1-The Upside of Anger 1.53
2-Four Girls 1.44
3-Terry's Theme 0.56
4-Denny's in the Mood 1.00
5-First Rendez-vous 1.55
6-Left Alone 1.11
7-Spring 0.50
8-Winter 1.50
9-Second Rendez-vous 2.03
10-Together 1.19
11-Emily 4.18
12-The Grave 3.22
13-Summer 1.07
14-Family Diner 1.12
15-Seasons Go By 1.35
16-Bungy Jump 1.41
17-Denny's not in the Mood 1.16
18-Popeye's Love 1.35
19-Growing Up 2.49
20-Epilogue 5.26
21-The Wolfmeyer's 1.47

Musique  composée par:

Alexandre Desplat

Editeur:

New Line Records
iTunes exclusive.

Produit par:
Alexandre Desplat

(c) 2005 New Line Records. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE UPSIDE OF ANGER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alexandre Desplat
Dans ‘The Upside of Anger’ (Les bienfaits de la colère), l’acteur/réalisateur Mike Binder nous offre une brillante comédie dramatique qui oscille chaleureusement entre rire et larme dans cette évocation juste et touchante d’une famille américaine déconstruite. Terry Wolfmeyer (Joan Allen) est une mère de famille exemplaire dans une petit bourgade américaine aisée. Mais un jour, sa vie bascule lorsque son mari la quitte pour partir en Suède avec sa secrétaire. Déprimée, Terry se retrouve seule chez elle avec ses quatre filles, Andy (Erika Christensen), Emily (Keri Russel), Hadley (Alicia Witt) et la jeune Popeye (Evan Rachel Wood). Denny Davies (Kevin Costner), le meilleur ami de la famille, l’aide comme il peut à traverser cette douloureuse épreuve. Mais sa seule utilité auprès de Terry semble se limiter à boire de la bière en regardant la télévision. Evidemment, Denny aimerait bien faire plus pour elle mais Terry est devenue colérique et impossible à vivre depuis que son mari l’a quitté et a lâchement abandonné sa famille. Denny, ancienne gloire du base-ball, s’est reconverti en animateur d’émission radio, menant une vie modeste et quelconque. Il s’attache pourtant de plus en plus à Terry mais sait que vivre avec elle est bien trop compliquée. Mais les filles de Terry l’apprécient de plus en plus et aimerait bien qu’il devienne le nouvel homme de la famille. Mais la colère et la haine qui rongent Terry de l’intérieur empêche toute relation paisible de s’instaurer dans la demeure des Wolfmeyer. Le temps passe, et les filles apprennent à découvrir la vie. Hadley, l’universitaire, est sur le point de se marier. Andy sort avec Shep Goodman (Mike Binder), l’associé de Denny à la radio. Emily rêve quand à elle de faire de la danse et ne mange pratiquement jamais rien, doutant de tout. Quand à Popeye, du haut de ses 14 ans, elle découvre l’amour et comprend finalement beaucoup de chose malgré son jeune âge. Terry n’arrive pas à se faire à l’évolution de ses filles et ne peut plus continuer à camper obstinément sur ses positions. Se sera alors pour elle l’occasion de se remettre en cause et d’envisager un nouveau départ dans sa vie.

Le scénario de Mike Binder s’inspire d’événements personnels du réalisateur pour retracer une magnifique chronique sur les familles déconstruites et les répercussions de la colère sur toute une famille. C’est évidemment l’excellente Joan Allen qui mène ici la danse, interprétant avec brio une femme rongée par la haine et la colère envers son lâcheur de mari. Mike Binder pousse son exploration quasi philosophique de la colère d’une façon très intéressante, mis en parallèle (assez naïvement) avec le travail vidéo que prépare la jeune Popeye pour son école, et qui traite justement de l’impact de la haine des hommes pour certains de leurs semblables, vu ici à travers des extraits de guerre, de massacres, etc. La morale devient alors plus perceptible, plus évidente, bien que le réalisateur ne s’en serve absolument jamais au détriment de l’intrigue principale, la relation entre Terry, Denny et les quatre filles. Kevin Costner, inattendu dans ce film, rattrape enfin les échecs de ses derniers films en s’imposant ici dans la peau de cet animateur radio un brin alcoolique mais qui a un coeur gros comme ça. Avec quelques kilos en plus et les traits tirés, Kevin Costner rompt radicalement sa traditionnelle image de héros hollywoodien en s’imposant dans la peau de cet homme attentionné qui aura bien du mal à supporter l’irascible Terry malgré les sentiments qu’il ressent pour elle. Le film est d’ailleurs remplit d’une certaine humanité, d’une grande chaleur et une sincérité de ton qui l’éloigne d’entrée de jeu avec les traditionnels mélos hollywoodiens. ‘The Upside of Anger’ évolue donc ainsi entre humour, dérision et émotion avec une certaine subtilité que l’on ne connaissait pas encore chez Mike Binder. Quand aux quatre jeunes actrices du film, Erika Christensen, Keri Russel, Alicia Witt et la mignonnette Evan Rachel Wood, elles complètent un casting de qualité éclectique qui apporte beaucoup au film.

‘The Upside of Anger’ donne de nouveau l’occasion à Alexandre Desplat de prolonger sa carrière américaine à Hollywood, après une partition mémorable pour le film d’action ‘Hostage’ de Florent Emilio-Siri. Sa musique pour ‘The Upside of Anger’ s’avère être peu surprenante et sans grande surprise. En revanche, le compositeur français compense ce manque d’originalité par une écriture orchestrale de qualité et un certain minimalisme touchant. A son orchestre habituel, Desplat a ajouté une mandoline qui apporte une couleur particulière tout à fait charmante à la musique de ce film. Le générique de début permet au compositeur d’introduire son thème principal, confié à un piano, un célesta et des cordes sur un très beau motif mélodique de cinq notes traduisant ici une certaine mélancolie plus typique des musiques sentimentales du compositeur. Comme souvent chez Desplat, on retrouve cette même attention accordée aux orchestrations, aux différentes couleurs instrumentales, preuve du talent du compositeur à manier l’orchestre symphonique. Ici, Desplat joue sur la retenue sans jamais céder aux élans orchestraux, la musique se rapprochant par moment du style de ‘Girl with the Pearl Earring’. Le compositeur nous gratifie aussi d’un ‘Terry’s Theme’ sympathique associé au personnage principal incarné par Joan Allen, joué par la mandoline sur fond de cordes légères rappelant le côté ‘comédie’ de la musique de Desplat, que le compositeur amorce dans ‘Four Girls’ avec piano, cordes, clarinette, célesta et mandoline pour évoquer avec une certaine légèreté la famille Wolfmeyer. ‘Denny’s in the Mood’ surprend quand à lui par son côté musique de comédie à l’américaine totalement assumé ici par le compositeur, accompagnant les scènes plus humoristiques avec le personnage de Kevin Costner. Avec ses cordes légères, ses vents sautillants et son petit motif de cor non dénué d’humour, Alexandre Desplat fait clairement référence ici au style comédie de Marc Shaiman, John Debney ou Alan Silvestri qu’il semble avoir magnifiquement assimilé dans sa composition, flirtant ici avec une légère touche de mickey-mousing tout à fait inattendu de la part du compositeur, preuve de son éclectisme. Idem pour l’amusant ‘First Rendez-Vous’ (scène du premier rendez-vous amoureux avorté entre Terry et Denny) dévoilant un nouveau thème entraînant, qui évoque les flirts amoureux de Terry avec comme toujours une certaine légèreté, un humour nonchalant et des orchestrations soignées et très colorées.

‘Left Alone’ nous permet de retrouver le côté mélancolique et intimiste du début avec un piano et des cordes pour évoquer la solitude de Terry qui se retrouve seule avec un ami envahissant et quatre filles à élever. Desplat accompagne ainsi le film en oscillant entre moments paisibles et passages mélancoliques tout en retenue. La vie s’écoule paisiblement dans ‘Spring’ tandis que le compositeur reprend le sympathique thème du flirt dans le léger ‘Second Rendez-Vous’ où Desplat nous offre un nouveau passage agréable aux orchestrations fraîches et inventives, incluant la mandoline. Mais on n’échappe néanmoins pas à la partie plus mélancolique du score de ‘The Upside of Anger’ comme nous le rappelle ‘Together’ au détour d’une nouvelle reprise au piano du thème principal tout en retenue. Idem pour ‘Emily’ qui nous plonge dans une ambiance quasi rêveuse durant la scène où Terry rend visite à Emily (Keri Russell) à l’hôpital, avec des cordes chaleureuses et émouvantes. Plus l’histoire avance, plus la musique se veut dramatique et mélancolique comme nous le rappelle le très poignant ‘The Grave’ qui reprend l’émouvant thème principal durant la scène de l’enterrement à la fin du film avec un côté plus triste et introverti, à l’image des sentiments intérieurs qui hantent le personnage de Joan Allen dans le film. Desplat développe un nouveau motif plus paisible dans ‘Family Diner’ (scène amusante du dîner familial) et ‘Seasons Go By’ tandis qu’il nous offre dans ‘Bungy Jump’ de nouvelles touches d’humour pour la scène où le petit ami de Popeye casse une vite de la maison en voulant faire du saut à l’élastique dans le jardin. Desplat utilise pour cette scène une brève valse à la Strauss qui apporte un humour considérable à la scène, preuve que le compositeur s’est véritablement fait plaisir à mettre ce film en musique. Quand au thème de Denny, inspiré de scores comédie de Marc Shaiman comme ‘The First Wives Club’, on appréciera son amusant retour dans ‘Denny’s not in the Mood’. La musique se veut plus affectueuse et sentimentale dans ‘Growing Up’ alors que Desplat évoque le fait que les filles grandissent et qu’elles commencent à vivre leur vie chacune à leur façon. ‘Epilogue’ conclut cette très belle histoire sur une ultime touche de tristesse et d’introversion avec des cordes graves et mélancoliques lors de la réflexion de Popeye sur la colère et ses répercussions chez les hommes et dans leurs familles, reprenant finalement une dernière fois le thème principal, que le compositeur nous offre à nouveau dans le conclusif et paisible ‘The Wolfmeyer’s’.

Vous l’aurez donc compris, avec ‘The Upside of Anger’, Alexandre Desplat prend le contre-pied total de son précédent score d’action massif pour ‘Hostage’ en nous offrant pour la très belle comédie de Mike Binder une partition légère toute en retenue et en finesse, influencé de Shaiman et Debney avec, comme toujours, la petite touche personnelle du compositeur, notamment dans ses mélodies gracieuses et élégantes et ses orchestrations fraîches et inventives. On sent que le compositeur s’est fait particulièrement plaisir ici en nous livrant cette nouvelle partition symphonique où l’émotion côtoie l’humour et la légèreté avec une certaine naïveté pleine de fraîcheur et de poésie. Certains trouveront cette nouvelle incursion d’Alexandre Desplat à Hollywood quelque peu gentillette, mais les autres, plus particulièrement les fans du compositeur, seront touchés par la délicatesse et la sincérité de ton de cette très jolie partition orchestrale qui confirme une fois encore le talent de l’un des nos plus talentueux compositeur français d’aujourd’hui!


---Quentin Billard