marche à suivre sur ces mystérieuses expériences qui auraient mal tournées. Le docteur Lloyd mène à son tour de sinistres expériences sur la mutation génétique à partir d'animaux et de cadavres humains qu'il transforme et recrée à sa guise en se prenant pour dieu. Le sinistre scientifique est d'ailleurs bien décidé à empêcher John de détruire l'expérience d'Amanda. Avec un groupe d'amis, John se rend à la maison de sa mère et explore son laboratoire où il découvre des documents et des traces de ses anciens travaux sur l'hémocyanine. Mais il ne s'attend pas encore à découvrir là-bas les horreurs nées des expériences génétiques de sa mère, alors qu'une créature immonde commence à attaquer les amis de John les uns à la suite des autres. John finira alors par découvrir que son frère, Anthony, n'a rien d'humain. Désormais, il va devoir tout mettre en oeuvre pour détruire les créations maléfiques de sa mère.

Le scénario de 'The Kindred' n'a donc rien d'extraordinaire et n'est qu'un prétexte à quelques scènes de suspense conventionnelles et quelques monstres bien réalisés malgré un budget assez maigrichon. Pour le reste, le film de Stephen Carpenter et Jeffrey Obrow (deux spécialistes des séries-B horrifiques des années 80 qui ont collaborés ensemble à plusieurs reprises sur des films d'horreur tels que 'The Power' ou 'Pranks') n'est rien d'autre qu'une modeste petite série-B horrifique sans prétention et assez divertissante, malgré un casting quelconque (à noter la présence de Rod Steiger dans le rôle du méchant scientifique et d'Amanda Pays, une habitué des séries-B de ce genre) et une mise en scène particulièrement médiocre. Le rythme mal entretenu du film, le manque d'idée d'une réalisation paresseuse et le jeu souvent très moyen des acteurs (avec quelques dialogues minables) font de 'The Kindred' un film horrifique divertissant mais pas franchement indispensable, tout juste bon à provoquer quelques frissons malgré la quasi absence de scènes gore - on a l'impression que le monstre est bien moins méchant qu'il n'y paraît puisqu'il ne tue que deux personnes dans le film, un chien et une femme, curieux pour un film d'horreur de ce genre, d'autant que les autres victimes de la créature s'en sortent toujours miraculeusement, à part le personnage d'Amanda Pays qui se transforme en créature-poisson avant de mourir au détour d'une scène horrifique plutôt sympa. Voilà en tout cas une série-B horrifique sans histoire, à réserver aux collectionneurs hard-core de vieilleries 'eighties' et à tout ceux qui ont un faible pour les films de monstre à l'ancienne.

C'est au milieu des années 80 que David Newman débuta sa carrière de compositeur de musique de film, après avoir écrit la musique d'un court-métrage de Tim Burton en 1984 ('Frankenweenie'), suivi du score pour un épisode de la série TV 'Amazing Stories', celui pour le film d'action 'Vendetta' (1986) de Bruce Logan (produit par Roger Corman) et de la comédie horrifique 'Critters' (1986) de Stephen Herek. Restant dans le domaine de la série-B horrifique, David Newman signe pour son troisième long-métrage une partition orchestrale traditionnelle et sans surprise, parfaitement en adéquation avec l'ambiance du film de Stephen Carpenter et Jeffrey Obrow. La partition de Newman s'articule autour d'un thème principal, 'Lullaby', qui n'est autre que l'air de berceuse que chante Amanda sur la bande audio que diffuse John dans le film et qui possède paraît-il la vertu de calmer le monstre qu'elle a crée, et que le compositeur expose dès le début du film dans le traditionnel 'Main Title', introduit par des synthétiseurs 'eighties' et très vite rejoint par des cordes. On appréciera la façon dont Newman teinte cet air de berceuse d'une certaine noirceur mystérieuse qui évoque aisément les terrifiantes expériences d'Amanda, une façon que le compositeur a de dénaturer l'air d'origine pour en faire une mélodie sombre représentant parfaitement l'esprit du film. Ce sont les cordes qui dominent ici l'écriture orchestrale du compositeur, et ce même si le pupitre des cuivres et des vents reste présent bien qu'assez peu utilisé en fin de compte par rapport au pupitre des cordes, omniprésent du début jusqu'à la fin.

La terreur commence dans 'Hart Attack' où l'écriture sombre et dissonante des cordes suggère le frisson lors de la scène où Hart se fait enfermer dans la pièce aux zombies, Newman jouant à fond la carte de la musique horrifique traditionnelle dans la lignée des scores d'horreur typiquement 'eighties'. Les synthétiseurs sont toujours présents dans 'John Goes Home' qui accompagne la scène où John revient à la maison de sa mère avec sa fiancée et son groupe d'amis à la recherche des traces concernant les expériences de sa mère. Une fois encore, les cordes sont toujours très présentes, suggérant ici une atmosphère de mystère et d'interrogation. Puis, très vite, la tension monte au détour de morceaux atmosphériques suggérant le suspense et la terreur liée aux attaques de la monstrueuse créature, comme le confirment des morceaux comme l'horrifique 'Nell's Death' (pour l'une des rares scènes gore du film pour la mort d'un personnage féminin dans sa voiture), le sombre 'Harry's Creatures' ou bien encore les chaotiques et massifs 'Transformation' et 'Epilogue' (pour l'affrontement final contre la créature et ses congénères). Newman met l'accent dans 'Epilogue' sur une écriture de cordes frénétiques et dissonantes, des cuivres agressifs aux rythmes soutenus et des sursauts de percussions brutales comme dans 'Transformation' où Newman accompagne la scène de la mort de la créature (séquence gore et 'visqueuse') dans un climax orchestral du plus bel effet, avec ses cuivres agressifs, ses cordes aiguisées comme des rasoirs et ses 'fusées' de piccolos stridents qui suggèrent l'horreur de la scène dans un style chaotique mais toujours maîtrisé, la musique de Newman ne cédant jamais à la cacophonie pure (on sent même d'ailleurs un certain classicisme hollywoodien dans la composition de Newman, peut-être une quelconque influence de son père, le grand Alfred Newman et de ses collègues qui se sont aussi frotté au genre des partitions horrifiques durant les grandes années du 'Golden Age' hollywoodien). On pourra d'ailleurs même être surpris par le manque d'effets musicaux avant-gardistes que l'on trouve à la même époque dans la plupart des partitions orchestrales horrifiques du même genre, à commencer par les premiers scores d'horreur/thriller de Christopher Young au début des années 80 sur, coïncidence, les deux précédents films d'horreur du duo Stephen Carpenter/Jeffrey Obrow. David Newman soigne donc son écriture orchestrale et ne cède jamais à la tentation de l'anarchie musicale, même si certains passages massifs comme 'Transformation' ou 'Epilogue' installent dans le film une véritable ambiance de chaos et de terreur. Le 'End Title' reprend finalement l'air de berceuse aux cordes d'une façon totalement similaire au 'Main Title', la boucle étant alors bouclée, sans grande surprise.

Score horrifique totalement dénué d'originalité, 'The Kindred' est un premier bel effort d'un compositeur généralement très sous-estimé du public béophile en général et aussi très mal représenté d'un point de vue discographique. On pourra ainsi apprécier la ressortie CD de ce premier score assez méconnu de David Newman, qui se spécialisera par la suite dans les musiques de comédie et de films d'aventure en délaissant progressivement le genre dans lequel il se sera fait ses premières armes au milieu des années 80. Reste que, bien loin de révolutionner le genre, 'The Kindred' est un petit score d'horreur sans grande prétention, une partition symphonique plutôt impersonnelle et quelconque qui apporte son lot de suspense et de frisson au film de Stephen Carpenter et Jeffrey Obrow mais qui ne marquera certainement pas les esprits. Un score somme toute très fonctionnel et sans surprise, à réserver aux fans de David Newman et aux collectionneurs hard-core!


---Quentin Billard