Tremors

1-Titles/Opening Sequence 3.14
2-Val & Earl/Rhonda 2.46
3-Something's Wrong 6.57
4-First Attack/Pole Vaulting 5.13
5-On The Rocks/Graboid/Uzi4u 7.34
6-On The Road/Miguel's Plan/
Nester 3.16
7-Val's Run/Don't Move/
The Dozer Rescue 3.36
8-Journey Begins/Truck Attack/
The Rocks 2.58
9-Goin' Fishin/Stampede/
Closing 2.56

Bloodrush

10-The Hospital 2.03
11-The Nurse 2.19
12-The Hallway 3.12
13-The Struggle 3.47

Musique  composée par:

Ernest Troost/Robert Folk

Editeur:

Edition promotionnelle
ETCD 1000

Album produit par:
Ernest Troost

Artwork and pictures (c) 1990 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***
TREMORS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ernest Troost/Robert Folk
‘Tremors’ représente l’unique incursion du réalisateur Ron Underwood dans le domaine du film d’horreur, une incursion réussie avec cette fameuse série-B horrifique dans laquelle le réalisateur s’amuse avec les conventions du genre, mélangeant agréablement comédie et horreur avec un humour toujours constant. Le scénario, extrêmement mince, tiens sur une ligne: des habitants d’une petite ville du Nevada se retrouvent aux prises avec une bande de verts géants affamés qui se déplacent dans le sol et s’en prennent à tout ce qui bouge à la surface. Valentine McKee (Kevin Bacon) et son compère Earl Bassett (Fred Ward) ont quittés leur petite ville de Perfection pour accomplir leur travail avant de se rendre à Bixby dans le Nevada où ils enquêtent sur une série de morts suspectes dans la région et aux alentours de la petite ville, avec l’aide de la sismologue Rhonda LeBeck (Finn Carter), qu’ils ont pris en stop sur le chemin. Lorsqu’ils découvrent que les récentes secousses sismiques ne sont pas dues à la terre mais à des créatures géantes qui dévorent tous les êtres vivants qu’ils rencontrent à la surface, Valentine et Earl décident d’aider les villageois à combattre les monstres par tous les moyens. ‘Tremors’ est une sympathique série-B horrifique qui ne se prend jamais au sérieux. Les effets spéciaux sont plutôt réussis (les créatures sont signées du duo Alec Gillis/Tom Woodruff Jr., déjà responsable du célèbre alien sur le film de Ridley Scott), les acteurs semblent s’amuser comme des petits fous, à commencer par Michael Gross qui nous propose une véritable caricature de l’américain moyen et libéral qui collectionne les armes et utilise tout ce qui lui passe par la main pour combattre les monstres géants. Le duo Kevin Bacon/Fred Ward fonctionne lui aussi à merveille, même si les personnages sont loin d’être ici la priorité du film de Ron Underwood. A noter que le succès de ‘Tremors’ a donné lieu à trois autres suites, sortis directement en ‘straight-to-video’.

La musique de ‘Tremors’ a été confié à Ernest Troost et Robert Folk, qui signe ici la musique additionnelle du film (qui occupe quand même une bonne partie de la musique dans le film). Le guitariste/compositeur de chanson Ernest Troost nous livre pour ‘Tremors’ un score matiné de touche country et de quelques morceaux d’action et envolées héroïques du plus bel effet, évoquant la lutte entre les villageois et les créatures, avec comme toujours quelques touches d’humour notamment dans l’utilisation durant la première partie du film de morceaux country/blues traditionnels évoquant les décors désertiques et sauvages du Nevada profond où se déroule l’histoire. ‘Titles & Opening Sequence’ (introduction du film) s’ouvre au son d’un harmonica suivi très rapidement de quelques cordes dissonantes et inquiétantes agrémentés de synthétiseurs, et qui évoquent la menace des monstres, une introduction atmosphérique et horrifique comme elle se doit. ‘Val & Earl & Rhonda’ développe quand à lui la partie ‘country/blues’ du score avec un entrain considérable. Banjos, guitares, piano, basse, batterie et harmonica sont donc au rendez-vous pour amorcer cette ambiance ‘americana’ non dénuée d’humour, alors que le film semble débuter à la manière d’une comédie sous l’auspice de la bonne humeur et d’une certaine nonchalance. On pense immédiatement ici au ‘Midnight Run’ de Danny Elfman dans un registre vaguement similaire, avec ce même enthousiasme et une bonne humeur communicative qui rend les protagonistes principaux véritablement sympathiques. On retrouve ce style dans ‘Something’s Wrong’, alternant avec une partie de style suspense/thriller à l’aide de cordes sombres et dissonantes, de vents et de synthés rappelant les méfaits des monstres. La tension monte tout au long du morceau, illustrant une fois encore la menace que représentent ces dangereuses créatures affamés, Troost s’essayant au passage à la musique d’horreur hollywoodienne à l’aide de clusters de cuivres, de cordes dissonantes, le tout baignant dans une atmosphère atonale plutôt ordinaire et sans grande surprise. ‘The First Attack & Polt Vaulting’ reprend la partie country toujours aussi enjouée et retombe très vite dans une ambiance horrifique à l’aide de cordes dissonantes et de synthétiseurs menaçants. A noter au passage un petit motif de clarinettes associé aux créatures, et qui évoque l’omniprésence du danger, lors d’une première scène d’attaque et d’un premier bref morceau d’action qui n’est pas sans rappeler le style du score d’Ernest Troost pour ‘Dead Heat’ de Mark Goldblatt (1988).

Dès lors, le score va essentiellement se concentrer autour d’une atmosphère d’action et de frisson en s’éloignant très rapidement du style country du début, même si on retrouve encore l’harmonica et les guitares durant la première partie de ‘On the Rock & Graboid & UZI4U’ (scène où les héros restent sur un rocher pour échapper aux créatures). Très vite, le morceau part dans l’action pure et dure avec un orchestre toujours énergique et déchaîné, dominé par les cuivres, les percussions, les cordes et, chose rare dans ce type de musique, les bois, qui occupent une certaine place (à noter que le compositeur fait la part belle aux clarinettes) sans jamais être noyé sous les sempiternels cuivres, le tout baignant continuellement dans cette atmosphère d’action/suspense très réussie dans le film, bien que sans grande originalité. Idem pour ‘On the Road & Miguel’s Plan & Nester’ pour un nouveau morceau d’action énergique et toujours parfaitement orchestré, mettant en avant les différents pupitres avec une efficacité constante. Quand à ‘Val’s Run & Don’t Move & The Dozer Rescue’, on appréciera les quelques envolées héroïques du thème associé à Val et Earl à l’harmonica, confronté ici au motif menaçant des monstres, tandis que la dernière partie du morceau fait la part belle aux trompettes pour un passage héroïque lors de la scène du sauvetage en bulldozer, le côté héroïque étant ici clairement exagéré afin d’accentuer la partie ‘comédie’ du film, le compositeur n’ayant pas complètement pris le film au sérieux, à l’instar du réalisateur, une atmosphère oscillant entre héroïsme et action que l’on retrouve dans ‘The Journey Begins & The Truck Attack & The Rocks’, avant d’aboutir au final, ‘Goin’ Fishin & Stampede & The Closing’. Ce dernier morceau, introduit par des guitares énergiques, se prolonge sur un orchestre déchaîné pour la confrontation finale contre les monstres avant d’aboutir à une coda plus sereine à l’aide de cordes, guitares et harmonica. Entre temps, le score de Robert Folk aura accentué toute la partie action de la musique, le compositeur ayant essentiellement écrit de gros morceaux d’action percussifs et cuivrés pour le film de Ron Underwood, avec l’utilisation quasi systématique d’une pulsation électronique un peu étrange associée dans le film aux créatures que combattent les héros. Ces morceaux d’action particulièrement énergiques et déchaînés renforcent l’intensité des scènes d’action avec une efficacité et une brutalité orchestrale toujours constante. On regrettera simplement que l’album promotionnel de la musique de ‘Tremors’ délaisse toute la partie de Robert Folk, que l’on pourra néanmoins retrouver sur le double CD promo de Folk intitulé ‘Robert Folk – Selected Suites’, sa participation se résumant finalement à 9 minutes de musique d’action non-stop, qui s’enchaîne bien par rapport à la partie d’Ernest Troost même si on trouvera bizarre cette utilisation d’une pulsation électronique qui diffère un peu trop de la partie de Troost d’un point de vue stylistique.

Au final, le score de ‘Tremors’ est à l’image du film de Ron Underwood: frais, énergique, brutal et frissonnant à la fois. Entre les conventions des traditionnelles musiques d’action/horreur hollywoodiennes et l’humour des parties country/americana, le score de ‘Tremors’ possède un charme certain, bien que Troost et Folk n’apportent rien de neuf au genre. Les fans du film devraient prendre un malin plaisir à retrouver les émotions musicales de ce film de monstre culte du début des années 90, tandis que les autres pourront prêter une oreille attentive à l’un des rares albums d’Ernest Troost existant dans sa filmographie - le compositeur a toujours été peu édité, et pour cause, il est loin d’être un grand nom de la musique de film à Hollywood.


---Quentin Billard