1-Moritat 4.44*
2-The World's Smartest Man 5.22
3-The Oversight Blues 10.39
4-The Underdog 4.24
5-Your Secret's Safe With Me 3.12
6-Hunting In Your Underwear 3.52
7-On The Shoulders of Life 1.24
8-Books and Learning 1.24
9-A Chance Is What
I'm Giving You 1.50
10-The Committee Calls 2.14
11-The Word is Bluffing 1.14
12-Television On Trial 3.06
13-Everything Has Its Price 4.18

*Composé par Kurt Weil
et Bertölt Brecht
Interprété par Lyle Lovett
Arrangé par Mark Isham
Produit par Mark Isham
et Lyle Lovett.

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Hollywood Records
HR-62000-2

Produit par:
Mark Isham
Producteur exécutif soundtrack:
Robert Redford
Montage musique:
Craig Pettigrew
Arrangements jazz:
Mark Isham, Ken Kugler,
Kim Scharmberg

A&R:
Paul Kremen

(c) 1994 Hollywood Pictures.
All rights reserved.

Note: ***
QUIZ SHOW
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
Pour son quatrième film derrière la caméra, Robert Redford signe une oeuvre dramatique captivante retraçant l’histoire du ‘Twenty-One’, une célèbre émission télévisée américaine des années 50 qui fit scandale le jour où l’on découvrit que tout était truqué et que le candidat star connaissait à l’avance les questions et le réponses. Redford nous replonge dans l’atmosphère de l’Amérique des années 50 en disséquant cette fameuse intrigue placée sous le point de vue de Dick Goodwin (Rob Morrow), un jeune avocat idéaliste et obsédé par sa quête: découvrir toute la vérité au sujet de l’enquête sur le jeu télévisé. Après le renvoi par les dirigeants de l’émission d’Herbie Stempel (John Turturro), l’un des meilleurs candidats de cette émission à qui on a finalement demandé de se ‘coucher’ par faute d’un taux d’audimat faible, les producteurs de l’émission ont finalement décidés de faire appel à un certain Charles Van Doren (Ralph Fiennes), le fils de l’un des plus grands représentants de la littérature américaine de l’époque. De fil en anguille, Van Doren finit par séduire le public et devient une véritable célébrité, ayant même réussi à éclipser dans l’esprit du public Herbie Stempel. Mais ce dernier n’a pas dit son dernier mot et compte bien criez à l’injustice à qui voudra bien l’entendre. C’est lors de sa rencontre avec Stempel que Dick Goodwin comprendra que l’émission était truquée depuis le début, et que le but était de maintenir un même candidat-star et adulé par le public afin de remplir les poches des producteurs et des annonceurs publicitaires qui en profitaient au passage pour vanter les mérites de leur produit. Sans prendre le moindre parti-pris, Redford nous montre ici les rouages d’un engrenage qui, une fois lancé, devient impossible à arrêter, et ce malgré l’entêtement et la hargne d’un avocat sur-déterminé. La logique mercantile et capitaliste de l’émission était telle que les producteurs de l’émission étaient prêts à tout pour faire en sorte d’amasser les plus gros bénéfices, quitte à donner à l’avancer les questions et le réponses du jeu. D’un point de vue plus dramatique, c’est Charles Van Doren qui souffrit le plus du scandale de l’émission, tandis que les producteurs et les concepteurs de l’émission furent lavés de tout soupçon, prétextant qu’après tout, ils n’étaient pas des criminels et n’avaient fait de mal à personne, et que c’était comme ça que fonctionne le show-biz. On notera la présence de quelques grands acteurs tels que John Turturro, Ralph Fiennes, David Paymer, Christopher McDonald, Hank Azaria, Allan Rich, Mira Sorvino, Paul Guilfoyle, Griffin Dunne, et dans des rôles secondaires, Ethan Hawke et Calista Flockhart, sans oublier la présence de Barry Levinson et de Martin Scorsese dans le rôle du publicitaire Martin Rittenhome. Un drame captivant et intéressant, qui prouve au passage que Robert Redford a décidément l’étoffe d’un grand réalisateur, et qu’il devrait continuer dans cette voie à l’avenir.

Après avoir signé la musique de ‘A River Runs Through It’, Mark Isham composa sa deuxième musique avec Robert Redford pour ‘Quiz Show’, partition dramatique, lente, sombre et atmosphérique, qui relate bien l’ambiance générale du film et l’intrigue du scandale qui entoura cette affaire d’émission truquée. Comme toujours, la partition de Isham fait appel à sa sempiternelle trompette jazzy (rappelons au passage que Mark Isham est trompettiste de jazz), avec une formation instrumentale restreinte incluant quelques cordes, vents et piano. Le score débute très vite dans le film sous l’angle du jazz en commençant par ‘The World’s Smartest Man’ qui accompagne l’émission télévisée du Quiz Show avec un rythme entraînant, à la manière des jingles jazzy que l’on entend tout au long de l’émission dans le film et comme on pouvait les entendre dans les émissions de variété américaines du milieu des années 40/50 avec les formations de type Big Band, idéal pour débuter la musique et la replacer dans le contexte du film (on ressent bien ici toute la jubilation et l’excitation que pouvait ressentir le public à l’audition de cette musique jazzy annonçant une très populaire émission de télévision regardé par 80% du public américain). A noter ici deux solos de qualité du saxophoniste Pete Christlieb et du trompettiste Conte Candoli sur un rythme swing. Comme toujours dans ses musiques de film, Mark Isham nous offre quelques beaux moments dans lequel le musicien se fait particulièrement plaisir dans son genre de prédilection, le jazz. Dans le même ordre d’idée, ‘The Oversight Blues’ accompagne en ‘source music’ une scène de restaurant du film avec un blues très sympathique et sensuel réunissant Mark Isham à la trompette, David Goldblatt au piano, John Clayton à la basse et Kurt Wortman à la batterie. Idem pour le sympathique ‘The Underdog’ et ‘Hunting in your Underwear’ avec quelques intéressants solos de Conti Candoli à la trompette en sourdine, tandis que ‘Your Secret’s Safe With Me’ est confié à un piano jazzy évoquant par moment le grand Thelonious Monk.

Mais la partie du score à proprement parler débute sur l’album avec ‘On the Shoulders of Life’, pièce plus orchestrale et lente confié à quelques cordes, un piano, quelques vents et la trompette dans un style plus mélancolique et intime et qui accompagne tout au long du film les différentes émotions et sentiments de Charles Van Doren (Ralph Fiennes), et plus particulièrement ici ses doutes et ses inquiétudes au sujet de la supercherie à laquelle il participe depuis le début au sujet de l’émission ‘Quiz Show’. Plus rythmé, ‘Books and Learning’ paraît plus optimiste avec son accompagnement de piano, ses cordes et ses vents légers illustrant des moments plus paisibles du film comme la scène où Charles et Dick (Rob Morrow) partent faire de la voile ensemble sur un lac. Mais c’est ‘A Chance is What I’m Giving You’ qui résume parfaitement bien la partie plus sombre et dramatique du film lorsque Charles comprend qu’il ne pourra plus faire marche arrière et que l’enquête de Dick l’amènera un jour ou l’autre à avouer toute la vérité. Ici aussi, on ressent l’amertume et les tourments du personnage sur le ton de la mélancolie alors que la trompette en sourdine est de nouveau présente pour illustrer les doutes et l’errance du personnage de Ralph Fiennes, avec une pointe de tristesse dans l’âme. Le début de la scène de la réunion de la commission d’enquête se veut tout aussi sombre, avec ces timbales qui insistent régulièrement mais doucement pour maintenir une certaine tension avec les cordes et la trompette de Mark Isham annonçant une conclusion peu optimiste.

‘The World is Bluffing’ se veut quand à lui comme une sorte de compromis entre la partie jazz et la partie score de la musique de Isham, la basse et la trompette jazzy se mélangeant ici à un fond plus sombre de timbales et de cordes pour suggérer une certaine tension alors que l’enquête de Dick Goodwin continue d’avance et menace de plus en plus l’intégrité des dirigeants de l’émission télé et de son plus célèbre participant, Charles Van Doren. La musique fonctionne ici dans un rôle psychologique, elle reflète ainsi les différents sentiments du personnage principal tout au long du film, ce qui explique le côté intimiste de la musique. La scène finale du témoignage de Van Doren et des dirigeants de l’émission télé est accompagnée par ce qui reste le plus sombre morceau du score de ‘Quiz Show’, ‘Television on Trial’, qui oscille entre une certaine tristesse et un côté plus sombre marqué par l’insistance au début du morceau des timbales puis des cordes mélancoliques et du piano pour finalement aboutir à ‘Everything Has Its Price’ après la scène de la déclaration finale de Van Doren, qui conclut l’album et le film sur une touche solennelle avec la trompette et les cordes pour la coda du film, évoquant la fin du scandale et aussi, quelque part, la fin d’une époque, celle où les dirigeants de la télévision pouvait encore tout se permettre sans que la justice vienne se mêler de leurs affaires. A noter, pour finir, un sympathique arrangement du compositeur de la chanson ‘Moritat’ de Kurt Weil et Bertölt Brecht, interprétée ici par Lyle Lovett et que l’on entend au début et à la fin du film, la boucle étant bouclée.

Si vous appréciez les partitions intimistes/jazzy de Mark Isham, il ne fait nul doute que le score de ‘Quiz Show’ devrait vous satisfaire pleinement. Si la musique manque totalement ici d’originalité et de surprise, elle remplie néanmoins parfaitement le cahier des charges en apportant une certaine émotion au film de Robert Redford, confirmant que le compositeur est toujours très à l’aise avec les atmosphères minimalistes et intimistes, mélangé à une bonne dose de jazz, à l’instar de bon nombre de partitions du compositeur telles que ‘Home for The Holidays’, ‘Mrs Parker and the Vicious Circle’, ‘The Public Eye’, ‘Cool World’ ou bien encore ‘Little Man Tate’. Sans être ce que Mark Isham a fait de mieux dans le genre, ‘Quiz Show’ n’en demeure pas moins une petite partition modeste mais intéressante, qui, à défaut de marquer les esprits, prouvera néanmoins que le compositeur est toujours aussi doué pour les ambiances intimistes et jazzy.


---Quentin Billard