1-Main Titles 3.33
2-Beau & Cassy 2.07
3-Pitt & The Doctor 1.30
4-The Invasion Begins 7.46
5-The Thing from Another Garage 2.16
6-Close Encounters 5.35
7-Through the Desert 0.20
8-Kid in Car 2.40
9-Better Call Quincy 4.03
10-Area 52 1.02
11-The Crashing Detective 1.04
12-Cassy's Fear 6.22
13-Watch the Skies 1.38
14-Start the Chase Music 4.05
15-The Cops Arrive 1.59
16-Kemper and the Group 1.18
17-Sheila Terminates Kemper 1.38
18-The Stone 2.17
19-The Buggering of Cassy 4.06
20-Alien Fumes 2.34
21-The Mother of
All Motherships 10.58
22-Tears of Sorrow/End Title 2.04

Musique  composée par:

Don Davis

Editeur:

Super Tracks STCD 881

Producteurs exécutifs de l'album:
John J. Alcantar III,
Thomas C. Stewart

Album produit par:
Don Davis, Ford A. Thaxton
Montage musique:
Susan Mick
Assistant montage:
Aaron Rapoport

Artwork and pictures (c) 1997 Super Tracks. All rights reserved.

Note: ***
INVASION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Don Davis
Dans cette adaptation télévisée d’un roman du médecin/écrivain Robin Cook, le réalisateur Armand Mastroianni (un spécialiste des téléfilms et séries-B en tout genre) narre l’histoire d’un virus d’origine extra-terrestre qui se répand sur terre par le biais d’un petit caillou envoyé depuis l’espace et qui propage une maladie qui contrôle l’esprit de tout ceux qui sont touchés par le mystérieux caillou. Le premier individu contaminé est le jeune Beau Stark (Luke Perry). Très vite, son comportement change mystérieusement, ce qui n’est pas sans inquiéter sa fiancée Cassy Winslow (Rebecca Gayheart), qui commence à comprendre que quelque chose ne tourne pas rond chez son fiancé. La contamination se répand alors à une vitesse alarmante, certains individus mourant de cette maladie dans d’atroces convulsions alors que d’autres résistent mais deviennent les suppôts d’une nouvelle race extra-terrestre qui prépare son arrivée sur terre en contrôlant tous les humains. Beau devient le cerveau de l’opération, organisant la construction dans un immense hangar militaire d’une machine qui servira à créer un passage pour accueillir un vaisseau extra-terrestre afin d’ouvrir une porte vers d’autres mondes et d’autres formes de vies qui envahiront la terre. Mais une mini résistance s’organise autour d’une poignée d’individus non contaminés qui recherchent désespérément un moyen pour stopper la contamination qui a déjà envahie une bonne partie de la terre. Il semblerait que la clé de l’énigme réside dans les mystérieux décès des individus qui n’ont pas survécus à la maladie. Seul point commun entre tous ces morts, un rhésus négatif dans le sang, peut-être un espoir pour les résistants de trouver un antidote qui permettra de stopper le virus et de mettre un terme à cette invasion extra-terrestre.

En gros, ‘Invasion’ est un bon condensé de tout ce qui a été fait jusqu’à présent dans le domaine des films d’invasion extra-terrestre et de virus. On pense d’entrée de jeu au ‘Outbreak’ de Wolfgang Petersen (sans aucun doute l’un des meilleurs films hollywoodien sur le sujet d’une épidémie virale meurtrière), au ‘The Andromeda Strain’ de Robert Wise sur un sujet similaire (l’histoire d’un virus extra-terrestre qui se répand sur la terre) et tous les films d’invasion alien comme dans la série ‘V’ ou les films ‘Invasion of the Body Snatchers’ ou ‘The Puppet Masters’ (1994) de Stuart Orme, sur un sujet tout à fait similaire. Le scénario de ‘Invasion’ est extrêmement quelconque, n’apportant finalement rien de neuf au sujet, la seule bonne idée étant de mélanger intrigue de contamination virale avec celle d’une invasion extra-terrestre, même si cela n’a rien de vraiment nouveau en soi. Comme n’importe quel téléfilm américain de sa catégorie, ‘Invasion’ est très long, avoisinant les 3h et composé en 2 parties (il semblerait qu’aux USA, le téléfilm ait été diffusé en 3 parties de 60 minutes chacune), et sur ces 3 heures, on s’ennuie ferme malgré une bonne ambiance de conspiration à la ‘X-Files’. Le casting, pas vraiment très brillant (des acteurs de seconde catégorie comme Luke Perry, Kim Cattrall ou Rebecca Gayheart), des effets spéciaux très ‘images numériques de jeu vidéo PC’ et la médiocrité d’une mise en scène parfaitement impersonnelle et dénuée d’imagination font de ‘Invasion’ une série-B de science-fiction d’une banalité déplorable, un énième produit de consommation pour tout ceux qui n’ont pas peur de s’ennuyer ferme durant près de 3 heures devant leur poste de télévision. Dommage, car le sujet était pourtant prétexte à un traitement plus ambitieux.

Don Davis a déjà collaboré sur un précédent téléfilm d’Armand Mastroianni intitulé ‘Sleep, Baby, Sleep’ (1995). Il faut dire qu’à ses débuts, Davis a travaillé pendant pas mal d’années pour la télévision avant de réussir à se faire un nom sur des scores tels que ‘Bound’ ou ‘Warriors of Virtue’. Pour ses retrouvailles avec le réalisateur, Davis signe un score électronique typique de ses partitions de téléfilm à plus petit budget. Hélas, si l’approche synthétique opéré par le compositeur paraît un peu artificielle au départ (ses samples d’orchestre ne sont pas toujours très convaincants, surtout dans les cuivres qui sonnent très artificiel), dû à des contraintes de budget évidentes pour un téléfilm de cette envergure, Don Davis compense par une utilisation plus inventive et intéressante des voix, l’élément capital dans la partition de ‘Invasion’. Le score s’articule autour d’un thème principal très présent tout au long du film, exposé dès le traditionnel ‘Main Titles’ par ce qui ressemble à des sons de cuivres sur fond de sonorités électroniques sombres et de percussions menaçantes (comme ces effets de claquements de cordes en écho), avec la présence d’un petit ostinato de piano qui suggère déjà l’arrivée d’une grande menace, tandis que les voix mystérieuses se mettent discrètement en place dans la dernière partie du morceau pour suggérer l’arrivée imminente du virus extra-terrestre. Dès lors, Don Davis met en place une atmosphère sombre et menaçante où les sonorités électroniques et les samples en tout genre côtoie les effets sonores plus mystérieux afin de renforcer la tension omniprésente tout au long du film. ‘Beau and Cassy’ apporte même un peu de calme et d’intimité en dévoilant le ‘Love Theme’ avec piano et cordes synthé pour évoquer la relation entre Beau et Cassy (le thème intervient aussi dans les moments plus intimes du film), tandis que la seconde partie plus sombre du morceau fait intervenir des sonorités glauques et menaçantes suggérant la transformation de Beau. A noter un motif confié ici à une voix d’enfant samplée un peu étrange, qui évoque la présence extra-terrestre.

‘The Invasion Begins’ et ‘The Thing from Another Garage’ (jeu de mot sur le titre du célèbre film de science-fiction ‘The Thing from Another World’) illustrent à leur tour le début de la contamination, Davis utilisant ici tous ces effets horrifiques et inquiétants suggérant la présence du virus alien. ‘The Invasion Begins’ débute ainsi de façon sombre avec ses percussions métalliques/électroniques un peu bizarre pour la scène où Beau est en train de construire des petits appareils qui deviendront par la suite de puissantes armes laser extra-terrestre (ne cherchez pas à comprendre comment ils arrivent à créer une arme laser futuriste à partir de composants électroniques terriens, c’est une des nombreuses invraisemblances du téléfilm!). Davis suggère ici le début de l’invasion avec un très fort sentiment de menace et de conspiration. A noter une fin plus massive avec des samples de clusters de cordes stridentes du plus bel effet et la présence d’une voix féminine sensuelle qui semble chanter à l’envers, une bonne idée qui renforce ici le climat de malaise de la musique, et qui évoque aussi par cette façon non humaine de chanter la présence des extra-terrestres. On retrouve les effets stridents dans le sombre ‘The Thing from Another Garage’ où la musique s’intensifie dans le registre de la musique horrifique, avec au passage ces ostinati de piano ‘action’ comme dans le ‘Main Titles’ et des effets électroniques de plus en plus inquiétants au fur et à mesure que l’invasion extra-terrestre ne cesse de prendre une plus grande ampleur. On regrettera cependant la présence de passages atmosphériques souvent plus quelconques comme ‘Pitt and the Doctor’, ‘Close Encounters’ ou ‘Area 52’, qui n’apportent pas grand chose au score si ce n’est de boucher les trous dans le film (la musique est utilisée non-stop durant les 3 heures, ce qui paraît évidemment bien excessif et extrêmement redondant!).

L’action pointe le bout de son nez dans ‘Through the Desert’ avec ses percussions action, comme dans ‘Kid in Car’ pour une scène de course poursuite avec des sbires de Beau dans les rues de la ville et des rythmiques électroniques qui annoncent clairement certains passages de ‘The Matrix’. Idem pour ‘The Crashing Detective’ avec sa pulsation rythmique qui accélère frénétiquement sur fond de montée de piano virtuose lors de la scène où le collègue du détective Kemper meurt dès suite de terribles convulsions alors qu’il était en train de conduire. ‘Cassy’s Fear’ fait alors monter la tension d’un cran avec la présence des chœurs étranges qui murmurent des bouts de paroles incompréhensibles pour illustrer astucieusement les scènes où l’on voit les hommes contrôlés par le virus extra-terrestre, tandis que le morceau fait aussi intervenir des effets de gargouillis de pizzicati de cordes, effet sonore avant-gardiste typique de la musique ‘contemporaine’ du milieu du 20ème siècle et dont Don Davis raffole tant. A noter aussi une utilisation massive et intéressante de glissendi de clusters de chœurs dans ‘Sheila Terminates Kemper’ pour la scène où Kemper, contaminé, devient fou et se fait abattre par Sheila, la musique traduisant alors le chaos de la scène. Ici, ces effets évoquent les méfaits des petits cailloux alien et de leur conséquence sur les individus qui se font piquer par ces mystérieux cailloux. On retrouve à la fin de ‘Cassy’s Fear’ la voix féminine étrange pour ce qui reste sans aucun doute l’un des morceaux les plus représentatifs de l’atmosphère de tension et de conspiration du score de ‘Invasion’ (à noter une reprise du ‘Love Theme’ considérablement assombrie à la fin du morceau, suggérant le fait que Beau ne sera définitivement plus jamais le même). Les morceaux d’action ne sont pas en reste comme les scènes de course poursuite comme ‘The Cops Arrive’ ou le frénétique ‘Start the Chase Music’ (titre non dénué d’ironie), alors que ‘The Stone’ tente alors de calmer le jeu avec un mélange hautbois/cordes/harpe de synthé qui apporte un peu de relief à un score somme toute très sombre et extrêmement tendu.

Finalement, la partition de Don Davis atteint son paroxysme pour la scène du vaisseau-mère à la fin du film et de l’ouverture du passage vers d’autres mondes. Davis réutilise ici les choeurs ‘extra-terrestres’ susurrant des mots incompréhensibles tout en insistant sur les cuivres et les choeurs samplés. La tension monte ici pendant près de 11 minutes pour ce qui reste le climax grandiose de la partition de ‘Invasion’, climax qui aurait assurément gagné en puissance si Don Davis avait utilisé un vrai orchestre au lieu de ces samples de synthé particulièrement cheap et très ‘musique de téléfilm à petit budget’. En tout cas, la musique renforce considérablement le sentiment de puissance de la scène et la rend particulièrement intense, le score se concluant sur une ultime touche de tristesse avec un dernier rappel plus mélancolique du ‘Love Theme’ dans ‘Tears of Sorrow’ avant d’enchaîner sur le ‘End Title’ qui reprend une dernière fois le thème principal du score. ‘Invasion’, c’est donc une énième partition téléfilm de Don Davis qui signe là un score efficace mais trop ‘cheap’ pour être véritablement pris au sérieux par rapport à ses partitions orchestrales plus récentes. Malgré le peu de budget offert à sa disposition, le compositeur a quand même réussi à véhiculer quelques bonnes idées comme ces utilisations inventives des voix ou d’effets de cordes en tout genre. Si la musique apporte son lot de noirceur, d’action et de tension au téléfilm d’Armand Mastroianni, renforçant cette atmosphère de menace et de conspiration, elle ne réussit que très peu de fois à nous convaincre véritablement. Malgré tout, il serait injuste de bouder cette partition somme toute très sympathique, dans laquelle on ressent à plus d’une reprise la personnalité du compositeur qui annonce par moment certains de ses futurs scores d’action/horreur/thriller. A réserver aux fans de Don Davis avant tout, et à ceux qui s’intéressent à ses anciens travaux pour la télévision!


---Quentin Billard