1-Cinq fois deux 3.19
2-Sparring Partner 4.10*
3-Una lacrima sul viso 3.07**
4-Ho capito che ti amo 3.10***
5-Mi sono innamorato di te 2.46+
6-La danse des mariés 1.14
7-Se mi perderai 2.41++
8-Sapore di sale 2.28+++
9-Valérie 1.15
10-Legata a un granello
di sabbia 4.08#
11-Senza fine 2.54##
12-Deux fois cinq 2.17
13-Vedrai vedrai 3.30###
14-Thème piano 3.16

*Ecrit et interprété par Paolo Conte
**Interprété par Bobby Solo
Ecrit par Mogol & Roberto Satti
***Interprété par Wilma Goich
Ecrit par Luigi Tenco
+Ecrit et interprété par Luigi Tenco
++Interprété par Nico Fidenco
Ecrit par Nico Fidenco
et Pasquale Tassone
+++Ecrit et interprété par Gino Paoli
#Interprété par Nico Fidenco
Ecrit par Nico Fidenco
et Giovanni Marchetti
##Ecrit et interprété par Gino Paoli
###Ecrit et interprété par
Luigi Tenco.

Musique  composée par:

Philippe Rombi

Editeur:

BMG France/Ariola
82876635552

Editions:
Haute Fidélité
Musique dirigée et orchestrée par:
Philippe Rombi

(p) 2004 Fidélité. All rights reserved.

Note: ***
5X2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Philippe Rombi
Décidément, à chaque film qu’il tourne, François Ozon sait créer l’événement. Après un exercice de style guère convaincant sur ‘8 Femmes’ et un autre plus réussi pour ‘Swimming Pool’, Ozon retrouve un style qu’il connaît bien dans ‘5x2’, chronique inversée et fragmentée de la déconstruction inéluctable d’un couple (un sujet typique du cinéma français). Le film suit les traces de ses précédents longs-métrages comme ‘Gouttes d’eau sur pierres brûlantes’ et ‘Sous le sable’, avec, comme souvent chez Ozon, des thèmes récurrents comme l’homosexualité, sujet déjà abordé dans ‘Gouttes d’eau sur pierre brûlantes’, son court-métrage ‘Une robe d’été’ (1996) ou le long-métrage ‘Sitcom’ (1998). Dans ‘5x2’, Ozon choisit de traiter la rupture du couple en partant de la fin pour revenir à leur rencontre sous la forme de cinq épisodes représentant cinq moments majeurs de leur vie de couple. Si le concept de l’inversion du déroulement narratif conventionnel n’est guère nouveau (impossible ici de ne pas penser à ‘Irréversible’ de Gaspard Noé ou même ‘Memento’ de Christopher Nolan dans un tout autre genre), Ozon le traite ici sous un angle intimiste particulièrement stéréotypé, dans le sens où toutes les préoccupations du cinéma français contemporain y sont condensées avec une facilité quasi agaçante (‘naturalisme’ du ton, évocation crue du sexe, façon négative de traiter le couple et l’amour, etc.). On est guère loin par moment des chroniques pathétiques de Marion Vernoux (‘A boire’, ‘Reines d’un jour’) avec comme souvent chez les cinéastes français ce goût pour le négatif, le misérabilisme typiquement français (en France, on préfère parler des minables plutôt que des gagnants).

Heureusement, François Ozon apporte néanmoins un peu de sa personnalité à ‘5x2’ à travers une bonne mise en scène et un excellent duo d’acteur formé à l’écran par Stéphane Freiss (Gilles) et Valeria Bruni Tedeschi (Marion), qui portent sur leur visage toute la tension et le drame de cette rupture, avec, au passage, des scènes vraiment dérangeantes et parfois cruelles (scène du viol anal au début entre Marion et Gilles après leur divorce, séquence où Gilles avoue devant deux invités qu’il a trompé sa femme lors d’une soirée qui a tourné à la partouze entre hétéros et homos, etc.), dont on peut vraisemblablement s’interroger sur leur véritable raison d’être (volonté sincère de mise en scène ou ‘pique’ opportuniste pour faire parler du film et provoquer gratuitement le bourgeois à la façon d’un Gaspard Noé?). On est même très étonné que dans cette évocation de l’amour brisé ‘5x2’ manque cruellement de poésie, un parti-pris jusqu’au-boutiste qui dérange autant qu’il peut convaincre les amateurs de ce type de drame intimiste psychologique à la française, car le film est entièrement porté par une noirceur qui, malgré une fin inévitablement plus sereine et optimiste, n’en demeure pas moins un portrait radicalement sombre de la vie de couple, traitant de l’infidélité d’une façon crue et parfois un peu gratuite. A force de vouloir accentuer les défauts de ses deux personnages (qui n’en manquent pas!), Ozon rend son film assez désagréable à regarder car poussif et exagérément pessimiste (au moins, le film a le mérite de ne pas laisser indifférent), une bien sale image de l’amour et de la vie de couple qui comporte pourtant aussi ses moments de bonheur, moments curieusement absents du film (même la fin faussement optimiste est marquée par l’adultère). Malgré son concept intéressant bien que déjà-vu et la qualité de sa mise en scène, François Ozon signe là un drame intimiste typiquement français dans le mauvais sens du terme!

A l’origine, le réalisateur avait prévu de ne mettre aucune musique dans son film, afin d’accentuer le réalisme de sa mise en scène. Cependant, après mure réflexion, Ozon a décidé d’inclure des chansons qui parcourent les cinq épisodes du film, et plus particulièrement des chansons italiennes romantiques (‘Sparring Partner’ de Paolo Conte, ‘Una lacrima sul viso’ de Bobby Solo, ‘Ho capito che ti amo’ de Wilma Goich, etc.), probablement du au fait qu’une partie du film se passe en Italie (la fin plus précisément), idée peut-être aussi inspirée par le fait que Valeria Bruni-Tedeschi est d’origine italienne. Ce choix surprend à priori mais colle néanmoins très bien à l’atmosphère du film, apportant un contrepoids émotionnel sentimental à des scènes souvent dures et crues (cela ne suffit hélas pas à apporter un peu de poésie au film). A priori, il ne devait donc pas y avoir de musique originale dans ce film, mais au moment du montage avec les chansons, Ozon s’aperçut que tout ne lui plaisait pas encore et qu’il devait y avoir un peu de score original dans son film. C’est ainsi que le compositeur Philippe Rombi retrouva son réalisateur fétiche après avoir collaboré sur ses précédents films comme ‘Les amants criminels’ (1999), ‘Sous le sable’ (2000) et ‘Swimming Pool’ (2003) – il ne participa à l’aventure de ‘8 Femmes’ pour lequel la musique fut écrite par Krishna Levy.

Rombi n’a donc écrit pour ‘5x2’ qu’à peine cinq minutes de musique, entendues principalement durant la dernière demi heure du film. ‘La danse des mariés’ nous permet ainsi de découvrir pour la première fois dans le film la musique de Philippe Rombi à travers un magnifique thème mélancolique interprété ici par une guitare sèche sur fond de cordes langoureuses. Evitant tout écueil sentimental, le compositeur préfère opter pour une approche toute en retenue apportant une certaine tristesse au film. La mélancolie qui se dégage de ‘La danse des mariés’ (scène où Marion et Gilles dansent ensemble le soir de leurs noces) apporte ici aussi un contrepoids émotionnel remarquable à cette scène, la tristesse de la musique nous rappelant que malgré l’apparent bonheur de la scène (le mariage, la fête, etc.), la relation entre les deux personnages est inexorablement liée à un échec.

Le thème principal est magnifiée par une flûte et des cordes dans le très beau ‘Cinq fois deux’ (scène finale du coucher de soleil, une musique au lyrisme flagrant mais néanmoins mélancolique, qui rappelle là aussi l’issue dramatique de cette relation naissante) tandis que ‘Valérie’ nous propose une magnifique variation de ce thème avec piano (interprété par Philippe Rombi lui-même), guitare et cordes pour la scène où Valérie (Géraldine Pailhas) commence à douter de la fidélité de son fiancé, Gilles, lorsque ce dernier rencontre Marion à la plage vers la fin du film. Le doute de Valérie est ici aussi renforcé par cette tristesse sous-jacente que Rombi a magnifiquement réussit à retranscrire dans sa musique avec un certain minimalisme et une retenue exemplaire. On en vient donc à regretter le manque de musique originale dans le film, le compositeur n’ayant ainsi put écrire qu’à peine cinq minutes de musique alors qu’en écrire une dizaine de plus aurait au moins permit de développer plus profondément le thème principal et d’en proposer diverses variations.

Pour les besoins de l’enregistrement du CD, Rombi a d’ailleurs écrit quelques morceaux supplémentaires qui n’apparaissent pas dans le film comme ‘Deux fois cinq’ ou ‘Thème piano’ qui sont à leur tour des variations inédites du thème principal, avec en particulier ‘Deux fois cinq’ qui reprend le thème principal interprété ici par l’orchestre (on sent que l’histoire du film a particulièrement ému le compositeur, une émotion qu’il nous fait partager avec sincérité dans sa musique). En tout cas, les amateurs de Philippe Rombi devraient apprécier cette très belle partition mélancolique minimaliste et épurée, dans la lignée de ‘Sous le sable’!


---Quentin Billard