1-A Grand Day Out 1.52
2-Anti-Pesto To the Rescue 3.19
3-Bless You, Anti-Pesto 1.56
4-Lady Tottington & Victor 2.05
5-Fire Up the Bun-Vac 1.46
6-Your Ladyship 1.07
7-Brainwash & Go 2.26
8-Harvest Offering 2.29
9-Arson Around 2.23
10-A Big Trap 3.25
11-The Morning After 1.45
12-Transformation 4.04
13-Ravaged In The Night 1.42
14-Fluffy Lover Boy 4.39
15-Kiss My Arrrtichoke 4.30
16-Dogfight 4.38
17-Every Dog Has His Day 2.42
18-All Things Fluffy 1.09
19-Wallace & Gromit 1.09

Musique  composée par:

Julian Nott, Rupert Gregson-Williams,
Jim Dooley, Lorne Balfe,
Alastair King

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6686

Musique produite par:
Hans Zimmer
Chargé de la musique pour
DreamWorks:
Sunny Park
Producteur exécutif:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 2005 DreamWorks Animation, L.L.C. and Aardman Animations Limited. All rights reserved.

Note: ****
WALLACE & GROMIT
THE CURSE OF THE WERE-RABBIT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Julian Nott, Rupert Gregson-Williams,
Jim Dooley, Lorne Balfe,
Alastair King
Les fans de la célèbre série d’animation de Nick Park l’attendaient avec impatience ! Voici enfin le premier long-métrage narrant les aventures des inséparables Wallace et Gromit. L’un est un inventeur un peu farfelu amateur de fromage, l’autre est un chien sage et réfléchi qui trouve toujours les bonnes solutions. Avec ses personnages entièrement réalisés en pâte à modeler, Nick Park a crée une série d’animation à succès depuis le début des années 90, avec trois court-métrages entre 20 et 30 minutes chacun (ce qui est relativement long pour un court-métrage), ‘A Grand Day Out’ (1989), ‘The Wrong Trousers’ (1993) et ‘A Close Shave’ (1995). Mais passer d’un film de 30 minutes à un long-métrage de 85 minutes n’était guère chose aisée, et il aura fallut près de 5 ans au réalisateur pour mettre au point ‘Wallace & Gromit in The Curse of the Were-Rabbit’. Nick Park s’est adjoint les services de Steve Box, co-réalisateur du film et assistant du réalisateur anglais sur ses précédents court-métrages d’animation. Il fallut une quantité impressionnante de temps pour confectionner tous ces personnages en pâte à modeler et les animer plan par plan tout en respectant une minutie de détails (expressions sur le visage de Gromit, détails des différentes textures, décors, etc.), sans oublier une variété de figurines qui durent être crées pour un même personnage, sur lequel s’acharnaient parfois pas moins de 30 animateurs entourés de leurs assistants, travaillant simultanément sur plus de 30 plateaux. Sachant que le cinéma se compose de 24 images par seconde, on imagine sans problème la difficulté que représenta ce type de technique d’animation à l’ancienne à partir de figurines en pâte à modeler. Néanmoins, nous sommes en 2005 et l’équipe a pu faire intervenir les technologies numériques en réalisant certains éléments du film par ordinateur, afin de gagner en efficacité et en réalisme, là où la technique des pâtes à modeler aurait très vite trouvé ses propres limites.

Wallace et Gromit, devenus spécialistes de l’élimination écologique et non-violente de bêtes nuisibles, offrent leurs services aux habitants de leur petite ville, en pleine effervescence alors que se prépare le grand concours annuel des légumes. Leur travail consiste à capturer à la main tous les lapins qui hantent les jardins et de les enfermer dans des cages sans leur faire le moindre mal. Ne sachant plus quoi faire de tous ces animaux qui s’entassent dans des cages, Wallace décide de mener une expérience à l’aide d’une nouvelle machine qui a la capacité de supprimer dans le cerveau des rongeurs le désir de dévorer des carottes. Hélas, l’expérience tourne à la catastrophe et donne naissance à un être monstrueux, un gigantesque lapin-garou qui, à la tombée de la nuit, se transforme et s’attaque aux potagers de la ville. Lady Tottington, l’organisatrice du concours, fait de nouveau appel à Wallace et Gromit, qui vont tout mettre en ordre afin d’appréhender le lapin-garou et de mettre fin à ce véritable massacre de légumes. Le résultat final s’avère être parfaitement étonnant et jouissif: 85 minutes d’aventure pure et dure, avec l’humour british typique de la série et même quelques blagues coquines subtiles et toujours bien déguisées. Du point de vue scénaristique, le film s’amuse à jouer sur les références cinématographiques et plus particulièrement les allusions aux vieux thèmes du cinéma d’horreur de la Hammer et aux figures mythiques des films hollywoodiens des années 30/40 tels que le loup-garou, Frankenstein, Dracula, etc. Avec un humour remarquablement maîtrisé, des astuces, des clins d’oeil, des scènes spectaculaires (poursuite avec le lapin-garou sous la terre, affrontement final durant la fête foraine, etc.) et une animation repoussant les limites du genre, ‘Wallace & Gromit in the Curse of the Were-Rabbit’ est un nouvel exploit technique signé Nick Park. Les fans l’attendaient donc avec impatience, et ils ne seront certainement pas déçus!

Julian Nott, compositeur de la série des ‘Wallace & Gromit’, revient sur ce premier long-métrage pour lequel il signe à nouveau la musique, soutenu cette fois-ci par l’envahissant Hans Zimmer et sa clique de Media-Ventures aka ‘Remote Control’. Pour certains, voir Zimmer et sa bande débouler sur ‘Wallace & Gromit’ était à la limite du sacrilège (c’était aussi inévitable, étant donné que le film est produit en partie par Dreamworks et que Zimmer est le directeur musical de Dreamworks). Devenu omniprésent à une époque où la plupart des producteurs ne jurent plus que par lui, le compositeur allemand a produit la musique de ce film en offrant les services de ses collègues venus soutenir Julian Nott, qui conserve fort heureusement la place principale de compositeur sur le film de Nick Park, soutenu par la musique additionnelle d’Alastair King, Rupert Gregson-Williams, James Michael Dooley et Lorne Balfe. Le résultat s’avère finalement être très satisfaisant et très thématique, la partie M-V étant néanmoins très (trop) présente, mais sans les sempiternels synthétiseurs du studio à Zimmer. Entièrement orchestrale, la partition de ‘Wallace & Gromit’ s’articule autour du superbe thème principal de Julian Nott, totalement indissociable de la série de Nick Park. Après une introduction grandiose confiée à l’orchestre et à des choeurs (qui apportent à la musique un côté épique tout à fait inattendu), le thème apparaît dans toute sa splendeur durant le générique de début (‘A Grand Day Out’), toujours écrit pour une fanfare très ‘british’, soutenu ici par les cordes sur un rythme sautillant et particulièrement enjoué. Le second thème apparaît très rapidement après le thème principal, thème d’une dizaine de notes plus sombre et mystérieux associé au lapin-garou, et que le compositeur a écrit dans l’esprit des thèmes de film d’horreur à l’ancienne, confié à un célesta, des cordes, une harpe et même l’utilisation très kitsch d’un orgue et d’un théremin très ‘musique de film d’horreur des années 40’. Julian Nott joue à fond la carte de l’humour et du second degré et rejoint ici les clins d’oeils cinématographiques du film. On retrouve ce thème sifflé au début de ‘Anti Pesto to the Rescue’, très vite suivi de l’excellent thème héroïque associé à Anti-Pesto, la petite entreprise de Wallace & Gromit chargé de neutraliser les bêtes nuisibles. Confié à des petites percussions sur un rythme très entraînant, le thème d’Anti-Pesto se baladera tout au long du film, accompagnant les exploits des deux compères avec un entrain et un enthousiasme considérable. On appréciera au passage la qualité des orchestrations, passant des cuivres aux choeurs héroïques sans oublier le xylophone, les vents, les cordes, le vibraphone, etc. On retrouve ainsi avec grand bonheur l’esprit des musiques des précédents ‘Wallace & Gromit’. ‘Bless You Anti-Pesto’ nous propose même une reprise amusante du thème principal de Wallace & Gromit sous la forme d’une marche solennelle et lente typiquement ‘british’, qui n’est pas sans rappeler les marches des ‘Pomp & Circunstances’ de Sir Edward Elgar, la seconde partie du morceau tombant dans de légères touches mickey-mousing inévitables pour un film d’animation de ce genre!

Julian Nott prolonge le côté humoristique et le second degré en nous livrant pour ‘Lady Tottington & Victor’ un petit morceau aux touches baroques utilisant cordes et clavecin afin d’évoquer le côté aristocrate de cette lady typiquement british (thème baroque que l’on retrouve dans ‘Ravaged in the Night’). On découvre alors très vite un nouveau thème plus sautillant et espiègle associé quand à lui à Victor, véritable caricature du chasseur sans état d’âme et sans cervelle, le parfait méchant de l’histoire. Avec ces 4 premiers morceaux, Nott pose les bases de sa partition en nous dévoilant rapidement ses principaux thèmes qui offrent à la partition de ‘Wallace & Gromit’ une certaine cohésion particulièrement agréable, autant dans le film que sur l’album. ‘Fire Up the Bun-Vac’ prolonge le thème héroïque d’Anti-Pesto, aboutissant à un autre motif entendu à deux reprises dans le film, thème majestueux confié à des choeurs pour la scène où Wallace & Gromit aspirent les lapins dans leur machine spéciale pour neutraliser les lapins, un thème très ‘M-V’ que l’on a l’impression d’avoir déjà entendu à maintes reprises dans des scores tels que ‘Antz’ ou ‘Chicken Run’. On découvre alors un autre thème dans ‘Your Ladyship’, thème plus romantique et doux associé à la romance entre Wallace et Lady Tottington, avec un soupçon de nostalgie et de tendresse, toujours véhiculé par des orchestrations très soignées. A l’inverse, ‘Brainwash & Go’ s’avère être bien plus sombre, évoquant discrètement le style des musiques de film d’horreur des années 50 tendance James Bernard, avec cordes sombres, théremin, choeur, etc. (avec, au passage, un rappel du thème majestueux associé à la machine à aspirer les lapins), le tout accompagnant la scène de l’expérience que mène Wallace sur un lapin, se prenant au passage pour le docteur Frankenstein. Nott continue de jouer la carte du second degré sans jamais vraiment se prendre au sérieux, avec une pléiade de thèmes de qualité qui offrent à la partition de ‘Wallace & Gromit’ une certaine richesse musicale. A noter une petite surprise au début de ‘Harvest Offering’, avec une brève pièce religieuse pour orgue pour la scène où l’on voit le curé prier pour un de ses légumes qui participera au concours annuel. On découvre par la suite une sympathique série de variations autour du mystérieux thème du lapin-garou rendu quasi terrifiant par l’utilisation des choeurs qui lui confèrent un côté plus spectaculaire lors de la première attaque du lapin-garou dans les potagers. Le morceau d’action qui conclut ‘Harvest Offering’ prend même une tournure plus massive avec l’utilisation quasi ‘gothique’ des choeurs, que l’on retrouve couplé à un orgue dans ‘Arson Around’ pour évoquer une fois encore les méfaits du lapin-garou que la musique semble vouloir comparer ici au sinistre loup-garou des films d’horreur d’antan. La musique continue ainsi de jouer la carte de l’humour en jouant sur des conventions héritées du cinéma horrifique à l’ancienne. Quand à ‘Big Trap’, il s’agit sans aucun doute du premier gros morceau du score de ‘Wallace & Gromit’, reprenant le thème héroïque entraînant d’Anti-Pesto sur fond de percussions et d’orchestre déchaîné pour la scène où Wallace et Gromit tendent un piège au lapin-garou, se concluant sur une poursuite effrénée en voiture sur fond de choeurs épiques rappelant par moment le récent score du ‘Van Helsing’ d’Alan Silvestri (autre film qui faisait référence au cinéma d’horreur à l’ancienne), l’humour désamorçant très vite le côté sombre, agressif et spectaculaire de morceau puisqu’à 2.48, la musique est brusquement coupée dans son élan par une sorte de petite berceuse naïve alors que l’on voit un habitant souhaiter une bonne nuit à ses légumes avant que ces derniers soient dévastés par le lapin-garou qui défonce tout sur son passage.

‘Transformation’ reprend ce côté massif pour la scène où Wallace se transforme en lapin-garou, avec, une fois encore, quelques touches d’humour et un orchestre toujours très énergique et quasi survitaminé, sans oublier la participation de choeurs grandioses et un rappel du thème du lapin-garou qui devient de plus en plus impressionnant, couplé à une chorale démesurée. ‘Fluffy Lover Boy’, de son côté, accompagne la scène où Wallace rend visite à Lady Tottington et doit trouver un moyen de lui cacher sa transformation. On retrouve une variation sympathique du thème principal sans oublier une reprise jazzy/big-band très amusante de ce thème à la fin du morceau, avec comme toujours une énergie constante et un punch considérable dans la musique. ‘Kiss my Arrrtichoke’ accompagne quand à lui le début de la confrontation finale pour un nouveau morceau d’action particulièrement énergique aux rythmes frénétiques, donnant une fois encore du fil à retordre aux musiciens de l’orchestre. On appréciera au passage quelques belles envolées héroïques au son du superbe thème d’Anti-Pesto entre deux ostinatos percussifs frénétiques, pour ce qui reste incontestablement l’un des morceaux les plus impressionnants du score de ‘Wallace & Gromit in the Curse of the Were-Rabbit’, où le compositeur en profite pour faire s’affronter plusieurs thèmes, celui d’Anti-Pesto mais aussi le thème principal, le thème romantique et aussi le thème du lapin-garou. La confrontation finale atteint son climax dans le superbe ‘Dogfight’, excellent morceau d’action de près de plus de 3 minutes pour l’affrontement entre Gromit et le méchant chien de Victor (on sent ici incontestablement la touche Media-Ventures), parsemé de quelques petites touches fantaisistes du plus bel effet. Totalement survolté, cet incontournable ‘Dogfight’ se conclut sur un final émouvant, grandiose et héroïque à la fois qui emporte tout sur son passage, débouchant sur ‘Every Dog Has His Day’ qui reprend le thème principal avant de se conclure sur le joli thème romantique pour les retrouvailles entre Lady Tottington et Wallace, Nott reprenant justement le thème ‘baroque’ de la lady dans l’entraînant ‘All Things Fluffy’ qui conclut le film de façon majestueuse et grandiose avec l’orchestre et les choeurs avant de reprendre une dernière fois le thème principal de la fanfare introductive dans ‘Wallace & Gromit’ pour le générique de fin.

‘Wallace & Gromit in the Curse of the Were-Rabbit’ est ce type de partition inspirée et entraînante que l’on aimerait entendre plus souvent. A l’instar du film de Nick Park et Steve Box, la musique de Julian Nott et de l’équipe à Hans Zimmer apporte une énergie et un entrain communicatif au film, avec un humour constant, une certaine fraîcheur et une pléiade de thèmes forts parfaitement développés tout au long de la partition. Dans un genre similaire, on pense à plusieurs reprises à la musique de ‘Chicken Run’, précédent long-métrage d’animation de Nick Park déjà réalisé avec une technique similaire, la partition de ‘Wallace & Gromit’ s’avérant être bien moins brillante mais toute aussi entraînante. Dominée par des morceaux d’action énormes et un second degré constant, la musique de ‘Wallace & Gromit’ apporte une variété d’émotions au film et séduit immédiatement l’auditeur/spectateur, que ce soit dans le film, où la musique participe à un effort collectif, ou sur l’album, généreusement rempli d’une cinquantaine de minutes qui passeront comme une lettre à la poste, malgré quelques morceaux centraux un peu plus quelconques (‘The Morning After’, ‘Transformation’, etc.). Certes, on pourra regretter cette tendance systématique d’aujourd’hui à faire intervenir les membres de l’équipe de Hans Zimmer sur des films qui pourraient aisément se passer d’eux, mais force est de constater qu’une fois encore, quelque soit notre avis sur le sujet, les musiciens de chez M-V ont encore fait mouche, même si le mérite en revient surtout à Julian Nott, qui, avec un plus gros budget alloué à la musique, se voit confier les rennes d’une partition symphonique/chorale tout bonnement énorme, riche, variée et entraînante, dans la continuité de ses précédentes musiques pour les aventures de l’inventeur excentrique et de son fidèle chien. Voilà sans aucun doute l’un des meilleurs scores U.S. du moment, à découvrir, ainsi que tous les anciens travaux de Julian Nott pour les trois court-métrages de ‘Wallace & Gromit’!



---Quentin Billard