1-Into the River 3.10
2-Escape 1.30
3-Serenity 0.50
4-Going for A Ride 2.24
5-Trading Station Robbery 3.07
6-River Goes Wild 1.28
7-River and Simon in Locker 0.55
8-Population Dead 3.55
9-Haven Destroyed 0.54
10-Shepherd Books' Last Words 1.00
11-You're Not A Reaver 0.56
12-Mal Decides 3.09
13-Truth/Mal's Speech 3.36
14-Space Battle 3.21
15-Crash Landing 1.59
16-Run to Black 2.55
17-Generator Room 3.06
18-Mal & Op Fight 2.11
19-Jayne & Zoe/Final Battle 2.44
20-Funeral/Rebuilding Serenity 2.19
21-Prep for Flight 1.33
22-Love 1.06
23-End Credits 1.38

Musique  composée par:

David Newman

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6682

Produit par:
David Newman
Producteurs exécutifs album:
Joss Whedon,
Barry Mendel

Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Chargés de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield
Music Business Affairs
pour Universal Pictures:
Phil Cohen
Supervision scoring:
Marty Frasu
Montage musique:
Jeff Carson, Andy Dorfman
Opérateur ProTools:
Thomas D. Graham II

Artwork and pictures (c) 2005 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***
SERENITY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Newman
Joss Whedon, scénariste/réalisateur des fameuses séries TV ‘Buffy the Vampire Slayer’ et ‘Angel’, se lança dans la réalisation d’une nouvelle série télévisée en 2002 baptisée ‘Firefly’, racontant les péripéties d’un groupe de renégats à bord d’un engin spatial dans un futur très lointain. Hélas, la série fut abandonnée et déprogrammée au bout d’une quinzaine d’épisodes seulement, faute d’audience. Dépité de cet arrêt brutal de la série, Joss Whedon et son équipe décidèrent que l’aventure de ‘Firefly’ devait continuer, cette fois-ci sous la forme d’un long-métrage. Ayant ainsi obtenu le financement d’Universal, le réalisateur tourna ‘Serenity’, sorte de remake massif de la série TV avec, bien évidemment, un plus gros budget, mais aussi, fait rare pour l’adaptation d’une série TV sur grand écran, un respect total du casting d’origine de ‘Firefly’. Ainsi, Nathan Fillion, Gina Torres, Alan Tudyk ou bien encore Adam Baldwin sont de retour pour une nouvelle aventure qui séduira sans aucun doute les fans de la série d’origine. L’histoire se déroule ainsi dans un futur lointain. Le capitaine Malcolm Reynolds (Nathan Fillion) alias ‘Mal’, véritable vétéran de l’espace, navigue à bord de son vaisseau spatial ‘Serenity’ avec son équipage agrémenté de deux passagers provisoires, River (Summer Glau) et son frère Simon (Sean Maher). La paix dans la galaxie est maintenue par l’Alliance, fédération de planètes qui fait régner l’ordre sur toute la galaxie. Mais certains individus surnommées ‘les indépendants’ refusent de reconnaître le pouvoir de l’Alliance et vivent reclus dans des coins de la galaxie. C’est au cours d’une ancienne guerre galactique ayant ravagée la Terre que Mal et ses mercenaires décidèrent ainsi de rejoindre le camp des indépendants. Mais le capitaine ignore encore qu’il a pris à son bord une véritable bombe à retardement. A l’école qui forme les futures élites de l’Alliance, la jeune River manifesta très vite un comportement farouche vis-à-vis de la hiérarchie. Inquiets de son esprit indépendant et rebelle, les dirigeants décidèrent de placer River dans un centre de conditionnement afin de remodeler son esprit et d’en faire une citoyenne parfaitement rangée en lui administrant des drogues. Mais River possède aussi de mystérieux pouvoirs télépathiques qui font d’elle un être exceptionnel.

Un jour, son frère Simon réussit à la faire s’échapper du centre avant de trouver refuge à bord du ‘Serenity’. Le régime lance alors à leur trousse un redoutable limier surnommé ‘l’Opérateur’ (Chiwetel Ejiofor), dont l’objectif est de reprendre River qui, grâce à ses pouvoirs télépathiques, connaît des choses compromettantes au sujet d’une ancienne expérience scientifique du gouvernement qui a tourné à la catastrophe. Mal et ses mercenaires vont donc avoir fort à faire pour tenter de semer l’Opérateur, pendant que ce dernier ravage tout sur son passage pour mettre la main sur River coûte que coûte. ‘Serenity’ est donc un gros film de science-fiction action comme on en voit des tonnes aujourd’hui, avec son lot d’effets spéciaux, d’humour, de bagarres et aussi de touches horrifiques, avec plus particulièrement ses zombies cannibales qui apportent un petit ‘plus’ à l’univers particulier du film (petite particularité: l’utilisation omniprésente de caractères japonais dans les textes ou dans certains dialogues), confié à la manière d’un western spatial, les chevaux étant remplacés ici par des vaisseaux spatiaux. Hélas, le film tombe très vite dans les stéréotypes habituels, renforcés par des personnages creux et des situations vues maintes et maintes fois (la bagarre finale rappelle celle de la fin du ‘The Island’ de Michael Bay), sans oublier des effets spéciaux énormes et parfois lassants. On retiendra malgré tout quelques dialogues intéressants et des petites touches d’humour et effets de mise en scène parfois un peu bizarres, mais qui ne suffisent pas à sortir le film d’une certaine routine hollywoodienne. A réserver en priorité aux fans de la série ‘Firefly’!

David Newman nous livre pour ‘Serenity’ un gros score d’action teinté de rythmiques électroniques, de guitares et d’un orchestre massif (le Hollywood Studio Symphony). David Newman s’étant essentiellement attelé ces dernières années à l’écriture de musiques de comédies et de films familiaux en tout genre. C’est donc avec une certaine surprise qu’on le retrouve aux commandes de la musique du gros film de science-fiction/action qu’est ‘Serenity’. Articulée autour d’un thème principal héroïque associé au capitaine et sa bande de mercenaires que l’on découvre dans la piste ‘Serenity’, introduit par un très beau violoncelle soliste sur fond de cordes, de cuivres et de guitares entraînantes (pour le côté ‘western’ du film, les guitares étant associé aussi au côté ‘cow-boy’ du personnage du capitaine Malcolm Reynolds), le score ne tarde pas à se lancer dans un premier morceau d’action tonitruant avec ‘Escape’ pour la scène de l’évasion du centre de conditionnement au début du film. Si l’introduction commence de façon plutôt calme et sombre (‘Into the River’), avec cordes et nappes de synthé pour le côté futuriste du long-métrage de Joss Whedon, ‘Escape’ ne tarde pas à nous dévoiler ses percussions électroniques, ses synthétiseurs atmosphériques et un orchestre toujours omniprésent, la partie électronique n’étant pas sans rappeler par moment le style de certains scores action de chez Media-Ventures, une influence étonnante chez un David Newman qui, jusqu’alors, n’avait encore jamais vraiment composé de musique de ce style là. On est proche par moment du synthético-orchestral d’un Hans Zimmer ou d’un Harry Gregson-Williams, un choix musical qui semble être devenu incontournable à une époque où la plupart des studios hollywoodiens ne jurent plus que par Zimmer et sa bande. On appréciera néanmoins l’apport des guitares sèches dans ‘Going for a Ride’, sorte de chevauchée orchestrale avec une pulsation électronique et un rythme entraînant rappelant la facette ‘western spatial’ du film de Joss Whedon, essentiellement au début du film, lorsque Mal et ses mercenaires vont faire le hold-up d’une station. L’utilisation du violoncelle, introduit dans ‘Serenity’, apporte à son tour un petit plus particulier à la musique. Un nouveau morceau d’action apparaît dans ‘Trading Station Robbery’ pour la scène du hold-up, réunissant tous les ingrédients précédemment amorcés au tout début du score: pulsation électronique, orchestre massif, nappes de synthétiseur et de piano (associés ici aux mystérieux pouvoirs télépathiques de River), guitares et percussions. David Newman minimise ici au maximum tout aspect mélodique en se concentrant sur un travail d’atmosphère et de sonorités assez inhabituel chez ce compositeur. L’action se prolonge avec le brutal ‘River Goes Wild’ (scène de la bagarre avec River devenu fou furieuse, en plein milieu d’un bar), où les différentes percussions synthétiques se mélangent sur fond de cuivres massifs et agressifs, qui ne sont pas sans rappeler certains scores d’action de Graeme Revell (influence des sempiternels temp-tracks?).

Le mystérieux motif de piano/synthé associé à River réapparaît dans ‘River and Simon In Locker’ et rappelle la nature étrange et les secrets qui hantent la jeune River, tandis qu’un morceau comme ‘Population Dead’ (scène où l’équipage du Serenity découvre la population massacrée sur une autre planète) renforce irrémédiablement le côté sombre et atmosphérique de la musique de David Newman, à l’aide de nappes de synthé en tout genre et de cordes tendues évoquant un sentiment de désolation (l’occasion aussi pour le compositeur de rappeler le côté horrifique de certains passages du film). Le violoncelle, fer de lance de la partition de ‘Serenity’, est de nouveau mis en valeur dans les brefs ‘Haven Destroyed’ et le mélancolique ‘Sheperd Books’ Last Words’ et son nouveau climat de désolation associé aux méfaits du sanguinaire ‘Opérateur’, lorsque ce dernier entame un raid meurtrier pour retrouver River. A l’opposé de cette série d’atmosphères sombres et amères, ‘Mal Decides’ s’avère être plus déterminé avec un nouveau mais bref passage d’action saupoudré de quelques touches de violoncelle, de guitares et d’orchestre massif, avec, à la clé, quelques belles variations autour du sympathique thème principal du ‘Serenity’. ‘Mal Decides’ est aussi le premier morceau à faire intervenir un côté plus dissonant avec quelques effets de cordes stridentes et de cuivres vrombissants à la limite de la musique de thriller. Il faut dire qu’un morceau comme ‘The Truth/Mal’s Speech’ (scène où Mal et ses compagnons découvrent enfin toute la vérité au sujet de l’échec de la terrible expérience menée par le gouvernement sur des populations locales) s’éloigne considérablement des conventions des musiques de film de science-fiction/aventure et paraît là aussi plus proche d’une atmosphère de thriller avec ses sonorités sombres et ses cordes graves, tandis que l’on retrouve au passage le motif de piano associé à River, et qui prend ici une tournure plus mélancolique, traduisant sa souffrance alors que ses visions horrifiques ne cessent de la harceler continuellement. La scène du speech du capitaine prend même une tournure plus émouvante et solennelle à l’aide du violoncelle et des cordes qui semblent suggérer une mince éclaircie, un mince espoir.

Les amateurs de musiques d’action excitantes seront servis avec ‘Space Battle’ (séquence de la bataille spatiale entre le Serenity et les engins de l’Opérateur) où l’orchestre s’en donne à coeur joie sur fond de rythmiques électroniques à la M-V, de cordes stridentes et de cuivres massifs et déchaînés. David Newman expérimente ici avec ses différentes sonorités d’une façon une fois encore assez inhabituelle chez lui, même si, paradoxalement, sa musique semble manquer cruellement de personnalité, comme souvent chez ce compositeur au style passe-partout. ‘Crash Landing’ développe cette atmosphère d’action quasi non-stop durant toute la dernière partie du film, avec un début porté par des cordes virtuoses rappelant un mouvement de la ‘Suite Scythe’ de Prokofiev. ‘Run to Black’, ‘Generator Room’, ‘Mal & Op Fight’ et ‘Jane & Zoe – Final Battle’ permettent à la partition de ‘Serenity’ d’atteindre un véritable climax à travers quatre gros morceaux d’action totalement déchaînées où l’on retrouve tous les éléments principaux du score de Newman, apportant une énergie considérable aux images du film de Joss Whedon, les morceaux d’action frôlant même par moment l’hystérie orchestrale dans un véritable déluge sonore impressionnant mais proprement impersonnel de la part du compositeur. On respire enfin avec le beau ‘Funeral – Rebuilding Serenity’ qui reprend le thème principal d’une façon plus mélancolique au violoncelle pour la scène finale des funérailles et de la reconstruction du vaisseau sur fond de guitares, violoncelle et cordes. Idem pour le très beau ‘Prep for Flight’ qui évoque le rapprochement entre Mal et River lorsqu’ils conduisent ensemble le Serenity pour la première fois. On appréciera ici l’émotion qui se dégage du jeu du violoncelle sur fond de cordes chaleureuses qui permettent au score de se conclure sur une touche plus intimiste et pleine d’espoir, à l’instar de ‘Love’ avec son bref rappel final du thème principal dans toute sa splendeur, repris une dernière fois par l’orchestre, avant un très entraînant ‘End Credits’ qui reprend le thème sous sa forme chevauchée héroïque western, à grand renfort de percussions et de guitares.

Pour David Newman, ces dernières années auront été marquées par l’accumulation impressionnante de scores de comédies sans prétention, qui n’ont d’ailleurs bien souvent jamais réussi à trouver la voie de l’édition discographique. Et pourtant, le compositeur s’avère être un véritable touche à tout puisqu’il a ainsi déjà mis en musique des films d’horreur (‘The Kindred’), des drames (‘Hoffa’), des comédies (‘The Nutty Professor’), des films d’aventure/action (‘The Phantom’) et même des films d’animation (‘Ice Age’). Par conséquent, il est donc regrettable de voir le compositeur perdre son temps sur des comédies navrantes qui, de toute évidence, ne lui apporteront jamais la reconnaissance qu’il mérite. Hélas, si ‘Serenity’ marque le retour inattendu du compositeur dans le genre du film d’action/science-fiction, ce n’est pas pour cette fois que David Newman nous livrera le chef-d’oeuvre qu’on est encore en droit d’attendre de lui, la faute à un manque de flagrant de personnalité dans une composition qui respire indiscutablement les influences électronico-orchestrales de Hans Zimmer, Graeme Revell, etc. Même les quelques bonnes idées introduites ici et là (emploi d’un violoncelle soliste, guitares ‘western’, expérimentations électroniques, etc.) et l’efficacité indiscutable de la musique dans le film ne parviennent pas à faire décoller la partition vers des sommets, l’ensemble stagnant entre de l’atmosphérique et de gros morceaux d’action bruyants mais sans grand relief. Mais ne serait-ce que parce que le compositeur a enfin pris le temps de se sortir de ses habituelles comédies hollywoodiennes routinières, le score de ‘Serenity’ mérite qu’on lui prête une oreille attentive, en attendant de prochains opus qu’on espèrera être bien plus inspirés!


---Quentin Billard